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Au pays des Mayas Volcans et chamans au Guatemala

La culture maya a été mise au goût du jour par son calendrier. Le Guatemala est la patrie de la plupart des descendants de cette ethnie. En altitude, on y découvre une culture fascinante et des paysages à couper le souffle, que les volcans en activité remodèlent constamment.

Non loin de Guatemala City, Antigua, une des plus belles villes coloniales d’Amérique centrale, attire des visiteurs du monde entier. Tous ne viennent pas pour ses somptueuses églises, ses façades colorées ou ses arcades à voûtes qui furent construites en de nombreux endroits durant la conquête espagnole. Non, ils sont attirés par les magnifiques volcans des environs d’Antigua. Parmi eux, l’Agua, le Fuego ou le Pacaya. Ce dernier, situé au sud de Guatemala City, est l’un des plus actifs de la Terre. Ses dernières éruptions furent des spectacles naturels fantastiques. Lorsque ce volcan de 2560 mètres crache sa lave, aucun de ses flancs n’est épargné par les coulées. Son ascension fleure l’aventure et passe pour «incontournable» parmi les voyageurs qui sillonnent le pays des Mayas.

 

D’Antigua à San Francisco de Sales

A l’arrivée à Antigua, c’est tout d’abord le charme de la ville qui fascine. C’est un véritable coin de paradis pour qui recherche la détente. L’importance du tourisme dans cette ville est frappante: des panneaux publicitaires pour une course sur le volcan en activité se dressent à chaque coin de rue. Pour 10 dollars, on vous propose déjà une excursion guidée d’une demi-journée. En partant l’après-midi, on peut espérer capturer le soleil couchant avec son objectif.

Il est 14 h. Un minibus vient chercher les participants devant l’hôtel. Jim, un jeune anglais, feuillette nerveusement son guide touristique. Il redoute probablement les attaques de touristes qui y sont décrites. S’il est vrai que la pauvreté et son corollaire, le taux de criminalité, sont plutôt élevés au Guatemala, l’époque du pillage des groupes de touristes pendant une excursion au Pacaya semble toutefois révolue.

 

Premier champ de lave

On atteint San Francisco de Sales après une heure et demie de route. C’est là que commence la course de deux heures. Maria, 27 ans, travaille depuis six ans comme guide de montagne. Elle nous explique que les coulées de lave changent perpétuellement de tracé. C’est donc pour des raisons de sécurité que les membres du groupe doivent rester regroupées dès qu’ils atteignent le champ de lave. Elle indique toutefois que le Pacaya s’est montré clément depuis quelques jours et que des éruptions importantes ne sont pas à craindre. L’ascension s’effectue au début sur un large chemin traversant une petite forêt jusqu’à ce que le sol devienne subitement friable et jonché de pierres volcaniques. Malgré cela, la course est facile et accessible à tout un chacun. Après 90 minutes, Maria gesticule avec ses bâtons et pointe un champ de lave de la grandeur d’une pizza. Mines déçues. C’est tout? Percevant l’ambiance morose, Maria n’essaye pas d’enjoliver les choses. «Parfois, il y a beaucoup plus à voir. D’autres fois, comme aujourd’hui, ce n’est pas spectaculaire du tout, tant c’est petit», concède-t-elle.

 

Moments d’éternité

Deux semaines plus tard, de nouveaux champs de lave ont fait leur apparition sur le volcan. Cette fois, la visite se déroule sous la conduite d’un guide privé, seul moyen d’être sur place tôt le matin. Départ à 3 h, avec le guide Juan Gimenez, 50 ans. Il fait nuit, la température ne dépasse pas les 10°C et un épais brouillard recouvre tout.

Pour les Mayas, les montagnes étaient le siège des dieux et leur ascension un rituel religieux. Après deux heures de montée, le ciel rougeoie subitement sous l’effet du brouillard qui reflète d’éblouissantes coulées de lave. Derrière un rocher, à une dizaine de mètres, la voilà qui déboule: une puissante coulée de lave d’une envergure de 100 mètres de long sur 5 de large. La chaleur est difficile à supporter. Le boîtier de la caméra semble incandescent, les gants sont indispensables. La caméra cesse de fonctionner au bout de 15 minutes, heureusement pas éternellement. Le soleil doit se lever sous peu. Le brouillard est encore dense, la lave qui l’illumine lui donne les aspects d’une émanation. Alors que la clarté s’installe progressivement, le brouillard s’estompe et toujours plus de détails deviennent visibles.

