Variations glaciaires, historiques et préhistoriques dans les Alpes suisses
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Variations glaciaires, historiques et préhistoriques dans les Alpes suisses

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J. P. Portmann, Neuchâtel*

INTRODUCTION Les glaciers varient-ils de façon importante?

Se seraient-ils avancés autrefois jusque dans les vallées habitées?

Ces questions ont certainement préoccupé très tôt les populations des Alpes, et on a souvent rappelé le nom des montagnards qui, les premiers, surent repérer et interpréter les traces des anciens glaciers aux abords des villages2.

Au cours de la première moitié du siècle dernier, l' intérêt scientifique pour les glaciers augmenta à la suite, vraisemblablement, de leur crue inquiétante et des catastrophes qu' ils occasionnèrent. C' est ce qui amena très certainement la Société helvétique des sciences naturelles à ouvrir, en 1817 et en 1820, un concours en posant publiquement la question « de savoir si les glaciers ne changeaient pas »? Il s' agissait alors « de rassembler des faits exacts et bien observés sur l' accroissement et la diminution des glaciers dans les diverses parties des Alpes, sur la détérioration ou l' amélioration de leurs pâturages, sur l' état antérieur et actuel des forêts ».

Ce problème, dont les aspects économiques sont évidents, donna lieu aux travaux d' A. K. L. Kasthofer ( 1777-1853)5 inspecteur forestier à Unterseen, et d' Ignace Venetz ( 1788-1859 ), ingénieur valaisan. La contribution de ce dernier ( Mémoires sur les variations de la température des Alpes de la Suisse ), datant de 1821 mais publiée en 1833, fait connaître, preuves à l' appui, l' extension des gla- 1 J.P. Portmann, Séminaire de géographie de l' Univer; Coq d' Inde 10, CH-2000 Neuchâtel.

1 Ainsi, dans le domaine alpin, le guide chamoniard Marie Delville, B. F. Kuhn de Grindelwald, Peter Martel et, spécialement, Jean-Pierre Perraudin de Lourtier.

.'45 ciers d' autrefois et « leur retraite dans leurs limites actuelles»3.

Cette affirmation sensationnelle de Venetz allait susciter, comme on le sait, les observations et les travaux de Jean de Charpentier, directeur des Salines de Bex, ainsi que le fameux discours de Louis Agassiz en 1837, à Neuchâtel. Le jeune naturaliste, déjà célèbre, y proclame, en effet, une extension générale ancienne, préhistorique, des glaciers. L' opposition très vive à cette affirmation révolutionnaire va amener Agassiz à étudier les glaciers actuels pour mieux comprendre ceux du passé. D' où les célèbres Excursions et séjours dans les glaciers et les hautes régions des Alpes, de M. Agassiz et de ses compagnons de voyage* et les remarquables campagnes glaciologiques sur le glacier de l' Unteraar, de 1840 à 1845. Celles-ci posèrent les fondements de l' étude des glaciers et constituent, de nos jours encore, un épisode glorieux de l' épopée alpine.

La question des fluctuations glaciaires prit une acuité toute particulière par le procès opposant les Etats de Vaud et de Genève à la suite des crues dévastatrices du Léman entre 1876 et 18795. Certains y virent la conséquence d' une fonte extraordinaire due au recul général des glaciers valaisans. Cette explication fut vivement réfutée par F. A. Forel, le spécialiste du Léman, qui s' engagea 3 C' est, entre autres, en voyant l' ampleur de l' appareil morainique du glacier de Rossboden ( Simplon ) que Venetz en vint à l' idée d' une ancienne extension glaciaire ( Müller, 1975)- 4 Desor Ed., Excursions et séjours dans les glaciers Neuchâtel et Paris 1844. Nouvelles excursions et séjours dans les glaciers Neuchâtel et Paris 1845.

Agassiz L., Etudes sur les glaciers. Neuchâtel 1840.

Système glaciaire. Nouvelles études et expériences sur les glaciers actuels. Paris 1847.

5 Procès de 1880 devant le Tribunal fédéral à Lausanne.

dès lors dans l' étude systématique des oscillations glaciaires en inaugurant, en 1880, les Rapports sur les Variations périodiques des glaciers des Alpes suisses, publiés régulièrement dans Y Annuaire du CAS puis dans Les Alpes ( Portmann, 1975, 1976 ).

Indéniablement, les glaciers fluctuent! En effet, depuis le début du siècle passé et, en réponse au concours de la Société helvétique des sciences naturelles ainsi qu' aux questions inquiètes des montagnards, les preuves n' ont fait que s' accumuler6.

Les variations climatiques provoquent l' avance et le recul des glaciers. Ainsi une détérioration du climat entraîne la progression des langues glaciaires qui détruisent alors la végétation sur leur passage, chevauchent d' anciennes moraines et en déposent de nouvelles au-delà. Au contraire, une amélioration des conditions météorologiques réduit les glaciers, dégage des masses rocheuses et les soumet à l' érosion; les éboulis s' accroissent7.

Les travaux présentés dans les pages qui suivent se rapportent à diverses régions des Alpes suisses, allant du Parc national au val de Bagnes en passant par la Bernina, le Simplon, le val d' Hérens, les glaciers de la région du Susten et de Grindelwald. Ils complètent fort opportunément le récent Inventaire des glaciers suisses8 et donnent un nouvel essor à la glaciologie et à la géologie du Quaternaire dans notre pays.

Ces contributions, émanant essentiellement des 6 Le mouvement des glaciers suscita très tôt la curiosité des montagnards, entre autres celle, en 1773, du jeune berger de Grindelwald, à jamais anonyme, que mentionne B. F. Kuhn en 1787 ( Portmann, 1973, p. P-i35)- Les mouvements à la surface des glaciers firent l' objet de recherches systématiques d' Agassiz et donnèrent lieu en 1916 à l' impo Mémoire de P.L. Mercanton: Mensurations au glacier du Rhône 1874-1915 ( Mémoire de la Société helvétique des se. naturelles, vol. LU, 1916 ).

7 A la suite de recherches dans PEngadine, au Parc national, dans des conditions de relief particulières, Hartmann ( 1973 ) a conclu, au contraire, que le développement des éboulis ne correspond pas à un recul glaciaire ( Schneebeli, 1976, p. 15, note 5 ).

8 Müller Fritz, Caflisch Toni und Müller Gerhard: Firn und Eis der Schweizer Alpen. Gletscherinventar. Pubi. 57, Geographisches Institut, ETH Zürich 1976.

Instituts de géographie des Universités de Bale, Berne et Zurich 9, s' appuient sur des méthodes nombreuses et nouvelles, combinant les démarches historiques traditionnelles avec celles des sciences naturelles, voire avec des techniques spécialisées de la physique. Elles ont non seulement livré des résultats sûrs, attendus depuis longtemps, mais aussi fourni l' occasion d' éprouver ces méthodes, de préciser la valeur et la densité des informations qu' on peut en espérer. Ce n' est pas là le moindre des mérites qu' elles offrent.

L' excursion « Alpqua 77 », du 5 au 12 septembre 1977, sous la direction du professeur G. Furrer de l' Institut de géographie de l' Université de Zurich, fut une brillante démonstration des efforts accomplis et des résultats obtenus. Organisée par la Société suisse de géomorphologie et la Commission du Quaternaire de la Société helvétique des sciences naturelles, cette excursion à laquelle prirent part plusieurs spécialistes étrangers se fit selon l' itinéraire suivant: Dischmatal, vallée de la Flüela, Engadine, col de la Bernina, Julier, Thusis, San Bernardino, Mesocco, Léventine, Nufenen, vallée de Conches, Simplon, environs de Zermatt.

Le guide de cette excursion, rédigé par P. Fitze et J. Suter, comprend les premiers résultats de plusieurs chercheurs dont les travaux seront publics ultérieurement sous la direction des professeurs G. Furrer de Zurich, H. Zoller de Bâle, M. Welten et G. Lang de Berne.

Q Adresses des auteurs des travaux recensés:

Geographisches Institut der Universität, Klingelberg-strasse 16, CH-4056 Basel Lorenz King ( actuellement à HeidelbergGeographisches Institut der Universität, Hallerstrasse 12, CH-3012 Bern ( Prof. B. Messerü ) Hans Kienholz Christian Pfister Heinz J. Zumbühl Max ZurbuchenSystematisch-geobotanisches Institut, Altenbergrain 21, CH-3012 Bern ( Prof. G. Lang ) Klaus AmmanPhysikalisches Institut, Abteilung Low-level-counting und nukleare Geophysik, Sidlerstr. 5, CH-3012 Bern ( Prof. H. Oeschger ) Geographisches Institut der Universität, Blümlisalp- str. to, CH-8006 Zürich ( Prof G. Furrer ) Hans-Niklaus Müller ( actuellement à Innsbruck ) Friedrich Röthlisberger Walter Schneebeli Pierre-Louis Biéler, géologue dipi., « La Barza », eh. de la Faucille, CH-1299 Commugny.

Sommaire Sources historiques 149 Faits géomorphologiques155 Sols fossiles157 Analyses polliniques 161 Troncs d' arbres dans les moraines162 Datations absolues au C' 4i Considérations climatiques167 Fluctuations postglaciaires: conclusions167 Bibliographie171 1SOURCES HISTORIQUES II s' agit en premier lieu d' observations récentes, faites systématiquement à l' aide de moyens perfectionnés: levés photogrammétriques, prises de vue automatiques, etc.I0.

Les cartes topographiques, tout spécialement les cartes officielles souvent révisées, fournissent des indications de grande valeur11. Les figures 1 et 2 mettent en évidence le parti que l'on peut tirer de la comparaison de plusieurs éditions de cartes, cela à propos du glacier de Brenay et des autres glaciers du val de Bagnes.

