Les Maisons Blanches
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Les Maisons Blanches

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Avec 1 croquisPar Ali Szepessy

Le Moine, 3566 m.

Ce nom ne vous fait-il pas penser à un ermite, qui, la tête levée, médite dans la grande solitude de la montagne? Et si vous regardez le Moine, vous constaterez que cette pointe mérite bien son nom; fière et solitaire, elle se dresse entre la Petite Aiguille et les ressauts de sa sœur, la Grande Aiguille, séparée de celle-ci par une profonde échancrure en forme de V. Pourtant il semble que dans le temps, les indigènes d' Entremont appelaient « l' Epée » d' aujourd le « Moine », et que celui-ci n' avait pas de nom ( A.J. XV ).

Du Combin de Corbassière le Moine ressemble un peu au Cervin vu de la cabane du Mont Rose, tandis que de l' autre versant, c' est une pyramide effilée. Un large éperon descend d' une épaule de l' arête SE sur le Glacier de Corbassièie, et un autre directement depuis le faîte. Entre ces deux éperons les névés du glacier rejoignent presque la crête que l'on peut aussi atteindre du côté Valsorey par une belle arête.

La première ascension est celle de G.W. Prothero avec Clemens Zurbriggen, le 21 juillet 1891. Ils partirent de Bourg St-Pierre, montèrent au Col du Moine, entre le Moine et la Grande Aiguille, et escaladèrent en 35 minutes l' arête faîtière jusqu' au sommet. Une autre voie emprunte la pente de neige qui monte du Glacier de Corbassière vers l' épaule de l' arête SE et la suit jusqu' au sommet en 45 minutes environ. Nous n' avons pu trouver les noms des premiers ascensionnistes, ni la date de leur escalade.

L' arête SW, taillée dans un bon et joli rocher, fut escaladée en juin 1940 par le guide R. Baileys avec Moret, Max et Voutaz, tous quatre en service. La varappe est assez difficile.

Enfin l' arête SE a été parcourue dans toute sa longueur pour la première fois le 18 juillet 1943 par l' équipe de F. Marullaz dont nous avons déjà parlé plu; haut; ils atteignirent le sommet en 45 minutes et descendirent par l' arête NW pour atteindre le Col du Moine. La traversée en sens inverse revient à MM. Bergoz, Gonser, Page et Junker, le 25 juin 1944.

La Grande Aijuille, 3682 m.

Si le Moine ou l' Epée sont plus élégants, la Grande Aiguille est la cime la plus massive, la plus longue et la plus haute des Maisons Blanches. De partout elle s' impose ps r sa masse, ses vastes flancs, ses arêtes crénelées, ses longs couloirs.

De plus, ;lle est le point topographique le plus important de toute la chaîne qui, à aartir du sommet principal, change son orientation SE—NW, pour devenir presque exactement S—N.

De l' arête faîtière, partage des eaux entre Bagnes et Entremont, trois grandes arêtes descendent vers le Valsorey. La première se détache du point 3571, au SE du sommet. Quelques mètres avant celui-ci une deuxième crête file vers les éboulis de la Grande Penna. Cette échine, débutant à sa Die Alpen - .947 - Les Alpes32 base par une grande tour, constitue la rive gauche orographique du couloir SW qui est une des voies d' ascension de la Grande Aiguille. L' autre rive de ce couloir forme une nouvelle arête, la plus longue et plus importante des trois; elle prend naissance dans la large selle d' éboulis qui partage les bassins du Glacier de la Truie et du Glacier de Challand. D' abord peu inclinée, la crête présente ensuite quelques gendarmes, deux ressauts verticaux et aboutit enfin directement au sommet principal. Le versant NE de la Grande Aiguille présente par contre des pentes de neige, des couloirs, de petits éperons de rochers brisés qui relient l' arête faîtière au Glacier de Corbassière. Environ 250 mètres au nord du sommet principal, le faîte porte, après une brèche cotée 3616, d' où un grand couloir neigeux descend vers le Glacier de Challand, la pointe bifide du sommet nord, 22 mètres plus basse que la cime principale. Dès lors l' arête s' abaisse d' abord doucement, forme ensuite un fort surplomb, et rejoint la brèche cotée 3563, d' où elle s' élève vers le point 3604.

La première ascension du sommet principal, et aussi la première ascension effectuée dans toute la chaîne, est celle de Marco Magnioli avec Daniel Baileys et Niklaus Knubel, le 23 juin 1874. Depuis le Glacier de Corbassière ils empruntèrent la côte rocheuse formant la rive gauche du couloir descendant juste au NW du point 3571; après l' avoir remonté sur toute sa longueur ils arrivèrent au sommet par l' arête SE.

