Les variations périodiques des glaciers des Alpes
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Les variations périodiques des glaciers des Alpes

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Par Dr. F.A. Forel, professeur, à Morges. Dr. M. Lugeon, professeur, à Lausanne. M. Muret, inspecteur forestier, à Morges.

Dix-huitième rapport. 1897.l )

LXI. Fleuves et glaciers.

La carte du Glacier du Rhône, à l' échelle de 1: 5000, que le Club alpin suisse a montrée au public dans son pavillon de l' Exposition nationale à Genève, en 1896, porte, entre autres, un premier résumé des études physiques faites sous les auspices et aux frais du Club pendant les années 187411894. L'on y voit dessinés, par des signes graphiques que nous n' avons pas à expliquer ici, les faits principaux de l' écoulement de la surface du fleuve de fluidité imparfaite qu' est le glacier.

L'on y constate l' analogie frappante qui existe entre le glacier, rivière de glace, et le fleuve, rivière d' eau. L'on y voit en particulier:

a. Le parallélisme général des veines d' écoulement; les pierres placées sur le glacier cheminent les unes à côté des autres sans se croiser nulle part dans leur voie.

b. La plus grande vitesse de l' écoulement sur l' axe, le ralentissement énorme sur les bords du glacier.

c. Le déplacement du lieu de vitesse maximale dans les sinuosités du glacier; comme dans un fleuve d' eau, les sinuosités des veines fluides sont un peu plus exagérées que celles du ravin dans lequel elles s' écoulent.

d. L' exagération de la vitesse d' écoulement quand la pente s' aggrave. C' est ainsi qu' au Glacier du Rhône, tandis qu' en amont de la cas- cade de glace la vitesse moyenne sur l' axe du glacier est de mètres environ par an, elle s' élève à 250 mètres dans la traversée de la cascade entre la Saas et le Belvédère.x ) Nous ne savons pas quelles sont les lois de l' écoulement des couches profondes du glacier; mais, de ces allures des couches de surface, nous pouvons conclure à l' analogie probable entre les deux rivières, fleuve d' eau et fleuve de glace; l' un et l' autre s' écoulent suivant les mêmes lois générales.

Il est cependant deux détails de cet écoulement dans lesquels on croirait reconnaître une discordance apparente:

1° Les veines d' écoulement du glacier ne sont pas rigoureusement parallèles; sur les bords du glacier elles montrent une tendance à s' é en éventail:

2° Il y a un ralentissement très marqué dans la vitesse d' écoule du glacier d' amont en aval: la vitesse annuelle, en amont de la cascade, vers le profil jaune, est de 110 mètres; sur le profil vert, au pied de la cascade, elle n' est plus que de 27 mètres; sur le profil noir, près du front du glacier, elle n' est plus que de 5 mètres ( valeurs moyennes de 1874 à 1881. 2 ) Ces deux faits, qui n' ont pas d' analogues apparents dans les fleuves d' eau, doivent-ils faire écarter le rapprochement entre l' écoulement des deux ordres de rivièresEn aucune façon.

Dans le glacier ils sont des à la disparition progressive de la masse semi-fluide de la glace. Sous l' action de la chaleur, la glace se fond et se transforme en eau, qui s' écoule dans des conditions toutes différentes par le torrent glaciaire, au fond du thalweg du ravin du glacier. Dans les sections successives, d' amont en aval, la quantité de glace subsistante va progressivement en diminuant jusqu' à l' annulation complète au front du glacier; le débit des profils successifs décroît graduellement. De là, ralentissement de la vitesse d' écoulement. De même, sur les bords du glacier, la fusion de la glace qui, vu la lenteur extrême du courant marginal, se prolonge pendant un nombre plus considérable d' années, attaque la masse relativement beaucoup plus que sur la ligne médiane qui marche plus vite; la perte de substance doit être compensée; de là, la tendance à la divergence en éventail des ondes d' écoulement sur les bords du glacier.

Or des faits analogues seraient reconnaissables et évidents dans les fleuves d' eau soumis à une forte evaporation, dans les rivières du désert qui s' éteignent progressivement par evaporation. L' eau se transforme en vapeur, et le débit de la rivière va constamment en diminuant jusqu' à la disparition totale, la où l' oued se termine, en se perdant dans les sables.

Dans l' un et l' autre cas nous avons affaire à une transformation de la matière fluide du fleuve, de la glace ou de l' eau, en une forme plus parfaitement fluide, eau liquide ou vapeur d' eau.