Les informations provenant des premiers « gla-ciaristes » et, surtout, de la série presque centenaire des Rapports sur les Variations périodiques des glaciers des Alpes suisses ont permis de saisir sur le vif en quelque sorte la crue du siècle dernier ( 1850-i860 ) et celle des années 1910, 192012.

10 Par exemple, la Cartedu glacieri' Ahtsch ( étaten 1957 ), au 1: 10000, équidistancc de ro mètres, publiée en 5 feuilles par le Service topographique fédéral dès 1962.

" L' Atlas Dufour au 1: 50000 date de 1860/61. La première carte utilisable pour l' étude des fluctuations glaciaires remonte à 1859.

12 En France, le contrôle des variations glaciaires a commencé à la fin du siècle dernier. ( Les variations périodiques des glaciers français in Annuaire du Club alpin français; par la suite Etudes glaciologiques ). En Italie: Bulletin du Comitéglaciologique italien.

Sur la création d' une Commission glaciologique internationale, cf. Portmann, 1975, p. 183.

Pour les siècles antérieurs, les chroniques' 3 ainsi que les renseignements relatifs aux récoltes et aux prix des denrées nous permettent une reconstitution des conditions climatiques générales et, partant, une estimation des fluctuations glaciaires. D' une façon plus indirecte encore, les témoignages voire les légendes relatives aux chemins mule- 13 Les chroniques relatent évidemment les catastrophes provoquées par certains glaciers, en général en crue d' ailleurs. Le glacier de Giétroz fut l' un de ceux-ci; la dévastation de la vallée jusqu' à Martigny, due à la vidange du lac retenu parle glacier en 1818, fut précédée par d' autres en 1640, 1595, 1549 et 580; c' est, paraît-il, après cette dernière catastrophe, de 580, que le siège episcopal fut déplacé de Martigny à Sion ( Aellen, 1972; Schneebeli, 1976^.23 ).

tiers, à l' accessibilité de certains passages, de même qu' aux vicissitudes des échanges par les cols alpestres, autorisent des déductions fort précieuses.

D' autre part, des œuvres picturales, même de simples croquis traces dans des carnets de route, sont des sources de renseignements auxquels on peut recourir avec profit; dans la mesure, bien entendu, on le document est date, on le glacier et ses alentours sont correctement reproduits et à condition encore de connaître exactement l' en on se tenait le dessinateur. A ce propos, les glaciers de Grindelwald méritent une mention spéciale; en effet, l' altitude relativement basse de leur front leur valut d' être visités plus qu' aucun autre14.

Les renseignements que l'on peut obtenir de cette façon ne sont pas à dédaigner si l'on pense que J. Zumbühl a recensé jusqu' à ce jour près de 240 documents iconographiques divers, dont 34 photos, antérieurs à 1900 et se rapportant uniquement au glacier Inférieur de Grindelwald ( fig. 3 ). Ces « images » sont de qualités diverses, allant de l' œuvre monumentale et de haut niveau artistique à une modeste esquisse. Zumbühl a établi avec minutie la liste complète de tous ces documents qu' il a analyses avec beaucoup de finesse. Il en a publié une vingtaine, le plus ancien datant de 1642, les accompagnant d' innombra références. C' est ce qui lui a permis une reconstitution très valable des avances et reculs du glacier Inférieur de Grindelwald, qui sont représen- 14 Les facilités d' accès de Grindelwald, la proximité d' au beautés naturelles expliquent aussi le succès singulier des glaciers de cette région, et, du même coup, l' abondance des renseignements à leur sujet.

Rappelons ici les contributions de Kuhn B.F.: - Versuch einer Beschreibung des Grindelwaldthales. Versuch über den Mechanismus der Gletscher. Magazin für die Naturkunde Helvetiens Zürich, 1787.

Les fluctuations du glacier Inférieur de Grindelwald ont toujours été suivies par les pasteurs successifs ( « Gletscherpfarrer » ), le presbytère étant un bon point d' observation.

C' est à la demande de Louis Agassiz que le pasteur Ziegler fit les premières mesures sur l' avance du front durant l' hiver 1842/43. ( 19,17 m en 161 jours ).

tés graphiquement de 1590 à 1970, avec indication de repères topographiques et d' autres informations ( Zumbühl, 1976 ) I5. Ce tableau synoptique est partiellement reproduit en annexe.

De son côté, dans son étude des anciens glaciers du val de Bagnes, Schneebeli ( 1976 ) a exploité des documents historiques, des cartes et des aquarelles; entre autres, les nombreux dessins de J.S.H. Gilliéron ( 1818 ), de C. Escher de la Linth ( 1820 ), d' Ignace Venetz ( 1821 ), de J.R.Bühl-mann ( 1835 ), de D. Forbes ( 1842)I6.

Röthlisberger ( 1976 ) a fait de même pour les environs de Zermatt et d' Arolla.

Ammann ( 1975 ), dont l' étude des variations glaciaires dans la vallée de l' Oberaar s' appuie avant tout sur des analyses polliniques, se réfère à plus de 30 documents iconographiques remontant jusqu' au milieu du XVIIIe siècle. En fait, seuls ceux du XIXe fournissent des indices valables. Le panorama de 1838 de G. S. Studer ì7, par exemple, montre un cordon morainique, étroit mais bien apparent, correspondant à un maximum glaciaire. Un deuxième vallum et un troisième se formèrent aux environs de 1880 ( -1890 ) comme le révèle une photographie de Jules Beck prise en 1889. Quant au cordon de 1920, il est bien discernable, de nos jours, dans la topographie.

15 La plus ancienne représentation du glacier Inférieur de Grindelwald fut l' œuvre de Joseph Plepp ( 1595-1642elle fut reproduite pour la première fois en 1642 dans la Topographia Helvetiae de Merian ( Zumbühl, 1976, p. 19 ). Les premières photographies de ce glacier remontent à 1858.

En ce qui concerne le glacier Inférieur de Grindelwald, il vaut la peine de signaler ici le rôle joué par certains éléments topographiques facilement identifiables, cela aussi bien pour l' analyse des documents iconographiques que pour l' estima des variations dimensionnelles du glacier.

16 Des commentaires donnés par Schneebeli ( 1976 ) sur les glaciers du Mt Durand, d' Otemma et de Brenay ( val de Bagnes ), il ressort que ce dernier a fourni des renseignements très précis; lors du maximum de 1820 à 1850, ce glacier s' avan jusqu' au bord du lac de Boussine; son retrait se produisit en 1857/58.

17 Panorama vom Sidelhorn 2766, vu du sommet du Klein-Sidelhorn. ( Unikat. Xr. 13 aus der Studersammlung der Bibliothek des SAC, Bern ).

D' une façon très originale, Pfister ( 1976 ) a abordé le problème des fluctuations glaciaires à partir d' observations météorologiques, cela dès le milieu du XVIIIe siècle et plus spécialement pour la période, riche en informations, comprise entre 1760 et 1820. Cet auteur a su tirer parti, d' une manière tout aussi astucieuse, d' observations phénologiques telles que la date et la qualité des moissons, des vendanges, etc. On doit relever ici que l' utilisation de ces diverses données a nécessité la quantification d' informations descriptives ainsi que la représentation graphique et le traitement statistique de ces dernières. Des corrélations significatives ont été obtenues.

Pfister a tenu compte de la température et des précipitations des mois d' été ainsi que des chutes estivales de neige et des variations de la limite des neiges temporaires relevées par d' anciens observateurs lS.

Les étés humides et frais de 1764 à 1771 et de 1812 à 1817 ont provoqué les progressions glaciaires de 1768 à 1779 et de 1816 à 1822. De même, l' abondance des chutes de neige, observées dès 1818 au Grand-Saint-Bernard, explique l' exten glaciaire de 1818 à 1854, alors que la rareté des précipitations solides de 1855 à 1881 a eu un effet contraire.

Les récits plus ou moins légendaires se rapportant aux cols alpestres ainsi que le mythe des « alpes fleuries » ( Blümlisalpsage ), rendues stériles par l' avance glaciaire, permettent aussi une reconstitution des conditions climatiques du passé, en faisant usage, certes, de circonspection 1Q. Il en est d' ailleurs de même en ce qui con- 18 Par exemple, le pasteurjohannjakob Sprüngli a note les variations de la limite inférieure des neiges dans la chaîne du Stockhorn, entre i 766 et 1784. Johann Rudolf von Salis a consigné ses observations faites au Calanda, de 1783 à 1819 ( Pfister 1975 ).

" Dans la région de Ferpècle, à 10-15 centimètres dans le sol apparaît un horizon caractéristique de défrichement par le feu. Ce niveau riche en bois calciné repose sur un épais podzol et se continue sous les moraines latérales droites de 1817 et 1868. Ce défrichement rappelle celui pratiqué devant le glacier de Gorner, il y a 1000 ± 90 ans avant 1950.

cerne les vestiges de chemins autrefois très fréquentés et devenus impraticables20.

Dans son étude des glaciers de Zermatt, Ferpècle et Arolla, Röthlisberger ( 1976 ) fait allusion, d' une façon très systématique, à toute une série de chemins et de passages ayant subi les effets des avances et des reculs glaciaires. A ce propos, il fait état de citations de textes du siècle passé en s' éten, en particulier, sur l' exemple du col d' Hé ( 3462 m ), utilisé par les Walser entre Zermatt et Evolène 21, ou même de Sion au val Tournanche et la vallée d' Aoste par le col du Théo-dule(fig.4 ).

