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Bulgarie (Ski de montagne en -)

Le monastère de Rita. Construit au XIe siècle, c' est le plus grand, le plus connu et le plus beau des monastères bulgares...

Ski de montagne en Bulgarie

Jean-Paul Zuanon, d' Hères ( F )

Un peu de géographie

Les montagnes de Bulgarie peuvent se diviser en trois principaux massifs, d' intérêt variable pour le skieur.

Au nord de Sofia, la chaîne du Balkan constitue l' ultime prolongement oriental de l' arc alpin, auquel elle se relie par les Carpates. Elle s' étend d' ouest en est sur près de 400 km et culmine à 2376 m au mont Botev. Le climat y est rude et le relief souvent accidenté mais il doit être possible d' y trouver quelques beaux itinéraires skiables. Avis aux amateurs d' explorations.

Au sud-est du pays, les Rhodopes forment une barrière naturelle avec la Grèce. C' est le plus grand massif de Bulgarie ( près de 20000 km2 ). Il est relativement boisé et d' altitude plus modeste ( 2191 m au Perelik ). Sans intérêt pour le skieur de montagne, il offre de belles possibilités à l' amateur de randonnée nordique ou de raquettes. En été, c' est un terrain remarquable pour qui veut pratiquer le VTT dans une parfaite solitude.

Pour l' amateur de peaux de phoque, le vaste ensemble montagneux situé au sud de Sofia justifie à lui seul un séjour d' une semaine ou plus. Le groupe du Vitocha ( 2290 m ) domine directement Sofia. Il se prolonge au sud par le Rila, le massif le plus

connu de Bulgarie, y compris à l' étranger car il porte le nom d' un célèbre monastère devenu un haut lieu touristique. Ces montagnes aux formes souvent assez douces sont les plus fréquentées du pays.

Après la coupure du col de Predel qu' emprunte la route de Bansko commence le massif du Pirin, à la géologie et au relief plus complexes. Il culmine au Vihren ( 2914 m ). Le terrain y est plus alpin que dans le Rila. On peut le comparer aux montagnes des Alpes Maritimes ou à certains secteurs des Pyrénées ( dont le nom a peut-être quelque chose à voir avec le dieu Pirin ).

c' est aujourd'hui un lieu touristique très fréquenté. Une seule solution pour le visiter en toute quiétude: choisir un jour d' hiver où il neige!

Sur les crêtes du Bezbog. En arrière-plan, la plaine de la rivière Mesta sous les brumes et, tout au fond, la chaîne des Rhodopes. Les petits pins dépassant à peine de la neige sont une végétation caractéristique des montagnes bulgares. On les trouve encore à plus de 2600 mètres.

Trois courses

Parmi les nombreuses courses qui s' offrent au skieur de montagne, nous en avons retenu trois. Elles comptent parmi les plus belles du pays. Il est cependant difficile de parler de « classiques ». La fréquentation hivernale des montagnes bulgares n' a rien à voir avec ce que nous connaissons dans les Alpes occidentales. Les montagnards du cru pratiquent peu le ski de montagne, notamment en raison du coût du matériel et ils se contentent souvent de marcher à pied. La raquette à neige, elle, n' en est encore qu' à ses balbutiements.

Le Moussala ( 2925 m )

Cette excursion se fait généralement en profitant des remontées mécaniques de Borovets, principale station de ski du pays, aisément accessible en deux heures de route depuis Sofia.

L' itinéraire, qui remonte un long vallon en pente douce, est évident. On passe successivement à côté de deux refuges avant d' atteindre le pied de l' arête sommitale où l'on laisse normalement les skis. On termine par un parcours aérien mais sans danger, les passages délicats étant équipés de câbles métalliques. Exactement au sommet se trouve un reluge-observatoire, occupé toute l' année. Chaque semaine, de solides techniciens de la météorologie bulgare s' y relaient, gagnant le plus souvent leur lieu de travail à pied.

Le coup d' oeil est exceptionnel sur 360°, du Vito-cha aux montagnes du Rila et au lointain Pirin: partout des pentes vierges, des croupes attirantes, de profondes vallées, malheureusement boisées dans leur partie basse, ce qui met parfois un peu de sel dans l' approche de certaines courses.

On descend par le même itinéraire et on retrouve les skis au bas de l' arête. Toutefois, si les conditions sont bonnes, on peut partir à skis du sommet. Un beau couloir raide ramène dans une combe où l'on rejoint la voie de montée. Dans le secteur, il existe d' autres possibilités pour les amateurs de pentes raides.