Le 8 août 1891, Ch. De la Harpe, C.A.S.eltzer et E. Thury remontent en trois heures environ le grand couloir de la face SW depuis la Grande Penna, pour atteindre l' arête SE faîtière à quelques minutes du sommet. C' est le chemin le plus simple du côté Valsorey, mais il est peu sympathique à cause des chutes de pierres.

E. Junker et E. Page escaladent la Grande Aiguille le 30 août 1940 en 3 h. 20 min. depuis le Col du Moine par l' arête SE. Le seul passage difficile rencontré est situé avant le point 3571, épaule caractéristique de l' arête. Des blocs aisés conduisent d' abord à un ressaut de 15 à 20 mètres qu' ils surmontèrent directement; puis, d' une petite vire, par une « dalle bombée comme une cuirasse » du versant NE ils se glissèrent entre de gros blocs et rejoignirent le sommet par l' itinéraire Magnioli. La descente s' effectua en 1 h. 35 min. depuis la première bosse au SE du sommet sur le Glacier de Corbassière, d' abord par un éperon de rochers instables, puis par une pente de neige.

En septembre 1940, le guide R. Baileys de Bourg St-Pierre escalade avec des compagnons de service l' arête SW de la Grande Aiguille. Ils rencontrent un très mauvais rocher.

M. Junker, Page et Plumettaz réussissent la première ascension par l' arête nord, en passant d' abord par le point 3604, et probablement la première ascension des sommets nord, le 30 juillet 1941. A deux mètres à l' ouest de la brèche 3563 ils montent ( courte échelle ) vers la droite, pour arriver sous le surplomb. Ce dernier est contourné par la droite, et après avoir traversé une côte, une rigole conduit au-dessus du surplomb. Une cheminée permet enfin d' atteindre le point 3660 N ( une heure et quart ). Le point 3660 S est rejoint ensuite en une demi-heure, en descendant une fissure du côté Corbassière d' abord, puis en remontant des vires. La cordée Junker 1«. de cnalUuf«lg. duH«iiinV Épie cv.»n gagne enfin le sommet principal en une heure cinq minutes en suivant l' arête. La caravane dut employer des pitons d' assurage pour escalader la première partie au départ de la brèche 3563.

Cette arête fut aussi suivie à la descente par l' équipe Marullaz le 18 juillet 1943. Une des cordées emprunta le versant Valsorey suivi par Junker, Page et Plumettaz, tandis que l' autre cherchait sa voie dans le flanc est, raide mais en bon radier.

L' Epée, 3602 m.

De toutes les cimes des Maisons Blanches c' est incontestablement l' Epée qui est la plus hardie. Si elle n' était pas cachée par le point 3604, ce serait la plus classique et la mieux connue des caravanes montant au Grand Combin. Surplombant du côté Valsorey, son sommet a la forme d' un bec d' aigle. Sa face NW est formée de grandes dalles vert-foncé, tandis que des gradins raides offrent une belie varappe sur le versant est. Mais c' est du sud, par exemple du Beaufort, que l' Epée est la plus impressionnante. L' arête qui descend vers le Glacier de Challand est une crête effilée, coupée en son milieu par une épaule horizontale. Dès lors l' arête, haute encore de 120 mètres et constituée par l' intersection des faces S et W, est moins prononcée.

La première ascension de l' Epée fut effectuée le 17 août 1893 par les frères R. et L. Correvon. Ils attaquèrent la face est, la remontèrent pour passer sur le versant sud et terminèrent l' ascension du côté ouest. Il faut compter trente minutes pour cette escalade d' une soixantaine de mètres et autant pour la descente.

En 1933, le guide R. Baileys escalade avec M. Thévau la face sud directement depuis le Col de l' Epée dans un rocher rapide mais solide.

Le 27 juillet 1941, M. et Mme Junker, Mlle E. Bessaro et M. Page inaugurent un nouvel itinéraire. Ne trouvant pas la voie Correvon, ces cordées gravirent le sommet par la face nord-est. Au-dessus de blocs instables qui encombrent la base de la face, ils escaladèrent un premier couloir aboutissant à un ressaut qu' ils surmontèrent; un deuxième couloir-cheminée leur permit ensuite d' atteindre le sommet.