Ce passage aurait perdu de son importance à la fin du XVIe siècle par détérioration climatique; au XVIIe, il fut définitivement abandonné.

Le col d' Hérens, appelé aussi col d' Evolène, ce qui est significatif, est l' objet, de nos jours encore, d' allusions à des processions diverses, à une procession des morts, à un cavalier solitaire et errant, accompagnant parfois les bergères et disparaissant près de la moraine du glacier de Zmutt. Dans la région persiste la légende d' un chemin oublié, voire d' un passage souterrain, d' un tunnel, ce qu' il faut considérer comme une réminiscence psychologique profonde de voies praticables autrefois. C' est d' ailleurs dans ces parages qu' au existé le hameau de Tiefenmatten ( ou Tiefmatten ) ( fig. 6 ), actuellement enfoui sous le glacier de Zmutt, à l' intersection des chemins passant d' un côté par Stockji—val d' Hérens, de l' autre par le col Durand et le val d' Anniviers; les deux chemins menaient en direction de Zermatt ou, directement, à la vallée d' Aoste par le col du Théo- 20 La fréquentation des cols alpestres ne fut pas influencée seulement par les conditions climatiques, c'est-à-dire par le plus ou moins grand développement des glaciers; les événements politiques et militaires, les circonstances économiques, le rôle des épidémies, etc. intervinrent aussi ( Röthlisberger, 1976, p. 116 ).

21 Les Walser de Zermatt avaient fondé Evolène; du XIV' au XV' siècle, les communications par le col d' Hérens auraient été faciles et les Walser d' Evolène l' auraient même emprunté pour aller ensevelir leurs morts à Zermatt.

^Si> PI. 4a: Profil d' un sol fossile dans une moraine. ( Schneebeli, igy6, p. 28 ) PI. 4b: Vue oblique d' un profil ( env. 160 cm ) dans un cordon morainique frontal ( No 18 ) du glacier de Brenay, au-delà de la Drame. Avance de la fin du Moyen Age. ( Schneebeli, 1976, p. 48 )

ci. a;: >,; r

Matériel grossier, morainique Limon fin, d' origine éolienne Sol fossile avec horizon A Matériel grossier, morainique; horizon C Sol brut, récent Sol cisaillé, mélangé à la moraine Sol fossile ( 670 ± 85 ans avant 1950 ) dule22. Cet itinéraire aurait déjà été emprunté par les Romains, ainsi que l' attesterait un tronçon de chemin, connu sous le nom de Via antiqua, entre Evolène et La Sage23. C' est d' ailleurs sur son prolongement que se dresse, à Bau dau Blanc, un oratoire construit entre le IVe et le VIe siècle et abandonné aujourd' hui24.

22 Au val d' Hérens, le chemin passait par l' étape de Bricola ( 2415 m ). Au-dessus du sentier habituel de Salay à Bricola, un deuxième itinéraire est visible.

23 II est établi que l' époque romaine connut une phase de minimum glaciaire suivie, dès 500 ans apr. J. C, d' une extension de l' importance de celle de 1850.

24 Bau dau Blanc: « bau » signifie écurie en évolénard.

25 D' autres vestiges, jalonnant l' itinéraire entre les cols alpestres et la vallée du Rhône sont énumérés. Ainsi le Pont de la Pirra ( « Pont de la Grande Pierre »!, d' origine romaine, au Fig. 5; Pierre à écuelles ( pierre à cupules ) de Hubelwäng, fermait ( 622 o/j ogj joo; 2000 m ). L' échelle, orientée nord-sud, mesure 1 m. ( Röthlisberger, 1976, p. 126 ) Avec beaucoup de minutie et de circonspection, Röthlisberger ( 1976 ) mentionne d' autres vestiges, d' autres légendes25. En recourant aux sources historiques, aux trouvailles archéologiques et même aux connaissances linguistiques, il fait bien augurer de recherches multidisciplinaires de ce genre faisant revivre le passé.

sud de Viletta et reliant Manseringo sur la rive droite à Lo Manso sur la rive gauche ( 601 750/110325 ). Ces deux toponymes dériveraient de mansio, tête d' étape romaine à l' inten des troupes en déplacement et des commerçants. Des pierres à cupules ( pierres à écuelles ), probablement des repères mégalithiques, ont été signalées en plusieurs endroits. La Carie des Biens Culturels ( Service topographique fédéral, 1970 ) mentionne près d' Evolène une « Pierre aux Immolés ».

Toutefois l' inscription latine des Manzettes, près du col d' Hérens ( de mansio?, cf. ci-dessus ), trouvée le 18 août 1790 De son côté, King ( 1974 ) a prospecté les abords de plusieurs glaciers dans la région du Susten, donc entre Aar et Reuss26. Son étude conjuguée de l' évolution des sols et de la végétation ainsi que des fluctuations glaciaires s' est appuyée en premier lieu sur des faits morphologiques et sur des analyses polliniques. Il a, par exemple, identifié les vallums morainiques postérieurs à 1890 et repéré celui datant de 1920. En arrière de celui-ci, se forma d' ailleurs, en 1930, le Steinsee qui se vida d' une façon catastrophique en 1956. Le glacier qui avait reculé de plus de 600 mètres dès 1895 s' est à nouveau avancé27.

Quant aux vestiges d' extensions plus anciennes et plus amples, King les attribue d' une part au XVIIe siècle, voire à des temps plus anciens, d' autre part à une oscillation du XIIe siècle au plus tard. Cette reconstitution semble bien confirmée par l' histoire du chemin du Susten, col fort pratiqué pendant l' occupation française du Valais et la fermeture du Grimsel jusqu' en 1815. L' étude minutieuse de cet itinéraire, établi en 1811, ainsi que l' examen de nombreuses esquisses et gravures ont fourni des points de repères importants.

par l' avocat valaisan Christian Desloges a disparu. Cette trouvaille a même été contestée ( Röthlisberger, 1973, pp.97- 115; 1976, p. 125 ). Des pièces de monnaie, recueillies ici et là, constituent des preuves valables de l' utilisation de certains itinéraires.

Röthlisberger ( 1976, p. 128 ) relate la légende du roi ( Re Borah ), chef militaire romain ou sarrasin, établi au Mont Miné, au milieu dune région fertile qu' il dut abandonner pour s' établir plus bas lors de l' avance des glaciers.

Il fait allusion, à propos de toponymes, à l' identité entre Soust, Sust et Jost, lieux servant de relais et régulièrement espacés le long de certains itinéraires.

26 Steingletscher, Triftgletscher, glacier rocheux de Gigli au Murmetenstöckli ( 672500/175200 ); les moraines des vallées de la Sustlialp avec le Sustlifirn et le Stössenfirn et Chalchtal avec le Chalchtalfirn et le Tschingelfirn.

27 Les estimations de King divergent de celles de Bcschel R. {1957 ) à propos du stade de 185011860. Elles mettent en doute, d' ailleurs, la datation de moraines d' après le diamètre des lichens sur les blocs ( Rhizocarpon geographicum L. ). Cf. King L, et Lehmann R. ( 1973 ): Ber. Schw. Bot. Ges., 83 ( 2 ).

.'55 2 FAITS GEOMORPHOLOGIQ_UES Les avances et reculs des glaciers ont laissé dans la topographie des traces qu' il importe de relever, d' interpréter. On comprendra dès lors la valeur de plans détaillés tels que celui, paru récemment, de la région frontale du glacier Inférieur de Grin-delwald28.

Etabli par photogrammétrie et levé à la planchette par Zurbuchen ( 1976 ), ce très beau plan, à l' échelle de i:2000, précise la configuration du terrain par des courbes de 2 mètres d' équidis, avec courbes intermédiaires à I mètre. Il reproduit la forme des moraines ainsi que les éléments topographiques mineurs, même dans la région boisée, et figure les vallums morainiques dont plusieurs sont datés ( 1600, 1855/56, 1893, etc. ). En outre, des isolignes indiquent l' extension du glacier à différentes époques d' après des documents historiques 29 La valeur de ce plan est augmentée par la localisation des relevés botaniques, des profils pédologiques exécutés ces dernières années et par la possibilité qu' il offre de préciser la surface et le volume du glacier à certaines époques. Ajoutons que les indications reportées sur le fond topographique sont l' œuvre de H.J.Zum-biihl.

On se rend aisément compte que le relevé topographique seul ne suffit pas, mais qu' il doit être complété par une analyse morphologique minutieuse. L' enchevêtrement des moraines et des autres dépôts, glaciaires et périglaciaires, présente en général une telle complexité qu' il est extrêmement difficile d' ordonner chronologiquement ces formations. Les vestiges de progression et de régression des glaciers peuvent se mêler d' une façon inextricable; des dépôts successifs risquent de se confondre, d' autres de disparaître sous l' effet 28 A la demande de Baltzer, Hofer avait établi en 1892 un Plan über den alten Gletscherboden vom Unteren Grindelwaldgletscher ( 1:2000 ). Neue Denkschriften der allg. Schweiz. Ges. f. die gesamten Naturwiss., 33, Basel u. Genf 1898.

29 Les stades de 1748, 17G2, 1778, 1794, 1813, 1820, 1868, 1892 sont indiqués.

de l' érosion. De plus, et cette remarque est fondamentale, les conditions génétiques des dépôts glaciaires se déroulent avec une telle diversité qu' il est fort ardu de les reconstituer.

