Première ascension hivernale de l'Aiguille Verte par le couloir Cordier
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Première ascension hivernale de l'Aiguille Verte par le couloir Cordier

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Maurice Michellod, guide, Le Châtelard ( VS )

Durant l' été 71, j' avais réussi, avec mes amis Michel et Yvette Vaucher, l' ascension de la face nord du Triolet où je pris confiance et goût pour ce genre de course que j' avais plutôt délaissé auparavant. Au début de l' hiver, je rencontrai mon camarade Daniel Troillet, et la discussion s' engagea sur des projets d' hivernales. Je lui proposai l' Aiguille Verte par le couloir Cordier et nous fûmes tout de suite d' accord. Le Cordier avait été parcouru par deux Français jusqu' au Col du Nant Blanc, mais ils avaient dû abandonner, vraisemblablement devant le mauvais temps2.

C' est ainsi que, le 19 janvier au matin, nous arrivons aux Grands Montets par une cabine spéciale, organisée pour la circonstance. Après avoir traversé une partie du Glacier des Rognons, nous nous trouvons à la base du couloir Cordier; la matinée est déjà bien avancée, il est i o h 30.

Le Cordier est en glace vive, de bas en haut, et, sous le sommet, d' impressionnants séracs ( danger particulier de cette course ) semblent nous regarder d' un mauvais œil. Nous nous rassurons en constatant qu' à la base du couloir aucun sérac n' est récemment tombé.

Au début, le couloir est peu incliné, et nous montons ensemble en mettant quelques vis. Assez vite, la pente se redresse, et il faut faire des relais. Chacun à son tour prend la tête de la cordée. La pente est invariablement en glace 1 Ascension réussie ( les 19, 20 et 21 janvier 1972 ) par les guides du Bureau de la Fouly, Maurice Michellod et Daniel Troillet.

- F. Braize et L. Urquizar ( 13-14 mars 1971 ) qui sont redescendus par l' Eperon nord de la Pointe de Ségogne ( Réd. ).

vive très fragile ( seules sont utilisables des vis tubulaires qui ont la particularité, quand on les visse, de faire sortir la glace par leur sommet, mais l' inconvénient qu' on doit les réchauffer pour les vider; les longues vis fines se sont révélées très efficaces ). Les longueurs de corde se suivent et nous montons sans tailler, uniquement sur les pointes antérieures. Etant donné que nous avons de gros sacs, nos jambes sont mises à rude épreuve.

L' après touche à sa fin et, après un mur très incliné, qui dépasse 60 degrés sur 80 mètres, nous apercevons, dans un contrefort du couloir, un coin qui, dégagé de sa neige, pourrait nous procurer un emplacement de bivouac convenable. Une traversée ascendante de trente mètres nous y mène, et nous préparons le premier bivouac. Après un frugal repas, nous nous installons tant bien que mal pour la nuit. Entre deux tasses de café, nous observons le ciel magnifiquement étoile qui semble nous annoncer du beau temps. Nous parlons de la marche à suivre pour le lendemain, et Daniel, qui a laissé tomber son poignard à glace au cours de cette première journée, propose que je garde la tête de cordée avec un sac plus léger, ce que j' ac avec joie.

Au petit matin, après le petit déjeuner, c' est le départ. Une traversée descendante de trente mètres en terrain mixte nous ramène dans le couloir. Quelques longueurs ( 50 degrés ) nous conduisent dans une zone de terrain mixte assez délicate; Daniel prend la tête pour ce passage, le relais étant inexistant. Après une trentaine de mètres, il peut enfin placer une vis. Ouf!... Je reprends la tête de cordée et, après deux lon- gueurs de corde, le couloir fait un coude, et nous apercevons enfin le Col du Nant Blanc dont nous sommes encore séparés par cent cinquante mètres de glace très raide et toujours aussi vive.

Souvent le simple fait de planter le poignard à glace fait partir une plaque dure qui, inévitablement, tombe sur mes pieds, retenus sur ce miroir seulement par les deux pointes antérieu- res. C' est assez inconfortable... Je taille les vingt derniers mètres, mes mollets étant à la limite de la crampe. Ce col tant désiré est là, sous mes pieds, et je peux enfin faire un relais bien assis sur une pierre, ce qui n' est pas désagréable!... Je fais immédiatement venir Daniel qui est sûrement impatient de partager mon confort. Il est 16 h 30.

