Cabanes: le CAS a besoin d'une nouvelle politique | Club Alpin Suisse CAS
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Cabanes: le CAS a besoin d'une nouvelle politique

La rencontre de l' Etzel ( voir p. 11 ) était placée sous le signe de la politique des cabanes du CAS. Dans son exposé, Thomas Tschopp, chef du secteur d' acti Nature / Infrastructures du CC Bàie et donc responsable du domaine des cabanes, s' est référé pour l' essentiel à un document de base rédigé en 1996 par la commission des cabanes, sur mandat du Comité central. Il a tout d' abord mis en évidence les principaux chiffres et les développements concernant le domaine des cabanes, pour traiter ensuite des objectifs et des propositions de solutions formulés par la commission.

Le CAS possède et exploite 152 cabanes d'altitude offrant en moyenneenviron 60 couchettes, soit un totalde plus de 9000. Annuellement,quelque 300000 montagnards passent la nuit dans ces refuges qui, de plus, sont visités par plus d' un million de visiteurs de passage durant la journée. Le CAS assure ainsi environ 1 % des nuitées hôtelières du pays ( 30 millions ).

Importance des cabanes dans et pour le CAS

Les cabanes se répartissent entre sections de manière très diverse. La majorité des sections ( 57 ) possèdent une ou deux cabanes. Dix-neuf autres en possèdent de trois à sept. Dans ce contexte, n' oublions donc pas que 31 sections ne disposent d' aucune cabane du CAS généralement accessible au public et profitent ainsi des dépenses financières et du travail des autres sections. Pour beaucoup de membres, les cabanes sont le symbole par excellence de leur identification au CAS. Celles-ci ne servent pas seulement de base de départ pour des courses et de lieu de rencontres amicales, mais elles assument aussi la fonction de refuge sûr ainsi que de poste de secours et d' alarme. Leur architecture variable témoigne de la diversité culturelle du CAS. Enfin, 50 cabanes au moins sont également la source du revenu principal d' autant de familles de gardiens.

Le règlement des cabanes actuellement en vigueur résulte de compromis entre centralisme et fédéralisme dans la politique des cabanes, laquelle concerne chaque membre à un triple titre: en tant qu' utilisateur de cabanes, membre d' une section propriétaire et enfin membre de l' association centrale.

Problèmes financiers

Les conditions changent

La situation financière du CAS dans le secteur des cabanes se tend malheureusement toujours plus, car les rentrées stagnent et les coûts augmentent. Les nouvelles pratiques alpines et l' importante mobilité des gens mettent peu à peu les cabanes en concurrence avec d' autres modes de faire pour entreprendre une course en montagne. De plus, la récession économique, des étés pluvieux et des hivers pauvres en neige conduisent à un recul des nuitées. Enfin, des cabanes non gardées sont sujettes à des actes de vandalisme qui entraînent des dégâts coûteux et à une resquille qui diminue les encaissements.

Nouveaux besoins, nouveaux coûts

Alors qu' auparavant 75 % environ des coûts de construction ou de rénovation servaient à l' hébergement, soit à l' augmentation des places en dortoir ou dans les salles de séjour, aujourd'hui l' effort financier se porte davantage sur l' amélioration du confort et de l' exploitation. Une cuisine agrandie réclame des réserves qu' on va chercher dans une cave éclairée au moyen d' une coûteuse installation photovoltaïque, tandis que le congélateur est alimenté par du courant provenant d' une minicentrale électrique. Les W. C. destinés aux visiteurs et la douche du gardien exigent un approvisionnement sûr en eau et un système d' évacuation des eaux usées également coûteux.

Base financière étroite

Nous ne disposons d' aucune autre ressource que les rentrées courantes pour financer la construction et l' entretien des cabanes. L' ensemble des cabanes du CAS représente grosso modo une valeur immobilière estimée à 150 millions de francs, à raison d' une moyenne d' environ 1 million de francs par cabane. Ce type de construction doit être entièrement rénové tous les 30 à 40 ans, ce qui, pour une cabane de 60 couchettes occupées chacune en moyenne 40 fois par an, implique de fixer le prix de la nuitée entre 14 et 17 fr. Afin que la section propriétaire puisse être soutenue équitablement lors d' une rénovation, le club au niveau central ( CC ) devrait prélever de ce montant 5 à Recettes en milliers de fr.

 

Construction Entretien 7 fr. si l'on veut maintenir la pratique actuelle de subventionnement à 40%. En réalité, cependant, il ne reçoit que 4fr. environ, c'est-à-dire trop peu.