Parmi les caractères à prendre en considération dans une analyse géomorphologique globale, nous mentionnerons avant tout la distribution spatiale des diverses formations ( association de jadis ). En fait, il s' agit de préciser les relations entre des dépôts d' origines différentes; par exemple, la position de diverses moraines 30, ou la répartition de celles-ci par rapport à des épandages fluvio-glaciaires, ou à des dépôts torrentiels ou encore à des coulées de blocs, des cônes d' éboulis ou des masses solifluées. Dans cet ordre d' idées, il serait certainement fructueux de cartographier, aux abords d' un glacier, à la fois les surfaces d' érosion, de roches en place dénudées, et les surfaces d' accumulation.

Il paraît essentiel aussi de préciser la nature même des dépôts; en premier lieu la granulometrie des constituants, leur nature pétrographique et leur provenance, proche ou lointaine. De plus, la forme des grains de sable ou des galets peut être révélatrice du mode de transport et des conditions d' accumulation. Enfin, l' arrangement des fragments rocheux, leur orientation préférentielle, ainsi que le degré de lessivage, voire de l' altération d' une formation, fournissent des renseignements qu' on aurait tort de négliger. Malheureusement ces divers aspects ne paraissent pas avoir été suffi- 1(1 II est essentiel de préciser la direction exacte de la crête d' un vallum morainique, la pente des flancs distal et proximal d' un vallum, etc.

ab ) Fig. ya et yb: Formation de cordons morainiques par superposition ou par juxtaposition ( voir texte ). ( Schneebeli, igy6, p. 37 ) 156 samment exploités jusqu' à ce jour ( Portmann, A propos de la notion d' association de faciès rappelée ci-dessus, signalons la préoccupation de certains chercheurs de préciser les relations spatiales, mais aussi chronologiques, entre les moraines et les coulées de solifluction. Ces dernières d' ailleurs semblent actives durant des périodes de refroidissement; elles peuvent se superposer les unes aux autres, séparées par d' anciens sols colonisés par la végétation durant des phases de réchauffement3I.

Furrer, Leuzinger et Ammann ( 1975 ), par exemple, ont procédé à l' étude de profils dans la partie SE du Parc national; d' une part au Mt Buffalora à 2437 mètres d' altitude, d' autre part au Mt Chavagl à 2542 mètres, donc à l' étage subnival. C' est ainsi qu' ont été déterminés, dans des coulées de solifluction, la teneur en carbone organique, en carbonates, ainsi que la granulometrie de la matière fine, de même que le spectre pollinique et l' âge absolu au C I4. Ces analyses permirent de distinguer des sols fossiles à 5 niveaux32.

31 Aux yeux de certains, une indécision subsiste: les phases de solifluction et de développement des nappes d' éboulis cor-respondent-elles ou non à des avances glaciaires?

Les coulées de soliiluction peuvent se déplacer de plusieurs mm, voire d' un cm par an sous l' effet du gel et du dégel et en fonction de divers facteurs: pente, exposition, nature des roches, etc.

Comme les coulées de solifluction s' étalent lentement sur la végétation en place, d' assez grandes différences d' âge peuvent apparaître sur de faibles distances. Ainsi, au Parc national, Furrer ( 1975 ) a constaté une différence de 650 ans entre deux profils éloignés de 2 mètres ( Schneebeli, 1976, p. 55 ).

32 En se référant, par exemple, à l' un des profils ( profil A ), l' interprétation suivante fut possible: 500 ans apr. J.C, une En ce qui concerne les vicissitudes de la formation et de la conservation des moraines, Schneebeli ( 1976, p. 35 ) a envisagé très systématiquement, avec dessins à l' appui, diverses possibilités, présentées succinctement ici. Les moraines peuvent se déposer sous forme de cordons soit contigus, soit superposés. Dans la figure 7a, le cordon édifié en premier lieu ( i ) a été recouvert par deux autres ( 2 et 3puis, à la suite de petites avances glaciaires, deux cordons plus jeunes se sont individualisés ( q. et 5 ). La figure 7 b, elle aussi empruntée à Schneebeli ( 1976, p. 37 ), montre comme la précédente, trois cordons. En fait, ceux-ci résultent de conditions génétiques différentes; ici, le premier vallum a été suivi d' un deuxième et d' un troisième par juxtaposition; ce dernier fut ultérieurement enseveli sous les dépôts 4 puis 5.

La planche 8 a fait voir neuf cordons contigus correspondant tous à des avances postglaciaires du glacier de Corbassière, dans les environs de la cabane de Panossière. Ces moraines, situées à plus de 2600 mètres et exposées à l' ouest, ne portent qu' une végétation très rare et aucun sol permettant une datation.

Les commentaires et les figures qui suivent, consacrés aux sols fossiles, donneront d' autres exemples encore des relations spatiales et chronologiques de diverses accumulations morainiques.

3 SOLS FOSSILES Lors d' une crue, un glacier peut s' avancer sur des gazons et des forêts ainsi qu' on a eu le loisir de l' observer et de le photographier au glacier Supérieur de Grindelwald, en 1919-1920 où la couverture végétale s' est trouvée détachée et plissée par la glace en progression ( Portmann, 1976, p. 162 ). Enfouis sous des matériaux divers, les anciens sols coulée de solifluction recouvrit une pelouse alpine qui, actuellement, se trouve à 250 centimètres en arrière de l' extrémité de la coulée. Environ 700 plus tard, donc en 1200 apr. J.C, les masses en mouvement ensevelirent la végétation présente sur les côtés et au front de la coulée ( Furrer, Leuzinger, Ammann, 1975, p.27 ).

57' 57 _ FINDELEN 1 HV-6791 BP 845 i 225 FI-74-6 HV-6792: 1025+255 FI-74-17 HV-6793: 1610 ± 115 FI-74-16 HV-7428 HV-6794: 2565 ï 195 Fig.8: Intercalation de huit sols fossiles dans une moraine latérale gauche du glaner de Findelen ( Findelen 1; 628goolog4y8o; 2520 m ). Les âges, indiqués à droite, sont exprimés en années, avant /950 ( BP = before present — igoles lettres, précédant le numéro des échantillons, désignent le laboratoire qui a procédé à la datation au C14 ( B: Berne, Hv: Hannover, Ly: Lyon, S: Saclayvoir planche ib. ( Rôthlisberger, 1976, p. 63 ) peuvent se conserver et constituer de nos jours des repères chronologiques de première importance; cela d' autant plus que les restes organiques qu' on peut en extraire se prêtent à des analyses polliniques et à des datations absolues au C I4. Encore faut-il que ces sols fossiles soient mis à jour par l' érosion ou qu' ils soient atteints dans des fosses pédologiques, dans des sondages33. Dans les Alpes, d' après Schneebeli ( 1976, p. 36 ), la plupart 33 Le sol fossile le plus ancien, daté au Cl4 ( 2770 ± 70 BP ), provient des abords du glacier du Trient où il fut enfoui sous une moraine. Il révèle un maximum glaciaire entre 2700 et 2400 ans.

Au glacier de Brenay, un dépôt contigu à un autre ( et non pas superposé - Anlagerung et non pas Überschüttung ) a donné l' âge de 4125 ± 260 ans BP.

BP ( before present ), c'est-à-dire par rapporta 1950.

Tableau chronologique des variations

BlÉLER ( 1976 ) Millénaires - 15 -14 -13 PÉRIODES ' .géologiques PLEISTOCENE ( TARDI - GLACIAIRE ) paléoclimatiques DRYAS I ancie n BOLLING historiques archéologiques Nomenclature desI— périodes froides et WfflA humides suivant les vy/ua auteurs et les régions ( glaciers stat. ou en crue ) I A

STEINACH

^DRYAS Stades gl. Reuss: ( ERSTf' ÉlD ) ( WASSÉNPériodes chaudes et sèches:

Climat Léman Palynologie Léman Précipit. Europe 28% GROENLAND 0,8 29%o 30 %o O.temp Q.précip.2 31 %o +1 0 -1 -21 + 12 -12 -11 -10 -9 -I HOLOCENE DRY AS ALLERÖD DRYAS récent PREBOREAL BORE PALEOLITHIQUE SUPERIEUR MAGDALÉNIEN ( Age du renne ) MESOLITHIOU

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BUHLGSCHNITZ DAUN ( SCHLERN0h EGESEN BOLLING ^%ALLERÖDGSCHNlfz DAUN STEINACHW%M EG£SEN ALTERE WÄRMEZ EGESEN o les:.

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de climat depuis -15 000 ans BP.

-6 -5 -4 -3 -2 ( POST - GLACIAIRE ) ATLANTIQUE NCIENNOUVEAU SUBBOREAL SUBATLANTIQUE INF.

NEOLITHIQUE Menhirs BRONZE La custres FER VTÌT EU b M SUBBOR.

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SEC légende:

Q. temp.

Q. précip.

F.C.D.

- -2 AuteursSWIDERSKI 19, GAGNEBIN 37, LADURNER, REITHOFER, HEISSEL 32KINZL 32, OESCHGER, ROTHLISBERGER 61, ZOLLER 58,66 et 71, KLEIBER 71 -I AUTEURS:

ACTUEL Subot. sup.

Blytt et Sernander ROM MOYEN AGE TX FIRBAS 49 PENCK S BRUCKNER 09 + auteursMAYR 64 MAYR + HEUBERGER 66Stubaier Alpen ) PATZELT ( Venedig. ) ( OsfalpenW. Alpes helvét.BURRI 74 ( Valais ) BEZINGE 73 ( Reuss ) SCHINDLER 72 ( Mt. Blanc ) MAYR 69 ( Parc nat. ) G. FURRER 71 OLIVE 72 SAUVAGE 67 LLIBOUTRY 65 TEMPÉRATURE - N + 1° N W. DANSGAARD 71 N_)o F.C.D. + 2'/,y:\ Xa o a:

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FERN des affleurements de sols fossiles apparaissent sur les versants externes et plus ou moins exposés au sud des moraines, de même que dans les nombreux sillons d' érosion, découpant verticalement le talus interne des grandes accumulations morainiques latérales, et qui ont frappé l' attention de tout alpiniste. Les figures 9, to et I 11 montrent justement quelques gisements de sols fossiles.