L' arête sud-ouest fut la dernière à céder, mais ce n' est qu' au troisième assaut qu' elle put être vaincue. La première tentative eut lieu le 3 juillet 1946 par Mme M.L. de Castro et A. Szepessy. Après avoir atteint l' épaule, ils durent abandonner à cause d' un orage. Le 31 juillet 1946, MUe N. Alschwang et A. Szepessy retournent à l' Epée. Pour reconnaître le terrain, ils gravirent d' abord le sommet par la voie Correvon et descendirent en rappels jusqu' à l' épaule. Le 27 août 1946 trouve de nouveau la cordée Alschwang-Szepessy à l' attaque. Une épaisse couche de neige sur les flancs occidentaux engagea la caravane à laisser de côté le premier bout de l' arête, moins intéressant d' ailleurs et qui a déjà été escaladé le 3 juillet 1946. Les 120 derniers mètres offrirent une varappe très difficile et le sommet ne put être atteint qu' après huit heures d' efforts. Cet horaire peut certainement être amélioré; il est dû à des pertes de temps occasionnées par des pitons difficiles à enlever, au hissage des sacs et aussi à quelques passages d' escalade artificielle.Voici la description de l' itinéraire de l' arête SW: Attaquer l' arête au-dessus de deux petits gendarmes que l'on atteint aisément du couloir du Col de l' Epée par une vire horizontale. Surmonter une dalle, puis, à gauche de l' arête, suivre une vire et escalader une fissure de 10 mètres environ. Le ressaut de l' épaule est contourné par le versant ouest, en utilisant une vire ascendante coupée de petits ressauts. Monter environ 10 mètres à l' aplomb du milieu de l' épaule, traverser vers la gauche et par des dalles gagner ensuite une vire sous un surplomb. Suivre cette vire vers la droite; elle se perd dans une dalle, coupée par une fissure verticale ( à gauche en haut un piton ). Continuer encore l' escalade vers la droite pour atteindre l' extrémité NE de l' épaule. Monter jusqu' au premier rebord légèrement surplombant. Le surmonter un peu à gauche du tranchant de l' arête, puis revenir à droite. Monter par des gradins vers la droite. Surmonter deux petits surplombs pour atteindre une dalle peu inclinée, d' où un dièdre qui aboutit sous un surplomb, monte vers l' est. Juste au-dessus de la dalle escalader un mur d' en 4 mètres un peu surplombant et à prises déversées ( traction de corde; un piton ). On prend pied ainsi sur une petite plateforme très inclinée et peu confortable. Une fissure à droite conduit derrière un coin dans un dièdre lisse mais pas raide. Appuyer à droite et se faufiler entre un gros bloc détaché et la paroi. Du bord est du bloc, monter verticalement pour déboucher sur une terrasse spacieuse, couverte de gravier. A droite une dalle mène sous un toit vert-foncé, qui se franchit par une large fissure ( piton à gauche en haut du toit ). Monter directement vers le sommet, que l'on atteint en passant à gauche par la vire de la voie Correvon ( environ six heures de l' attaque au sommet)1.

1 Voir 51. Jahresbericht A.A.C.Z.

L' Epée Ettira également les alpinistes-skieurs au printemps. Le 10 avril 1945 une patrouille du poste militaire d' avalanches de Bourg St-Pierre passe par les Darre ys, le Glacier de Challand et monte au Col de l' Epée. Ils escaladent le soir met, rechaussent ensuite leurs skis pour descendre sur Liddes en passant par le Col et le Glacier de Boveyre. Cet itinéraire fut répété par l' un des participants de 1945, René Dittert, avec quelques amis le 14 avril 1946.

Groupe des Aiguilles du Meitin Sud, 364J m ., et Nord, 3638 m. et de l' Aiguille de Challand, 3625 m.

Les trois sommets de ce groupe ne sont pas aussi bien individualisés que les autres, de la chaîne. Marcel Kurz propose d' ailleurs dans le G. A. V. de considérer l' Aiguille de Challand comme le sommet nord du groupe du Meitin. Le point 3638 deviendrait alors le sommet central. Au double point de vue morp lologique et géologique cela est parfaitement justifié. Seule, la tradition nous demande de garder cette nomenclature usitée chez les habitants du Val d' Entremont.

