Au Glacier des Martinets
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Au Glacier des Martinets

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PAR L. BÜRGER, BEX

Et pourtant, ce samedi de printemps, il pleuvait! Mais il nous importait peu de partir par mauvais temps, les courses dans le brouillard et la neige n' ont pas aussi leur charme? Et puis, s' il y avait danger d' avalanches, nous pouvions toujours modifier le but de notre course en chemin.

Le dimanche matin, au petit jour, le temps est radieux, et nous nous serrons, à quatre, avec skis et sacs, dans la 2 CV ( la « pôvre! » ) qui va nous transporter vaillamment jusqu' aux Plans sur Bex.

Préférant nettement le rythme à ski à celui de la marche à pied, nous chaussons bientôt nos « lattes » et glissons dans la nature silencieuse. Si une grive matinale ne nous donnait tout à coup son petit concert matinal, nous nous croirions au cœur de l' hiver, car tout est plâtré de neige. Nous traversons un torrent, et nous voilà déjà à Pont de Nant. Ah! la trace qui nous a conduits jusque-là continue dans la direction de Nant. Nous n' aurons donc pas à ouvrir notre chemin. Notre camarade Joos, quant à lui, trouve que la peine que l'on se donne pour tracer une piste nouvelle est largement compensée par le plaisir qu' on éprouve à accomplir cet effort.

Et nous continuons à suivre le vallon dans le matin clair. Un pinson a remplacé la grive dans les mélèzes. Notre itinéraire longe le torrent, et tout est si paisible que l'on n' a nulle envie de parler. On n' a pas assez d' yeux pour tout voir! La neige fraîche coule déjà des Savolaires et de la Dent Rouge. On dirait de la fumée qui descend le long des rochers.

Les arbres s' éclaircissent, la pente s' accentue, le fond de la vallée se ferme, et nous nous attaquons à la rude grimpée qui nous conduira sur le glacier. Là-haut, nous apparaissons tout à coup dans le soleil, et nous en profitons pour nous arrêter et reprendre un peu notre souffle. Nous croisons ensuite la piste d' un renard. Cela nous paraît bien haut et inhospitalier pour lui, mais nous découvrons aussi des empreintes de couenne1...

1 Couenne, nom vaudois du lièvre variable.

Il souffle un petit vent frais qui nous assurera de la neige poudreuse pour la descente. Tant mieux! Il nous empêche également de transpirer trop au cours de la longue marche sur les moraines. A notre gauche s' étend un grand cirque de parois abruptes et impressionnantes, véritables cathédrales de pierre: Petite et Grande Dents de Mordes, la masse imposante de la Dent Favre, puis les Muverans qui achèvent la procession.

Nous atteignons enfin le col, d' où la vue plonge sur la Vallée du Rhône, avant de remonter vers les Alpes du Bas-Valais et du Chablais. Le vent nous chasse bientôt, et nous descendons dans la neige poudreuse à souhait que l'on fend jusqu' aux genoux. Mais elle est si légère! Loin de nous hâter, nous décrivons de larges arabesques. Pourquoi abandonner si tôt ces lieux solitaires? Ne regretterons-nous pas de regagner trop rapidement la plaine?

Nous croisons encore quelques skieurs qui montent vers le col, et on échange de grands signes en passant: fraternité merveilleuse des alpinistes! Plus loin, je chasse de son trou un tétras qui s' envole bruyamment. Je ne saurais dire qui de nous deux a eu la plus grande peur! A Nant, nous assistons à un véritable festival d' avalanches poudreuses sur les pentes du Muveran, coulées peu importantes, bien sûr, mais si spectaculaires! En voici une. ., une autre! On ne sait vraiment plus où regarder, et le photographe s' en donne à cœur joie.

Le soleil est chaud, on s' attarderait volontiers près d' un rocher ou sous un mélèze, mais il faut de nouveau glisser vers le monde civilisé. Les voitures ont envahi Pont de Nant ou encombrent la route peu praticable, et les chauffeurs échangent des propos peu amènes. Tant bien que mal, nous nous faufilons entre les véhicules. C' était vraiment plus agréable à six heures ce matin!

