Les variations périodiques des glaciers des Alpes. Quatorzième Rapport
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Les variations périodiques des glaciers des Alpes. Quatorzième Rapport

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Prof. Dr. F.A. Forel à Morges.

Par le

Quatorzième rapport. 1893 ' ).

L. Variation simultanée des glaciers du même groupe.

Il est un fait qui a beaucoup frappé les observateurs depuis les temps anciens jusqu' aux modernes, c' est l' irrégularité, la différence d' al, souvent l' opposition du phénomène des variations dans les glaciers de la même vallée, du même massif de montagnes. Un glacier est en crue, son voisin en décrue; un glacier est en état de minimum, son voisin en phase de crue atteint presque l' état de maximum. Si nous visitons actuellement certaines vallées des Alpes, nous y trouvons des exemples frappants de cette individualité d' allures. Dans la vallée d' Hérens, le glacier d' Arolla était encore stationnaire il y a un an, tandis que depuis 1879, depuis 14 ans par conséquent, le Zigiorenove est en crue rapide; dans l' Oberland bernois, le glacier supérieur de Grindelwald est en phase de crue, le glacier inférieur est en décrue ou stationnaire; dans le massif du Mont-Blanc, jusqu' en 1890, le glacier des Bois était réduit à un minimum de développement, resserré au fond de sa gorge, tandis que depuis 18 ans le glacier des Bossons est en phase de crue manifeste. Nos maîtres en glaciologie se sont donné beaucoup de peine pour expliquer ces différences, et Charpentier, par exemple, a consacré un long chapitre à cette question. C' est un dogme classique que celui de l' individualisme des allures des glaciers; chaque glacier semble varier à sa manière, ses variations semblent n' avoir aucun rapport avec les variations de ses voisins.

Le matériel relativement riche que, grâce à la collaboration d' amis dévoués, nous réunissons depuis quinze ans, nous permet, je l' espère, de Voir treizième rapport: Jahrbuch des S.A.C. XXVIII, p. 285. Bern, 1893.

prendre une vue plus juste du phénomène et de retrouver une loi au milieu de ce désordre apparent. C' est ce que j' essaierai de développer.

Un premier point qui résulte de l' ensemble des études contenues dans nos 14 rapports annuels, c' est que les glaciers des Alpes centrales et orientales ( nous n' aürmons rien pour les Alpes occidentales, sur lesquelles nous n' avons pas encore une vue suffisamment claire ) ont été, pendant la seconde moitié du XIXmB siècle, plus exactement dans le troisième quart du siècle, dans une phase de décrue générale; nous pouvons la considérer comme étant la phase terminale d' une période que nous localiserons dans le milieu du siècle, la phase de crue de cette période ayant été très générale vers l' an 1850.

deuxième point, c' est qu' une nouvelle période a commencé à se manifester dans le dernier quart du siècle: à partir de 1875, la phase de crue de cette période „ de fin du siècle " s' est développée successivement dans un certain nombre de glaciers, et petit à petit, très lentement, elle tend à se généraliser. Il est difficile de faire des prévisions quand il s' agit de phénomènes encore si mal connus, mais je m' attends à voir d' ici à quelques années la phase de crue s' étendre encore et devenir générale dans tous les massifs des Alpes bernoises et valaisannes, et peut-être dauphinoises, comme elle l' est actuellement dans le massif du Mont-Blanc. Quant aux Alpes grisonnes et autrichiennesJ ), ce sera l' affaire du siècle prochain.

