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Balade à la Furka

Remarque : Cet article est disponible dans une langue uniquement. Auparavant, les bulletins annuels n'étaient pas traduits.

Claude Levy, guide, Denges VD

Très tôt le matin, je cueille Antoine à son domicile et nous partons gaillardement en direction de Chamonix. Trajet sans histoire; nous arrivons à la gare du téléphérique de l' Aiguille du Midi. Il est six heures du matin, horreur! catastrophe! Un grouillement humain stagne devant la porte du téléphérique. Une horde d' alpinistes attend l' ou du guichet. Une race bigarrée, poilue; des petits, des grands, des vrais, des pas vrais. Que faire? Cette surpopulation nous plonge dans un abîme de pensées...

Le nom du Col de la Furka surgit dans notre conversation. Des copains nous ont vanté la région ainsi que l' amabilité de Pedro, gardien de la Fondahiitte. Nous regardons encore une fois ce peuple de conquérants et nous filons du côté du Valais.

Nous nous arrêtons à Martigny pour avertir nos familles du changement de programme. Lente procession à travers le Valais. Le temps est bouché sur le col. Pedro n' est pas à sa cabane, il est allé faire un tour.

Enfin il arrive accompagné d' un grand barbu hilare. Nous faisons connaissance et entrons dans sa maison. Il nous montre l' endroit où nous dormirons: une chambre où trônent deux grands lits datant du temps de nos grands-parents. Nous préparons notre souper. Le soir, nous discutons avec Pedro qui nous donne quelques renseignements sur les diverses voies de la région.

Le lendemain, nous nous levons de bonne heure. Nous déjeunons et partons en direction de la Graue Wand. Le soleil est de la partie. Ma vieille VW nous amène jusqu' au sentier qui conduit à la cabane Albert-Heim. Nous filons au grand galop sur le sentier. La paroi nous attire. La pente augmente, mais le rythme reste le même. Le temps est couvert, la paroi est là, grande et noire. Le sort est jeté, nous attaquons. A moi l' honneur de la pre- 21Am Winterstock-Südostgrat 22 Aufstieg zum Galenstock Photos 11 und 22: Chlaus Lötscher, Littau 23 Blick vom Galenstock Richtung Mordosten Photo Hans Rätzer, Uster 24 Blick vom Nägelisgrätli zum Galenstock 25 Der Grimselsee, vom .Nägelisgrätli aus mière longueur. Je prends la fissure de gauche. Je suis lourd, les muscles sont gourds. Je m' élève de deux mètres et je décide de redescendre. Je préfère attaquer à droite. Bon! nouveau départ et les mètres filent sous moi. J' atteins le relais. Antoine arrive, il attaque immédiatement la seconde longueur. Nous avons passé par un endroit difficile; une fissure qui devenait surplombante. Le mouvement est donné, les longueurs défilent. Je suis impatient d' arriver à la grotte des cristaux.

J' ai un secret espoir...

Je regarde, hélas! tout dépité, un pauvre four brisé par les grimpeurs. Ce n' est certes pas à cet endroit que je trouverai quelque chose. Nous décidons de nous arrêter sur une terrasse pour manger. Le soleil est réapparu. Il nous réchauffe. Je repars en tête dans cette longueur, grimpe quelques mètres, quand je vois briller sur la terre un magnifique petit cristal! Je lève la tête et vois un trou à environ cinq mètres dans le granit. Antoine attaque la fissure qui mène au trou. Je le vois s' af, il dit que nous sommes en présence d' un four à cristaux. J' ai hâte de monter. Je grimpe quelques mètres. Qu' il est beau! Je gratte la terre qui tapisse le devant. Je me coupe un doigt, mais continue de gratter. J' extrais un immense cristal.

Le sac plein de cristaux est vraiment lourd. Le passage suivant paraît corsé. Antoine part en tête. Il faut passer par un étranglement. Je vais bien rire dans quelques instants avec mon chargement. Je tire, je pousse, je souffle, mais je passe. Nous commençons à sentir le sommet. Arrivé sur une grande dalle, Antoine court comme un lapin. Moi, je grimpe avec joie. Un instant je reprends la tête. Le soleil luit quand nous émergeons de l' arête sommitale. Il fait vraiment beau. Le glacier derrière la Graue Wand nous paraît immense, surtout à Antoine. Nous sommes heureux, nous admirons le paysage. Nous suivons l' arête jusqu' à un couloir que nous décidons d' emprunter. Il n' est pas très bon, nécessite de la prudence, car la neige l' engorge. Le soleil nous suit, comme un chien fidèle. La descente se poursuit, la fatigue se fait sentir. Enfin, dans un dernier effort, nous sau- 26 Bergsee über dem Gesehener Tal; Dammagletscher, Dammastoa 27 Auf dem Pizzo Lucendro; Blick gegen Val Bedretto Photos 24 bis 27: L. Gensetter, Davos 28 £entralrettungskurs im Furkagebiet: Transport eines Verunfallt 29 Arbeit mit dem Stahlseilgerät 30 Rettungsaktion in vollem Gang 31 Eine kritische ^uschauerschar verfolgt die Übung Photos 28 bis 31: H. Vögeli, Zug tons un pont de neige. Arrivés à la voiture, nous remontons en direction du col.

Le soir se passe au son de l' accordéon. Un copain canadien joue de la guitare. Pedro installe son projecteur de dias et nous montre les photos d' une première réalisée dans le massif. Il a fallu deux jours à Pedro et à son compagnon pour la vaincre. Sur une dia, les deux grimpeurs semblent réellement fatigués. Dans le massif, le rocher est en général très bon. Pedro nous dit qu' il a pu planter des pitons dans le rocher sans fissure. Lorsque son second les récupérait, de l' eau sortait des trous ainsi forés. Nous demandons à Pedro si la voie est équipée, car cette escalade nous tente. Pedro déclare qu' il a enlevé les pitons, sauf quelques-uns. La raison de ce déclou tage? Certains grimpeurs, ayanteffectuéla seconde ascension, s' étaient vantés d' avoir mis un temps beaucoup plus court. Pedro trouva que c' était trop facile de faire un temps record sur une voie équipée et de s' en vanter. Il a donc décidé de déclouter ses premières. Nous regrettons de n' avoir pas assez de matériel avec nous pour tenter l' escalade de cette voie. Nous fixons alors notre choix sur le Gross Biie-lenhorn.

Le lendemain, une mauvaise surprise nous attend à notre réveil: la pluie! Adieu, veaux, vaches, cochons... Nous rentrons.

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