Un vague rayon de soleil illumine la face nord des Drus toute proche, mais plutôt lugubre: toute plâtrée de neige et de glace. A l' aide de la pelle, nous coupons des blocs de neige pour en faire une enceinte sur laquelle nous tendrons notre toile de bivouac. Le travail est terminé à la tombée de la nuit. A l' ouest, de grandes barres de nuages noirs nous inquiètent. La deuxième longue nuit se passe à masser nos pieds menacés de gelures. Le toit de notre semi-iglou tient bon, malgré le vent d' ouest qui ne fera, heureusement, pas changer le temps.

Le matin, en faisant nos sacs, par un malheureux et presque dramatique hasard, notre dernière cartouche de gaz quitte le réchaud et se vide complètement dans le sac de Daniel, nous empestant à nous donner la nausée. Daniel part à l' attaque de l' interminable calotte de l' Ai Verte; les conditions sont complètement différentes. Il y a de la neige en quantité, et les risques de glissement de planches de neige sont énormes. Je suis Daniel presque à l' odeur, ce damné gaz nous accompagnant pendant plus d' une heure. Les longueurs de corde se suivent, et la trace devient une véritable tranchée. Durant bien des longueurs, nous avons de la neige jusqu' aux hanches. Tous les quatre ou cinq pas, il faut reprendre haleine, car nous sommes complètement essoufflés; et nous devons manger de la neige pour apaiser un peu notre soif. Chacun à son tour prend la tête de la cordée. L' assurage est presque inexistant, la seule possibilité étant de mettre des vis dans les séracs que nous contournons. Si le sérac avait la fâcheuse idée de partir, je crois bien que nous partirions avec lui!... Il faut chercher son che- min avec la crainte d' arriver sous un mur infranchissable. Nous aimerions nous remonter le moral en apercevant le sommet, mais toujours rien... Cette montée en zigzag n' en finit plus. L' avance est très lente et horriblement pénible, les jambes semblent vouloir nous abandonner. Après bien des efforts, nous arrivons sous une grande barre de séracs que nous devons éviter par la gauche. Daniel m' assurant de son mieux, je commence une traversée très exposée dans une glace vive inclinée à plus de 60 degrés. Je pose deux vis dans la traversée, descends quelques mètres et, à l' aide d' un petit pendule, prends pied sur une pente de neige très compacte, mais qui ne m' inspire pas du tout confiance. Je monte encore trente mètres et fais venir Daniel qui aura la partie encore plus difficile que moi: il devra récupérer les vis sans pouvoir penduler comme je l' ai fait, le relais ne valant rien. Après bien des acrobaties, il arrive à son tour et continue immédiatement vers des lieux plus hospitaliers. Ce fut un des secteurs les plus dangereux: l' assurage était nul, la couche de neige dangereusement épaisse, et un vide de huit cents mètres nous séparait de la base de la face. Daniel arrive sur un faux plat, et je monte sans plus attendre, pressé de quitter ce piège. Enfin la pente s' adoucit, et nous apercevons le sommet. Cette vue si impatiemment attendue aurait dû nous insuffler de nouvelles forces et nous envahir de joie. Eh bien, non! Nous avons trop souffert, nous sommes trop fatigués pour pouvoir éprouver du plaisir. Quatre pénibles longueurs nous séparent encore du but. Il souffle, et des bancs de brouillard masquent tout le glacier d' Argentière. L' incertitude du lendemain nous envahit. Daniel fait les derniers quarante mètres; je le rejoins sur l' arête, et nous débouchons à vingt mètres du sommet ( 4121 m ). Nous nous félicitons chaleureusement de cette belle victoire, mais nous osons à peine y croire: nous l' avons trop attendue.

Nous n' avons rien mangé ni bu de la journée, si ce n' est de la neige. Une soif horrible nous brûle la gorge, mais il faudra encore attendre une trentaine d' heures pour l' apaiser.

Il est 16 h 30, et nous décidons de bivouaquer au sommet, ce sera plus confortable. Pelle en mains, à tour de rôle, nous creusons une caverne dans la neige. Après quarante minutes de travail, nous pouvons y tenir tous les deux. Le froid est très vif, nos pieds et nos mains gèlent, et il faut pour la xième fois se taper, se masser les membres pour retrouver sa circulation. Nous nous enfermons dans notre caverne en rebouchant l' entrée, et commence une troisième et interminable nuit ( treize heures ) sans nourriture, sans boisson et sans sommeil. Tous nos habits sont remplis d' hu. La température intérieure les fait dégeler un peu, et nous avons l' impression d' être dans un bain glacé. Des goûts de luxe parcourent mon esprit: j' aimerais bien me retrouver devant un steak débordant une assiette ensevelie sous une avalanche de pommes frites, tout ça arrosé d' un bon vin rouge, puis aller dormir dans un lit bien douillet! Il faut bien rêver un peu, ça aide à passer ces si longues nuits!