On a la certitude d' avoir affaire à de véritables vestiges de sols à leur limite supérieure bien tranchée, à la présence de débris végétaux, de grains de pollen, enfin à leur teneur élevée en matières organiques et à leur coloration caractéristique ( voir pi. 1 et 4)34.

Il y a une vingtaine d' années déjà, au cours de recherches diverses dans les Alpes, des niveaux humifères découverts sous des coulées de solifluction, à l' étage des gazons, suscitèrent un premier intérêt ( Furrer, Leuzinger, Ammann, 1975 ). On retrouva aussi ces mêmes horizons, épais de quelques millimètres à quelques centimètres, sous des éboulis ( Hartmann-Brenner, 1973 ). A la suite d' une prospection systématique et de nombreuses fouilles, pas toutes fructueuses on s' en doute, Röthlisberger a découvert plus récemment des sols fossiles dans des moraines latérales.

C' est à Gali Egga, à 2100-2300 mètres d' alti, en bordure du glacier de Rossboden, à l' ouest de Simplon-Village, que N. Müller ( 1975 ) a découvert onze sols fossiles, vieux de près de 2200 ans BP 35. Ceux-ci, formés en période de retrait et de stagnation du glacier, ont été recouverts lors de nouvelles avances; leur partie superfi- 34 Ces sols, des Rcndzines ou des Protorendzines, peuvent évidemment résulter de pédogénèses plus ou moins rapides; l' évolution de sols carbonates bruts en sols carbonates humifères peut être plus lente pour certains que celle, plus poussée, aboutissant au troisième stade de sols bruns carbonates à humus.

35 Exactement 2165 ± 130 BP. Les analyses polliniques de ce sol ont montre la présence de noyers, ce qui correspond à l' époque romaine, peut-être même à une époque postérieure, donc bien avant la phase froide dire de Göschener II de Zoller ( 1966 ) qui correspondrait au maximum glaciaire du Ier siècle apr. J.C. ( Patzelt, 1973 ).

cielle, riche en matières organiques ( horizon A ) a été conservée et réapparaît actuellement, mise à jour par l' érosion, sur le versant interne de la moraine latérale gauche. La teneur en matières organiques, la fréquence des pollens et certaines caractéristiques chimiques, là encore, confirment qu' il s' agit bel et bien d' anciens sols.

Le glacier de Findelen, véritable modèle de morphologie glaciaire, a lui aussi livré dans ses parages d' anciens sols intercalés dans des moraines. Sur sa rive gauche, par exemple, huit sols ont été repérés, le plus ancien ( 2565 ± 195 ) à 35 mètres au-dessous de la surface topographique actuelle. Ces différents horizons, sur l' origine desquels aucun doute n' est possible, sont séparés par du matériel morainique comme le montre la figure 8. La partie inférieure, renfermant cinq des huit sols, très proches les uns des autres, présente une certaine stratification démontrant l' action des eaux paraglaciaires; d' ailleurs chacun de ces sols est recouvert d' une mince couche de limon provenant de l' accumulation de particules éoliennes ( pi. 4a ). La figure g indique la situation et rage d' autres sols étudiés par Röthlisberger ( 1976 ), avec minutie et succès mais aussi avec intrépidité lors du prélèvement des échantillons. Le même auteur a exploité en outre les sols fossiles proches des glaciers de Ferpècle, du Mont Miné et de Tsidjiore Nouve, au val d' Hérens.

Dans sa contribution à l' étude des fluctuations glaciaires dans le val de Bagnes, Schneebeli ( 1976 ) a consacré une large part non seulement aux sols fossiles des glaciers de Corbassière, de Brenay, du Mont Durand, mais aussi à des considérations générales sur les conditions ayant engendré, conservé, mais également dégagé à nouveau ces anciens sols. Il développe aussi des commentaires pertinente sur les possibilités de datation qu' offrent ces vestiges d' anciennes associations végétales, par des analyses polliniques, radiochronométriques, etc. C' est ce dont il sera question dans les chapitres suivants.

Signalons auparavant la tentative de Kienholz ( 1976 ) de caractériser les sols et leur âge d' après le PI. ^ a: Mont Miné avec la moraine latérale gauche du glacier de Ferpècle ( à gauche ) et la moraine latérale droite du glacier du Mont Miné ( à droiteconfluence en une moraine médiane. Les flèches indiquent les sols fossiles, Ferpècle ( i ) et Mont Miné ( 3 ). ( Rôthlisberger, 976, P-78 ) PL 5b: Glacier du Mont Miné. La flèche inférieure indique un sol fossile ( Mont Miné 1 ) vieux de 7555 ± 95 ans avant 1950; la flèche supérieure désigne, sur la moraine, un tronc d' arole de 300 ans, à 2330 m d' altitude. ( Rôthlisberger, 1976, p. 76 ) PL ja: ('lacier cT Arolla avec la forêt d' aroles qu' il est en train de détruire, par J. R. Bühlmann ( i. VIII. 1836 ). Au fond le Mont Collon avec, à gauche, l' accès au col Collon.

Reproduit avec l' autorisation de la Graphische Sammlung ETH, Zürich ( Röthlisberger, ig?6, p.go ) PI. jb: Glacier de Tsidjiore Xouve ( à droite ) et le glacier d' Arolla ( au fond ), par R. Bühlmann ( 1. VIII. 1836 ). Reproduit avec l' autorisation de la Graphische Sammlung ETH, Zürich ( Röthlisberger, 1976, p.gì )

9f f.i 876 PL 8 a: Glacier de Corbassière avec, dans le cercle, la cabane de Panossière ( CAS ). On distingue neuf cordons morainiques juxtaposés, datant d' avances postglaciaires. ( Schneebeli, igy6, p.34 ) PL 8b: Moraine latérale gauche du glacier de Tsidjiore Nouve ( Photographie F. Röthlisberger 1975 ).

Nouvelle accumulation ( B ) contre et sur un ancien cordon ( A ); la flèche désigne de la glace recouverte de moraine superficielle. ( Schneebeli, 1976, p. 39 ) 1 Breithorn et Petit Cervin ( à droite ), vus du pied du Riffelhorn 2 Vue de la cabane du Théodule sur le Grand Paradis, au-delà 4 Sommet du Breithorn. A l' arrière: le Cervin, la Dent de la vallée d' AosteBlanche et le Grand Cornier Photos K. VV. Specht, Mülheim a.d. Ruhr degré d' activité du « fer libre » qui s' y trouve. Tout en laissant de côté les détails de la méthode, rappelons que l' auteur a discuté de la valeur de celle-ci en paléoclimatologie et des possibilités d' une datation relative. Quelques problèmes relatifs à des sols présents en avant du glacier Inférieur de Grindelwald sont abordés ( « Im Aspi»à propos d' un sol fossile, conservé entre deux moraines superposées, Kienholz a pu affirmer que sa formation fut plus longue que celle du sol actuel. Une datation absolue d' un échantillon provenant d' un des profils est donnée ( Oeschger, 1976 ).

résistants et se conservent beaucoup plus longuement que d' autres éléments végétaux, surtout dans certains milieux.

Ainsi il sera facile, après quelques traitements préliminaires en laboratoire, de recenser les pollens de différentes espèces présents dans un ancien sol, d' en établir la proportion et, partant, de préciser la composition du peuplement végétal d' au; on pourra affirmer, par exemple, que des sols portaient, soit une toundra typique sans essences arborescentes, soit une forêt de mélèzes ou une forêt d' aroles. Du même coup ces associations végétales nous renseignent sur les conditions climatiques d' alors et, en ce qui nous concerne ici, sur les fluctuations glaciaires. De plus, du fait de la succession constante des diverses associations tout au long du Postglaciaire, on a établi une échelle chronologique, à l' origine relative, mais absolue depuis les datations au C; autrement dit, l' exis d' un ensemble végétal donne caractérise une certaine subdivision des temps postglaciaires, c'est-à-dire ceux postérieurs aux glaciations qua-ternaires36.

Afin d' illustrer d' une façon précise l' utilisation des analyses polliniques à des fins chronologiques, nous empruntons à King ( 1974 ) l' essentiel de ses conclusions sur l' histoire postglaciaire de la végétation et des glaciers de la région du Susten ( voir p. 155 ci-dessus)37.

36 L' étude palynologique des sols anciens de la vallée de l' Oberaar, à 6 kilomètres WSW du col du Grimsel, au pied sud du Zinggenstock, a fourni des résultats intéressants à Ammann {1975 ) qui a aussi établi une carte de la végétation actuelle. ( Berichte d. Deutsch. Botan. Ges., 85/1, 1972, pp. 11-12. ) Le même auteur a consacré des recherches du même genre à la région du glacier Inférieur de Grindelwald ( 1976 ) en précisant la succession de la végétation des divers vallums morainiques.

37 L' histoire postglaciaire de la région du Susten a été reconstituée par King ( 1974 ) par l' analyse palynologique d' échantillons provenant de marais proches des glaciers et de la limite des forêts. L' auteur s' est aussi appuyé sur des relevés morphologiques et sur des fouilles dans les cordons morainiques ainsi que sur l' étude d' anciens chemins, de documents iconographiques, etc.

