Le developpement de l'alpinisme hivernal et la pratique du ski en Suisse
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Le developpement de l'alpinisme hivernal et la pratique du ski en Suisse

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Par le Dr H. Fœs.

Le moment nous paraît venu de faire une mise au point des modifications profondes apportées par l' introduction du ski dans nos montagnes suisses.

Vingt-cinq ans en arrière, le ski était à peine mentionné dans nos périodiques alpestres comme un engin permettant de cheminer sur les neiges des pays septentrionaux. Aujourd'hui, toutes les ascensions hivernales des montagnes suisses, à peu de chose près, se font en ski, sur tout ou partie du parcours. Hier encore, les hauts sommets suisses constituant la série des 4000 mètres étaient jugés inhospitaliers et inabordables durant la saison froide. On ne parvenait guère à les escalader en hiver, les marches d' approche trop longues et trop pénibles ne s' accordant pas avec le peu de durée du jour et la longueur des étapes à couvrir. Grâce au ski, les géants des Alpes sont actuellement mis en hiver à portée du montagnard. Le Cervin, la Dent Blanche, le Rothorn de Zinal, l' Obergabelhorn, la Dent d' Hérens, le Täschhorn, la Jungfrau, le Mônch, le Finsteraarhorn, la Bernina ont reçu la visite des alpinistes skieurs et les conquêtes augmentent chaque année.

L' introduction générale du ski en Suisse influence profondément la population de la montagne comme celle de la ville, les guides comme les touristes, l' élément civil comme l' élément militaire. Elle modifie la situation et l' aménagement des cabanes-refuges en haute et mi-montagne, transforme complètement les conditions d' habitation dans des régions entières, où les chalets, jadis désertés l' hiver, sont actuellement tous loués et occupés durant cette saison.

La topographie locale et le caractère des habitants déterminent l' emploi plus ou moins fréquent du ski dans les régions alpestres. On peut noter de très grandes différences à cet égard en étudiant par exemple la situation dans les Alpes grisonnes, bernoises et valaisannes et dans le Jura. Mais la jeunesse montagnarde étant attirée irrésistiblement vers ce sport merveilleux, la victoire est certaine partout, à plus ou moins brève échéance.

Dans nos premières courses d' hiver à travers les hauts massifs glaciaires des Alpes valaisannes et bernoises, nous ne rencontrions que peu de guides pratiquant le ski et quel ski? Le ski de courage pourrions-nous dire, qui consistait à se lancer droit en bas avec la hardiesse et la force bien connues de nos montagnards, le bâton intervenant fréquemment et plus que de raison.

En 1927, la situation a changé du tout au tout. De plus en plus nombreux les guides pratiquant le ski obtiennent le diplôme de guide-skieur en suivant les cours donnés sous les auspices du Club alpin suisse et des Commissions de guides des départements cantonaux. Dans certains cantons, celui des Grisons notamment, l' autorisation est même refusée de pratiquer son métier au guide qui ne possède pas les deux diplômes: guide d' été et guide-skieur. D' ici quelques années tous les guides suisses seront aussi des guides-skieurs. Surtout les guides pratiquent aujourd'hui la technique rationnelle du ski, appliquent cette technique au terrain, utilisent avec bon sens les virages, les freinages et les arrêts. Combinant les qualités ancestrales d' excellents montagnards et celles nouvellement acquises de skieurs dignes de ce nom, les nouvelles générations de nos guides suisses ont devant elles un avenir plein de promesses et feront honneur à notre pays.

Il est intéressant de noter également combien la pratique du ski oblige de plus en plus à la spécialisation et par suite à la réglementation. Aujourd'hui déjà les règlements cantonaux doivent distinguer les guides-skieurs ( Skiführer ), auxquels sont réservés les courses de montagne proprement dites, tarifées; les maîtres de ski ( Skilehrer ), qui enseignent ce sport et ne sont pas autorisés à conduire leurs élèves dans les zones dangereuses de la montagne; les moniteurs de ski ( Kursleiter ), spécialement formés pour donner l' enseignement du ski au sein des sections du C.A.S. ou d' autres groupements.