Quittons ces rêves de « terriens » pour revenir à la réalité, qui est beaucoup moins euphorique. Un seul souci hante notre esprit: si la neige venait à tomber, le couloir Whymper serait inutilisable pour la descente et nous devrions encore gravir l' Eperon de la Grande Rocheuse pour redescendre par son arête.

Il est 6 heures lorsque nous crevons la porte de notre caverne. Il n' a heureusement pas neigé; une demi-heure plus tard, nous repartons déjà, pressés d' en finir. Après deux longeurs de corde sur l' arête sommitale nous apercevons, huit cents mètres plus bas, deux petits points noirs sur le glacier de Talèfre; ils sont à l' attaque du Whymper. Malgré son éloignement, cette présence insolite nous fut d' un précieux réconfort au matin de notre quatrième journée, d' autant plus que notre imagination allait bon train!

Trois rappels nous déposent dans le couloir Whymper qui, heureusement, est en bonnes conditions pour la descente. Nous nous assurons mutuellement et, après de longues heures, nous arrivons au-dessus de la rimaye, que nous passons en rappel. Nous prenons enfin pied sur ce glacier après lequel nous soupirons depuis ce matin. Très fatigués, mais aussi très heureux et satisfaits, nous pouvons enfin nous relâcher un moment. Il semble que tout d' un coup nous soyons devenus plus légers. La tension nerveuse fait place à une certaine béatitude.

Après une heure de pause, nous prenons la direction du refuge du Couvercle, profitant de la trace laissée par ces deux Français, venus au pied du Whymper. La descente du glacier est un vrai labyrinthe, il y a tant de crevasses à contourner que le chemin à parcourir se multiplie presque par deux. A un certain moment, l' une d' entre elles nous demande à nouveau toute notre attention. Une large crevasse, profonde de quarante mètres, n' est franchissable que par un pont très étroit et très mince, posé là presque par miracle. L' un après l' autre, à quatre pattes, nous franchissons ce fragile passage, retenant notre respiration pour nous faire plus légers. Même assurés, une chute de cinq mètres dans ce vide béant serait pour le moins mal venue dans l' état de fatigue on nous nous trouvons. Heureusement pour nous, le pont, si mince fût-il, tint bon.

La nuit est déjà tombée depuis plus d' une heure quand nous arrivons au vieux refuge du Couvercle. Les deux Français ont de la nourriture et du gaz en suffisance et nous disent:

- Nous en avons assez, et vous pouvez vous servir...

On les embrasserait! Quel cadeau royal!

Nous avalons des litres de café, de thé, de bouillon, jusqu' à une heure avancée. Quel réconfort de pouvoir parler avec des amis après quatre jours de lutte, d' isolement et de tension nerveuse presque surhumaine.

Le lendemain, la descente vers la vallée s' effec sans histoire, si ce n' est qu' il faut encore faire très attention jusqu' à la Mer de Glace; les échelles du chemin d' été sont remplies de neige et de glace, nous obligeant à les dégager pour nous assurer; nous faisons des longueurs de vingt mètres. Un dernier rappel nous dépose sur le glacier.

Après avoir coupé dix mètres de corde dans une de quarante que nous abandonnons ( elle est mal en point ), nous descendons la Mer de Glace en nous assurant. Les gros dangers étant derrière nous, ce n' est pas le moment de tomber bêtement dans une crevasse.

A 14 heures nous arrivons dans la vallée, très fatigués, mais si heureux de cette conquête. Le moral est de nouveau au beau fixe.