C' est sur les pistes de Borovets que se trouve le passage le plus exposé de la course. Il est vivement conseillé de faire attention aux nombreuxbolides ne maîtrisant pas toujours leurs skis et qui dévalent les pentes sans égards pour les pauvres randonneurs égarés...

Le Maliovitsa ( 2730 m )

C' est la plus connue des courses de ski de montagne du pays. Au pied se trouve la petite station du même nom, qu' on appelle parfois le Chamonix bulgare, et son école nationale d' alpinisme. L' itinéraire traverse d' abord une forêt par une large piste puis emprunte un long vallon aux pentes agréables, bordé de couloirs attirants. Plus haut, le terrain se redresse sérieusement et on termine par un beau par-

Pour alpiniste, le skieur et le randonneur Aux sources paisibles mais glaciales de la rivière Demianitsa a 4

cours d' arête. Le panorama vaut celui du Moussala, avec une vue plongeante sur la région des lacs de Rila où de nombreuses petites courses sont possibles au départ d' un confortable refuge. La descente par le même chemin est un régal, surtout si on a la chance de bénéficier d' une poudreuse de rêve.

Le Vihren(2914 m )

II s' agit là d' une course nettement plus engagée. Ce sommet, point culminant du Pirin, dresse son élégante pyramide au-dessus de la vallée de Bansko. On suit la route d' une petite station de ski. Du terminus ( 1600 m environ ), on gagne facilement les refuges Banderitsa ( 1800 m, gardé toute l' an ) et Vihren ( environ 2000 m, peu de ressources en hiver ). De là, on monte d' abord au sommet du Hvojnati ( 2635 m ) par une longue croupe agréable. On traverse ensuite en direction du col du Vihren avant de gravir la grande pente sommitale. Celle-ci est très esthétique mais rarement en conditions car la neige y est souvent irrégulière, ventée... ou absente. Les crampons peuvent être utiles. La descente se fait par le même itinéraire, sauf si les conditions sont excellentes. Dans ce cas, on peut gagner le refuge Vihren par l' itinéraire d' été depuis le col. De très bons skieurs peuvent même partir du sommet en descendant les pentes raides et très soutenues du versant est.

... Et les raids?

Dans le Rila comme dans le Pirin, il existe de nombreuses possibilités de circuits, boucles, traversées de deux ou plusieurs jours. A chacun d' inven son parcours, en fonction de sa condition phy-

sique et du poids du sac dont il acceptera de se charger. Le réseau assez dense des refuges permet généralement de ne pas faire de trop longues étapes.

En 1997, nous avons réalisé la traversée du Pirin, pas tout à fait complète car divers aléas nous ont privés de la première étape et nous ont obligés à tronquer la seconde. Toutefois, nous avons pu relier le refuge lavorov au village de Pirin en passant par les refuges Banderitsa, Demianitsa, Bezbog et le bivouac Tevno Jezero. Au total, ce furent six jours de soleil, de neiges changeantes, de paysages variés et surtout de parfaite solitude, se concluant de belle façon dans la pittoresque bourgade de Melnik, à deux pas de la frontière grecque... et au coeur du plus fameux vignoble du pays, dont la réputation n' a rien d' usurpé.

De belles montagnes, généralement bien enneigées, un terrain se prêtant bien à la pratique du ski de montagne, un bon réseau de refuges, des montagnards locaux accueillants: que demander de plus si l'on cherche à sortir des sentiers battus et des itinéraires classiques de nos Alpes?

Informations pratiques

Refuges

La Bulgarie dispose d' un parc important de refuges ( plus de 400, appartenant pour la plupart à l' Union bulgare de tourisme ). Ils offrent un bon niveau de confort mais connaissent parfois quelques problèmes de dégradation liés à un manque d' en. Bon nombre d' entre eux sont gardés toute l' année. Il n' est pas toujours facile de savoir à l' avance quel type de prestations ils peuvent offrir, notamment pour la nourriture. Cela peut aller de la simple tisane au repas complet, bien arrosé. Dans

les refuges non gardés, on trouve des couvertures mais il faut être parfaitement autonome pour la cuisson des aliments ( bois ou gaz ).