Le Val Mora

PAR S. WIELAND, ST-MORITZ Avec 5 photos ( 38-42 ) C' est près de Buffalora, sur la route de l' Ofenberg, que s' ouvre la vallée de l' Ova dal Fuorn pour se refermer quelque 200 mètres plus haut, au col. Sur la droite de la route, les vertes prairies de l' Alpe de Zernez ( vendues à cette commune en 1577 par le couvent de Müstair ) invitent le promeneur à une excursion qui le conduira sur les chemins peu fréquentés du Val Münster. Le nom Buffalora est d' ori récente et a probablement été importé de l' Italie toute proche. Autrefois, on trouvait le nom d' Alpe d' Arsura, ce qui prouve certainement qu' on y exploitait du bois pour alimenter le haut fourneau d' il Fuorn, car on fondait là le fer qu' on extrayait à Buffalora et dans les environs. Cette mine de fer, qui portait le nom de Valdera ( Ofenberg ), appartint à l' évêché de Coire jusqu' en 1332. Mais cette année-là, le roi Henri de Pologne la céda à Conrad et Ulrich Planta, avec tous les droits inhérents. Ensuite, aux environs de 1347, les baillis de Matsch la cédèrent au chevalier Ulrich Planta. Comme l' évêché de Coire ne pouvait guère réagir contre de tels procédés, les seigneurs de Matsch et de Reichenburg n' eurent guère de scrupules à s' implanter dans la vallée de Münster et d' y molester l' évêque, le couvent et même de simples citoyens.

Aujourd'hui, cette région, prospère au Moyen Age déjà, est couverte de pâturages opulents, et rien ne rappelle le souvenir de ces querelles oubliées depuis longtemps.

Dirigeons-nous vers le sud. Nous laissons derrière nous quelques chalets, nous remontons un petit bois clairsemé et gagnons sans tarder le plateau de Jufplaun. Nous faisons halte près du bâtiment cossu abritant le poste de douane, pour jouir du calme champêtre. De temps en temps, le sifflement aigu d' une marmotte révèle que des yeux perçants nous observent attentivement. Les joyeuses sonnailles des troupeaux animent ce spectacle idyllique. Il est difficile, pour un ami de la nature, de s' ar à cet endroit tranquille. Tout en marchant au plat, nous atteignons bientôt le Val Mora, dont les prairies offrent une flore très riche. Quelle joie nous procurent les innombrables espèces de plantes et de fleurs qui s' épanouissent ici dans toute leur splendeur! La meilleure preuve que le grand trafic touristique, avec toutes ses conquêtes bonnes et moins bonnes, n' a guère touché ces régions: d' in edelweiss y croissent en toute tranquillité.

Avant d' entamer la brève descente dans la vallée, il vaut la peine de jeter encore un coup d' oeil à la ronde. Au nord-ouest de notre point de vue, à peine surélevé, s' étendent les vastes forêts du Parc national. A nos pieds, vers l' est, se déploie le long Val Mora, bordé au sud par une chaîne de fiers sommets aux parois abruptes, d' où partent quelques petites vallées transversales. Vers le nord, enfin, il est séparé du Val Münster par une longue chaîne aux sommets parfois hardis. La pente naturelle de la vallée débouche en un large arc vers le sud-ouest, dans le val italien del Gallo. C' est ce chemin aussi que parcourt le ruisseau Aua da Val Mora. Un peu au loin, à l' est, s' élèvent les collines du Dössradond où la rivière prend sa source. Ces collines forment en même temps la ligne de partage entre les eaux de la Mer Noire et celles de l' Adriatique. L' Aua da Val Mora, en effet, comme il a été dit plus haut, se dirige vers le territoire italien, puis se jette près de Punt dal Gali dans le Spöl avec lequel elle 5 Les Alpes - 1967 - Die Alpen65 rentre en Suisse et, par l' Inn et le Danube, elle atteint la Mer Noire. Quant à l' Aua da Vau, elle coule dans la direction opposée, descend le Val de Münster, puis par le Rom, l' Etsch et plus loin l' Adige, ses eaux atteignent les rivages du sud. C' est près de Chiogga, dans l' Adriatique, que prend fin ce voyage. Ces deux cours d' eau traversent des pays fort différents de races pour se perdre dans l' infini marin à des endroits fort éloignés l' un de l' autre. Dans la vallée elle-même, on trouve les pâturages de la commune de Müstair qui portent les noms d' Alpe Mora et d' Alpe Sprella, et sont tous deux entourés de sombres forêts de pins. Toute la configuration de la vallée, mais plus particulièrement les collines aplaties, près de la ligne de partage des eaux, semblent être l' œuvre d' un vaste glacier dont ne subsistent aujourd'hui que quelques rares vestiges sur le flanc septentrional des montagnes qui la limitent au sud. Peut-être est-ce le dernier sursaut avant la disparition totale.