Dans ce développement progressif de la phase de crue de la nouvelle période, les glaciers semblent, si on les observe de trop près ou si on les considère à un moment seulement de leur carrière, avoir suivi ces allures individuelles, sans relation avec celles de leurs voisins et congénères. Mais si on les regarde d' une vue d' ensemble, si l'on suit l' histoire de la période dans ses grands traits, il apparaît une tendance manifeste à une solidarité dans les allures générales. Les glaciers du même groupe entrent simultanément en phase de crue, mais celle-ci ne devient que successivement évidente par rallongement de la langue du glacier. De 1875 à 1890, tous les glaciers du massif du Mont-Blanc se sont mis successivement en crue, depuis les Bossons, le premier, jusqu' au glacier des Bois, le dernier à entrer en mouvement. De 1879 à nos jours, les glaciers de Zigiorenove, de Pièce, des Aiguilles-Kouges, dans la vallée d' Hérens, sont entrés en crue; Arolla et Ferpècle ne sont pas encore en mouvement actif, mais ils y arrivent. De 1880 à nos jours, tous les glaciers de la vallée de Saas ont commencé une nouvelle période; dans les dernières années, les glaciers de l' Ortler ont manifesté des signes de crue, etc.

* ) Quelques glaciers des Alpes autrichiennes commencent à s' allonger. Voir plus loin dans ce rapport.

Je suis donc dispose à confirmer la loi que j' énonçais déjà dans mon quatrième rapport en 1883, en la formulant dans ces termes: Les glaciers du même groupe géographique ont une tendance à présenter les mêmes variations de grandeur. Je dis, le même groupe géographique: l' avenir nous apprendra s' il faut préciser la loi en disant: le même massif de montagnes ( exemple: le massif du Mont-Blanc ) ou le même bassin hydrographique ( exemples: les vallées de Saas et d' Arolla ). Pour le moment, la loi n' est fondée que sur l' observation d' une partie de la phase de crue d' une seule période; l' avenir nous apprendra, ou mieux, apprendra à nos successeurs si cette loi se confirme ou si elle doit être corrigée dans d' autres cas, dans d' autres phases, dans d' autres périodes.

Si l'on me demande comment je concilie cette communauté d' allures des glaciers du même groupe avec l' individualité apparente que nous avons constatée, après tant d' autres auteurs, pourquoi dans le même groupe certains glaciers sont en avance sur d' autres? nous n' avons pas encore des faits statistiques assez nombreux pour que je puisse me fonder sur des exemples bien probants, mais voici l' indication de quelques idées à ce sujet.

Une variation périodique dans les chutes de neige d' une série d' an humides a amené un épaississement des névés d' un groupe de montagnes. Il en résulte un accroissement de l' alimentation des glaciers, une poussée plus puissante, une accélération dans la vitesse d' écoulement; la phase de crue est imminente, et si nous avions des observations utiles sur la vitesse des courants glaciaires et sur les profils transverses des glaciers dans les hautes régions, on constaterait probablement des prodromes de crue sur tous les glaciers du groupe. Mais les glaciers différent énormément par leur longueur, leur inclinaison, leur épaisseur, leur volume. Il en résulte que la crue ne se manifeste par un accroissement de leur longueur qu' à des époques fort diverses. Elle apparaît d' abord sur les glaciers les plus courts et sur les glaciers de plus grande pente; les grands glaciers, les longs glaciers, les glaciers de vallée à inclinaison relativement faible, ne montrent que beaucoup plus tard l' allonge de leur extrémité terminale. Ce que j' ai appelé ailleurs le retard de la période est plus grand chez ces derniers que chez les premiers.

Il me semble voir une justification de ces vues, encore assez vagues, je l' avoue, dans la comparaison de quelques faits acquis par l' observation de la période actuellement en développement:

Dans le massif du Mont-Blanc, le glacier des Bossons, le plus incliné et le plus court, s' est mis en crue 15 ans avant le glacier des Bois, le plus long et le moins en pente des glaciers du groupe.

Dans le massif du Mont-Colon, nous voyons les mêmes relations entre Zigiorenove, le plus en pente, et Arolla, le plus long et le moins incliné des glaciers du vallon d' ArolIa. Le premier est en crue depuis 15 ans, le second n' a pas encore commencé à s' allonger.