Si nous ne voyons pas ce phénomène apparaître dans nos fleuves et rivières des climats tempérés, c' est que leur cours est interrompu avant qu' ils arrivent à leur terminaison naturelle par evaporation; ils se perdent dans les lacs ou la mer, au milieu de leur course. Chez les glaciers nous avons un fait analogue dans les glaciers des mers polaires qui aboutissent à la mer, et y sont soumis à la rupture connue sous le nom de vêlage. Comme les fleuves d' eau de nos climats, ces glaciers polaires sont interrompus brusquement dans leurs cours par leur anéantissement dans la mer.

Nous avons donc le droit d' établir le parallélisme suivant entre fleuve d' eau et glacier:

Glaciers.Fleuves d' eau.

Fleuves complets.

Glaciers alpins, se terminant par liquéfaction totale.

Rivières du désert, se terminant par evaporation totale.

Fleuves interrompus.

Glaciers polaires se déversant dans j Rivières des climats tempérés se dé-la mer, rompus par le vêlage.versant dans les lacs ou les mers.

Les variations périodiques de longueur sont encore un phénomène semblable chez les fleuves d' eau et chez les glaciers. Suivant que l' alimentation à la source, d' une part, ou la transformation en fluide plus parfait dans le cours du fleuve, d' autre part, sont prédominantes, la longueur du fleuve de glace ou d' eau est plus ou moins considérable. Le glacier descend plus bas dans la vallée, ou Voued s' avance plus loin dans le désert, dans les phases de crue, qu' elles soient dues à un excès d' alimentation ou à un déficit de fluidification. Il y a phase de décrue pour l' oued comme pour le glacier quand l' alimentation est plus faible, la fusion ou l' éva poration plus forte. Ici encore les phénomènes de variation dans la longueur ne sont visibles que dans les fleuves complets qui meurent par extinction naturelle, glaciers alpins ou rivières du désert. Les fleuves d' eau ou de glace qui sont interrompus dans leurs cours parce qu' ils se déversent dans un lac ou dans la mer, ne traduisent leurs variations que par un vêlage plus abondant ou un apport d' eau plus grand à leur em-bouchure.F.A. P.

LXII. Te Carte des variations des glaciers des Alpes suisses.

Dans mon XIIIe rapport ( Jahrbuch S.A.C. 1893 ) j' ai publié quatre cartes donnant en procédé graphique les glaciers en état de crue dans des époques équidistantes, 1875, 1880, 1885 et 1890. Dans ces quatre premières cartes, le nombre des glaciers que je coloriais en rouge allait toujours en augmentant, à mesure que la crue commencée en 1875, cette crue que j' ai appelé crue de fin du XIXe siècle, allait en se développant. Aujourd'hui que je publie une cinquième carte qui exprime l' état des glaciers en 1895, j' ai A faire intervenir un fait nouveau. Bon nombre des glaciers qui s' étaient mis en crue dans les vingt années précédentes sont entrés, à partir des étés très chauds de 1893, 1894 et 1895, en phase de décrue; pour eux la crue de fin du siècle a cessé. Je les ai figurés en les teintant de noir. J' ai laissé coloriés en rouge ceux qui sont encore en crue constatée en 1895, et avec eux ceux dont je n' ai pas eu d' observations positives m' affirmant leur entrée en phase de décrue; pour bon nombre de ces derniers la décrue est probable.

Quant aux autres que je n' ai peints ni en rouge ni en noir, ils sont probablement tous en phase de décrue; l' absence de nouvelles doit certainement être interprétée ainsi, car la crue d' un glacier est un phénomène assez intéressant pour que nous puissions admettre que toute crue évidente et certaine nous aurait été signalée, à nous ou aux inspecteurs forestiers que la Direction fédérale des forêts a intéressés à nos études.

En résumé, ma carte N° V doit se lire ainsi:

Glaciers non-teintés: en décrue continue dans la seconde moitié du XIXe siècle.

Glaciers teintés en rouge: ont présenté la crue de fin du XIXe siècle; ils sont encore en crue, on bien, par défaut d' observations, ne nous ont pas été signalés comme étant entrés en décrue.

Glaciers teintés en noir: ont présenté la crue de fin du XIXe siècle, mais sont entrés en décrue constatée ( depuis l' année 1893 ).

