Alpes uranaises. La vallée supérieure de l'Etzli
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Alpes uranaises. La vallée supérieure de l'Etzli

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La vallée supérieure de l' Etzli.

Par F. Tharin.

A la limite des langues allemande et romanche, encadré de belles montagnes de granit, se trouve un coin pittoresque et retiré, la haute vallée de l' Etzli.

Un petit lac bleu, un ruisseau sans prétentions, des sommets à varappe, des pentes à ski, et dans ce décor une aimable cabane du C.A.S. dont le sympathique gardien n' est pas le moindre attrait.

La sommité la plus marquante, celle qui y attire le plus d' alpinistes, est sans contredit le Sonnig Wichel, réputé pour son bon granit, pour ses voies intéressantes et de bonne varappe dont la plus belle est celle qui conduit du Fellital par le Mattenberg au sommet sud, et pour les gendarmes pittoresques et... photogéniques, qui couronnent l' arête nord. Au sud l' arête se continue par les Wichelschyen, quatre dents pointues et malcommodes, puis, tournant à l' est, par le Piz Giuf, en allemand Schattig Wichel. Le Piz Ner est un peu plus au sud et flanqué au nord d' une petite imitation de lui-même, le Mutsch. La vallée est bornée au nord par le Ruchen ( un Ruchen !) et 1e Steinstock, contreforts avancés du Bristenstock. La chaîne s' abaisse ensuite par le Rossbodenstock, un éperon avancé qui fait faire à la vallée un coude à angle aigu.

Le col le plus important, le plus ancien sans nul doute de toute la région, est le Krüzlipass. Très parcouru autrefois par les marchands et les pèlerins — il fut, paraît-il, utilisé longtemps avant le Gothard pour le trafic entre le Nord et le Sud — il conduisait en une journée de marche d' Altdorf à Disentis où l'on faisait halte avant d' entreprendre l' ascension du Lukmanier. jourd' hui, c' est à peine si le sentier est visible partout et la nature a repris ses droits sur ce passage délaissé. Par les Mittelplatten, 1e trajet semble un peu plus court, mais l' altitude est plus grande; ce col conduit à Rueras, tandis que le Krüzli aboutit à Sedrun, tous deux dans la vallée du Rhin postérieur ( Tavetsch ). La Nerlücke permet de traverser dans le Val Giuf, au sud également, tandis que la Wichellücke et la Pörtlilücke conduisent à l' ouest dans la pittoresque vallée de Felli.

Les hauts pâturages de Müllersmatt, de Felleli et de Spiellaui ne permettent avec leur maigre herbage qu' une saison d' alpage assez courte. C' est entre les deux premiers que se trouve la cabane de l' Etzli, refuge des varappeurs, alpinistes, promeneurs, chasseurs de chamois et de cristaux. Le gardien en est, je l' ai dit, des plus sympathiques, et c' est un réel plaisir, une fête, de l' y retrouver à chaque passage, mais l' été l' encombrement y est de règle, point noir de toutes les cabanes uranaises le samedi.

Il n' en est plus de même ( ou pas encore !) en hiver. L' Etzli est devenu un lieu de prédilection des skieurs alpins. Le Glacier du Giuf ( Spiellauibühlfirn ) est une pente exquise. La descente des Mittelplatten offre l' avan incontestable qu' elle peut se contempler tout au long de la cabane où le jury peut siéger à son aise, tout en prenant le thé! Il faut par contre six heures pour atteindre l' Oberalpstock, avec une forte contre-pente au col du Krüzli, mais quel enchantement que la descente!

Suivant l' état de la neige, et surtout des avalanches, la descente jusqu' à Bristen peut être très agréable et rapide, mais l' Etzliboden, souvent comblé d' avalanches, et la partie inférieure, boisée, sont bien moins intéressants.

La région de l' Etzli semble avoir été longtemps le paradis des chercheurs de cristaux. On n' en trouve plus guère aujourd'hui, et la demande a du reste totalement cessé. Mais sur les flancs du Bristenstock, du Ner et du Crispait plane encore le souvenir des intrépides « Strahler » comme on nomme les professionnels, tels l' original ermite du Fellital, le père Tresch, mort au Bristenstock dans des circonstances inconnues et dont le souvenir se perpétue par sa cabane devenue propriété d' une section du C.A.S.

Les chercheurs de cristaux émettent, sur les origines de leurs trésors, les hypothèses les plus invraisemblables. Dernièrement, j' avais eu presque une dispute avec un guide du Maderanertal au sujet d' un gendarme qu' il prétendait infranchissable sans descente en rappel de corde, si la neige empêchait un détour par le flanc nord. Comme nous venions de traverser l' arête en question, que j' étais sûr de quel gendarme il s' agissait, que nous l' avions franchi sans rappel et sans détour, la discussion s' était animée au point qu' il quitta la cabane en claquant la porte... J' étais un peu gêné d' avoir été si loin, mais j' appris peu après qu' il venait de soutenir avec non moins de chaleur une discussion sur sa théorie de la formation des cristaux. Il affirmait « mordicus » que les cristaux se forment en peu d' années. Il voulait avoir rencontré un jour une niche de cristaux brisés et inutilisables qui, au bout de trois ans, étaient de nouveau parfaits!

Il se heurta, hélas, à des auditeurs incrédules, ce qui l' avait mis en mauvaise disposition pour discuter avec nous de son rappel de corde.

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