La descente sur l' Alpe Mora ne présente aucune difficulté. En 1930, on a trouvé à son extrémité sud, sur le flanc nord du Piz Mont' Ata, un couteau de bronze datant de l' époque d' Urnenfelder ( environ 1100-750 av. J.C ). Une vallée donc qui fut peuplée très tôt. Entre les deux pâturages s' étend une petite forêt qui est vite traversée. Il faut monter à nouveau pendant quelques minutes pour arriver aux maisons de l' Alpe Sprella. Si l'on a le loisir de s' abandonner au charme rare de cet endroit reculé, on peut envier l' existence pauvre et modeste de ses habitants que ne trouble aucun des bruits de la vie moderne. Après Sprella, le chemin suit la rive gauche du cours d' eau. C' est l' ancienne voie de passage qui, par le Val Mora, relie Sta Maria à San Giacomo di Fraéle, un chemin muletier déjà bien connu dans l' Antiquité, étant donné qu' on le préférait, en hiver surtout, au Col de l' Umbrail ( appelé aussi Wormserjoch ) situé 300 mètres plus haut. C' est par là qu' on acheminait le bois destiné aux hauts fourneaux de Bormio. Les historiens parlent même du passage d' une armée. Cela se passait à l' époque de la Guerre de Souabe ou Guerre d' Engadine, lorsque les Impériaux prirent plaisir à se venger sur les membres des Ligues grisonnes de leur honteuse défaite subie à Calven. Sur l' ordre de leur chef, 12000 Impériaux franchirent le Val Mora pour gagner San Giacomo di Fraéle et Livigno. Par le Col Casanna— Pass Chaschauna—ils avancèrent jusqu' à S-chanf. La marche, extrêmement longue et difficile, ainsi qu' un manque de nourriture lancinant minèrent considérablement leurs forces, et lorsqu' ils arrivèrent en Engadine, ils ne trouvèrent que des villages vides et incendiés. La population avait choisi ce moyen de se soustraire à l' attaque d' une armée dont la supériorité numérique ne leur aurait laissé aucune chance. Et c' est ainsi que, bredouilles et moitié affamés, les vengeurs battirent en retraite par l' Ofenpass. Plusieurs armes trouvées près de Cruschetta, au bas du Val Mora, constituent autant de témoignages muets de cette époque si sombre.

Il me faut aussi rappeler brièvement ici comment le Val Mora parvint aux mains des habitants de Müstair. Il en est fait mention pour la première fois dans l' acte de donation de 1170, de l' évêque Egino de Coire. Là, l' alpem majorent ( sans doute l' actuelle Alpe Clastras ), ainsi que d' autres possessions importantes dans le Val de Münster et le Tyrol du Sud, sont attribuées au couvent de Müstair qui pourra les gérer en toute liberté. A la suite de divergences entre les habitants de la vallée et de difficultés avec le couvent au sujet de l' usage et de la délimitation des pâturages, on procéda en 1466 au premier partage des alpages. Sta Maria obtint ceux du Val Muraunza; à Müstair et Valchava furent attribués les deux pâturages du Val Mora, rachetés aux Wormser. Lors du deuxième partage ( qui eut lieu en 1556 ), Valchava obtint les alpages de Stablins et de Champatsch, ce qui eut pour conséquence que, dès lors, tous les pâturages du Val Mora appartinrent aux habitants de Müstair. Certes, il y eut encore quelques querelles au sujet du droit de pacage et du tracé des limites, mais la situation, du moins en ce qui concerne le Val Mora, resta telle quelle jusqu' à nos jours.