La fin des avancées tardiglaciaires remonte à 7250 av.J.C. comme date minimum. Durant le Boréal ancien ( 6800 à 6100 ), les glaciers se sont fortement avancés alors que Y Atlantique ancien ( 5500 à 4000 ) a été marqué par de fortes oscillations. Pendant Y Atlantique récent ( 4000 à 2800 ) et la majeure partie du Subboréal ( 2800 à 800 ), des preuves de périodes froides et d' avances glaciaires manquent. La période chaude, commençant 4000 av.J.C. se termine vers 1300 av.J.C. Une dernière grande avancée glaciaire s' est produite entre 1090 et 870 av.J.C.; elle a dépassé celle des temps modernes. Les maximums glaciaires des premiers siècles de notre ère ainsi que des XII ', XVIIe XVIIIe' et XIXe siècles ont eu des ampleurs très semblables. Dans la région de Steinalp, les dates de la colonisation postglaciaire sont, pour le noisetier 7250, pour le sapin blanc 4430, pour le sapin rouge ( épicéa ) 2890 et pour l' aune vert moins de 2890 av.J.C. La figure 12 donne, à titre d' exemple, la représentation graphique des analyses polliniques d' un profil profond de 160 centimètres environ.

5 TRONCS D' ARBRES DANS LES MORAINES La découverte de troncs enfouis dans les moraines a posé quelques énigmes ( pi. 9 ). On pouvait se demander, en premier lieu, s' ils avaient été ensevelis lors d' une avance glaciaire ou simplement charriés par une avalanche ou un éboulement. Röthlisberger ( 1976, p. 86 ) s' est efforcé de répondre à ces questions et confirme que les troncs fossiles, trouvés dans un bon état de conservation, proviennent d' arbres ayant crû devant une langue glaciaire. Il donne aussi des indications détaillées sur les troncs récoltés dans les moraines des glaciers de Findelen, de Gorner, de Zmutt, de Ferpècle, d' Arolla et de Tsidjore Nouve ainsi qu' aux abords d' autres glaciers valaisans ( Bezinge, 1974)38.

38 En 1760, Grüner signala les mélèzes fossiles du glacier Inférieur de Grindelwald; Fröbel ( 1840 ) parle d' un tronc Pour dater ces troncs, vestiges de forêts voisines d' anciens glaciers, plusieurs méthodes sont à disposition; l' une d' elles permet, par dosage de C 14, radioactif, des datations absolues dont il sera d' arole que la Borgne dégagea de la moraine de fond en 1828 et qu' on scia en planches.

A. K. L. Kasthofer mentionne la présence de troncs d' aroles aux abords du glacier de l' Unteraar ( 1822, pp.319-320 ). Cf. aussi: Hess E., Holzjunde am Findelengletscher. Les Alpes ( CAS ), 1935, pp. 281-290.

Röthlisberger a donné la liste de ces « troncs d' arbres glaciaires » découverts à différentes époques et à différents endroits ( 1973, p. 150-239; 1976, p. 87-94 ).

GC 1: 1450± 85 BP GC 2: 815± 40 BP GC 3: 1590±105 BP 500 m Fig. 11: Glacier de Corbassière. Localisation et âge de solsjossiles; les âges sont exprimés en années, avant 1950 ( BP = before present - 1950— ). ( Schneebeli, 1976, p. 42 ) question par la suite ( voir chap. 6)39; une autre tient compte des cernes de croissance, ainsi qu' on va l' exposer.

Les cernes de croissance des arbres sont bien connus de chacun. Il s' agit de l' alternance du bois précoce, printanier, formé aux dépens des réserves accumulées l' année précédente, et du bois tardif résultant du métabolisme estival. Ce dernier est donc influencé directement par les conditions cli- 39 En 1961, Röthlisberger H. et Oeschger H. purent dater une avance du glacier d' Aletsch en 1200 apr. J.C. par dosage du CI4 de souches enracinées, recouvertes par le glacier.

Fig. iz: Analyse pollinique d' un profil d' environ 160 cm de profondeur; Steingletscher 8 ( King, matiques de la saison chaude, et on sait bien que l' épaisseur de ces anneaux de croissance est avant tout en relation avec la température.

A vrai dire, dans les recherches récentes, ce n' est plus l' épaisseur des différents cernes qui est prise en considération, mais la densité du bois. Selon de nouvelles techniques, développées par Polge au Centre national des recherches forestières à Nancy, on procède à la radiographie ( rayons X ) de préparations de bois de 20 u, d' épaisseur, et l' in du rayonnement est enregistrée. Le poids spécifique du bois est exprimé en grammes/centi-mètre cube; on mesure ainsi la densité maximale, très significative, ainsi que la densité minimale. De plus, on tient compte de l' épaisseur des cernes annuels, de l' épaisseur du bois de printemps et du bois d' été ainsi que la proportion du bois d' été en pour-cent de l' épaisseur de l' assise annuelle ( fig. 13 ). Ainsi se sont développées, à la suite de I' ancienne dendrochronologie, la xylochronologie et la radio-dendrochronolo,gie. Celle-ci est en plein essor à l' Institut forestier de l' Ecole polytechnique fédérale, à Zurich40.

40 Un autre laboratoire, installé au Musée cantonal d' ar à Neuchâtel, est consacré à l' étude des pieux des stations préhistoriques et d' autres bois ( Lambert G. et Orcel C, Bibliothèques et Musées, Neuchâtel 1976 ).

Pollen d' arbres ( BPPin —x— Sapin blanc -o-- Sapin rouge ~o— Bouleau Chênaie mixte Pollen d' espèces non arborescentes ( NBP ) Pollen d' arbustes ( STP ) II Tourbe a sphaigne Tourbe brune Gyttja sableus Tourbe à radicelles Limon, argile Gyttia Sable L' examen de troncs d' arbres anciens nécessita, évidemment, l' étude préalable des conditions de croissance des forêts actuelles, cela en relation avec les éléments climatiques, spécialement avec les températures estivales de nombreuses stations de Suisse et d' ailleurs, voire avec le débit de la Massa, l' émissaire du glacier d' Aletsch. Ce sont les différentes modalités de la croissance des arbres et des corrélations intéressantes que Röthlisberger a traitées d' une manière approfondie dans son travail ( 1976 ) 4I.

6 DATATIONS ABSOLUES AU C14 Seuls les principes essentiels de cette méthode physique seront abordés ici. Chaque organisme vivant renferme une certaine proportion de carbone ordinaire, non radioactif ( C 12 ) et de carbone isotopique, radioactif ( C I4 ), tous deux provenant d' ailleurs de l' atmosphère, et prélevés au cours de la photosynthèse chlorophyllienne. Le C H se désintègre de façon qu' en 5568 ans la moitié de la quantité initiale est transformée. C' est ce qu' il est convenu d' appeler la demi-vie du carbone radioactif.

En déterminant, par des dosages complexes, la concentration en C I4 encore présente de nos jours dans un organisme mort ( par exemple dans un tronc d' arbre inclus dans une ancienne moraine ou dans des matières organiques d' un sol fossile ), il sera possible d' en fixer l' âge. C' est comme s' il 41 D' une façon préliminaire à toutes ces recherches, il fallut préciser à quelle hauteur, et de quel côté ( exposition ) d' arbres actuels, les échantillons étaient les meilleurs.

Les résultats obtenus avec les mélèzes sont très significatifs; le plus vieil échantillon de bois sur pied remonta même à 1547! Les effets dévastateurs de la tordeuse du mélèze ont été identifiés dès 1548.

Les investigations de Röthlisberger ont montré que le bois tardif, estival, des aroles, des sapins rouges et, en particulier, des mélèzes se prête à des analyses radio-dendrochronologi-ques. La densité maximale des mélèzes fossiles présente, dans 75-90% des cas, une bonne corrélation avec les températures de Suisse; dans 65-75%, avec celles d' Europe centrale.

s' agissait de calculer à quel moment un premier bassin a commencé à s' écouler dans un second, connaissant le débit de cette vidange.

En fait, ce n' est pas l' âge absolu qui est obtenu directement par analyse, et des corrections sont nécessaires; celles-ci dépendent de la quantité de carbone de l' échantillon et de l' âge de celui-ci ( Schneebcli, 1976, pp.4, 33 ).

Indépendamment des difficultés de prélèvement et d' analyse 42, des différences peuvent apparaître entre les datations de débris organiques, de pollens ou de troncs d' arbres récoltés aux abords de glaciers voisins. Ces écarts sont dus aux particularités intrinsèques des glaciers, à leur situation, à leur exposition. Chaque glacier a un comportement propre, une certaine inertie vis-à-vis des fluctuations climatiques; un petit glacier réagira rapidement, sur quelques années, alors qu' un glacier plus volumineux ne variera qu' avec un retard d' une trentaine d' années, par exemple.

De toutes façons les datations absolues au C I4, réalisées pour la première fois en 1952 par Libby, fournissent des repères incomparables, des points fixes auxquels se raccordent les chronologies relatives. C' est ce qui confère une cohérence remarquable aux reconstitutions de ce passé récent, de ces fluctuations climatiques glaciaires qui ont scandé la préhistoire et l' histoire. La succession des périodes de réchauffement et de refroidissement, telle qu' elle est relatée dans les conclusions ( p. 168 ) démontre la valeur de ces méthodes43.

42 Le prélèvement des échantillons implique des précautions très rigoureuses afin d' éviter toute contamination par des racines récentes, présentes en profondeur, ou par la percolation d' acides humiques.

43 Les âges déterminés au C14 sont exprimés à partir de 1950, ce qu' on stipule en ajoutant BP ( before present ) ou en allemand « v.h. » ( vor heute ).

Oeschger ( 1976 ) donne des précisions sur les corrections à apporter aux résultats des analyses au C l4 et publie une courbe d' étalonnage.