Dans le massif des Mischabel et du Mont-Rose, le Gorner est encore stationnaire, les glaciers de Fée sont en crue depuis 1880.

Le glacier de Grindelwald supérieur, qui est en crue depuis 15 ans, n' a pas la moitié de la longueur du glacier inférieur, lequel est encore stationnaire.

Quand les faits seront plus nombreux, la statistique sera plus démonstrative; pour le moment, ce n' est qu' un commencement de preuves.

LI. Chronique des glaciers des Alpes suisses, 1893.

Ainsi que nous l' avons annoncé l' année dernière, le Département de l' Industrie et de l' Agriculture du Conseil fédéral a bien voulu prendre en considération une demande qui lui avait été adressée par la Société helvétique des sciences naturelles. Après s' être mise d' accord avec les gouvernements cantonaux, l' Administration fédérale a chargé les inspecteurs forestiers de surveiller les glaciers dans les districts de leur ressort et de faire rapport sur leurs variations. Les études préparatoires ont commencé en 1893, et les résultats nous en ont été communiqués par M. Coaz, inspecteur général des eaux et forêts de la Confédération. Nous lui exprimons notre vive reconnaissance pour cet appui bienveillant et effectif, et nous publierons à l' avenir les faits qui nous viendront par cette voie en les désignant par les initiales O. F. ( Observations des forestiers ).

I. Bassin du Rhône.

Pour les glaciers du Valais, je simplifierai mon rapport en copiant le tableau très intéressant qui nous est donné par l' inspectorat forestier du canton du Valais, dirigé par M. Antoine de Torrente à Sion. J' indi le sens de la variation par le signe algébrique qui précède la valeur numérique,indiquant l' allongement en crue, le raccourcissement en décrue. Comme terme de comparaison, je mettrai en présence des valeurs de l' année 1893 celles qui résultaient des mesures précédentes de l' année 1892. Toutes les mesures ont été prises dans les mois de septembre et d' octobre.

Les variations périodiques des glaciers des Alpes.

Glacier.

Vallée.

Variation :. 1892.

i Observations 1893. pour 1893.

Fiesch Fiesch — 6 m — 3,6 "

Aletsch Massa décrue — 5 m Lœtschen Lœtschen

+

12 "

Zanfleuron Sanetsch

28 "

Kaltwasser Saltine — 1,57 m Rossboden Simplon

+

0,2 "

Allalin Saas crue -j~ 6,0 "

Fée supérieur 77 71 1,5 " en largeur.

Fée inférieur 77 71 6,0 " en longueur.

Gorner St-Nicolas26,0 » Findelen 77

+

30 "

Zmutt !7

5 "

Durand ( Zinal ) Anniviers — 14 m 24 "

Moiry 77 — 5 "

6 "

Arolla Hérens — 1 "

5 m Ferpècle 77

— 5 " -j-

4 m Zigiorenove 77

+100 " +

102™ Grand Désert Nendaz décrue — 15 "

Montfort 71 77 18 m Otemma Bagnes 77 17 "

Giétroz 77 n Durand 77 — 18 "

Corbassière 77 — 109 "

Valsorey Entremont

4- 3 m

2,8 "

Boveire 71

20 " +

19,5 m épaississement 1; La Neuvaz Val Ferret

0 "

Saleinaz 77 71

-4- 15 " +

8 "

En comparant ce rapport des forestiers valaisans avec celui de l' année dernière, nous voyons des chiffres concordant généralement. Les glaciers en crue ou en décrue n' ont pas changé d' allures, sauf pour les glaciers d' Arolla et de Ferpècle du val d' Hérens, qui sont signalés pour la première fois comme montrant des indices d' allongement, et le glacier de Valsorey, dans le val d' Entremont, qui était indiqué l' année dernière comme étant en crue, cette année en décrue. Les observations des années prochaines nous apprendront si ces variations sont confirmées ou si elles sont seulement accidentelles.

