Les Alpes glaronnaises dans la peinture
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Les Alpes glaronnaises dans la peinture

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Petsch Marti. Matt iGL )

L' article suivant traite des Alpes glaronnaises comme thème de l' art pictural. Le fait que les Alpes glaronnaises ont été, tôt déjà, l' objet de représentations figuratives et qu' elles le sont toujours demeuré pourrait d' abord nous étonner. Mais quand on considère que le pays glaronnais est la région montagneuse la plus rapprochée du centre culturel zuricois -jadis et encore aujourd'hui -on s' étonne moins que les premières peintures de haute montagne aient eu justement pour thème les montagnes glaronnaises.

Gustav Solar a examiné de façon approfondie les trois panoramas de haute montagne de Conrad 1 Voir Gustav Solar: Trois panoramas glaronnais de haute montagne de l' année 1653. tirage spécial des Annales de la Société d' histoire du canton de Glaris 1977. Voir aussi Les Alpes, 1977 ( pp. 25-29 ).

Meyer ( 1618-1668 ) de Zurich. Meyer avait entrepris plusieurs voyages avec son collègue, le peintre Jan Hackaert d' Amsterdam, son cadet de 10 ans. Il a visité aussi, entre autres, au début de l' été 1655, le canton de Glaris. Le panorama qui en est résulté, représentant la vallée du Löntschbach et deux dessinateurs ( crayon et pinceau en bleu-gris, rehaussé de blanc, 379:955 mm ), faisant partie de la collection graphique de la bibliothèque centrale de Zurich, est intitulé à l' origine: Vallée de la Sihl. Ce n' est qu' en le comparant au paysage réel que Solar a réussi à le situer. Une fois qu' il s' est trouvé dans la vallée du Löntschbach, Gustav Solar a été tenté de rechercher également des peintures du Glärnisch et du lac de Klöntal, le but présumé du voyage.

On trouve donc aussi au Kunsthaus ( Musée d' art ) de Zurich un dessin de Meyer, signé et intitulé: Le Glernisch dans le canton de Glariss ( crayon et pinceau en bleu-gris, rehaussé de blanc, 375:475 mm ), une réplique correspondant absolument, en tant que technique et dimensions, à la peinture du défilé du Löntschbach. Le Glärnisch de Meyer est la première représentation picturale d' un paysage de haute montagne vu de près et qu' on puisse qualifier de telle. Gustav Solar fut le premier à en reconnaître l' importance.

Il rapproche la vue de la rive gauche du lac du Klöntal des peintures mentionnées ci-dessus. Le dessin en question est signé et daté par Meyer et intitulé: Le lac Rüttisee. Derrière le mont Glernisch dans le pays glaronnais. ( La région du bout du lac s' ap Seerüti, et une auberge y porta ce nom qu' en 1912 ). Le dessin au pinceau gris-bleu, au lavis ( 220:367 mm ) se trouve au Kunsthaus de Zurich. Son pendant, la vue de la rive droite, fait partie de la collection graphique de l' EPF de Zurich; elle est également signée, datée et annotée: Le mont Glernisch dans le pays de Glariss. La feuille a cependant 62 mm de plus en hauteur que la vue de la rive nord. Comme Conrad Meyer a voulu représenter le Glärnisch dans les mêmes proportions, il a été obligé d' y ajouter en haut une bande de papier. De même que les deux feuilles du Klön- tal, les deux dessins représentant le défilé du Löntschbach ont été peints par l' artiste de deux points de vue différents, si bien que les premiers plans s' écartent l' un de l' autre.

Un troisième panorama de haute montagne de Meyer est connu par une reproduction photographique. Elle représente un panorama du lac de Walenstadt, du Biberlikopf au Kerenzerberg ( crayon, encre de Chine et aqurelle légère, moitié gauche 355:471 mm, moitié droite 355:47° mm ) Meyer a nommé le côté nord-ouest du Kerenzerberg: Au pays glaronnais, tandis qu' au bord gauche les mots Lac de Wallestatt sont écrits sous la surface de l' eau. Ces dessins, qui se trouvaient jadis au magasin d' antiquités du Dr Ignaz Schwarz à Vienne, ont aujourd'hui disparu. Une copie du côté Kerenzerberg par Johannes Meyer ( fils de Conrad Meyer, né en 1655 ) se trouve à la collection graphique de la bibliothèque centrale de Zurich.