Wetterhorn- eine Expedition im Winter

André Herrmann, Delémont Die Nordwand des Scheidegg-Wetterhorns ist 1200 Meter hoch und war bis 1969 nur durch drei verschiedene Routen erschlossen, nämlich durch die Normalroute, bei der drei Viertel über den Ostsporn verlaufen, die Niedermann jAbderhalden-Führe, eine direktere, die aber das Gipfeldreieck links liegenlässt, und durch die Pargätzi-Führe, die in der oberen Hälfte den Westpfeiler benützt. Im Sommer 1970 eröffneten die Bergführer P. Trachsel und P. von Känel die herrliche Direkte dieses Pfeilers ( Monatsbulletin « Die Alpen » 1971, S. 32-34 ). Im Winter 1970/71 haben wir unsern Plan, eine durch das Gipfeldreieck verlaufende Direttissima anzulegen, unterbrechen müssen. Im Sommer 1971 eröffnete nach vierwöchiger Anstrengung eine Japaner Gruppe die erste absolut durch die Nordwand führende Route ( Äafo-Führe ). Die Japaner sind es, die als erste das eindrückliche Gipfeldreieck, auf das ich noch zu sprechen kommen werde, bezwangen. Schliesslich gelang dann unserer Gruppe am 2.Januar 1972 der erste Winterdurchstieg in dieser Wand, eine Verbindung der Niedermann- mit der Äa/o-Route.

DIE PROBLEME UND IHRE LOSUNG Bei der Ausarbeitung dieses Winterprojektes mussten wir als erstes den Abstieg festlegen, der im Sommer ohne grössere Schwierigkeit über die Glecksteinhütte führt. Im Winter hingegen lässt die akute Lawinengefahr diese Lösung nicht zu. Also mussten wir durch die Wand absteigen, und diese vom gesunden Menschenverstand diktierte Bedingung setzte voraus, dass wir den ganzen Verlauf der Route mit fixen Seilen herrichten und diese bis zum Schluss des Unternehmens dort belassen, würden. Das zweite Problem bestand in der Tatsache, dass die grossen technischen Schwierigkeiten erst bei einem Drittel der Wand anfangen, das heisst beim Frühstücks-Platz. Dort würde ein äusserst gut eingerichtetes Biwak unerlässlich sein, und dieses müsste zudem jederzeit und bei jeder Witterung neu versorgt werden können. Zwei überhängende Grataufschwünge verunmöglichten aber die Lösung dieses Problems mit den herkömmlichen Hilfsmitteln. Die einzige Möglichkeit bestand bei diesen Überhängen in der Verwendung von Leitern, wie sie die Höhlenforscher benützen, weshalb wir 70 Meter Strickleitern mitzuschleppen hatten in der Hoffnung, dieses erste Teilstück zu einer Art « Anmarschroute » ausbauen zu können. Zudem mussten wir in den beiden oberen Dritteln mindestens zwei gute, feste Biwaks in möglichst regelmässigen Abständen einrichten.

Nachdem erst einmal der « Schlachtplan » entworfen war, galt es noch ein geeignetes Basislager ausfindig zu machen, die Lebensmittel zu berechnen, eine Materialliste aufzustellen, eine geeignete Gruppe zu organisieren, schönes Wetter zu bestellen und ...'rein ins Vergnügen!

Schliesslich hat unser Basislager, das geräumig, komfortabel, in der Nähe der Wand gele- 1Le couloir Cordier de VAiguille Verte ( ascension hivernale ) Photo Guex-Couttet, Chamonix 2JVordwand des Scheidegg- Wetterhorns. Das 50-Meter-Kamin Photo Heinz Hügli gen, mit einer gutfunktionierenden Küche und einer Gasheizung ausgerüstet sein musste, damit nasses Material getrocknet werden konnte, ein zufriedenstellendes Obdach in einer Remise gefunden, die uns die Wirtin des Hotels Grosse Scheidegg liebenswürdigerweise zur Verfügung stellte. Um Material und Verpflegung dorthin zu bringen, haben wir von Grindelwald aus auf dem Rücken etwa vierzig « Portionen » zu je 25 Kilogramm - also insgesamt eine Tonne - hin-aufgebuckelt. Das mag auf Anhieb ungeheuer viel scheinen; darum möchte ich wenigstens, ohne eine vollständige Materialliste aufzuführen ( diese würde nämlich viel zu lang !), zur Information eine paar Punkte erwähnen: 2400 Meter Seil, 300 Haken, 230 Karabiner, 2 Behälter mit 50 Liter Propan-Gas, 70 Schachteln Meta, io Luftmatratzen, 4 Zelte usw. Ferner waren Lebensmittel für elf Männer und 20 Tage berechnet. Auch hievon ein paar Angaben: 15 Kilogramm Zucker, 12 kg Schokolade, 15 kg Käse, 30 Büchsen Ravioli, 200 Würste usw.Und nun ist es an der Zeit, von den elf Bergsteigern zu berichten, deren Mägen diesen Lebens-mittelberg zum Verschwinden brachten.