Outre ces observations officielles, j' ai encore reçu les rapports particuliers suivants:

1° Glacier du Rhône. Extrait des notes de M. l' ingénieur L. Held, du bureau topographique fédéral: „ La langue du glacier s' est encore reculée dans l' année 1892-93; elle a mis à nu une superficie de 1050œ2 de la moraine profonde. ( Pour l' année précédente cette valeur n' avait été que de 520 m2, et l' année précédente 3100 m2 ); le plus grand recul, de 52 m, a eu lieu à la place où le Muttbach sort de dessous le glacier qu' il traverse en galerie.

Le profil vert a montré cette année une diminution de hauteur moyenne de 6,1™, avec un maximum d' affaissement de 17,3 m au point où le profil passe sur le cours sous-glaciaire du Rhône et y subit un effondrement notable. "

2° Glacier de Fée inférieur, vallée de Saas. Mlle Clara Imseng estime que le glacier s' est raccourci cette année. En tous cas il s' est notablement affaissé en diminuant d' épaisseur dans sa langue inférieure. Une photographie de M. le pasteur P. Vionnet à Etoy, prise de la cabane de Clara, fait voir une partie du village de Fée qui était masquée l' année précédente, ce qui est prouvé par une photographie prise du même endroit par M. le Dr Ed. Hagenbach de Bâle.

3° Les glaciers des vallées de la Dranse sont étudiés par M. le professeur Ch. Bioche de Paris, avec d' excellentes photographies prises par notre collègue du S.A.C., M. L. Michel, également de Paris. Voici les notes que M. Bioche m' a envoyées.

„ Vallée de Bagnes. Glacier d' Otemma. La partie terminale a peu changé depuis 1892, sauf que la masse de glace isolée sur la rive gauche a fondu presque complètement, ce qui était à prévoir.

„ Glacier de Breney. Partie supérieure gonflée, partie terminale sensiblement stationnaire.

„ Glacier de Giètroe. La partie supérieure a gonflé; l' extrémité a fondu notablement. Cette partie, sur des rochers en pente, s' est trouvée, pendant l' été sec de 1893, très exposée au soleil, de sorte qu' il est naturel qu' elle ait diminué. Mais il ne faudrait pas en conclure que le glacier soit en décrue, car la partie supérieure gonfle. D' ailleurs, d' une façon générale, pour les glaciers dont l' extrémité a peu d' épaisseur, cette partie a fondu rapidement, et l' afflux provenant des parties supérieures n' a pu s' y faire sentir. La simple observation des parties terminales pourrait donc faire croire à une décrue de glaciers qui sont réellement en phase de crue.

„ Glacier de Corbassière. Le rocher qui se voyait en 1892 à gauche tend à se recouvrir. La partie supérieure nous a semblé avoir tendance à gonfler.

„ Val d' Entremont. Glacier de Valsorey. A la jonction avec le glacier de Tseudet gonflement visible. Un peu plus haut, le guide Genoud avait mis en 1892 des repères sur les deux rives; ces repères permettent en 1893 de constater un gonflement très notable dans la partie centrale du courant. A la jonction avec le glacier du Velan et au tournant du mont de la Gouille, en aval de cette jonction, gonflement très marqué. En 1892, le glacier du Velan poussait celui de Valsorey, mais ne produisait pas ce gonflement.

„ Glacier du Sonadon nous a semblé à tous nettement gonflé, surtout dans la partie médiane. "

4° Vallée du Trient. „ Le glacier du Trient a continue à progresser. L' allongement de 1892 à 1893 est de:

rive droite10 m au centre-j- 15 m rive gauche-j- 12™ „ Elargissement et épaississement très prononcés.

„ Pour monter sur la calotte du glacier, il faut remonter assez haut le long des moraines latérales. Les traces de l' exploitation de la glace en 1892 ont absolument disparu en août 1893. Les observations faites sur le terrain sont confirmées en tous points par des photographies levées depuis plusieurs années par M. Oscar Nicollier de Vevey. " ( Note de M. Jules Guex, banquier à Vevey. ) J' ajouterai que les photographies de M. J. Tairraz à Chamonix confirment de même ces conclusions.