Sur la population citadine, l' attraction exercée par le ski est plus puissante encore que sur la population montagnarde. Non seulement le roi des sports attire à lui toute la jeunesse valide, mais aussi l' âge mûr et au delà... Chaque année voit s' écrouler les préventions contre la pratique du ski et des catégories nouvelles de touristes de tout âge s' exercer sur les lattes. Chez tous, le ski réveille et satisfait ces instincts de vie libre, d' indépendance, de lutte contre la nature qui sommeillent au cœur de l' homme, comprimés par les conditions de vie de notre civilisation si artificielle.

Si l' apprentissage du ski demande l' effort et un effort considérable, la récompense accordée justifie les peines supportées. Le skieur quitte en hiver la ville humide et triste, ensevelie sous un ciel de plomb; il est déprimé par un travail intense dans la cité, à demi intoxiqué par les appareils de chauffage dits modernes et le voilà soudain transporté sous un ciel d' un bleu intense, sur une neige légère, veloutée et cristalline, dont les mille paillettes étincellent au soleil comme autant de diamants aux reflets multicolores. Pour ce privilégié, la neige n' est pas morte, elle s' anime, il la fend de ses skis rapides, fuyant sans un heurt, sans une secousse, au travers des merveilleux sapins, tout saupoudrés de cristaux de givre et de fine poussière de neige, tandis que l' air excitant lui fouette le visage et que l' accompagne le sifflement harmonieux des skis fendant la neige.

Si la jeunesse pratique le ski avec une passion extraordinaire, c' est qu' aussi, dans ce noble exercice, le jeu compris dans son sens le plus élevé se mêle à la course de montagne et à l' ascension. Pour une raison identique, la varappe, un autre jeu vraiment digne de ce nom, s' est attiré de nombreux admirateurs. Skieur et varappeur se heurtent à chaque instant à l' inattendu. Dans la course folle sur la neige, c' est soudain le sapin, le chemin battu, le fossé: quel plaisir de pouvoir s' arrêter net devant l' obstacle, le sauter avec la rapidité d' une flèche, le contourner par un adroit virage aussi gracieux qu' une fine dentelle. Le ski développe au maximum les qualités que tout jeune homme vigoureux et sain, amateur d' exercices physiques, désire posséder. Même maître de son art, le skieur doit pouvoir compter à tout moment sur son coup d' œil, son sang-froid, son énergie, son audace.

Comment décrire la beauté des courses sur les hauts glaciers de nos Alpes? Chaussé de ses planchettes légères, le skieur descend rapidement et sans efforts, à toute heure du jour, ces longs glaciers si monotones et fatigants à traverser en été dès que le soleil en a ramolli la surface.

Les excursions de quelque importance sur glacier s' effectueront en conditions favorables, lorsqu' un enneigement suffisant aura comblé la plupart des crevasses. Sans doute certains dangers subsistent, mais nous ne pouvons songer aux grandes randonnées glaciaires courues sur skis à travers les vastes glaciers valaisans et bernois sans ressentir le frisson d' enthousiasme qu' évoque la descente en vitesse dans l' air transparent et lumineux des hautes altitudes, le ski chantant dans la neige immaculée, brillant de mille feux.

Les entreprises de chemins de fer ont déjà dû tenir compte de cet enthousiasme général pour le ski. Elles accordent, en fin de semaine, des billets à prix réduits pour les principaux centres de sports et ont inauguré dernièrement le transport combiné dans certains wagons des skieurs et de leurs skis.

Les autorités militaires de leur côté ont compris l' importance du ski dans les unités de l' armée suisse. Durant la grande guerre, les troupes mobilisées dans les Alpes et le Jura ont eu l' occasion, pendant quatre hivers consécutifs, de pratiquer le ski en toutes conditions et sur les neiges les plus diverses. De retour dans son foyer, maint soldat a poursuivi l' utile et attrayant exercice. Par les cours et les concours pratiqués annuellement dans chaque unité, l' esprit d' émulation est soigneusement entretenu, les résultats s' améliorent constamment: les noms des patrouilles victorieuses sont rapidement connus dans toutes les vallées des Alpes.

La pénétration toujours plus considérable des alpinistes skieurs au sein de la haute montagne enneigée permet de poursuivre également l' étude générale de la neige, encore si rudimentaire, en particulier le problème de la formation et du décrochement des avalanches poudreuses, des avalanches de fond, des plaques de neige. Parce que trop peu connus encore, ces phénomènes constituent le grand, le principal danger des courses de ski en montagne.

