« Vers l’est des bains s’élèvent des rochers effrayants jusqu’au ciel / de par leur hauteur et leur calme, ils sont terrifiants à regarder / à certains endroits ils donnent l’impression de vouloir tomber / et d’écraser tout sur leur passage. […] Ce chemin ne monte pas droit dans la pente / car il serait impossible de le gravir ainsi / mais il se penche une fois à gauche, une fois à droite en décrivant d’étroits serpentins / et quand vous avez le malheur de regarder en bas / vous ne rencontrez qu’un vide cruel / qu’il est presque impossible de supporter sans que la tête ne se mette à tourniquer. » Il ne s’agit pas d’une entrée dans un livret des courses d’une via ferrata de Loèche-les-Bains, mais d’un récit de Sebastian Münster de 1550. Il parlait bien évidemment du sentier de la Gemmi qui, encore bien après, provoquait des états de panique chez les personnes sensibles. Qu’aurait écrit ce chroniqueur courageux des échelles vertigineuses, de l’équilibrisme sur des prises pas plus larges que le pied ou de la « Unterwelt » (N.D.T. monde inférieur), cette cheminée sombre parfois très mouillée située au cœur du gigantesque mur du Daubenhorn. Même l’homme moderne, avide de nouveaux défis, arrive parfois à ses limites dans cette via ferrata. Il n’est pas rare que les sauveteurs en montagne doivent intervenir. Cette via ferrata fait presque un kilomètre de haut, plus de 2000 mètres de câble acier et plus de 200 mètres d’échelles ont été nécessaires, en plus des innombrables tiges et échelons en acier. Certains en auront l’eau à la bouche, le cœur qui s’accélère et les yeux pétillants en lisant ces lignes, tandis que d’autres sortiront avec des sentiments mitigés du téléphérique de la Gemmi. En arrivant finalement au sommet du Daubenhorn on n’est plus très loin du paradis des alpinistes. Le soir, avec un verre de fendant, la via ferrata n’est plus qu’à moitié aussi effrayante, et semble encore plus fabuleuse. Quand même fantastique, cette princesse de Loèche-les-Bains !