5° Vallée de l' Arve. Pour l' étude de ces glaciers, j' ai, comme les années précédentes, une double série d' observations: les mesures prises sur repères par NI. Venance Payot, les photographies de M. Jos. Tairraz; je les remercie l' un et l' autre de leurs obligeantes communications.

Glacier du Tour. „ Du 27 octobre 1892 au 10 octobre 1893 raccourcissement de 30 et de 36 m, suivant les repères. Cette fusion considérable sous l' ardente chaleur de fete de 1893 s' explique par le peu d' épaisseur de la glace dans la partie terminale éboulée sur des rochers très inclinés. " ( V. Payot. ) Les photographies de M. Tairraz confirment bien la grande fusion de la glace; plusieurs rochers couverts le années précédentes sont mis actuellement à nu; une paroi de rochers au centre du courant, qui avait disparu depuis 1890, est visible sur la photographie de 1893.

Glacier d' Argentière. „ Un repère qui, en octobre 1892, était à 5 m du glacier a été envahi par la moraine frontale. Un autre repère indique dans l' année actuelle une crue de 18,5™. " ( V. Payot. ) Les photographies de 1892 et de 1893 donnent presque exactement la même position.

Glacier des Bois. „ D' après les repères, la longueur est restée la même; mais il a considérablement grossi en hauteur. " ( V. Payot. ) Les photographies font voir un élargissement et un fort épaississement sur la côte gauche du glacier.

Glacier des Bossons. „ Du 13 octobre 1892 au 6 octobre 1893 le glacier s' est raccourci de 4 m. " ( V. Payot. ) Sur les photographies Tairraz on reconnaît la diminution notable en épaisseur et en longueur de la langue terminale.

Glacier de Taconnaz. „ Raccourcissement de 12 m d' octobre 1892 à octobre 1893. " ( V. Payot. ) Pas de changement appréciable sur la figure donnée par les photographies.

Glacier de Bionnassay. „ Allongement de 99 m en un point, de 27 m à un autre point. " ( V. Payot. ) Sur la photographie de M. Tairraz on voit un changement considérable en gonflement, élargissement et avancement du front du glacier. Le guide J. Fr. Perroud confirme la crue du glacier.

Glacier de Tré-la-Tête. Note rétrospective: „ D' après les souvenirs des montagnards, et en particulier d' après les rapports de M. J. Ph. Mollard, qui habitait alors aux Contamines, entre 1848 et 1850, dans le mois de septembre ( ou d' octobre ), la partie inférieure du glacier de Tré-la-Tête s' écroula sur une longueur de près d' un kilomètre, s' engouffra dans les gorges très resserrées de Laïat, puis du Nant-Bovant jusqu' à Notre-Dame-de-la-Gorge. La plaine de la Gorge fut inondée par les eaux chargées de graviers, les champs furent envahis, le pont de la Gorge enlevé, les endiguements détruits. Le nommé Broudex fut surpris par le flot, mais put se sauver à la nage. Les eaux mirent trois jours à s' é, après quoi elles reprirent leur cours normal. La partie écroulée du glacier ne se reforma pas immédiatement; au contraire, le glacier continua à se raccourcir pendant longtemps. On reconnaît encore la place occupée par la langue du glacier avant l' éboulement. Actuellement le glacier est en crue bien accentuée. " ( Note de J. Fr. Perroud, guide à St-Gervais-les-Bains. ) II. Bassin de la Beuss.

Vallée de Maderan. vBrunni. Kaccourcissement 32 m. Voûte du torrent 2 m.