Il va sans dire que pour tirer de cette carte l' instruction qu' elle peut offrir, elle doit être comparée avec les quatre cartes précédemment publiées dans mon XIIIe rapport. ( Jahrbuch S. A. O. XXVIII. Berne 1893. ) F.A. F.

Les variations périodiques des glaciers des Alpes.

LXIII. Chronique des glaciers des Alpes suisses.

Cette année encore, un grand nombre d' observations, prises par les agents forestiers, nous ont été transmises par l' Inspectorat fédéral des forêts. Nous avons obtenu ainsi les faits de la variation de 60 glaciers des Alpes suisses: 29 du Valais, 3 des Alpes vaudoises, 11 du canton de Berne, 2 d' Uri, 3 d' Unterwald, 2 de St-Gall et 10 des Grisons. La neige provenant, soit des avalanches de l' hiver précédent, soit de chutes hâtives d' automne, a malheureusement empêché l' observation des glaciers du Tessin, de Glaris et d' un certain nombre de ceux d' Uri et des Grisons.

A la valeur en chiffre des variations de longueur, plusieurs de nos correspondants joignent un croquis fait sur place qui montre les changements de forme survenus à la langue du glacier; ces dessins constituent des renseignements forts intéressants et permettent de mieux se rendre compte des modifications survenues d' une année à l' autre; ce mode de faire est très recommandable.

Tous les renseignements concernant l' aspect général du glacier — crevasses, changements d' épaisseur, altitude de la ligne de neige, etc. sont aussi toujours les bienvenus, de même encore que les photographies de glaciers.

Outre les observations régulièrement organisées des forestiers, les clubistes et nos correspondants occasionnels voudront bien continuer, nous l' espérons, à nous faire part de leurs remarques personnelles quand même elles ne feraient que confirmer des renseignements déjà obtenus, elles auraient toujours leur valeur; mais le plus souvent, en outre, elles les compléteront de la manière la plus heureuse.

Nous allons analyser brièvement, les résultats obtenus:

Glacier.

Vallée.

I. Bassin du Rhône.

Valeur de la variation.Sens de la va- 1895.1896.1897. nation actuelle.

m m m Fiesch Fiesch — 22 — 34 — 6 décrue Aletsch Massa — 6 — 5 5,5 décrue Latschen Lötschen

F.A. Forel, M. Lugeon et E. Muret.

Vrillée Valeur de la variation.

Sens de la va- 1895.

1896.

1897.

riation actuelle m m m Gasenried St-Nicolas

+ 14

+ 12

crue Findelen n...

— 6 — 4 décrue Zmutt n

— 9 — 12 décrue Gorner n

— 4 — 9 décrue Tourtemagne Tourtemagne — 2 — 1 — 9 décrue Durand Anniviers — 100 — 50 — 50 décrue Moiry » — 8 — 4

crueFerpècle Hérens 03 — 11 décrue Zigiorenove

+ 25

— 73 décrue Ar olla n — 2 0 — 16 décrue Grand Désert Nendaz — 5 — 4 __g décrue Montfort 0 — 10 0 décrue Corbassière Bagnes — 4 — 1

crueBreney n — 4 — 5 — 5 décrue Durand — 5 — 27 — 7 décrue Otemma n — 3 — 43 — 5 décrue Tzeudet Entremont

+ 3,4

+ 3,8

crue Boveyre n

+ 17

+ 17

+ 12,5

crue Valsorey n — 53 - 2,6 décrue Saleinaz 712

7,5 décrueLa Neuvaz Ferret — 4

1 0 décrueTrient Trient

— 1 décrue Dans leur ensemble, les glaciers du Valais sont donc en décrue très caractérisée. La crue n' est signalée que chez 5 glaciers sur 29 observés.

Glacier du Rhône. Résumé des observations de M. L. Held, ingénieur au bureau topographique fédéral.

La langue du glacier a mis à nu dans l' année 1896' 97, en aval du profil vert, une superficie de 3480 m2 de la moraine profonde ( les valeurs analogues ont été en 1895/96 de 4900 m2 et en 1894/95 de 8230 m2 ). La décrue en longueur du front du glacier a été, en 1896/97, en moyenne de 11,6 mètres, au maximum de 26 mètres.

Les variations d' épaisseur du corps du glacier ont été en 1896/97:

Altitude.Variation.

mm Profil vert 18105,18 „ bleu 19000,51 „ jaune 2400j- 0,83 Altitude.