 

Du poulet chaud grâce à la lave

Le vent se renforce et, en quelques secondes, les derniers bancs de brouillard et les nuages disparaissent. La vue sur les volcans Fuego et Agua, qui se dressent majestueusement derrière la coulée de lave, est à couper le souffle.

Peu de temps après, le soleil apparaît, inondant les volcans de ses tendres lueurs, me laissant submergé par l’émotion. Quelle vue, quelles sensations! A 1 mètre de la lave, la chaleur devient torride malgré le vent arrière qui devrait chasser l’air chaud. L’espace d’un instant, le vent tourne, cela devient insoutenable. Seul un saut à l’écart permet de se mettre à l’abri de cette fournaise. Cependant, la lave a aussi du bon: à midi, Juan a tôt fait de réchauffer un poulet grillé et des tortillas sur les pierres chaudes, un vrai régal!

 

Lacs volcaniques

Le Lago de Atitlán est une autre curiosité du Guatemala. Il est situé en altitude, entouré des volcans Tolimán, San Pedro et Atitlán. Il est issu de l’explosion d’un volcan il y a plusieurs centaines d’années. Aujourd’hui, les descendants des Mayas, vêtus de leurs costumes colorés, habitent les alentours de ce lac. Ils restent plutôt distants. 36 années de guerre civile, durant lesquelles 220 000 d’entre eux ont péri, ont laissé des traces. Ils ont retrouvé la paix en 1996 seulement.

Le lac volcanique sacré des Mayas, la Laguna Chicabal, se trouve aux abords de Quetzaltenango. Des festivités dédiées à la «Cosmovision des Mayas», auxquelles participent de nombreux prêtres mayas, ont lieu ici chaque année au mois de mai. De Quetzaltenango, on gagne le lac en taxi. Le voyage pour San Martin Chile Verde, sur les hauteurs, dure une heure et demie. Arrivé à la hauteur d’une route transversale, le reste du chemin s’effectue à pied à travers une région boisée où l’on croise des pèlerins. Après environ deux heures, l’ascension se fait raide pour gagner en peu de temps un point de vue. Le brouillard s’éclaircit, dévoilant peu à peu la lagune. Un sentier abrupt y descend. Une fois arrivés en bas, l’image est grandiose: des centaines de personnes sont rassemblées autour du lac, chantant et exécutant des rituels avec de l’encens. Partout sur les rives, des fleurs aux couleurs somptueuses sont disséminées. C’est ainsi que les Mayas entrent en contact avec leurs ancêtres, au travers de leurs chants et de rituels spécifiques. Pour eux, la porte d’accès au reste de l’univers se trouve dans le lac.

Show multivision

Le photographe autrichien Martin Engelmann (42 ans) effectue en mars une tournée en Suisse alémanique avec son show multivision intitulé L’héritage des Mayas. www.explora.ch

A quand la fin du monde?

On l’a échappé belle! La prophétie de fin du monde au 21 décembre 2012 ne s’est finalement pas réalisée. Pour la première fois depuis l’année 3114 av. J.-C., cette date de notre calendrier coïncidait avec la fin d’un cycle de 13 baktun du Compte long selon le calendrier maya, soit 1 872 000 jours ou 5128 années. Les anciens Mayas avaient lié à cette date des événements mythico-dynastiques repris ensuite par les théoriciens de la fin du monde.

Dans son édition du 11 mai 2012, le magazine Science avait mis en doute les croyances catastrophiques annonçant la fin du monde en 2012. On y faisait état de la mise au jour de fresques vieilles de 1200 ans dans les ruines de la ville maya de Xultun, au Guatemala. Il s’agissait en fait du plus ancien calendrier maya connu. Responsable de la campagne de fouilles, l’archéologue William Saturno concluait dans l’article que les anciens Mayas n’avaient pas prédit de fin du monde et que les choses resteraient inchangées dans 7000 ans.

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