„ flü/i. Raccourcissement 15 m. Voûte du torrent 5 m. " ( Notes de M. E. Krayer-Ramsperger, Bâle. ) „ D' après un excellent connaisseur de la montagne, le guide J.M. Trösch, le glacier de Hüfi s' est notablement raccourci pendant l' hiver. L' enneigement des Windgällen était plus faible, au 9 juillet 1893, qu' il y a 2—4 ans; diminution sensible des champs de neige sur les versants ensoleillés. " ( Note du professeur A. Heim, Zurich. ) III. Bassin du Rhin.

Vorderrheinthal. Glacier de Puntaiglas. „ Dans les trois dernières années, le glacier a beaucoup diminué; il s' est raccourci et affaissé; son affluent occidental, qui était autrefois convexe et sans crevasses, est devenu presque concave et est tout crevassé. " ( Octobre 1893. A. Heim, Zurich. ) IV. Bassins de l' Inn et de l' Adda.

D' après une note de M. l' ingénieur en chef Fr. de Salis, de Coire, les glaciers du groupe de la Bernina sont encore en décrue. D' après les mesures de la longueur, cette année le Morteratsch a eu raccourcissement... 24 m le Cambrena... 3 m V. Bassin du Pô.

Du rapport de M. l' inspecteur forestier cantonal du Tessin, F. Merz, à Bellinzona, nous extrayons les faits suivants:

Val Bedretto. Le glacier de Pesciora est en grande décrue; d' après les rapports de M. le président Forni, à Bedretto, et le forestier Ramelli, à Airolo, il s' est raccourci de moitié de sa longueur dans les 20 dernières années.

Le glacier de Corno. Si, des chalets de Cruina, on monte vers le glacier, on traverse une superbe contrée morainique. A 2km déjà du glacier, on traverse de grandes moraines frontales qui indiquent de longues périodes de grande extension du glacier; une série de ces moraines devant le front du glacier prouvent qu' il est aussi depuis longtemps en phase de décrue.

Le glacier de Basodino s' est raccourci de quelques centaines de mètres dans les 30 dernières années.

Glacier de Sassonero. Un vieux montagnard de Peccia, qui depuis 40 ans vit dans le voisinage du glacier, nous a assuré qu' il y a 40 ans ( vers 1850 ) il avait presque exactement la même extension qu' aujourd; qu' il était alors en crue et qu' il s' est allongé d' environ 20 m jusqu' en 1880que depuis 1880 il est en décrue et s' est raccourci également d' une vingtaine de mètres.

Par les ordres de M. Merz, des repères ont été placés aux glaciers de Corno, de Basodino, de Cavagnoli et de Sassonero. ( O. F. ) Le glacier du Rossboden, dans la vallée du Simplon, qui a été surveillé par les forestiers valaisans, appartient au bassin hydrographique du Pô. Nous répétons donc ici que, d' après les observations de M. Barberini, inspecteur forestier à Brig, ce glacier aurait, de 1892 à 1893, présenté un léger allongement de 25 centimètres. ( O. P. ) Résumé.

L' été de 1893 fut remarquable par sa grande sécheresse et sa grande chaleur; le résultat immédiat en a été une grande fonte des glaciers. Pour la première fois, depuis que nous étudions les variations glaciaires, nous croyons surprendre une prédominance du facteur fusion sur le facteur vitesse d' écoulement se manifestant dans la résultante longueur du glacier. Un certain nombre de glaciers en phase de crue ont montré un raccourcissement et une diminution d' épaisseur qui ne seront peut-être que transitoires; il y a arrêt dans la crue. Quelle sera l' importance et la durée de cet arrêt? L' avenir nous l' apprendra. Je citerai entre autres:

le glacier de Fée inférieur ( Mlle Clara Imseng et photographies ), le glacier de Giétroz ( Ch. Bioche ), le glacier de Valsorey ( O. F. ), le glacier du Tour, celui des Bossons et de Taconnaz ( V. Payot et Tairraz ).