En face s' ouvre le Val da Tea Fondada, en français: la vallée de la cabane engloutie. La légende raconte qu' il y avait une fois ici, sur le chemin de la Lombardie, à l' entrée de cette vallée latérale, un beau pâturage. Un soir, un vieillard fatigue aurait demandé à manger et à coucher pour la nuit; mais le méchant vacher l' aurait chassé et, en guise de punition, le pâturage tout entier aurait disparu la nuit suivante dans un immense gouffre. A sa place ne se trouve aujourd'hui qu' un petit lac dont les berges nourrissent seulement une herbe amère.

Mais maintenant, revenons au présent! Peu avant La Stretta, le chemin traverse l' Alpe Praveder qui, aujourd'hui, est propriété du couvent. A la Stretta même, on trouve une petite cabane sympathique, point de départ idéal pour une randonnée de quelques jours. Toute la vallée offre des promenades variées ainsi que quelques buts valables, présentant des difficultés diverses; le Piz Schumbraida ( 3124 m ) est une course magnifique, et l'on jouit du sommet d' un panorama grandiose vers le sud. La vue est également unique des alpages de 1' Ötztal jusqu' au massif de l' Ortler. Les collines près de Dössradond, avec leurs 2234 mètres d' altitude, forment le point le plus élevé du fond de la vallée. De la cabane part un large chemin qui nous conduit à l' Alpe Praveder et dans le Val Vau. Tout près, un poteau indicateur nous invite à monter jusqu' au Lai da Rims, un admirable lac de montagne, d' un bleu profond, entouré d' un cirque de montagnes hardies, aux arêtes déchiquetées qui, quand le vent ne souffle pas, se reflètent dans ses eaux comme si elles voulaient se convaincre elles-mêmes de leur grandeur. Au gré d' une succession de hautes cascades, ses eaux se précipitent à grand fracas dans la vallée. Leur mugissement continu envoûte l' âme du voyageur, il lui conte le mystère de ses eaux cristallines, filles jalousement gardées d' un étrange paysage alpestre. Ce lac a aussi son histoire: en l' an 1552 environ, les gens d' Eglise du Val Münster eurent l' idée de vendre le lac au fier château de Rotund au-dessus de Täufer, à l' insu de son propriétaire, le couvent de Müstair. Le bénéfice devait être employé pour le bien des pauvres gens de la vallée. Mais la diète de Zuoz, en 1553, en décida autrement. Le marché fut déclare nul et non avenu. Par la suite, on décida que le lac devait appartenir pour toujours au couvent et cela sans aucune restriction de la part des communes de la vallée. Le couvent dut payer pour son droit le montant considérable de soixante florins.

Au-dessous de Praveder, des blocs de pierre rappellent un effondrement qui doit sans doute remonter à plusieurs millénaires. D' énormes masses descendent jusqu' au lit desséché d' un torrent près de Las Castras. La vallée, encore large près de Dössradond, se transforme toujours plus en une vallée en forme de V dont les flancs se rapprochent constamment. La prairie de Vau - Pra da Vau -est le dernier terrain assez large dans cette vallée; plus loin, la route se rapproche de plus en plus du lit du ruisseau. De vastes dépôts d' alluvions semblent indiquer que cet inoffensif cours d' eau peut se transformer en un torrent dévastateur. Lorsque de violents orages s' abattent sur la région, des eaux sombres et puissantes grondent dans la vallée. Des digues et des murs de soutènement ont été érigés afin de préserver le chemin et de discipliner les gigantesques forces de la nature, entreprise hasardeuse, même à notre siècle de progrès technique. Les feuilles des arbres tremblent sous le vent de la vallée et Sta Maria est maintenant vite atteint.

Six à sept heures sont nécessaires pour parcourir tout ce chemin L' amoureux de solitude et de calme y trouvera largement son compte. Le changement que représente le passage du haut plateau, près de Jufplaun, au calme Val Mora entouré de larges coulées glaciaires, et de là au Val Vau dont les parois sont très resserrées, est unique, et la transition de l' âpre climat montagnard à la zone déjà méridionale de la partie inférieure du Val Müstair est une belle preuve de la multiplicité et de la diversité de notre magnifique patrie.Traduit de l' allemand par Mme R. Durussel )

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