Les datations absolues, au C I4, menées d' une manière courante, sont valables pour des âges de 300 à 55000 ans. Ainsi, en ce qui concerne les vallums morainiques du val de Bagnes, 7 CONSIDERATIONS CLIMATIQUES Dans son Etude paléoclimatique de la fin de la période Quaternaire dans le Bassin lémanique, Biéler ( 1976 ) s' est efforcé de reconstituer les variations des températures et des précipitations annuelles au cours des quinze derniers millénaires, tout en s' interro sur les causes de ces variations. Partant du comportement de 47 glaciers valaisans, de 1911 à 1970, l' auteur a calculé les moyennes annuelles et décennales des fluctuations de longueur et d' alti ainsi que la proportion des glaciers stationnaires, en crue ou en décrue. Il a considéré les conditions climatiques du Valais, entre 1931 et i960, et a exprimé un facteur climatique de déglaciation pour les stations de Zermatt, du Grand-Saint-Bernard et de Sion, cette dernière station étant prise comme référence pour une période plus longue, de 1 g I o à i96044. Ce facteur climatique de déglaciation rend effectivement compte des oscillations glaciaires exprimées par la longueur du retrait moyen annuel et par la diminution du pourcentage des glaciers en crue, durant la période correspondante. L' auteur est aussi à même de préciser les relations existant entre l' iso 0e ( altitude moyenne annuelle ), l' altitude moyenne des extrémités des langues glaciaires et la limite des neiges persistantes.

Pour les temps postglaciaires, Biéler se réfère aux indications de divers spécialistes, en particulier aux estimations pluviométriques de Lliboutry ( 1964 ) et au thermogramme de Dansgaard seuls ceux antérieurs à 1650 ans ont été dates de cette façon. Comme les documents historiques ne remontent qu' à 1820. une lacune chronologique subsiste donc entre ces deux dates.

Ajoutons qu' il a été possible de préciser que la formation des sols a été rapide au Valais, de sorte que les âges absolus, déterminés au C ", sont plutôt des âges minima.

44 Le facteur climatique de déglaciation fFCDi propose par Biéler ( 1976 ) est la « différence entre les deux quotients: écart/ écart type de température annuelle et écart/écart type de quantité annuelle de précipitations divisée par 2».température ( ^précipitations 0.= Valeur annuelle Valeur moyenne 1931 i960 Ecart type ( période 1931-1960 ) ( 1966 ), pour reconstituer la chronologie des variations climatiques. En quantifiant, parfois d' une façon quelque peu hasardeuse à notre avis, les conditions climatiques et le facteur climatique de déglaciation correspondant, Biéler caractérise chacune des périodes postglaciaires classiques et en énumère les événements glaciologiques majeurs. En un tableau synthétique ( pp. 158, 159 ), il regroupe des informations traditionnelles en y ajoutant le résultat de ses travaux ( Biéler, 1975, p. 35, " g- 15)- 8 FLUCTUATIONS P O ST G L A CI AI R E S:

CONCLUSIONS En ce qui concerne le glacier Inférieur de Grindelwald, Zumbühl ( 1976 ) a pu reconnaître, dans un aperçu synthétique remarquable, trois, voire cinq maximums, dépassant de 500 à 600 mètres le « Schopffelsen » entre les années 1100 à 1900. Durant cette période, aucun document n' indique d' ailleurs un recul aussi important que celui de :974- Les avances glaciaires ont donc eu lieu comme il suit, selon le résumé de Messerli ( 1976 ):

- aux XIIe' et XIIIr siècles probablement ( 1146, 1246, 1247aux environs de 1600 se produisit vraisemblablement une première crue maximale historique de longue duréeprobablement vers 1719/20 aux environs de 743de 1768 à 1778/79, une avance continue sur 400 mètres«la longue phase de grande extension du XIX' siècle commença en 1814 et atteignit une première culmination en 1820/1822 », après une avance de 450 à 525 mètres en 6 à 8 ans. En 1855/56 s' observa un second maximum historique, n' atteignant pourtant que partiellement les moraines de 1600.

Entre les crues les plus marquées, le front du glacier s' arrêta en général à proximité des deux replats rocheux appelés « Schopflelsterrassen », 5Paroi nord des Clarides, vue de « Chämmerli » ( itinéraire de 7 Couloir du Fruttstock, vu d' en bas la voie normale ) Dessin à l' encre de Chine d' Albert Schmidt, Engi 8 Dans la paroi nord du Hausstock 6Ala sortie du couloir du Fruttstock Photo Hans Marti soit à environ I200 mètres en aval de l' endroit atteint en 1970. Ce fut le cas en 1 705, 1 748-1 768, 1794-1814, 1815 et dès 1867/68. De 1855 à 1970, sauf entre 1882 et 1898 où il fut stationnaire, le glacier fondit à tel point que son recul fut d' en 1790 mètres, ce qui correspondit à une réduction de 16,4% de sa longueur totale. Une petite progression a été constatée de 1906 à 1914; le front avança d' environ 308 mètres entre 191 7 et 1933 ( « maximum de 1920 » ).

Dans leur 8000 Jahre Walliser Gletschergeschichte, Röthlisberger et Schneebeli sont parvenus à établir un tableau récapitulatif des fluctuations du volume de certains glaciers tout au long des temps historiques et préhistoriques ( Schneebeli/Röthlis-berger, 1976 ).

Ce document très complet, d' importance fondamentale, donne entre autres la courbe de variation des glaciers par rapport à des états de référence bien connus, tels que ceux des années 1850, 1890, 1920 et 1976. Il précise la longueur, la largeur et l' épaisseur moyennes des différents appareils glaciaires étudiés. L' essentiel de ce tableau est consigné ci-dessous, d' après la chronique détaillée donnée par les auteurs ( pp. 134-136 ) 45. Leurs conclusions concordent avec celles de Patzelt et Bortenschlager ( 1973 ) dans les Alpes occidentales, et celles de Zoller, Schindler et Röthlisberger H. ( 1966 ) dans le massif du Gothard et dans le Rhin antérieur. Les reconstitutions auxquelles ont abouti King ( 1974 ) et Biéler ( 1976 ) sont brièvement rappelées ici ( pp. 155 et 167 ) 46.

45 Des détails sont donnés encore par Schneebeli ( 1976, pp. 25, 56 ) et par Röthlisberger ( 1976, pp. 73, 82, 85 ).

46 Lütschg, dans son ouvrage fondamental: Über Niederschlag und Abjluss im Hochgebirge ( 1926 ), a résumé les fluctuations du glacier d' Allalin, de 1300 à 1915.

Concernant le glacier de Trient de 1878 à 1928, cf. Guex J., Les Alpes, 1929, pp. 34 39.

Vivian R., dans son récent ouvrage: Les glaciers des Alpes occidentales ( Grenoble 1975 ), traite, d' une façon approfondie, des variations des glaciers des Alpes occidentales ( pp. 189-285 ).

En dehors du monde alpin, plusieurs tentatives de reconstituer les variations glaciaires ont été faites. Il est impossible de les citer toutes ici. Rappelons uniquement:

Chronologie postglaciaire ( d' après Schneebeli, Röthlisberger 1976 ) Dans la première partie du texte ci-dessous, les âges sont exprimés en années avant 1950. Dans la seconde partie, il s' agit de dates après J.C.

I 8400: Le glacier de Gorner était plus petit qu' ac; dans la région d' Arolla existait alors une forêt de mélèzes, de 200 à 300 ans, à l' altitude de 2000 mètres. A 70 années de températures estivales régulières et élevées firent suite 70 années aux étés alternativement chauds et frais. Ceci amena une progression marquée du glacier de Tsidjiore Nouve, d' au moins 200 mètres de plus qu' en 181 7; il faucha une partie de la forêt d' Arolla et s' étala en deux lobes dans la vallée principale. La largeur de sa langue mesura, dans sa partie supérieure, de 50 à 200 mètres de plus qu' en 1850; le niveau de la glace fut pourtant plus bas. Une telle extension permet de conclure à la confluence des glaciers de Tsidjiore Nouve et d' Arolla. Le glacier de Gorner, plus paresseux, accusa une avancée un peu plus tard, il y a 8100 ans environ.

8100-7500: II se produisit un réchauffement avec fonte des glaciers et croissance de mélèzes de 300 ans jusqu' à l' emplacement de la langue actuelle du glacier de Zmutt dont le front était d' au moins 300 m ( -500 ) au-dessus de l' actuel. Le glacier de Gorner se retira aussi.

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Il nous paraît opportun de faire état d' indices d' une avance glaciaire de FHypsithermal ( Atlantique ), dans l' Arctique canadien, remontant à environ 6000 BP [6280 ± 390 BP pour des coquilles marines sous de la moraine de fond] ( Portmann, 1970 ).

9Arrivée à y heures du matin sur le Piz Russein. Au-dessus de 11 Descente de la rampe abrupte au-dessous du Grünhorn la cordée: les rochers de Pianura. A gauche: le Schärhorn. A droite: les Clarides. Devant: le glacier de Hù' ji et des12 Sur le glacier postérieur de Rôti. Paroi nord-ouest du ClaridesPhotos Alben SchmidtBißrtenstock 10 Notre itinéraire de descente dans la paroi est du Glarner Tàdi:

P. R.: Piz Russein G: Grünhorn13 Hausstock: paroi nord au-dessus de la mer de brouillard G. T.: Glarner Tödi H. R.: Glacier postérieur de RôtiDessin à Fencrc de Chinc d-Albert Schmidt B. Gl.: Glacier de BifertenPhoto aérienne de F. /.wirk7500: Progression du glacier de Zmutt sur la forêt, au-delà du stade de 1920; le glacier de Gorner a subi une avance, il y a moins de 7300 ans.