Variation.

m m Profil rousre 2560

+ 1,39 + 0,83

V inférieur, névé du Thäli 2750 V n grand névé 2800

+ 1,11

n supérieur, névé du Thäli 3050

+ 0,31

V n grand névé 2950 — 0,30Sauf les profils vert et bleu, en aval de la cascade de glace, tous les profils amont montrent un accroissement de l' épaisseur du glacier ( le chiffre du profil supérieur du grand névé demande vérification)-, la hauteur moyenne de la glace est cependant restée encore au-dessous de la moyenne générale des profils.

L' épaisseur de la glace fondue depuis 1874 à 1897 peut être évaluée à 98,63 mètres sur le profil vert 52,39bleu.

Latschen et Zigiorenove, l' année dernière encore en crue, ont passé à la décrue. Ces deux glaciers ont une allure très régulière et fort intéressante: leur crue s' est éteinte progressivement, en passant d' année en année pour le premier de + 12 m à + 8 m, + 7 m, + 1 m et enfin — lm; pour le second de + 102 m à + 74 m, + 25 m, + 5 m et — 73 m. Zigiorenove reste ainsi toujours le glacier le plus sensible des Alpes valaisannes, ainsi que le chanoine Rîon le signalait déjà en 1852.

Le glacier à' Arolla s' est remis en forte décrue. En 1886, M. F.A. Forel avait placé 3 repères en avant du front; un d' entre eux a été retrouvé cet été par M. Colomb, président central du S.A.C., qui a mesuré avec ses guides, la distance le séparant aujourd'hui du glacier. D' après ces mesures, le recul total depuis 1886, aurait été de 132 m; il n' a pas été continu, mais il y a eu dans l' intervalle une période de légère crue de 2 à 3 ans ( 1893 et 1894 ).

La crue passagère des glaciers de la Neuvaz et de Salarias, signalée en 1896, ne s' est pas confirmée; la décrue a recommencé cette année.

Findelen et Ferpècle dont la décrue était encore incertaine, ont accentué leur marche en arrière.

Au milieu de ce recul général, cinq glaciers sont encore en crue; ce Bont Gasenried, Tzeudet et Boveyre, déjà en crue les années précédentes; enfin Moiry et Corbassière qui entrent en crue. Il faut attendre confirmation des variations de ces deux derniers glaciers; pour Moiry, ce changement serait d' autant plus curieux, que le glacier de Durand, F.A. Forel, M. Lugeon et E. Muret.

son voisin, continue à décroître dans la proportion considérable de 50 mètres par an en moyenne, soit au total 250 mètres pour ces cinq dernières années.

Alpes vaudoises. Les glaciefs de Paneyrossaz, du Grand et du Petit Plan-névé, stationnaires l' année dernière, ont repris le léger mouvement de décrue, arrêté en 1896; il est de 0 à 7 mètres pour Paneyrossaz et de 0 à 6 mètres pour Plan-névé, suivant les repères.

II. Bassin de l' Aar.

( ri ft fi P F Vnllpp Valeur de la variation Sens de la va- Vfr

1895.

1896.

1897.

riation actuelle.

m m m Stein Gadmen — 7 — 1

crueünteraar Aar — 30 — 14 — 3 décrue Rosenlaui Reichenbach — 23 — 8

+ 25

crueOb. Grindelwald Lütschine

+ 10

__ 3

+ 24

crue Unt. Grindelwald 0 0 0 stationnaire Eiger Weisse Lütschine 0 0 0 stationnaire Tschingel n n — 226 décrue Gamchi Kienthal — 4 — 4 — 3 décrue Blümlisalp Kander — 8 — 5g décrue Wildhorn Iffigen — 10

— 27 décrue Gelten Lauenen

+ 10

crueIci aussi, la décrue est le phénomène général, mais elle semble pourtant présenter des symptômes de ralentissement; sa valeur numérique diminue. ( Wildhorn excepté. ) En outre, tandis qu' en 1895 nous n' avions qu' un glacier en crue et en 1896 aucun, trois au moins cette année sont en crue évidente et le glacier du Gelten, sous la neige depuis 1896, semble être aussi en crue probable. ( En 1896, on lui avait attribué par erreur une décrue de 32 mètres, c' est, au contraire, une crue de 10 mètres que les observations des forestiers lui décrivent. ) [F. Christen.] Les glaciers en crue sont le Steingletscher qui reprend lentement sa marche en avant, après avoir régulièrement ralenti sa décrue; le Rosenlaui, qui s' est aussi mis en crue, après avoir depuis quelques années déjà présenté une notable augmentation d' épaisseur signalée par les bergers. ( A. Müller. ) Enfin le Grindelwald supérieur, accidentellement en décrue lors des observations de 1896, semble reprendre cette année sa marche en avant; nous le considérons, jusqu' à nouvel avis, comme étant encore en crue.