Si étrange que puisse paraître cette affirmation, la plupart des habitants de l' Alpe ne connaissent aujourd'hui que fort mal les divers types de neige distingués par le skieur. La raison en est simple, les montagnards et chasseurs ne parcourant que très rarement — avant l' introduction des skis — la haute montagne en hiver. A pied, on suivait surtout le fond des vallées ( Talweg ) ou les crêtes, mais on ne se hasardait pas à « déranger » la neige au travers des pentes dangereuses, exercice tout particulièrement affectionné par le skieur. Si les conditions de descente des avalanches de fond, à proximité des localités habitées, sont assez connues, la plupart des montagnards ne possèdent que des notions très imparfaites sur le départ et le trajet des avalanches poudreuses en haute montagne, parce qu' ils n' y ont pas été voir, au moment voulu...

Les guides d' hiver connaissant réellement à fond tous les types de neige sont encore relativement rares, mais il s' en forme chaque année de plus expéri- mentés. Par les connaissances acquises, nos successeurs seront mieux protégés contre des accidents qui nous ont déjà enlevé trop de bons camarades.

On ne peut parler de l' évolution du ski en Suisse sans marquer aussi l' influence exercée sur l' économie générale du pays, les stations d' été s' orga également pour l' hiver, le nombre toujours plus grand de Suisses et d' étrangers passant quelques jours de vacances dans les hôtels, les pensions ou les chalets. La fabrication des skis, des souliers laupars, de tous les vêtements nécessités par la pratique du sport hivernal par excellence occupe une main d' œuvre de jour en jour plus considérable.

En même temps que le ski, donc l' alpinisme hivernal, conquérait progressivement tous les pays montagneux, la littérature le concernant devenait toujours plus abondante, en Suisse comme ailleurs. Nous signalerons dans les volumes parus en Suisse, par ordre chronologique: Faes et Mercanton: « Le Manuel du Skieur », Payot & Cie, Lausanne 1917; Zarn et Barblan: « Der Skifahrer », Bopp & Cie, Zurich 1920; Marcel Kurz: « Alpinisme hivernal — Le Skieur dans les Alpes », Payot, 1925.

Un excellent annuaire, « Le Ski », édité depuis 23 ans par l' Association suisse des clubs de ski, a contribué pour sa large part à vulgariser dans notre pays les connaissances nécessaires.

Une question qui nous intéresse tout particulièrement est la collaboration apportée par le Club alpin suisse à ce développement prodigieux du ski dans notre pays, comme aussi la réaction exercée sur lui par ce facteur nouveau et inattendu.

L' introduction des premières paires de ski en Suisse ne saurait être qualifiée de glorieuse. Quelques touristes et alpinistes reçurent à plusieurs reprises des skis envoyés par des amis habitant les régions Scandinaves; mais privés de renseignements techniques quelconques et travaillant avec des skis dont les modes de fixation étaient très inférieurs à ce qu' ils sont aujourd'hui, ces novateurs se dégoûtèrent trop tôt et reléguèrent au galetas les engins étrangers.

Puis des Suisses établis dans les pays du nord y pratiquèrent le ski et revinrent au pays avec des notions précises sur leur utilisation; des Norvégiens arrivèrent dans nos stations de montagne et du Jura, appelés par des personnes désireuses de s' initier à l' art nouveau. Le ski était lancé et allait connaître une fortune extraordinaire.

Il faut rendre à César ce qui est à César. L' Association suisse des clubs de ski comprit la première l' importance croissante qu' allait prendre le ski en notre pays. Elle s' efforça de grouper les petits clubs qui se formèrent dans les diverses localités et coordonna intelligemment les efforts. A l' origine, l' association cultiva surtout le ski au point de vue sportif, tendance qui se marque encore nettement aujourd'hui par l' organisation annuelle de concours de saut. Sans vouloir méconnaître la beauté du saut en ski, les alpinistes le considèrent plutôt comme une prouesse acrobatique, réalisée tout autant par la pente donnée au terrain que par le courage de l' homme s' élançant sur le tremplin. La recherche constante du record dans presque tous les sports a fait aussi augmenter la longueur des sauts en ski d' une façon extraordinaire: de 20 m. à 30 m ., de 30 m. à 50 m ., de 50 m. à 73 m. ( Engadine 1927 ). Cette tendance ne provoque guère d' écho dans l' âme des alpinistes skieurs. Nous sommes par contre persuadés de l' utilité énorme du saut en ski — pas exagéré — pour développer le courage, la hardiesse, le sang-froid de l' alpiniste skieur. Convenablement entraîné par les sauts, le skieur passe sans hésitation dans tous les terrains, même les plus difficiles.