Gustav Solar rend hommage aux panoramas des Alpes glaronnaises de Conrad Meyer en ces termes: «... ce fameux voyage dans les Alpes ( en 1655 ) a une signification qui a fait époque; c' était la première expédition ayant eu le but artistique de découvrir la haute montagne. Il a eu pour conséquence non seulement les plus anciens des paysages alpins susnommés, mais les panoramas les plus anciens de paysages de haute montagne tout court. Le pays glaronnais a été leur thème et leur théâtre... » Dans les panoramas et vues de Hans Conrad Escher de la Linth ( 1767-1823 ), connus du public depuis peu de temps seulement, le pays glaronnais est représenté par des aquarelles; elles n' ont pas été réalisées de cette manière ni avant, ni après.

Bien que ses aquarelles et esquisses soient en fait des documents scientifiques et personnels, et que Conrad Escher n' ait pas la prétention d' être unar-tiste, on observe dans ses travaux, dans sa manière propre de représenter la haute montagne et dans le maniement des couleurs, une force d' ex qui rappelle les tableaux alpins de Hodler. En 1794, du col de la Schweinalp, il peint une vue du Glärnisch ( 224:378 mm ), en 1803 une vue de l' accès au Klöntal avec le Glärnisch à l' arrière ( 157: 233 mm ). La première vue du Tödi est réalisée en 1804 d' après une aquarelle-grisaille de son ancien maître de dessin, J.B. Bullinger ( 232: 366 mm ). Le 2 août 1807, il peint la vue panoramique de Schwanden intitulée: De l' entrée du Sernfthal dans le Linththal vers Schwanden et le Glärnisch. Le tableau du Tödi, peint le 8 août 1807 avec les masses rocheuses du flanc nord ( 234:123 mm ), n' est plus une vue, mais un portrait de la montagne, de grandeur et d' expression monumentales. Gustav Solar 2: « ...Chaque sillon et ride dans le visage primitif de la montagne est intensifié jusqu' à la révélation d' une vie propre géognostique, comme un portrait fouillé peut reproduire l' essence d' un être humain... ». Le même jour, Escher peint la pente nord-est du Tödi avec les parois rocheuses dévalant sur la Rötialp et le glacier de Biferten, vue de sa moraine est.

Dans d' autres tableaux apparaissent l' Obersee avec le Rautispitz et Linthal ( 1809 ), Matt ( 1811 ) et les Tschingelhoren avec le Martinsloch ( 1812 ).

Les tableaux de Johann Gottfried Steffan ( 1815-1905 ), né à Wädenswil, sont tout différents. Du fait de sa formation de lithographe et de peintre paysagiste à Munich, il est un artiste typique de son époque en ce qui concerne ses œuvres, mais non sa vie, ordonnée et heureuse. Il esquisse l' objet de sa peinture dans la nature même, pour composer ensuite son tableau à l' huile dans son atelier. Les différents détails, disposés dans un paysage qui paraît si simple, forment des contrastes où les motifs, le dessin, les couleurs animent la présentation et atteignent d' une façon discrète leur but: celui de correspondre au goût du public solvable. Le tableau Les Alpes glaronnaises avec le Murgsee ( 93: 126 cm, huile sur toile ), aujourd'hui propriété de la galerie Fischer à Lucerne, fut créé en 1873 dans l' atelier de Munich d' après des croquis.

2 Gustav Solar/Jost Hösli: Hans Conrad Escher de la Linth: Vues et panoramas de Suisse, Zurich 1974.

Nous recommandons tout particulièrement ce livre aux alpinistes: Une carte exacte des voyages d' Escher permet de comparer facilement ses dessins à la réalité.

L' un des premiers peintres glaronnais qui se consacre aux montagnes de son canton est Balz Staeger, né à Glaris ( 1867-1937 ), fils de l' industriel et officier d' état Jakob Staeger. Après avoir étudié chez Rudolf Koller à Zurich et chez J.G. Steffan et Adolf Stäbli à Munich, il s' installe à Zurich en 1892. Son activité décrit surtout des impressions atmosphériques, parmi lesquelles il favorise deux variantes: d' une part il montre la nature avec son côté idyllique, par un soleil resplendissant, d' autre part il peint divers tableaux d' orage sur les lacs de Walenstadt et du Klöntal. Comme celles de J.G. Steffan, les œuvres de Staeger sont composées et réalisées en atelier d' après des croquis dessinés dans la nature.