Um unser Team zusammenzustellen, wandten wir uns zunächst an unsere nächsten Kletterfreunde, und diese riefen ihrerseits Freunde auf, so dass sich schliesslich eine beachtliche Gruppe zusammenfand, von der sich einzelne nur dem Namen nach kannten. Eine bunte Gesellschaft: Verheiratete, Junggesellen; Arbeiter, Studenten; Lang- und Kurzhaarige; Schweigsame, Gesprächige. Der Jüngste war noch nicht 18 Jahre alt, der Älteste 26. Aber trotz der Verschiedenheit unserer Teilnehmer — oder vielleicht gerade deswegen — herrschte während dieses I5tägigen Abenteuers ein gutes Einvernehmen, so dass ich nachträglich bestätigen kann, dass es nicht die geringste Reiberei gab. Ein wesentliches Moment, das diese entspannte Atmosphäre begünstigte, war das Fehlen jeglicher Konkurrenz; jeder einzelne konnte sein Bestes geben, ohne dass seine Leistungsfähigkeit überfordert wurde. Nachträglich möchte ich fast sagen, diese Expedition sei in Wirklichkeit nichts anderes gewesen als ein Vorwand, um eine herrliche Idee zu verwirklichen: Leben!

TECHNISCHES Keiner von uns verspürte verständlicherweise besondere Vorliebe, den Lastesel zu spielen, und ein jeder von uns hatte den Wunsch geäussert, ein paar Tage lang in der Spitzenmannschaft mitwirken zu dürfen. Der ganze « Ablauf » musste aber organisiert werden, und um nicht mit Details zu langweilen, will ich nur einige wesentliche Punkte festhalten, die uns etwas Kopfzerbrechen bereiteten bei der Aufstellung dieses « Bewegungsablaufes »: Wechsel der Spitzengruppe ohne Zeitverlust; Unterstützung dieser Seilschaft zur rechten Zeit mit dem erforderlichen Material; Wechsel und Nachschub der Versorgungsgruppe. Im übrigen war es auch äusserst wichtig, dass man über den Lagerbestand in bezug auf die Menge und den Standort laufend im Bilde war.

Grundsätzlich wandten wir folgende Taktik an: Die erste Seilschaft eröffnet die Route und bringt schnell fixe Seile an, damit sie von der Versorgungsgruppe möglichst ungehindert erreicht werden kann. Diese ihrerseits legt letzte Hand an die fixen Seile. Die Spitzengruppe schläft dort, wo sie hingekommen ist. Am Abend erhält sie das Biwakmaterial, die Verproviantierung für den Abend und den kommenden Tag; dazu gehören auch zwei Thermosflaschen mit heissem Wasser und das notwendige Material für die Fortsetzung des Aufstiegs am nächsten Morgen. Die Nachschubgruppe steigt unverzüglich wieder zu dem der Spitzengruppe am nächsten gelegenen festen Lager ab, um dort die Nacht zu verbringen. Unterdessen hat eine weitere Nachschubgruppe alles Notwendige für den nächsten Tag dorthin gebracht und nasses Duvetmaterial ersetzt; sie schläft ihrerseits im unteren festen Biwak ( beim 1 Im ersten Aufschwung! Scheidegg- Wetterhorn ) Photo Roger Lovis Das Gipfel-Dreieck Photo Heinz HügH Frühstücks-P\a.tz ). Schliesslich sorgt eine letzte Gruppe für die Verbindung zwischen Frühstücks-Lager und Basis.

Während die Spitzenmannschaft in klassischer Manier vorrückt, benützen die Nach-schubmänner die fixen Seile, sei es zur Selbstsicherung mit Prusik-Knoten beim Klettern, sei es, um sich in den Überhängen mit der Hiebe-ler-Steigklemme aufzuziehen. Bei einer solchen Expedition bevorzugt man zwar gewöhnlich den Jumar-Steigbügel; wir haben erstere aus verschiedenen Gründen gewählt.

Unsere fixen Seile hatten fast ausschliesslich 9 Millimeter Durchmesser, waren aus Nylon und mit Mantel. Diese tagtäglich mehrmals etwa 100 Kilogramm schweren Lasten ausgesetzten Seile sind nach der Expedition getestet worden. Im schlechtesten Fall hatte sich die Reissfestigkeit ( der einzige Hauptfaktor beim fixen Seil ) nur um 12% verringert. Die Sicherheitsgrenze war also am Ende unseres Unternehmens noch bei weitem nicht erreicht.

