Trois courses à ski
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Trois courses à ski

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Par FI. Jeanneret

Le ski alpin, qui intéresse tout particulièrement les membres du C.A.S., n' a pas été sans profiter largement de l' extraordinaire développement du ski sous toutes ses formes. L' amélioration de la technique de descente, les perfectionnements du matériel ont permis d' atteindre avec les skis des régions qui n' étaient accessibles il y a quelques décades qu' à pied. Pour mesurer cette évolution, il n' y a qu' à comparer les programmes de courses d' hier et d' aujourd. Même le bon guide Kurz fait parfois sourire dans certaines de ses appréciations, ainsi lorsqu' il donne la Rosa Blanche pour la plus belle course de la région Nendaz—Verbier, ou encore lorsqu' il dit très sérieusement que la descente de Bertol sur Arolla n' est pas recommandable parce que trop raide. Ce faisant, on oublie trop souvent maintenant le très grand mérite de tous ces premiers explorateurs qui, avec un matériel primitif, mais avec une foi magnifique, ont atteint I' un après l' autre tous les cols et tous les sommets, ne nous laissant plus rien à découvrir si ce n' est que d' insignifiantes variantes.

Hier le skieur choisissait pour descendre d' un sommet la voie la plus longue, la plus large, la moins accidentée. Aujourd'hui, les jeunes, que je me surprends souvent à observer et aussi à envier, ont plutôt tendance à préférer le couloir raide et étroit à la courbe molle et douce, les passages corsés d' obstacles, séracs, rochers ou forêts. La préférence est donnée à la descente qui fera travailler, qui demandera un jugement prompt, une détente rapide, des virages serrés. Et l' habitude des pentes raides est devenue telle que bien des skieurs de cette nouvelle école ne savent plus virer lorsqu' ils sont sur des pentes douces où nos devanciers traçaient leurs délicats télémarks avec la grâce d' un Knie sur la corde raide.

Mais mettez les jeunes d' à présent au haut des couloirs qui, de Plan Bertol, descendent sur Arolla, sur la Grande Pente qui domine Susanfe, vous les verrez, comme ils disent dans leur jargon, « déballer leur caisse de christianias ».

Placé entre ces deux générations, mon intention est de signaler deux ou trois courses d' accès facile pour tous les skieurs romands et qui offriront aux amateurs quelques belles pentes de tout repos entrecoupées de passages plus corsés propres à satisfaire les aspirations de la jeunesse. Ces courses, loin des pistes à mécaniques, amèneront les skieurs dans des régions sauvages à souhait où la montagne a gardé sa primitive et chaotique grandeur.

/. Le Col des Pauvres Les skieurs qui, en mars, débarquent à Bex se répartissent en général entre Anzeinde et Pont-de-Nant pour aller soit au Col des Chamois ou celui des Martinets. Peu d' entre eux songent que tout près des Plans une très belle région s' ouvre à eux qui permettra à chacun selon ses capacités de profiter des pentes de Javerne, de Chaux-commun ou du Col des Pauvres. J' ai été introduit dans ces parages par le délicat artiste qu' est Marcel Jaton.

Die Alpen - 1948 - Les Alpes8 Artiste dans toute l' acception du terme, car s' il a marqué toutes les neiges de la région des traces de ses impeccables christianias, il a fait revivre avec son crayon et ses pinceaux ces sites si attachants; ses huiles, ses aquarelles et ses croquis l' ont d' emblée classé au rang des rares peintres qui savent rendre la montagne sans grandiloquence et sans mièvrerie.

Le Col des Pauvres, sans nom sur la carte, se trouve entre la Pointe des Savoleires et la Dent Rouge au sud des Plans sur Bex et relie l' alpage de la Chaux sur Nant à l' est à celui d' Ausanne à l' ouest. Il se traverse assez rarement en hiver, mais quelques skieurs redescendant assez tôt du Col des Martinets y sont montés pour redescendre sur Ausanne. C' est une entreprise qui peut facilement devenir hasardeuse, si la neige n' offre pas toutes les garanties de stabilité.

Ausanne est la meilleure base pour atteindre le Col des Pauvres. On y arrive soit de Frenières par le bois de Bamp et la clairière de Torcul, soit par le chemin qui part des Plans par Joux Ronde. D' Ausanne on remonte encore le vallon jusqu' au point 1813, puis, profitant du petit bois de mélèzes qui augmente la sécurité de la pente, on grimpe en lacets jusqu' au col. Il vaut la peine de continuer alors le long de la crête en passant entre la Dent Rouge dont les chaudes parois ont des teintes très méridionales et un chicot de rocher de moindre allure et de pousser au sud jusqu' au point 2337 ou même qu' à Préfleury, 2491. Bien que ces altitudes soient des plus modestes, la brutale grandeur qui les entoure leur confère un prestige qui manque totalement à un Wildstrubel ou une Rosa Blanche. A l' est le regard plonge sur les pentes des Martinets où les skieurs passent minimes comme des fourmis, puis se relève et se heurte aux sombres parois des Muverans et ricoche au sud sur la Dent Favre contre les Dents de Morcles en partie cachées par les Perriblancs. A l' ouest, les plans sont moins verticaux, il y a les belles pentes harmonieuses de Chaux-commun aux descentes lisses et unies, la Croix de Javerne et le Grand Châtillon qui déroulent leurs pentes couvertes de splendides mélèzes et d' immenses sapins.

Pour redescendre, le meilleur itinéraire est de prendre celui de la montée jusqu' à Ausanne en restant à l' abri relatif des mélèzes si la neige est instable ou dans le large couloir qui borde la petite forêt au sud. D' Ausanne remonter au nord-nord-ouest, jusqu' au point 1669, puis descendre la pente qui porte le nom évocateur, lorsque la neige cartonnée oblige à des stems tirés par les cheveux, de Torcul, dans le bas prend un sentier qui part à l' ouest et traverse le ruisseau qui descend de Javerne, l' Ivouette. Ce sentier est en cas de dégel assez exposé aux chutes de pierres. Après la forêt on déboule sur la forte pente des Collatels; s' il y a encore de la neige, descendre par le Botsard pour rejoindre la route qui descend sur Frenières, et par les prés parallèlement à la route de Bex jusqu' aux Véneresses. Lorsque la neige fait défaut aux basses altitudes continuer le chemin qui part du Botsard, traverse la route qui descend sur Frenières et continue à l' ouest par La Lombardery, Plan-Seugey pour aboutir au Bévieux.

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