> 5800: Le glacier d' Allalin ne fut pas plus grand qu' en 1920, cela pendant 150 ans au moins.

< 5800: Le glacier d' Allalin s' étendit et, comme en 1850, barra la vallée.

> 5100: Forte fonte du glacier d' Allalin, ce qui permit à une forêt de mélèzes plusieurs fois centenaires de coloniser la zone proglaciaire, au moins jusqu' à l' extension la plus grande de 1920.

< 5100: Avancée du glacier d' Allalin qui atteignit en tout cas le fond de la vallée en détruisant la forêt. La progression du glacier de Gorner remonte à moins de 4800 ans.

>46oo: Réchauffement.

< 4600: Les glaciers de l' Oberaar et de Grindelwald s' accroissent, dépassant les limites de 1850.

< 4500: Alternances répétées de gel et de dégel, avec solifluction plus intense ( glacier de Findelen ).

Env.4200: Forêts d' aroles, plus ou moins denses, jusqu' à 2550 mètres d' altitude; des aroles se développent dans la région de Mauvoisin, au lac de Tsardon, à 2200 mètres, où il n' y a pas d' arbres actuellement.

< 4200: Le glacier de Brenay dépasse en étendue le stade de 1850.

4600-4000: Une forêt d' aroles prospère aux abords du glacier de Ferpècle, probablement aussi dans la zone proglaciaire. Aux environs de 4000 ans, le front glaciaire se trouvait en retrait, au moins comme en 1961, année où l'on découvrit le tronc qui permit la datation.

Env.3600: Forêt sur la marge droite du glacier de Findelen, à 2500 mètres d' altitude.

Env.3400: Aroles entre les glaciers de Ferpècle et du Mont Miné. Actuellement, sur les pentes du Mont Miné, il n' existe aucun arbre, si ce n' est un jeune mélèze de 3 mètres sur la moraine médiane.

Photos Albt-rt Schmidt Env. 3100: Aroles à Mauvoisin, au lac de Tsardon ( 2220 m d' altituderégion sans arbres de nos jours.

> 3000: Les glaciers de Findelen et de Ferpècle ne sont pas plus grands qu' en 1890.

< 3000: Le glacier de Tsidjiore Nouve renverse une forêt de mélèzes de 800 ans, en s' étendant au-delà du stade de 1890.

> 2700: Amélioration climatique permettant le développement d' une forêt de mélèzes de 400 ans devant le glacier d' Allalin. La plus grande extension presumable de la glace ne dépasse pas celle de 1920.

< 2700: Avance du glacier d' Allalin jusqu' au fond de la vallée, au-delà du stade de 1890, en détruisant une forêt de mélèzes de 400 ans. Le glacier de Trient se développe; le niveau de la glace égale celui de 1850.

2800-2400: Extension en trois phases du glacier de Findelen qui est alors de 20 à 70 mètres plus large, plus ou moins également haut, mais pas plus long pourtant qu' en 1850.

< 2500: Le glacier de Ferpècle s' étend sur des sapins rouges centenaires. Le niveau de la glace et la longueur se situent alors entre les valeurs de 1890 et de 1850.

2100-1800: Deux avances glaciaires, d' abord celle du glacier de Findelen, en deux phases, ensuite celle du glacier du Mont Miné. Le niveau de la glace se situe alors au-dessus du stade de 1890.

< 2100: Progression du glacier de Rossboden, le niveau de la glace étant pareil à celui de 1850.

Env. 1800: Le glacier de Brenay s' étend aux dimensions de 1850. Les glaciers de Ferpècle et d' Aletsch atteignent un niveau élevé, entre ceux de 1890 et de 1850.

1800-1400: Fonte des glaciers et croissance d' une forêt de mélèzes de 400 ans dans la zone proglaciaire de Zmutt; entre 1800 et 1400, ce dernier n' a pas dépassé le stade de 1920. D' autres glaciers, ceux du Mont Durand, de Brenay, de Corbassière. de Ferpècle, de Fin- delen se réduisent; des sols se forment, bien développés. Les glaciers de Findelen et de Ferpècle ne sont pas plus épais qu' en 1890. Au Mont Miné, actuellement sans arbres, poussent des mélèzes. Les glaciers de Furgg et du Théodule ne sont pas plus grands qu' en 1920 et en 1895.

> 1500: Avant la grande extension de 1500 environ, quatre détériorations climatiques de io à 30 ans se manifestent très nettement au cours de 250 ans; elles sont d' intensités distinctes, alternant avec des séries d' étés chauds, en partie très chauds.

La détérioration climatique précédant la progression glaciaire montre que le glacier de Zmutt mit 30 ans pour atteindre et détruire une forêt de mélèzes qui bénéficiait alors à nouveau de conditions favorables à la croissance.

< 1500: Puissante avance glaciaire.

< 1400: Les glaciers de Giétroz, du Mont Durand, de Brenay et de Corbassière atteignent la taille de 1850. Débâcle du lac retenu par le glacier de Giétroz, en 580 apr.J.C.

1500-1000: Extension glaciaire relativement élevée, certainement comme en 1890.

> 1000: Le glacier de Findelen a la même extension qu' en 1850.

Env. 1000: D' après les chroniques, années très sèches dans toute l' Eu rope; pédogénèse active.

< 1000: L' avance des glaciers de Findelen et de Ferpècle est la même qu' en 1850. Soliduction augmentée ( val de Bagnes et glacier de Tsidjiore Nouve ).

goo-750: Les glaciers du Mont Durand, de Fenêtre, de Corbassière et d' Aletsch s' éten autant qu' en 1850.

800-500: Forte fonte des glaciers. Aux environs de 1400, les glaciers de Ferpècle et de Zmutt sont plus réduits qu' actuellement. Des forêts d' aroles et de mélèzes poussent devant le glacier de Findelen et autour de la zone proglaciaire de Ferpècle. L' extension la plus grande presumable du glacier de Findelen est moindre, pendant 300-400 ans, que celle de 1940.

< 400: Début de la progression récente des glaciers; celui de Findelen s' avance en renversant aroles et mélèzes; ceux de Brenay et du Mont Durand dépassent les limites de 1850.

II 1549 apr.J.C: Vidange du lac glaciaire de Giétroz.

158g: Vidange du lac de Mattmark; le glacier d' Allalin a alors la taille de celui de 1850.

1595: Débâcle du lac de barrage de Giétroz.

1599: Le glacier de Zinal progresse; destruction du chemin de l' alpage L' Ar Pitetta.

1640: Nouvelle débâcle du lac glaciaire de Giétroz. Même extension glaciaire qu' en 1850.

1640—1800: Légère fonte des glaciers avec quelques petites avancées.

1818: Vidange du lac de Giétroz. Extension glaciaire semblable à celle de 1850: les glaciers de Brenay et du Mont Durand sont toutefois un peu plus étendus. Si l'on considère les 400 dernières années, on constate que les températures estivales les plus basses se produisirent entre 1809 et 1833; c' est pendant cette période qu' on constate chez les mélèzes les lacunes les plus fréquentes des cernes.

1850 et jusqu' en 1870: Dernière grande extension glaciaire des temps postglaciaires.

1890: Petites avances ou état stationnaire.

1920: Petite progression.

1966: Avance du glacier de Giétroz.

ig74: 40% des glaciers suisses sont en crue.

( D' après Schneebeli/Röthlisberger, ig?6, pp. 134-r3f> ) II est évident qu' une concordance absolue entre divers glaciers est impossible, du fait du rôle des conditions naturelles, locales et régionales. De plus, si les trois derniers millénaires ont les valeurs les plus nombreuses et les plus précises, la reconstitution est moins rigoureuse.

on s' en doute, pour les périodes plus reculées. Les vestiges plus anciens, couvrant le premier tiers — ou la première moitié - du Postglaciaire, sont naturellement plus rares, peut-être parce qu' enfouis plus profondément; en tout cas plus difficilement accessibles. Il se peut aussi qu' ils aient été emportés durant les périodes de réchauffement ultérieures par des eaux de fontes abondantes. C' est ce qui semble s' être produit durant la longue période chaude, il y a 4000 à 2800 ans.

On doit relever enfin que les travaux recensés ici n' ont pas abouti seulement à une chronologie pour ainsi dire absolue des temps postglaciaires; ils ont permis encore de saisir les modalités des avances et reculs glaciaires, les particularités des oscillations, ou même les singularités de comportement de tel ou tel glacier. Ces contributions, qui inaugurent des recherches nouvelles, interdisciplinaires, raccordant la période actuelle aux temps géologiques, quaternaires47 et plus anciens, ont mis à l' épreuve des méthodes diverses. Le degré de validité de celles-ci, leurs limites ont été définies. Il y a là aussi l' esquisse d' une réponse à la question qui surgit de temps en temps, dans la presse surtout: « A quand la prochaine période glaciaire? » g Bibliographie Z.G. = Zeitschrift für Gletscherkunde und Glazialgeologie, Innsbruck.

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.'II va de soi que l' objectif de préciser les variations glaciaires, de la fin du Quaternaire à nos jours, est directement tributaire des recherches des botanistes, géologues, climatologues qui, à partir de faits précis, ont établi les uns la succession des associations végétales, les autres la stratigraphie du Postglaciaire et l' évolution du climat.

Le travail récent de Schlüchter Chr., Geologische Untersuchungen im Quartär des Aaretales südlich von Bern ( Matériaux pour la Carte géol. de la Suisse ( N. S. ), 148, 1976 ) montre l' histoire de l' ancien glacier de l' Aar entre Berne et Thoune.

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