Ciel, neige et avalanches

Soumise à un climat de type continental, la Bulgarie connaît des hivers longs et rigoureux. Fin février 96, nous avons passé une semaine entière entre 1500 et 2500 m avec des températures de -20° C. Dans la capitale Sofia, située à 600 m d' alti, la neige reste au sol pendant plusieurs semaines. Dans ses parties hautes, la montagne bulgare est enneigée de novembre à mai. Au refuge Vihren ( 2000 m ), il reste encore près d' un mètre de neige en mai. Cependant, la Bulgarie n' a pas échappé aux caprices de l' enneigement ces dernières années.

Au vu de nos deux expériences, on pourrait penser qu' il fait toujours beau en hiver. Cette vision optimiste doit être tempérée. D' autres groupes de skieurs n' ont pas eu notre chance et ont dû affronter le mauvais temps. Nous ne devons pas oublier non plus l' impressionnant « coup de tabac » qui nous a contraints à faire demi-tour dans la traversée Iavorov-Vihren ( brouillard et vent à près de 100 km/h nous ont surpris en quelques minutes, sans les moindres signes avant-coureurs ).

S' il y a peu de victimes d' avalanche ( une ou deux par an ), c' est surtout la conséquence d' une faible fréquentation de la montagne en hiver. Mais

Traversée du refuge Demianitsa au refuge Bezbog ( Pirin ): à la Porta Samo-divska; au fond, le massif des Rhodopes. Une très belle descente nous attend mais eile sera suivie par une laborieuse remontée sous forme de marche à flanc en plein soleil...

le risque d' avalanche n' est pas à négliger. En 1996, après des chutes de neige accompagnées de forts vents froids, nous avons pu observer d' impression plaques qui s' étaient décrochées spontanément dans des pentes raides. En avril, la fonte est rapide, surtout dans les massifs les plus méridionaux et elle s' accompagne parfois de grosses avalanches de neige humide.

Compte tenu de ces différents éléments, la meilleure période pour visiter à ski les montagnes de Bulgarie se situe en mars.

Matériel

On peut parcourir la plupart des itinéraires classiques sans avoir besoin ni de piolet ni de crampons. Plus encore que dans les Alpes, il faut être parfaitement autonome ( traîneau en particulier ). Le secours en montagne est bien organisé mais n' a guère de moyens ( notamment héliportés ). Certains refuges disposent du téléphone ou de radio. Les DVA sont peu utilisés, sauf par les équipes de secours qui disposent de Pieps 457 kHz.

Pour alpiniste, le skieur et le randonneur

Organisation

Sofia est desservie quotidiennement par plusieurs compagnies aériennes ( dont Swissair ). Sur place, on peut se débrouiller seul mais il est préférable d' avoir recours au service de montagnards locaux, parlant souvent français, anglais ou allemand ( plusieurs agences et accompagnateurs ). Cela permet de résoudre bien des problèmes logistiques ( transport, réservations ) et linguistiques, pour un prix extrêmement raisonnable. Si l'on passe par une agence officielle, on est dispensé du visa, obligatoire pour les voyageurs individuels ( coût variable selon la rapidité de délivrance ).

Cartographie

On trouve des cartes au 1:50000 de qualité moyenne ( courbes de niveau tous les 100 mètres ). Elles sont souvent en caractères cyrilliques mais il existe certaines éditions en caractères latins. Les itinéraires classiques sont généralement jalonnés par de grands poteaux de 1er jaunes et noirs, très pratiques en cas de brouillard. On rencontre même Du sommet du Vassilachki Tchoukar ( environ 2600 m ), coup d' oeil sur la partie sud-est du massif du Pirin. Pratiquement au centre du cliché, le sommet pyramidal de Kamenitsa«mon-tagne de pierres » ), 2822 m parfois de petits panneaux indiquant angle de marche et distance jusqu' à la balise suivante!

Bibliographie

II existe peu de choses sur le sujet. En 1983, Michel Parmentier et Michel Berruex avaient proposé un itinéraire dans les massifs du Rila et du Pirin, dans leur livre pionnier Les grands raids à ski. De la Vanoise au Spitzberg ( éditions ACLA, Paris 1982 ). Ce chapitre a surtout une valeur historique d' hui car il contient quelques erreurs ou des informations obsolètes.

La revue du Club alpin français La Montagne et Alpinisme a consacré un dossier aux montagnes de Bulgarie, d' été et d' hiver, dans son numéro de mars 1995

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