Das Biwakmaterial der Spitzengruppe umfasste die übliche Duvetausrüstung, vervollständigt durch zwei fast unerlässliche Airex-Matrat-zen. Die festen Biwaks gewährten mehr Komfort mit grossen Schlafsäcken, einer Meta-Küche und wichtigen und reichhaltigen Proviantreserven.

DIE BESTEIGUNG Wie ich schon weiter oben bemerkt habe, wäre es zu kompliziert, alle Bewegungen der einzelnen Gruppen aufzuzeichnen. Deshalb beschränke ich mich auf das Vorrücken der Spitzenmannschaft; weder vom Mannschaftswech-sel noch von der gleichzeitigen Arbeit der Nachschubgruppen wird also die Rede sein.

2 i.Dezember Die beiden Männer an der Spitze verlassen in aller Frühe im Schein der Stirnlampen das Basislager. Nach einem dreistündigen Marsch auf einem von vielen « Trägern », die das Mate- rial an den Fuss der Wand gebastet haben, eigentlich gespurten Weg erreichen sie das Einstiegscouloir. Nachdem dieses bewältigt ist, beschleunigen sie den Anstieg auf einer riesigen Schneeplatte, die gut trägt. Der Fuss des felsigen, an den ersten Grataufschwung gelehnten Pfeilers ist bald erreicht. Während die Handschuhe noch in den Taschen steckenbleiben, beginnt ein Stück schöner Kletterei. Der Kalk ist grossartig, und fast zu schnell gelangt man auf die Spitze des « Mythen ». Darüber verbirgt die überhängende Wand den ganzen Rest des Berges. Das ist das erste ernsthafte Hindernis des Tages. Zwei heikle Seillängen, teils in artizifiel-ler, teils in freier Kletterei gemeistert, bringen die beiden Männer auf die Höhe des Grataufschwungs. Es ist 16 Uhr; der Zeitplan wurde eingehalten. Seile und Leitern werden angebracht, die Biwaksäcke hervorgeholt - und schon fällt die Nacht ein.

22. Dezember Das Ende der längsten Nacht des Jahres lässt lange auf sich warten. Gleich im ersten fahlen Licht der Morgendämmerung ist die Seilschaft startbereit und verlässt ohne Bedauern das wirklich wenig komfortable Biwak, mit 300 Meter Seil auf dem Buckel - unter anderem. Ein schmales, tiefes Couloir führt, ohne allzu grosse Schwierigkeiten zu bereiten, zur zweiten Terrasse. Wenn man aus dieser Rinne heraustritt, wuchtet die ganze Wand unvermittelt vor den Augen in die Höhe. Dieser Platz ist wirklich eindrücklich. Auf der Terrasse selbst ist der Aufstieg leicht, und kaum hat die Spitzenmannschaft den letzten Meter verfügbaren Seils angebracht, da schliesst auch schon die Nachschubgruppe mit neuem Material auf. Die Leute schaffen grossartig Hand in Hand. Die dritte und letzte Terrasse wird bis tief in die Nacht hinein bis zur Hälfte hergerichtet. Hier ist es aber unmöglich zu biwakieren; deshalb steigt die Spitzengruppe im Licht der Frontlampen zum Fuss des zweiten Aufschwunges ab, wo die Versorgungsmannschaft ein Zelt aufgeschlagen hat.

23. Dezember Dieses Lager ist so bequem und gemütlich, dass es die Spitzenmänner zum Ausschlafen verleiten könnte. Da werden sie doch tatsächlich von einem Unentwegten, der frühmorgens vom Basislager aufgebrochen ist, geweckt. Der Fuss des dritten Grataufschwungs wird bald erreicht; hier soll nun das erste feste Zwischenlager eingerichtet werden. Während die Nachschub-mannschaft an dieser Stelle ein geräumiges Dreierzelt aufstellt, rüstet die Spitze eine 150 Meter lange waagrechte Traverse aus, die am Fusse eines 50-Meter-Kamins endigt. Trotz der Kälte macht die Kletterei in dem äusserst festen Fels Spass. Nochmals zwei Seillängen, dann müssen die beiden Männer ihren Platz an der Spitze - mit Bedauernzwei andern Kameraden abtreten.

24. Dezember Nach ein paar Seillängen heikler Kletterei gelangt man an den Fuss des dritten grossen Turmkamins, und wir wissen, dass dort eine der grossen Schwierigkeiten unseres Unternehmens liegt. Der Turm wird zweifellos nicht spielerisch zu überlisten sein, nein, er verteidigt sich mit Kamin und Spalte, so dass sich die Männer an der Spitze die ganze Nacht hindurch moralisch auf die bevorstehende Prüfung vorbereiten.