Quant au spectacle offert par un grand concours de sauts en ski, il est incontestablement de premier ordre. Nansen écrivait déjà dans son ouvrage connu « En Skis à travers le Groenland »: « Voir un bon skieur exécuter ses sauts aériens, c' est un des plus fiers spectacles auquel on puisse assister sur cette terre. A le voir dévaler hardiment la montagne, se ramasser sur lui-même à quelques pas du saut, prendre son élan sur le tremplin, comme une mouette s' élancer dans l' air, après un vol de 20 à 25 mètres toucher le sol et filer plus loin dans un nuage de poussière de neige, on tressaille d' aise et d' enthousiasme. » L' Association suisse des clubs de ski ne s' est pas bornée à développer les concours de saut, mais elle a organisé également les grandes courses annuelles de ski pour civils. Elle a pris contact avec les autorités militaires et, en accord avec ces dernières, fait courir chaque année les courses maintenant si populaires de nos militaires-skieurs. Consciente d' une tâche sociale à remplir, l' Association prit d' autre part l' initiative excellente de distribuer gratuitement chaque année dans les diverses régions de la Suisse un nombre considérable de paires de ski aux enfants peu fortunés. Elle a dépensé dans ce but des sommes très coquettes qui doivent lui attirer bien des reconnaissances.

Enfin, ces dernières années surtout, l' Association suisse des groupes de ski dont beaucoup de membres appartiennent aussi au C.A.S. s' intéresse également à l' alpinisme hivernal qu' elle encourage dans certaines régions tout au moins.

Le Club alpin suisse, reconnaissons-le franchement, a longtemps regardé le développement du ski comme problématique dans nos Alpes suisses, surtout dans nos hautes Alpes. Il affectait le rôle d' observateur un peu narquois, parfois même doublé de parti-pris.

Sans doute des skieurs isolés, dans toutes les sections du C.A.S., comprirent rapidement l' aide admirable que les skis allaient apporter aux courses d' hiver, mais le C.A.S. dans son ensemble aurait certainement dû organiser et développer officiellement plus tôt le ski, donc l' alpinisme hivernal, dans toutes ses sections.

Sous l' impulsion de personnalités énergiques, certains groupes de ski constitués dans quelques sections du C.A.S. prirent courageusement les devants et effectuèrent un travail très utile. Il nous est particulièrement agréable de relever l' activité du groupe de ski de la section des Diablerets ( Lausanne ) qui, par ses propres moyens, sans aucun subside officiel, avait déjà construit deux chalets-modèles pour skieurs, l' un en 1918 à la Borbuintze sur Châtel-St-Denis, l' autre en 1925, le chalet Lacombe, à la Pierre du Moëllé sur le Sépey.

Heureusement si les sanctions tardaient, le terrain était prêt, les enthousiasmes ne demandaient qu' à s' affirmer: sitôt l' organisation ébauchée, l' al pinisme hivernal prit ces dernières années dans notre grande association le développement le plus réjouissant.

En 1926, à l' assemblée des délégués du C.A.S. à Lausanne et sur préavis du C. C, il est décidé que chaque année, dans les cabanes à construire, une d' entre elles doit être située dans une région de montagnes convenant tout spécialement à la pratique du ski. La cabane de Corno, dans la partie supérieure du Val Bedretto, construite par la section Leventina, inaugurée le 19 octobre 1927, répond à cette exigence. En 1928 la cabane Cavardiras, au-dessus de Disentis, sera construite par la section de Winterthour et assurera les mêmes avantages.