Répartition des principales recettes dans le domaine des cabanes Nos rentrées se composent des taxes de nuitée, des revenus provenant du contrat de réciprocité de l' LJIAA ainsi que de quelques loyers. A cela s' ajoutent les dédommagements versés par le Département militaire fédéral pour l' impossibilité d' accéder à certaines cabanes pendant des exercices militaires.

La fréquentation des cabanes du CAS varie. Selon qu' elles servent de point de départ de courses à la mode, qu' elles sont utilisées principalement en été ou en hiver etc., leurs résultats changent du tout au tout. Le tableau 1 ( ci-contre ) montre les cabanes ou bivouacs enregistrant le plus grand nombre de nuitées et les cinq figurant en queue de liste, du point de vue des taxes encaissées par la caisse centrale. Ces chiffres donnent une idée de la forte inégalité des rentrées: les cinq cabanes les plus fréquentées rapportent plus de 10% du total des rentrées, tandis que les cinq les moins visitées rapportent moins de 1 pour mille. Le rapport est donc d' au moins 1 à 100! Les sections et l' ensemble du club ne sont pas en position identique à propos des recettes. Certes, l' asso centrale reçoit une partie de la taxe de nuitée ( actuellement environ 4 fr. ) et les recettes du contrat de réciprocité; il n' en reste pas moins que la majeure partie de la taxe de nuitée reste aux sections, de même que, le cas échéant, les loyers. La figure 1 ( ci-dessus ) présente les recettes les plus importantes encaissées ces 1992 1993 1994 1995 1996 1997 Moyenne: Fr. 133000O. Réciprocité UIAA Dédommagements DCA Fig.2 Les principales dépenses de l' association centrale ( CC ) dans le domaine des cabanes 1995 1996 1997 Moyenne: Fr. 1424 00O. éréquation frais de gardiennage Cabane/ Nuitées Taxes Bivouac 1995 versées en Fr.

Britannia 7 246 32 783 Dix 7 702 32 382 Konkordia 5918 27 870 Vignettes 5 999 26 189 Monte Rosa 6 348 25 747 Total 33213 144 971 Grünhorn 9 31 Silberhorn 54 176 Rosenlaui 69 203 Stockhorn 77 231 Balmhorn 91 267 Total 300 908 Tableau 1:

Nuitées et taxes Taxes de nuitée versées à la caisse centrale pour 1995, pour les cabanes du CAS les plus fréquentées et les 5 cabanes et bivouacs les moins fréquentés 1 Pour les figures 1 à 3, les chiffres concernant les années 1989 à 1995 se fondent sur les comptes, ceux de 1996 et 1997 sur le budget.

Cabannes et bivouacs en milliers de fr.

1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 Evolution du fonds des cabanes La politique des cabanes doit avoir pour but de conserver les cabanes existantes, même si toutes ne paraissent peut-être pas également indispensables. Les cabanes doivent être exploitées conformément au respect de l' environnement mais ne doivent pas être équipées toujours plus confortablement. Il faut renoncer aux expériences architectoniques extravagantes et aux technologies futuristes non éprouvées. Dans l' ensemble, les cabanes doivent pouvoir être entretenues à long terme de manière autonome sur le plan économique, sans recours à l' emprunt.

Situation actuelle et propositions de solution Pour obtenir un compte des cabanes équilibré, les sections aussi bien que la caisse centrale doivent augmenter les recettes ou réduire les dépenses, ou, mieux encore, réaliser l' un et l' autre.

Possibilités d' augmentation des recettesIntroduction d' un loyerAffectation au fonds des cabanes d' une partie de la cotisation de membre ordinaireTaxe de passage.

La mesure la plus importante ici est l' introduction imperative d' un loyer des cabanes, une pratique que quelques sections appliquent d' ailleurs déjà. Si, ne serait-ce que pour les 45 cabanes les plus fréquentées, les sections retiraient un loyer correspondant à la moitié des revenus des taxes encaissés jusqu' ici, et que 40 % de ce montant soit versé au fonds des cabanes, cela donnerait un montant de 150 000 fr.

Selon le principe que l' utilisateur paie, il serait aussi absolument nécessaire d' introduire une taxe de passage dernières neuf années par la caisse centrale. En moyenne ( dernier groupe de colonnes ), les recettes se sont montées à 1 330000 fr. Il ressort clairement de ce graphique que les revenus encaissés par la caisse centrale se fondent à plus de 90 % sur les taxes de nuitée et que, à l' inverse, les revenus tirés du contrat de réciprocité de l' UlAA ne représentent qu' une petite partie du tout, sans parler des dédommagements du DMF, comparativement encore plus insignifiants.

