L'arête nord de la Dent Blanche en 1947
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L'arête nord de la Dent Blanche en 1947

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Par M. Perrenoud et R.M.onty

C' est en descendant de l' Obergabelhorn, que nous vîmes pour la première fois l' arête nord de la Dent Blanche. Elle nous fit une telle impression que nous fûmes hantés par sa grandeur sauvage. Nous décidons, mon camarade et moi, de la gravir à la plus proche occasion.

Le 21 juillet 1947 nous remontons en flânant le sentier du Mountet. Arrivés à la cabane, nous préparons une petite ascension pour le lendemain. Après cette journée d' entraînement nous faisons nos préparatifs pour le départ. A minuit c' est le réveil. Nous avalons une tasse de thé, et à 1 heure nous quittons la cabane. Le Glacier Durand, recouvert de neige pourrie, est très pénible.

Après avoir laissé le Roc Noir à droite, nous traversons l' arête des Quatre Anes et remontons le Glacier du Grand Cornier qui est en très bonnes conditions, ce qui nous permet d' avancer rapidement. Quinze minutes de taille et nous atteignons le Col de la Dent Blanche. Il est 6 heures. Un quart d' heure de repos pour nous restaurer, attacher les piolets au sac, sortir quelques pitons et mousquetons et nous repartons. Cent mètres d' éboulis sont gravis sans difficulté pour atteindre la base d' une fissure. Cette dernière, munie de bonnes prises, est escaladée et nous atteignons les plaques. Un piton est planté pour assurer le premier de cordée qui progresse lentement. La neige recouvrant les dalles ne laisse pas de créer quelques difficultés. Nous tirons sur la droite. Les 80 mètres qui suivent furent extrêmement difficiles. Il fallut déblayer les prises au piolet, et nous employâmes passablement de pitons. C' est avec soulagement que nous posons le pied sur l' arête cinq heures après. Vingt minutes de repos pour nous mettre quelque chose sous la dent, puis une vire aisée nous mène vers la droite au pied d' une fissure en apparence insurmontable. Après quelques instants de discussion nous la gravissons directement. Elle nous 1 C' est intentionnellement que nous donnons ici, côte à côte, ces deux descriptions de l' escalade d' une même arête. On pourra ainsi se rendre compte combien différentes peuvent être, à vingt ans de distance, les impressions éprouvées, selon le tempérament et la sensibilité des auteurs.L. S.

parut plus amusante que difficile et nous conduisit sur un balcon. Là nous faisons une drôle de tête. La vue nous est bouchée par un surplomb. Je dépose mon sac et pars sur la droite. Un piton d' assurage est planté. Je monte 12 mètres et atteins le surplomb. Je plante un second piton qui doit m' aider à passer. Malheureusement une chute d' eau m' en empêche. Après trois tentatives je reconnais mon impuissance et redescends vers mon camarade. Là, nouvelle discussion sur le chemin à suivre. Finalement nous décidons de monter verticalement. La chance nous sourit, et c' est avec 2 pitons que nous forçons le surplomb. Une plaque verticale de 15 mètres est franchie. Nous atteignons un replat. Là nous trouvons un piton tout rouillé provenant probablement des premiers alpinistes qui descendirent l' arête. Encore 20 mètres de paroi verticale munie de bonnes prises, et les plus grosses difficultés sont derrières nous. Nous débouchons sur une espèce de plateforme, il est 18 heures. Une tempête de neige nous surprend et nous oblige à bivouaquer. Après nous être enfilés dans nos sacs de couchage, nous nous restaurons avant de nous endormir. Il est 5 heures du matin quand nous nous réveillons. Le temps est splendide. Quelques centimètres de neige fraîche recouvrent les rochers. Nous ne pouvons assez admirer le lever du soleil. Nous replions nos sacs de bivouac et nous voilà prêts pour un nouveau départ. Une arête pas trop inclinée et plutôt caillasseuse nous conduit au pied d' un gendarme que nous tournons par la droite. Un petit dièdre nous amène sur une plaque rendue difficile par la glace qui la recouvre. Un petit surplomb est franchi et le gendarme est derrière nous. De là, l' arête qui mène au sommet n' est qu' un infect entassement de pierres. Nous rencontrons un dernier gendarme que nous passons sans difficultés. Il est 9 heures. C' est avec plaisir que nous posons le pied sur le sommet. Nous nous apprêtions à faire fondre de la neige, lorsque deux guides de Saas-Fée qui se trouvaient là nous offrirent une gourde de thé. Après une demi-heure de repos au sommet, nous redescendons par la voie normale. Et c' est sans incident que nous arrivons à la Schönbühl, où le gardien nous accueille à bras ouverts.

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