L' œuvre du peintre glaronnais du XIXe siècle, certainement le plus remarquable, Jakob Ruch ( 1868-1913 ), comprend, outre des thèmes figura-tifs et quotidiens, des montagnes, avant tout des Alpes glaronnaises, de l' Urnerboden et du Valais. Mais il montre aussi, comme G. Segantini, l' homme de la montagne dans son activité quotidienne. Né à Glaris en 1868, il vit avec ses grands-parents à Schwanden ( après que ses parents eurent déménagé à Paris en 1873 ) et il y fréquente l' école primaire et secondaire. Retourné chez ses parents, il suit à partir de 1886 les cours de l' école des Beaux-Arts et travaille comme artiste indépendant à partir de 1892. En 1890 déjà il expose au Salon, l' institution qui fait autorité à ce mo-ment-là dans la métropole française. Avec son œuvre Matin dans les Alpes glaronnaises, il gagne en 1901 la médaille d' or de première classe de l' Ex internationale de peinture de Munich. Bien que mort en 1913 ( à 45 ans seulement ), Jakob Ruch, qui n' expose pas seulement en Suisse et à Paris, mais aussi à Munich, à Berlin et à la grande Exposition Carnegie à Pittsburg ( USA ), laisse une œuvre considérable. Quoiqu' elle soit malheureusement en partie tombée dans l' oubli, Ruch y a fait connaître dans le monde des arts de son temps les Alpes glaronnaises et la vie quotidienne de ses habitants.

Les œuvres existantes permettent de supposer, plutôt que de prouver, que les Alpes glaronnaises - le paysage du canton de Glaris tout court - ont été aussi le thème d' artistes moins connus, ou qui ont eu moins de succès. Mentionnons Johann Heinrich Jenny ( i 786-1854 ), d' abord négociant à St-Pétersbourg, puis peintre portraitiste et paysagiste au Chili et professeur de beaux-arts à Santiago de 1816 à 1828, qui vécut après son retour dans le canton de Glaris comme peintre et magistrat.

L' aquarelle Au Lantsch près de Riedern de la collection du Kunsthaus de Glaris, a pour auteur Kaspar Feldmann ( 1805-1866 ) qui, devenu également un négociant aisé à St-Pétersbourg, peint souvent à l' aquarelle des paysages et des vues architecturales.

Le médecin Jakob Hoffmann ( 1815-1884 ) réussit, lui aussi, comme autodidacte et devient même membre de la Société des artistes munichois. Malgré ses nombreux voyages à Munich, Paris et Madrid, le pays de Glaris reste le lieu de prédilection de ses motifs. On lui doit l' aquarelle L' Oberblegisee et le tableau à l' huile Au Spanneggsee du Kunsthaus de Glaris.

Nous mentionnerons aussi Peter Joos ( 1857-1894 ), qui d' après E. Buss3 peignit «... des paysages à l' huile de même qu' à fresque, et couronne son œuvre en i8gs par un tableau colossal du Vorder Glärnisch, qui constitue la toile de fond, très admirée, de la salle des manifestations de la fête fédérale de tira Glaris ».

Alexandre Soldenhoff ne fut peintre paysagiste qu' au début de sa carrière.

L' exposition bisannuelle des artistes qui seroute au Kunsthaus de Glaris ( la dernière a eu lieu du 28 octobre au 25 novembre 1979 ) prouve que les montagnes du pays glaronnais peuvent séduire aussi les artistes d' aujourd.

-1 Voir Ernst Buss: L' art en pays glaronnais, des temps les plus reculés jusqu' à l' époque actuelle, Glaris 1920. C' est jusqu' ici la seule œuvre concernant la peinture glaronnaise du XIX, siècle, qui renseigne aussi sur les amateurs et dilettantes oubliés depuis longtemps.

.'49 Ainsi les aquarelles de Ferdinand Meyer ( né en 1902 ), d' Ennenda, sont bien connues depuis longtemps des Glaronnais. Son œuvre montre, à côté d' autres sujets suisses, les hautes sommités des Alpes glaronnaises peintes de main de maître. Son contemporain ( ou presque ), Paul Lohnke de Glaris ( né en 1905 ), qui présente constamment des sujets des Alpes glaronnaises, préfère lui aussi la technique de l' aquarelle.

On connaît au-delà du canton de Glaris les œuvres du peintre Lill Tschudi ( née en 1911 ), de Schwanden. Ses représentations de la roche et de la pierre ( surtout linos en couleur et collages ) prouvent sa grande habileté artisanale et son immense force d' expression artistique. Il n' est pas nécessaire de signaler ici son œuvre complète.