Dans les cabanes déjà construites du C.A.S., on organise, si les conditions l' exigent, des locaux spéciaux, facilement chauffables, destinés à recevoir l' hiver les alpinistes skieurs. Les sentiers ainsi que les marques colorées sur pierre disparaissant l' hiver sous la neige, on étudie les divers procédés qui permettront de trouver facilement, en hiver aussi, l' emplacement des cabanes.

Tandis que les cabanes du C.A.S. n' étaient jadis presque jamais visitées l' hiver, elles accordent maintenant l' hospitalité à de nombreux alpinistes skieurs. Dans plusieurs régions, les Grisons notamment, il a fallu installer des gardiens en hiver aussi dans les cabanes, pour assurer l' ordre et la bonne administration. Cette mesure est appelée à se généraliser de plus en plus. Les inspections de cabanes, jadis réservées à la saison estivale, s' effectuent aussi en hiver et nécessitent des inspecteurs alpinistes et skieurs.

D' autre part, chacun a bientôt reconnu la nécessité de posséder des chalets construits à une altitude plus basse que les cabanes habituelles du C.A.S., chalets confortablement aménagés et permettant de pratiquer le ski dans les jours fériés notamment. Les sections construisent des chalets modèles ( Uto, Jaman, Neuchâtel, Genève, Bâle ) ou les groupes de skieurs des sections ( Diablerets ).

La même assemblée des délégués, à Lausanne, décide sur préavis du C. C. que fr. 15,000 seraient consacrés en 1927 au développement du ski et à l' alpinisme hivernal au sein du C.A.S.

En 1927, l' assemblée des délégués du C.A.S., à Zoug, accorde de nouveau fr. 15,000 pour le développement de l' alpinisme hivernal et du ski en 1928.

Les sections des diverses régions de notre pays ont fait un large emploi des crédits votés. Le Comité central a accordé des subventions d' importance diverse aux sections: Aarau, Bâle, Berne, Bernina, Bodan, Burgdorf, Chaux-de-Fonds, Chaussy, Diablerets, Emmental, Genevoise, Gotthard, Hoher Rohn, Interlaken, Jaman, Lâgern, Moléson, Monte Rosa, Oberhasli, Oldenhorn, Olten, Pfannenstiel, Pilatus, Rossberg, St-Gall, Thurgovie, Titlis, Uto, Weissenstein; aux sous-sections: La Côte et Morges.

Les subsides alloués ont permis la location de chalets, l' agrandissement et l' aménagement ( achat de matériel ) de cabanes et de refuges pour skieurs, l' organisation de cours d' alpinisme hivernal. Signalons en particulier trois cours de haute montagne donnés au Jungfraujoch à la fin de l' hiver 1926/27, un cours à la cabane du Mont Fort sur Chables, un cours à la cabane du Val des Dix sur Hérémence.

Signalons l' initiative heureuse prise par la section Uto qui organise, avec le concours de 19 sections voisines, pour février 1928 un cours de moniteurs pour ski. Ce cours, subsidié par la caisse centrale, permettra de former de bons instructeurs destinés à enseigner plus tard rationnellement le ski dans chacune des sections.

Sans exagération aucune, nous pouvons donc affirmer que l' introduction du ski dans nos montagnes — avec, comme conséquence, le développement de l' alpinisme hivernal — a ouvert une nouvelle phase, une seconde période de l' activité du Club alpin suisse.

Les groupes de skieurs de nos sections attirent la jeunesse ardente, entraînent les hésitants et développent une activité débordante. Mais ils sont organismes de transition, destinés à disparaître, à se fondre de nouveau dans le sein des sections car, à l' avenir, tout alpiniste gravira la montagne à pied en élé, à skis en hiver.

Nous pouvons envisager l' avenir avec pleine confiance. Pour exercer une action profonde et de durée, une association doit insuffler le même esprit, communiquer le même enthousiasme à la jeunesse, à l' âge mûr, aux vétérans. Notre cher Club alpin suisse possède cette puissance et la fortifiera encore par le ski: les jeunes, pleins d' ardeur, exécutent des prouesses hivernales, les hommes d' âge raisonnable maintiennent les talents acquis avec science et conscience, la neige tombée sur les anciens — telle la fontaine de Jouvence — les incite à poursuivre jusqu' à l' extrême limite l' exercice merveilleux.

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