Vues du Glacier de Corbassière, ces trois tourelles n' attirent pas l' atten du grimpeur. En un coup d' oeil, ce dernier se rend compte que ces sommets qui ne dépassent que de peu l' arête faîtière, ne sont constitués que par des pentes de neige et d' éboulis, très rarement coupées de petits ressauts. Le versant ouest de ce mur crénelé a une allure bien différente. Si nous le regardons de la Tête de Bois, ou de la rive ouest du Val d' Entremont, par exemple de la Niord, ces grandes parois rougeàtres semblent verticales et les « glavinières » qui les coupent paraissent infranchissables. Ce n' est que de plus près que l' œil discerne les points faibles de ces murailles, dont l' inclinaison est relativement faible. Une seule arête latérale vient s' attacher à cette crête, dont la direction principale est presque S—N. Cette arête monte du Six du Meitin du Truino, 3215 m ., à l' Aiguille sud du Meitin. Elle a deux coudes assez fortemer t prononcés et se dirige du SW au NE. Son flanc septentrional est peu raide, tandis que des parois à pic tombent sur la branche sud du Glacier de Challand. Plus ou moins horizontale au début, hérissée de quelques gendarmes, elle se redresse très fortement avant de reprendre une plus faible pente lors de sa jonction à la crête principale.

L' Aiguille sud du Meitin a la forme d' une pyramide assez irrégulière.Vue du sud, une haute paroi triangulaire descend du point culminant vers le couloir issu du Col nord de l' Epée, et donne à cette aiguille un air escarpé et hautain, tine arête facile relie le Col nord de l' Epée au sommet, puis plus au NE, un grand couloir, bordé par les névés supérieurs du Glacier de Corbassière et des pentes d' éboulis, monte vers le faîte.

Bien compliquée est la topographie de l' Aiguille nord du Meitin. D' ail, c' est un sommet double dont la plus haute pointe, vague pyramide aussi, est au sud. A quelques mètres un grand bloc carré forme la pointe nord qui cote à peine 1 à 2 mètres de moins que sa voisine.

Enfin l' Aiguille de Challand reprend à nouveau la forme d' une pyramide tronquée. Rien ne la caractérise, et c' est vraiment une cime sans grande importance.

L' histoire de ces trois sommets les lie presque autant que leur morphologie. La première ascension et la traversée du S au N fut effectuée par Ch. De la Harpe, E. Thury et E.W. Viollier, qui prennent possession « des sommets du Meitin » le 10 août 1890 « au nom du C.A.S. ». Ils montent par les pentes bordant le grand couloir est et atteignent l' Aiguille sud du Meitin en quatre heures et demie depuis la cabane de Panossière; ils continuent ensuite leur chevauchée vers le nord. La description de M. Viollier dans l' Echo des Alpes est très imprécise à ce sujet \ II dit avoir atteint en une heure et quart le « second sommet » à peu de distance duquel se trouve un « pouce curieux, haut de 4 à 5 mètres, incliné sur le vide et fendu de toutes parts ». Il s' agit certainement de l' Aiguille nord du Meitin, et le pouce serait le « gendarme carré » de M. Junker, ou la deuxième pointe de ce sommet. Ce qui reste incompréhensible, c' est le temps qu' il fallut à la caravane des premiers ascensionnistes pour ce parcours qui s' effectue aujourd'hui en dix minutes. Il faut aussi compter dix minutes d' une pointe de l' Aiguille nord du Meitin à l' autre. La pointe nord ne fut pas gravie par M. Viollier et ses amis; ils semblent plutôt l' avoir contournée avant de descendre directement sur le Glacier de Corbassière.

Il existe un itinéraire à l' Aiguille sud du Meitin qui emprunte en partie l' arête SW. Malheureusement aucun détail concernant cette voie, date, participants, itinéraire suivi, n' a pu être trouvé. Il semble avoir été ouvert par MM. De la Harpe et Viollier.

Aujourd'hui cette arête a été parcourue dans les deux sens. Il faut compter environ deux heures et demie du nord au sud ou vice-versa.

Il est superflu de décrire les itinéraires de la face Corbassière de ce tronçon des Maisons Blanches, car on passe où l'on veut.

Il en est presque de même de l' autre versant, quoique plus raide et en général plus difficile. Signalons encore que l' Aiguille de Challand fut gravie de ce côté le 1er septembre 1945 par A. Szepessy seul, qui attaqua la face ouest à peu près à l' altitude 3420 m. dans le couloir descendant du Col du Ritord; il atteignit l' arête nord de l' aiguille à quelques mètres du sommet; en 45 minutes de l' attaque.

Ces quelques notes montreront au grimpeur qui cherche à s' évader des chemins battus par la foule montant au Grand Combin et au Combin de Corbassière qu' il existe une région où il trouvera le calme parfait, des ecalades ardues, des vues incomparables dans un décor grandiose et sauvage.

Littérature: A part le G. A. V., vol. 1, 2e édition, 1937; voir encore: La montagne et tes noms, par J. Guex, Lausanne 1946; Les Alpes 1946, n08 6 et 7 ( articles de Ed. Junker et A. Szepessy ).

1 1891, pp. 206 et sq.

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