Les glaciers de YEiger et de Grindelwald inférieur sont toujours stationnaires.

M. le professeur Dr. A. Baltzer, à Berne, vient de publier dans les Nouveaux mémoires de la Soc. helv. se. nat. ( XXXIII, 2e livr. ) une très belle étude sur le Glacier inférieur de Grindelwald. Nous en tirons les faits généraux suivants qui, en partie, complètent et précisent ce que nous avons dit dans de précédents rapports.

Les phases de crue ont été 1600/1620, 170311720, 1770/1779, 1814/1822, 1840/1855; depuis 1855 décrue continue.

Actuellement la décrue est très faible; l' état est presque stationnaire. On y constate une poussée en avant pendant l' hiver, un recul du front pendant l' été. La crue hivernale débute, suivant les années, en septembre, octobre ou novembre, la décrue estivale en mai ou juin. Cette variation saisonnière dépend de la température estivale; elle ne doit être aucunement attribuée à des variations dans le débit du glacier.

La neige qui a recouvert les glaciers en 1896 et empêché les observations sur le Tschingel, Gelten et Wildhorn, ne semble pas avoir exercé d' influence sur le sens de leur variation.

M. Risold, inspecteur forestier à Spiez, communique l' observation suivante, relative au Rinderhorn ( à l' est du Daubensee de la Gemmi ):

„ Une importante fraction du glacier se détache de la partie supérieure, dont elle est séparée par une profonde crevasse, qui a la même forme arquée que celle signalée à I' Altels peu avant la catastrophe. On peut donc prévoir un événement identique après un bel été chaud. La chute aurait lieu sur territoire valaisan. "

Ce fait nous a également été signalé par M. Rittener à Ste-Croix, et nous en avons retrouvé des indices sur une magnifique photographie prise à Grandson, à l' aide d' un téléobjectif, par M. Aug. Vautier-Dufour.

Nous nous permettons de le recommander à l' attention des forestiers et des montagnards valaisans ou bernois, ainsi qu' à tous les clubistes passant dans ces parages. Photographies désirées!

III. Bassin de la Reuss.

Nous avons perdu, l' année dernière, notre fidèle correspondant, M. E. Krayer-Ramsperger de Bàie, qui depuis 1882 observait régulièrement la marche des glaciers de Hüfi et Brunni ( Maderanerthal ). Espérons F.A. Forel, M. Lugeon et E. Muret.

qu' il se trouvera un observateur aussi zélé pour reprendre la suite de ces communications.

La neige a empêché de faire des observations sur un certain nombre de glaciers. Déjà l' année dernière, le même accident était intervenu: aussi les valeurs numériques indiquées cette année, concernent-elles la période de deux ans: 1895 à 1897.

Glacier.

VaMe.

Variation 1895. 1897.

Sens de la variation. moyenne actuelle.

m m Kartigel Meienthal — 6 — 5 décrue Kehlefirn Göschenen — 14 — 10 décrue Griessen Aa, Engelberg10 décrue Grassen n n

— 11 décrue FirnälpeM n ny décrue La décrue est donc constante et générale.

Le Grassengletscher, mesuré pour la première fois cette année, est fortement crevassé: indice probable d' une grande activité.

IV. Bassin de la Linth. Aucune observation n' a pu être faite cette année, à cause de la neige.

V. Bassin du Rhin.

Glacier.

Territoire Pigol Pfäfers Sardona Segnes Flims Lenta Vais Puntaiglas Truns Variation.

Sens de la variation 1895.

1897.

moyenne actuelle.

m m -20

+ 13

crue

crue.

— 8 décrue8 décrue...

— 6 décrue8 — 10 décrue Porchabella Bergün Cette année encore, les chutes de neige hâtives ont empêché le relevé de plusieurs glaciers. En 1896 déjà, aucune mesure n' avait pu être prise, en sorte que les variations indiquées, concernent une période de 2 ans.