25. Dezember Nachdem unsere beiden Wegbereiter zur vorgesehenen Zeit den Wecker abgestellt haben, erinnert sie ein im Radio übertragenes Konzert von Vivaldi, dass heute Weihnachten ist. Sie tauschen die üblichen Wünsche aus und nehmen allsogleich das nächste grosse Teilstück in Angriff. Der Kalk ist von aussergewöhnlicher Festigkeit, und die verschiedenen Kletterstellen erfordern eine ausgefeilte Technik, dies um so mehr, als die Kälte augenblicklich die Finger klamm macht und die doppelten Winterschuhe für « Feinarbeit » nicht eben geeignet sind. Inzwischen hat sich das ganze Material am Fuss des Turmes aufgestapelt, und ein Biwakzelt ist errichtet worden.

26. Dezember Der Turm wird gemeistert, und obschon sich der « Vormarsch » in diesen letzten Tagen etwas verzögert hat, ist die Stimmung in der Mannschaft hervorragend. Von der Spitze dieses Turmes öffnet sich die Aussicht auf das Mittelland, und man kann am Horizont sogar die verschneiten Höhen des Juras sehen. Ein Biwak wird eher schlecht als recht vorbereitet.

2J. Dezember Ein arbeitsreicher Tag beginnt. Nicht weniger als elf Männer bewegen sich auf den verschiedenen Teilstrecken. Nach vier Längen Querung wagt sich unsere Spitze an eine ungeheuer eindrückliche Verschneidung heran, die Schlüsselstelle im Aufschwung, der zur letzten grossen Terrasse vor dem Gipfeldreieck führt. Dort mündet dann unsere Route in die Kato-Führe. Die Spitzengruppe bereitet noch ein paar Seillängen vor, steigt darauf aber, weil sie keinen geeigneten Biwakplatz ausfindig machen kann, wieder zum Fuss der « Japaner-Ver-schneidung » ab.

28. Dezember Weil der Wecker am Morgen streikt, gerät der Nachschub ins Wanken, und die Spitzenmannschaft kann nicht zur vorgesehenen Zeit ans Werk. Trotzdem werden immerhin drei Viertel dieser letzten Terrasse hergerichtet. Obschon ohne besondere technische Schwierigkeiten, waren diese paar Längen doch heikel auszustatten; denn der Fels ist an dieser Stelle ziemlich brüchig und für ein Biwak ungeeignet, so dass die Männer abends abermals bis zur « Japaner-Verschneidung » absteigen müssen, um dort die Nacht zu verbringen.

2g. Dezember Allmählich macht sich die Müdigkeit bemerkbar. Die Seilschaft, welche die Spitze ablösen sollte, muss schon biwakieren, bevor sie mit der eigentlichen Arbeit begonnen hat. Heute bereitet es bereits Schwerarbeit für die Wegbereiter, die letzten 40 an den Fuss der Gipfelfelsen führenden Meter zu überwinden. Abends richten sie ein wenig einladendes Biwak beim Beginn des riesigen Gipfeldreiecks ein. Wir sind nicht im geringsten davon überzeugt, dieses Hindernis durch den zentralen Riss bewältigen zu können, und beabsichtigen, im Falle eines Misserfolgs über einen der zwei Türme durchzukommen, die das Dreieck zu beiden Seiten begrenzen. Von nahem besehen, erscheinen uns aber sogar diese sehr tückisch.

Trotzdem ist die Stimmung in der Spitzengruppe ausgezeichnet. Einige von den Japanern zurückgelassene Bohrhaken lassen sogar die Meinung aufkommen, die Route sei noch ausgerüstet.

30. Dezember Ein ganzer Tag wäre notwendig, um nur die erste Seillänge des Dreiecks zu eröffnen. Das Einsetzen von Haken oder Bohrhaken in den ersten 20 Metern einer fast glatten und überhängenden Platte kann kein Kinderspiel gewesen sein. Bei diesem Schneckentempo würden die letzten 200 Meter viel zuviel Zeit in Anspruch nehmen, und wir befürchten eine plötzliche Erschöpfung der Männer. Die Strecke bis zum nächsten Stand erfordert schon einen enormen Kräfteeinsatz. Wenn man behende und fast ohne Zwischenhalt klettert, sind bis oben zehn Stunden notwendig. Hinunter geht 's dagegen viel schneller als vorgesehen. Die 2 Kilometer fixen Seile, die vom Fuss des Gipfeldreiecks bis unten in der Wand angebracht sind, lassen sich in etwas mehr als zwei Stunden machen, mei-stens- mit Abseilen. Diese « Talfahrt », oftmals nachts im Schein der Stirnlampen unternom- men, ruft eine ganz aussergewöhnliche Empfindung hervor. Und vom Basislager aus gesehen, bietet die Prozession dieser Irrlichter, wenn sie die ganze Wand hinunterbrausen, ein ungewöhnliches Schauspiel.