Il est superflu aussi de présenter les tableaux de Fritz Zwicky de Mollis ( ne en 1919 ). Lui aussi est un maître du pinceau et de la gouache. Dans sa technique de l' aquarelle, qui demande une réalisation rapide et sûre, il peint surtout les montagnes, tandis qu' il montre dans ses études de roches et de racines qu' il sait tout aussi bien manier le crayon.

L' artiste Erhard Fappani de Schwanden ( né en 1936 ), qui habite aujourd'hui Maur, traite, lui aussi, des sujets des Alpes glaronnaises. Devenu infirme à la suite d' un accident de montagne, il a choisi la peinture comme gagne-pain. Bien que les montagnes aient changé le cours de son destin, il leur est resté fidèle dans son œuvre artistique. Comme dans les dernières peintures de Hodler, les « portraits alpins » de Fappani font allusion à la tragédie d' une vie humaine que le visiteur ne découvre qu' après avoir étudié l' œuvre et l' artiste de façon approfondie. La peinture, d' abord un passe-temps, est devenue ici par les circonstances de la vie un témoignage artistique réel.

La nature, le monde des Alpes sont devenus pour Heidi Bollierde Mitlödi ( née en 1932 ) une expérience poétique, mystique ( Le génie des montagnes garde ses bêtes dans les montagnes, dans les forêts. Je ne peux ici rendre compte suffisamment de ses tableaux intenses et fortement expressifs ( monoty- pies, technique mixte ) ;je me contente de les signaler.

Albert Schmidt de Glaris ( né en 1942 ) s' occupe avec ferveur des Alpes glaronnaises. Dans ses tableaux, dont les motifs ne se bornent pas au pays glaronnais et qui ont été créés en technique acrylique d' après des croquis pris sur le vif, il met en tant qu' alpiniste et varappeur actif le visiteur en contact étroit avec la montagne. Ses croquis, nés au sens propre du mot en pleine nature, dans les déserts de pierre, près des séracs et dans les parois abruptes, Albert Schmidt les condense en instantanés structurellement exacts des imposantes masses rocheuses. Comme pour Hans Conrad Escher de la Linth, on peut parler chez Albert Schmidt de portraits des hautes montagnes glaronnaises. On sent que ce peintre du dimanche ne voit et ne contemple pas seulement les masses de rochers, mais qu' il les a touchées comme un alpiniste et qu' il les saisit au sens propre du mot.

Les Alpes glaronnaises ont montré d' une façon étonnante combien elles étaient une région étendue et intéressante. Il va de soi qu' il ne peut s' agir dans cet article que d' un aperçu et non d' un exposé complet ou même d' un inventaire. Trop de faits sur ce thème sont tombés dans l' oubli et demandent une étude approfondie.

Je n' ai pas traité du tout la cartographie des Alpes glaronnaises. Le livre de Hans Jenny-Kap-pers, Le canton de Glaris, un catalogue descriptif des cartes et plans imprimés, vues de localités et peintures de paysages depuis les débuts jusqu' en 1880 ( paru en 1939 ), en fournit une vue d' ensemble complète. Le panorama ( lithographie ) du Ruchen Glärnisch par Albert Heim ( de 1869 ) y figure aussi.

Leur eminente présence vaudra aux Alpes glaronnaises d' être sans cesse reproduites comme sujets, comme symboles ou comme illustrations par les artistes de Glaris ou d' ailleurs.

Trad. E. Baumgartner Boxbergcr Bibliographie Société des artistes suisses: Lexique artistique, Tomes II et III, Frauenfeld 1908.

Ernst Buss: L' art en pays glaronnais, des temps les plus reculés jusqu' à I' époque actuelle, Glaris 1920.

Gotthard Jedlicka: Johann Gottfried Steffan ( Feuille du Nouvel An de la Société de lecture de Wädenswil ), Wädenswil I938.

Société artistique de Glaris: Catalogue des tableaux et sculptures, Glaris 1954.

Roy Oppenheim: La découverte des Alpes, Frauenfeld/Stutt-gart 1974.

Gustav Solar/Jost Hösli: Hans Conrad Escher de la Linth: vues et panoramas de Suisse, Zurich 1974.

Gustav Solar: Trois panoramas glaronnais de haute montagne en 1655, Glaris 1977.

Pro Helvetia: Les Alpes dans la peinture suisse ( catalogue de l' exposition ). Coire 1977.

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