La crue des deux glaciers du Bas-Rhin antérieur mérite confirmation; pour le Pizol elle prouverait un changement bien brusque du sens de la variation; pour Sardona, c' est une première mesure.

En revanche, la décrue du glacier de Porchabella ( Albula ) semble bien démontrée.

Ici encore, nous avons donc en résumé une tendance à la décrue.

VI.

Bassin de l' Inn.

Glacier.

Territoire.

Valeur numérique de 1895.

la variation 1897.

Variation actuelle.

m m Roseg Samaden

+ 14

crue Morteratsch Pontresina — 12 — 37 décrue Picuogl Bevers — 17 — 13 décrue Lischana Schuls

— 5 décrueSeul le Roseg est en crue bien caractérisée dans les Alpes grisonnes; pour les autres la décrue est encore très forte.

VII. Bassin de l' Adda.

riiT tValeur de la variationVariation Glacier.Territoire.w18g7 mm FornoMaloja159décrue PalPoschiavo424décrueForno est en décrue bien caractérisée; la légère crue du Paiïi n' a pas persisté cette année.

VIII. Bassin du Tessin.

La neige n' a pas permis de faire des observations cette année.

Résumé.

Les glaciers des Alpes suisses sont en très grande généralité en décrue en 1897. Sur 56 glaciers observés, 39 sont indiqués comme étant en décrue, 5 stationnaires et 12 en crue.

Dans le bassin du Rhône, sur 28 glaciers observés, 3 sont en crue certaine, 2 en crue probable, les autres en décrue.

Zigiorenove et le Trient qui, depuis 1879 étaient en crue très manifeste, ont montré ces dernières années un ralentissement marqué et progressif de la poussée en avant; en 1897 ils se sont mis en décrue; pour ces deux glaciers la phase de crue a duré 18 ans.

D' après nos renseignements antérieurs, la dernière époque de maximum a été pour le Trient 1845 ( M. J. Guex ), pour Zigiorenove 1852 ( M. J. Anzévuy ). Nous pouvons donc établir les durées suivantes:

Trient.

Phase de décrue de la période précédente, 1845 à 1878... 33 ans Phase de crue de la période actuelle, 1878 à 1896 18 „ Durée de deux demi-périodes, d' un maximum à l' autre... 51 ans Zigiorenove.

Phase de décrue de la période précédente, 1852 à 1878.. 26 ans Phase de crue de la période actuelle, 1878 à 1896 18 „ Durée de deux demi-périodes, d' un maximum à l' autre... 44 ans II en est de même pour le Latschen; mais ce glacier n' a été en observation que depuis 1893; nous ne pouvons donc rien dire de la durée de la phase de crue.

La décrue de Ferpècle et d' Aroüa qui a repris depuis 1895 est confirmée. Donc la décrue générale qui a duré depuis 1855 environ n' a été interrompue que pendant deux ans, en 1893 et 1894, par une petite crue, qui les a fait allonger d' une dixaine ou une quinzaine de mètres; la décrue générale est restée dominante.

La Neuvaz et Saleinaz ont des allures étranges, dans les observations qui nous sont communiquées; nous les considérons jusqu' à nouvel avis comme stationnaires.

Bassin de l' Aar. La continuation de la crue de Grindelwald supérieur est probable ou certaine, malgré l' observation de l' année dernière qui indiquait une diminution de longueur.

Le Gelten semble être en crue depuis 1895, Rosenlaui depuis 1897. Pour ce dernier glacier nous réservons notre appréciation jusqu' au vu des observations de l' année prochaine.

Bassin du Rhin. Deux glaciers saint-gallois, le Pisol et le Sardona, sont indiqués en crue cette année; attendons la confirmation l' année prochaine.

Bassin de l' Inn. Le Roseg en crue confirmée.

Bassin de l' Adda. Le Palü signalé comme étant en crue en 1895, est en forte décrue en 1897. Restons dans le doute à son sujet.

Tous les autres glaciers suisses dont nous avons des observations sont en décrue; il est probable qu' il en est de même de la très grande généralité de ceux qui n' ont pas été mesurés, car nous devons admettre qu' une crue manifeste d' un glacier quelconque aurait été signalée ou aux agents forestiers charges de cette surveillance, ou à nous-mêmes.

En somme, il y a encore dans nos glaciers suisses quelques restes de la crue du dernier quart du XIXe siècle; mais ces retardataires sont peu nombreux et peu importants en présence de la grande généralité de la décrue qui prédomine actuellement.

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