31. Dezember Trotz der schlecht verbrachten Nacht im Biwak kommt die Spitze gut voran, und - es ist kaum zu glauben - von der zweiten Terrasse aus hört man die Gipfelstürmer sogar singen, so gut gefällt ihnen die Führe. Der Fels ist dort zwar nicht hervorragend, aber gut. Der Blick aus dieser wirklich lotrechten Wand über die 1000 Meter des Wetterhorns hinunter ist überwältigend; die unteren Aufschwünge sind unsichtbar, und die Terrassen erscheinen ohne Zwischenraum gestaffelt, gleichsam als eingeschneite Alpweiden. Am Abend ist die Spitzengruppe bis zum Beginn eines Abschnittes von ungemein eindrücklichen Überhängen, die man als « dolomitisch » bezeichnen könnte, vorgerückt. Von dort aus läuft ein dickes, von den Japanern zurückgelassenes Seil hinauf.

i.Januar Nach einer in der Höhle am Fuss des Gipfeldreiecks verbrachten Nacht greifen die Spitzenmänner um 8 Uhr in die fixen Seile. Der Anstieg ist aber viel mühsamer als vermutet, und um die Mittagszeit hat die Seilschaft den am Vortag erreichten Punkt um nur 40 Meter überschritten. Da aber keiner auch nur die geringste Lust verspürt, nachts in diesen Überhängen abzuseilen, wird abgestiegen. Man muss morgen zeitiger aufbrechen. Im übrigen verschlechtert sich das Wetter zusehends; schon während der letzten Nacht hat es geschneit.

2. Januar Aufbruch um 5 Uhr. Das Seil der Japaner erleichtert die zwei überhängenden Seillängen merklich. Es hat uns zwei Tage Schwerarbeit erspart. Nach 20 Metern schwieriger senkrech- ter Kletterei gelangt die Seilschaft in eine Zone von faulem Fels. Dann, um 11.20 Uhr, ist für die drei Männer an der Spitze der Moment des höchsten Glücks gekommen: Sie fassen Fuss auf dem Gipfel des Wetterhorns! Auch im Basislager, von wo aus der Anstieg mit dem Feldstecher verfolgt worden ist, schüttelt man sich die Hände, und zwei Salven verkünden den Erfolg den Männern, die sich als Nachschubgruppe in der Wand befinden. Bereits zwei Stunden später steht die Spitze wieder am Fuss des Gipfeldreiecks. Der Abstieg über die Überhänge ist sehr eindrucksvoll; an einzelnen Stellen schwingt das Seil mehrere Meter von der Wand weg.

3. bis 6. Januar Wir hatten eigentlich im Sinn, das ganze Material noch einige Tage lang an Ort und Stelle zu belassen, um allen Teilnehmern die Möglichkeit offenzuhalten, den Gipfel zu erklimmen. Doch es beginnt nun ernsthaft zu schneien, und ausserdem gehen für die meisten von uns die Ferien zu Ende; deshalb werden alle Seile eingezogen sowie die meisten Auf-stiegshaken eingesammelt. In der Wand bleiben lediglich an die 60 Haken oder Bohrhaken an den Standplätzen. Um auf den Gipfel des Scheidegg-Wetterhorns zu gelangen, waren insgesamt 99 Arbeitstage und 61 Übernachtungen vonnöten.

NACHWORT Ein aussergewöhnliches Abenteuer ist zu Ende; aber für jeden einzelnen von uns wird es eine bleibende Erinnerung sein, ein Markstein in unserem Leben als Kletterer, ein Zeichen der Bewährung. Zudem hat sich einmal mehr erwiesen, dass der Alpinismus, ohne Eigennutz ausgeübt, mehr ist als nur ein Sport; er ist ein eigentlicher Unterricht, der uns menschliche Werte vermittelt.Übersetzung R. Vögeli

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