Les dépenses A ce chapitre appartiennent avant tout les dépenses consacrées aux reconstructions, transformations et rénovations. Autres facteurs de coût: l' entretien, les subventions au titre de la péréquation des frais de gardiennage, enfin la commission des cabanes. La figure 2 ( p. 39 ) montre, pour les neuf dernières années, la répartition des dépenses entre les postes les plus importants. Notons que les dépenses oscillent plus fortement que les recettes. Ces dernières années, nous avons dépensé en moyenne 1 420000 fr. par an pour nos cabanes.

Le fonds des cabanes... fond Afin d' équilibrer au fil des ans recettes et dépenses, le CAS alimente un fonds des cabanes. La figure 3 ( ci-dessus ) montre que celui-ci est en train de se vider rapidement, car ces dernières années nous y avons puisé en moyenne environ 100000 fr. de plus que ce que nous y avons versé.

Buts de la politique des cabanes Après des discussions approfondies au sein de la commission, les grandes lignes suivantes sont proposées:

pour les visiteurs qui utilisent les infrastructures des cabanes sans contribuer directement à leur entretien.

Une gestion attrayante des cabanes, par des gardiennes et gardiens bien formés et aimables, représente une autre possibilité d' augmen les recettes. Enfin, il convient d' améliorer et de coordonner la publicité pour les cabanes à l' intérieur et à l' extérieur du club.

Réduction des dépenses La réduction des dépenses est peut-être plus facile à réaliser que l' augmentation des recettes. Une possibilité serait de réduire le taux de subventionnement de 40% à 30 %. Cette mesure accroîtrait la responsabilité propre des sections face à leurs projets de cabanes. Seraient alors per-dantes les sections petites et faibles financièrement.

1996 1997 1998 Pour augmenter les recettesEncaisser des loyers: si 45 cabanes encaissaient 375 000 f r. de loyers dont 40 % reviennent à l' association centrale, cela rapporterait 150000 fr. de recettes supplémentaires.

Augmenter la part des taxes de nuitée: passer de 4 fr. à 5 fr. rapporterait 300000 fr. de recettes supplémentaires.

Affecter aux cabanes une part de la cotisation de membre:

3 fr. par membre rapporterait 270000 fr. de recettes supplémentaires.

Prélever une taxe de passage: une « taxe de bois » de 50 et. rapporterait 500000 fr. de recettes supplémentaires.

Pour réduire les dépensesLimitation du subventionnement aux parties « hébergement » des cabanes: la partie « restauration » ( cuisine ) ne serait plus subventionnée.

Introduire une subvention forfaitaire: distinguer ainsi le nécessaire du souhaitable.

Une autre cabane enregistrant un nombre très élevé de nuitées: Monte Rosa De plus, nous devons envisager la limitation du subventionnement des cabanes lorsque les sections refusent de faire profiter la caisse centrale des rentrées provenant de la restauration, c'est-à-dire dans les cas où le fonds des cabanes ne reçoit ni part à la location ni recettes provenant des visiteurs de passage. Cela signifierait que ne seraient plus subventionnées que les parties des cabanes servant à l' hébergement des visiteurs, mais en aucun cas la cuisine, les locaux d' entreposage des réserves etc.

Une troisième possibilité réside dans le plafonnement du subventionnement en phase initiale des projets. Se fondant sur son expérience, la commission des cabanes pourrait estimer le montant nécessaire à la rénovation opportune d' une cabane et fixer une limite maximale de la subvention.

Suite des événements Sur la base du document de base élaboré par la commission des cabanes, un petit groupe de travail rédigera un projet de nouveau règlement des cabanes. Celui-ci sera ensuite envoyé dans les sections pour consultation, afin qu' un nouveau règlement des cabanes puisse entrer en vigueur au plus tard à l' Assemblée des délégués 1998.

Photo: Gérard Berthoud Dans ce contexte caractérisé par les besoins et les exigences les plus divers, trouver une voie satisfaisante n' est certainement pas une tâche facile pour la commission. Mais comme celle-ci se compose de spécialistes au jugement pondéré qui font tout pour remplir leur tâche dans un esprit de franche collaboration et de camaraderie, nous devrions réussir, d' entente avec les sections, à trouver une bonne solution et aboutir ainsi à une nouvelle politique des cabanes acceptable par toutes les parties concernées. Ne serait-ce que pour pouvoir continuer de garantir à l' ave des cabanes du CAS ouvertes à tous, jeunes et vieux.

Thomas B. Tschopp, chef Nature / Infrastructures ( trad.

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