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A la recherche de l’hiver Randonnée à raquettes dans les environs du Ful Berg

Sur les montagnes au-dessus de Calfreisen, on se sent comme un roi, quelle que soit la quantité de neige.

Les pâturages sont d’un vert brun jusqu’en altitude, et la neige dont on rêve est absente même sur les hauteurs. Même si l’hiver 2018 pourrait le faire oublier, cette situation s’est répétée fréquemment ces dernières années, et la tendance devrait s’accentuer en raison des changements climatiques. Plus d’un aimerait se révolter contre le destin et évoque des souvenirs d’années où on avait de la poudreuse à la hauteur des genoux jusque dans la vallée de novembre à avril, quasiment. Cependant, il existe une solution: continuer d’aller en montagne, tout simplement. Attacher ses raquettes sur son sac, emporter éventuellement ses crampons, et c’est parti. L’entrée de la vallée de Schanfigg et son sommet principal, le Ful Berg, offre quelques possibilités de course, avec un peu d’imagination.

Si l’on a soif de soleil, on peut partir de Calfreisen. Les premiers rayons frappent ce village idyllique perché environ 100 mètres au-dessus de la route principale du Schanfigg entre 9 h et 10 h déjà, même en plein hiver, et il n’y a jamais moins que six bonnes heures d’ensoleillement potentiel. Le soleil accompagne tout le long le randonneur qui progresse vers le Ful Berg en remontant l’adret de la vallée et ses écuries au bois bruni par le soleil, à travers la forêt clairsemée. Lorsque le flanc du Schafläger est saupoudré de neige, on se croirait en haute montagne. Par terre, des fleurs flétries qui dépassent de la mince couche de neige forment de petites natures mortes. Le tronçon final qui mène au Ful Berg offre une expérience impressionnante sur l’arête entre le Schan-figg et le Churer Rheintal. Vers l’antécime, il est recommandé de rester du côté ensoleillé.

Pour les créatures de l’ombre

Si vous préférez ne pas être baigné de soleil à la montée mais, dans un premier temps, vous vous contentez du charme de quelques uniques rayons, gravissez plutôt le Ful Berg par son versant nord. A Spundätscha, on rencontrera peut-être des chasseurs isolés, puis, plus haut, dans les pentes parsemées d’arbustes du Hanen et du Sunntigberg, leurs proies, les chamois. Le chemin croise également un lac enchanteur, le Saysersee. En hiver, toutefois, ce n’est pas un endroit où s’arrêter pour laisser vagabonder son âme, sous peine d’être transi de froid. En revanche, dans les raides pentes sous le sommet, on aura de nouveau bien chaud. Les raquettes s’avèrent utiles, car s’il y a bien un endroit où la neige reste dans la région, c’est ici. Par beau temps, l’expression «une mer de rayons» prend une tout autre signification depuis le sommet, et l’important contraste permet de savourer encore plus intensément ce bain de soleil évité à la montée.

Pour les conquérants du trône

A l’extrémité de l’arête entre le Schanfigg et le Rheintal siège le Montalin, le trône de Coire au nom royal. L’itinéraire le plus agréable pour atteindre le sommet part aussi de Calfreisen. En dessous du Gromser Chopf, on part à gauche plutôt qu’à droite. Une fois au sommet, le regard plonge sur les petits trônes de la capitale grisonne, en contrebas: le Fürhörnli, la Rot Platte et le Mittenberg. Si le versant sud-ouest est découvert de neige, on peut, tel le roi de Coire, descendre vers le peuple par les antécimes pour finalement arriver sur la petite colline où se tient le château épiscopal.

Pour les pénitents

Ceux qui nourrissent des scrupules à l’idée de jouir de la simplicité trouveront aussi dans la région une course demandant de la persévérance: le Montalin ou le Ful Berg depuis Trimmis, par la Fürstenalp. Il faut 1800 mètres de dénivelé pour atteindre le Ful Berg, et la montée se déroule en grande partie dans une forêt particulièrement sombre en hiver.

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