Course des sections romandes à Moutier, 1925
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Course des sections romandes à Moutier, 1925

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les 20 et 21 juin 1925.

La course de cette année n' a pas été « gratifiée » de la pluie; bien au contraire, le temps était splendide et ne s' est gâté... que le lendemain. La jeune « Prévôtoise » ( elle n' a que 9 ans ) avait commandé le beau temps pour recevoir ses quelque 200 hôtes. Chacun sait que la réunion débute par une séance de délégués, où sont traitées diverses questions. Cette année l'on devait, entre autres, désigner le futur Président central. C' est le Dr Fses qui a réuni tous les suffrages, de sorte que, si — et cela n' est pas douteux — l' as des délégués du C.A.S. ratifie ce choix, c' est la grande section des Diablerets qui dirigera le C.A.S. dès 1926. Les autres questions sont d' importance secondaire et nous n' en parlerons pas, faute de place.

Le soir, les clubistes furent accueillis à la halle de gymnastique — où avait lieu le souper — par un fort beau chant de bienvenue, dû à la collaboration d' un poète, M. F. Jabas, de Court, et d' un compositeur, M. A. Bé-guelin, de Tramelan. Les Romands ne manquèrent pas, après avoir chaleureusement applaudi leurs collègues exécutants ( chœur et orchestre ), de faire honneur à l' excellent menu qui leur fut présenté. Les conversations vont leur train; comme toujours on se montre les plus connus et les plus anciens vétérans, MM. le pasteur Langel, de Corcelles, près Neuchâtel, le Dr Weissenbach, de Fribourg, Payot, de Chaux-de-Fonds, et tant d' autres encore, tandis que, calme, serein, inaltérable et constamment empressé, le président Raaflaub surveille ses administrés, accueille ses hôtes, dirige le service. Puis ce fut la partie récréative et l'on applaudit Wes Sahli, Leborgne, Boy de la Tour, Glatzfelder et MM. Gobat, Lachat et Leborgne, d' autres encore.

D' autres « productions » embellirent encore la soirée qui se prolongea fort tard. Après quoi, d' aucuns regagnèrent qui leur hôtel, qui l' hospi logis d' un aimable collègue, tandis que d' autres continuèrent à mener joyeuse vie.

Le dimanche, temps superbe. Dès quatre heures les clubistes prennent, par petits groupes, le chemin de la montagne. La Prévôtoise, soucieuse d' offrir à chacun une course selon ses goûts, a pensé aux varappeurs comme aux simples promeneurs. Aux premiers elle réserve l' arête épineuse, aux autres un agréable sentier. A entendre ceux qui ont choisi l' arête c' est une course de choix avec à pic, gendarmes, fiches dans le rocher, etc. Les simples promeneurs s' en vont, en flânant, à travers les bois, par le sentier « des plateformes » qui monte en zigzaguant jusqu' au sommet du Raimeux, une des montagnes de la Prévôté.

Bientôt, grimpeurs et promeneurs se rencontrent sur la troupe du Raimeux et s' installent dans l' herbe ou encore autour d' un tronc touché, pour déguster la collation qui leur est offerte près d' un beau chalet accueillant. Mais la voix autoritaire d' un président, lequel nous déclare sans circonlocu-tions qu' il a l' habitude d' être obéi, se fait entendre. Nous sommes invités à nous rendre sans retard au lieu du culte.

M. le pasteur Gros, dans le grand silence de la nature, commenta pour ses nombreux auditeurs, masses en face de lui, près des fanions, guides et protecteurs des sections, ce texte de l' Exode « Moïse monta, et l' Eternel lui dit: descends ». L' orateur nous presenta les heures chères aux alpinistes, ces heures faites d' émotion, de fatigue, d' amitié, de confiance, de joie, de souvenir et de foi. Notre cadran nous dit-il, compte six heures: celle des préparatifs du départ, celle du réveil, celle de l' ascension vers la cime, qui nous sort des bas-fonds de l' égoïsme humain, celle du moment de la conquête de la cime, celle de la descente, la plus dure de toutes peut-être, malgré la joie et la reconnaissance que l'on rapporte de là-haut et, enfin, celle du repos. Mais avant que n' arrive l' heure du repos éternel, sachons regarder vers les montagnes et aimons la vie. Ce qui nous fait apprécier nos Alpes doit nous faire aimer la vie. Ses aspérités doivent éduquer nos efforts, ses violences doivent nous montrer notre fragilité, son grand silence doit nous faire rencontrer Dieu.

Emus par ces belles paroles, les assistants chantent le cantique suisse; puis l'on songe à descendre.

Et c' est la descente, la descente ennuyeuse parce que nous ramenant au terre à terre, parce que laissant la cime derrière nous, parce que, aussi, nous plongeant dans la poussière de la route commune, de la route banale.

Peu après, la halle de gymnastique nous accueille prosaïquement pour nous permettre de refaire nos forces. Tables fleuries, divers petits cadeaux offerts par de nombreuses maisons, amies des clubistes, chants divers, puis charmant cadeau des plus pratiques — un thermos — offert par la section prévôtoise, thermos d' autant plus apprécié qu' il sort de la verrerie de Moutier que dirige si bien M. Boichot.

Tenez-vous à ce que vous soient rapportés tous les discours? Je ne le pense pas. Il vous suffira, sans doute, de savoir, que la distribution des thermos fut précédée d' une charmante allocution prononcée par 3 jolies Prévôtoises ceintes d' écharpes rouges et blanches; que M. Balmer, secrétaire du C. C, apporta le salut et les félicitations de notre président central; que M. le député de Moutier, Bechler, fut acclamé lorsqu' il porta son toast à l' alpinisme; qu' une ovation fut faite à Payot quand il parla de la patrie avec la chaleur que vous lui connaissez; que le pasteur Langel, dont la forte voix résonnait merveilleusement, fut applaudi avec enthousiasme lorsqu' il rappela que toutes les qualités dont nous nous vantons, nous les devons à Dieu et qu' il encouragea les jeunes à être de vrais clubistes, des clubistes de courses. L'on entendit encore le Dr Weissenbach, de Fribourg, et M. Duchosal, de Genève. Mais on applaudit surtout le fort beau discours du président Raaflaub, lequel salua tous les clubistes présents, après avoir rappelé le souvenir du regretté président Bernoud qui fut, en quelque sorte, le parrain de la Prévôtoise. Il chanta ensuite la montagne et ses vertus. Il décrivit les beautés de l' ascension et l' amour de la montagne. Si nous l' aimons, cette montagne, c' est que, là-haut, dépouillés de tous les artifices de la vie moderne, les cheveux au vent, aspirant largement l' air pur de nos monts, nous nous sentons des hommes libres et forts, enfants de cette grande et belle nature, notre mère à tous!

C' est sur ces belles paroles que le chroniqueur vous quitte, chers collègues clubistes. C' est sur le souvenir de l' enchantement de cette saine et belle journée, qu' il désire rester, de cette journée d' amitié, de joie, de solidarité, de beauté alpestre dont nous sommes redevables à la très grande activité et aux soins de la section prévôtoise, à laquelle nous adressons félicitations et remerciements.R.

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