D' autres glaciers, ceux-ci en phase de décrue, ont fait voir un raccourcissement extraordinaire, par exemple le glacier du Rhône ( L. Held ). En fait de glaciers qui commencent à manifester la phase de crue de la nouvelle période, nous n' avons à citer cette année que les glaciers d' Arolla et de Ferpècle dans la vallée d' Hérens. ( O. F. ) Cette adjonction porte à 60 le nombre des glaciers actuellement en crue déclarée dans les Alpes que nous étudions.

LU. Chronique générale des glaciers étrangers.

Alpes françaises. Les glaciers de ces Alpes sont étudiés avec ardeur, d' une part par le prince Roland Bonaparte, d' autre part par la Société des Touristes du Dauphiné, dirigée dans ces recherches par le professeur Dr W. Kilian à Grenoble. Des repères sont placés au front des glaciers, des mesures régulières sont faites, des photographies et des plans sont levés; bientôt ces glaciers seront parmi les mieux connus et les mieux surveillés.

Les rapports des dernières années nous apprennent que le tiers au moins, peut-être la moitié, des glaciers sont en phase de crue, les autres ou stationnaires ou en décrue. Quand les allures de ces glaciers auront été sûrement constatées, nos collègues, les glaciologistes français, que je viens de nommer, sauront de l' intrication extrême des faits de détail démêler des lois d' ensemble et des faits généraux qui préciseront le développement des phases et des périodes. Il semble à première vue que les glaciers du Dauphiné, comme ceux des Alpes valaisannes et bernoises, et, comme nous allons le dire, ceux des Alpes autrichiennes, sont au début d' une phase de crue d' une nouvelle période de fin du XIXe siècle, période qui tend à se généraliser dans toutes les chaînes des Alpes. Nous attendrons, avec la patience qui est de mise dans des études portant sur des phénomènes à allures si prodigieusement lentes, que les initiateurs de ces recherches aient tiré eux-mêmes leurs conclusions, qui seront évidemment du plus haut intérêt pratique et théorique.

Alpes orientales. Du rapport de M. le prof. Dr Ed. Richter de Graz pour l' année 1893 1 ), nous constatons que l' étude de plus en plus attentive des Alpes autrichiennes a prouvé:

a. que la grande généralité des glaciers y sont encore en décrue ou stationnaires; b. que cependant une nouvelle période tend à s' y développer et se manifeste par la mise en crue d' un nombre toujours croissant de glaciers. On cite comme montrant des signes de crue, manifestée par l' allongement du glacier ou tout au moins son épaississement:

Massif de l' Ortler. Glacier du Monte-Cristallo, Rosimgletscher, Schöntaufferner, Suldenferner, untere Ortlerferner, Trafoiferner, Furkele-ferner, Zufallferner.

Massif de l' Oetzthal. Gaisbergferner 3 ).

Massif du Stub ai. Hangende Ferner, derrière le Ridnaun, Feuersteinferner, Grünauferner, Fernauferner. Massif du Zillerthal. Gliederfemer.

Massif du Venediger. Frossnitzgletscher, Schlattengletscher. Massif du Glockner. Teischnitzkees.

Le développement de la phase de crue de la nouvelle période est donc évident, et son début doit être fixé aux années 1885 à 1890, soit une dizaine d' années plus tard que dans les Alpes centrales.

Himalaya. Nous apprenons avec intérêt que le Club alpin anglais, sous l' impulsion donnée par notre ami M. Marshall Hall, s' est adressé au gouvernement de l' Inde pour obtenir une surveillance des glaciers de l' Himalaya. En considération de l' intérêt géologique et météorologique de ces recherches, le gouvernement a requis la coopération des employés stationnés dans la région montagneuse et glaciaire; des copies des instructions du Club alpin ont été adressées aux gouvernements locaux et à toutes les administrations qui devront charger leurs agents de répondre aux questions posées. Ces mesures énergiques sont fort réjouissantes et promettent des résultats intéressants.

Kleinere Mitteilungen.

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