Chronique himalayenne 1964 | Club Alpin Suisse CAS
Soutiens le CAS Faire un don

Chronique himalayenne 1964

Remarque : Cet article est disponible dans une langue uniquement. Auparavant, les bulletins annuels n'étaient pas traduits.

PAR O. DYHRENFURTH, RINGGENBERG ( BE )

et compléments des années précédentes Avec 2 illustrations ( 97/98 ) Les conditions atmosphériques ont souvent été défavorables dans l' Himalaya et le Karakorum en 1964, autant après la mousson qu' au printemps. De grosses chutes de neige ont cause nombre d' échecs. Mais les expéditions dans la Haute Asie se multiplient au point que, même dans une mauvaise saison, il y a toutes sortes de choses à noter, et en particulier quelques beaux succès.

1. Le Dr Michael Ward et Fred Jackson eurent en août 1964 l' occasion de faire au Bhutan occidental un voyage qui, sans comprendre d' escalades à proprement parler, leur permit de dessiner une esquisse et de prendre quelques photos de valeur.

Référence: AJ ( Alpine Journal ) 1965, N° 310, p. 106-119.

Région du Kangchendzo' nga 2. L'« Expédition allemande à l' Himalaya, 1964 » se composait de Richard Hechtel ( chef, actuellement en Californie ), Ruth et Erhard Erdmann, Franz Lindner ( Autriche ), Dieter Mardicke, Lee Donaghey ( USA ) et Bernhard Kubanek ( médecin d' expédition ), avec le Népalais Khem Bahadur Karki comme officier accompagnateur. J' avais attire leur attention sur la chaîne du Kabru et sur le Talung Peak ( 7349 m ). De Jogbani, station frontière indo-népalaise, ils se rendirent par auto à Dharan Bazar, où furent engagés 72 porteurs. L' Himalayan Society, de Kathmandu, avait envoyé 8 Sherpa dont Ang Tsering comme Sirdar, et 15 « Sherpa-coolies » avec un caporal. C' est donc une colonne de plus de cent qui entreprit la marche d' approche par Taplejung et Taplethok, en évitant les gorges de la Simbua Khola, presque infranchissables pour une expédition de cette taille. Après Ghunza, il ne fut pas possible de passer les cols de Sinon ( 4150 m ) et de Mirgin ( 4560 m ), encore trop exposés aux avalanches en avril, et il fallut franchir le Lapsong La ( 5330 m ), beaucoup plus haut et encore enseveli sous la neige d' hiver. Il en coûta des étapes supplémentaires avec des camps à 4000 et 5100 m.

Le camp de base fut installé le 27 avril à 4850 m à côté de la moraine droite du glacier de Yalung, et la base avancée vers 5000 m sur le versant gauche de la vallée, au pied du Talung Peak. Trois camps d' altitude furent montés, le premier à 5650 m, le deuxième à 6250 m et le troisième à 6690 m. De ce dernier Lindner et Kubanek firent le 13 mai une tentative vers le sommet,mais des conditions de neige spécialement mauvaises les arrêtèrent aux grandes corniches du sommet sud du Talung ( 7181 m ). Ils en rapportèrent des vues très utiles sur le Kabru IV ( 7353 m ) et III ( 7341 m ), et sur le Kabru NE ( 7338 m ) escalade en 1935.

La situation fut rendue difficile par la maladie de trois sahibs et de deux Sherpa. Malgré cela, le 19 mai quatre hommes quittèrent le camp 3 pour une dernière tentative par grand vent et grand froid. Une cordée rapide, composée de Franz Lindner et du Sherpa Tensing Ningda, atteignit par le versant ouest le sommet principal du Talung ( 7349 m ) à 13 heures, peu avant la chute de neige quotidienne. Ce fut un beau succès. Par contre, vers 15 heures, Hechtel et Mardicke durent se résigner à faire demi-tour à 7225 m devant la détérioration du temps. Tous quatre descendirent ensemble au camp 3.

Tous les camps d' altitude furent évacués dans l' ordre durant les jours suivants. Une tentative au Kabru lui-même n' entrait plus en ligne de compte. L' expédition était de retour à Dharan le 10 juin pour le début de la mousson.

Références: « Der Bergsteiger » 31e année, p. 590, 762, 836-37. ÖAZ ( Österreichische Alpenzeitung ) 1964, p. 149. BK ( Der Bergkamerad ) 25e année, p. 529,773-74. « Alpinismus » 10/64, p. 44-45,74. BW ( « Berge der Welt » ) 1964/65. Nous recommandons particulièrement « Living Himalayan Flowers » de Sasuke Nakao ( Tokyo 1964, Mainichi ). Cet ouvrage richement illustré en couleurs est une révélation des beautés de l' Himalaya pour tous les promeneurs qui s' intéressent à la botanique.

3. Le Kabru Dome ( 6600 m ), promontoire au sud de la chaîne du Kabru, fut en mai 1964 gravi pour la première fois par une expédition indienne menée par B. Biswas. Un club montagnard de Calcutta organisait l' entreprise.

Référence: HC ( Himalayan Club)-Newsletter 21, p. 6/7.

4. Une expédition indienne dirigée par S. Jaswal gravit en octobre 1964 le Rathong Peak ( 6679 m ) au SW du Kabru S. L' équipe allait devenir le noyau de l' expédition 1965 à l' Everest.

Référence: HC-Newsletter 22, p. 2.

5. ( Complément. ) Il faut signaler les importante résultats géographiques obtenus par l' expédi japonaise 1963/64 au Sharpu, en particulier dans le Lumba Samba Himal ( entre les massifs du Kangchendzönga et de l' Everest ).

Référence: Sangaku LIX 1964, p.3-9, 59/61, 82, 92/93 et « Map of North-Eastern Part of Nepal-Himalaya 1:100 000 ».

Région de VEverest 6. Une grosse expédition japonaise a conquis le Gyachung Kang ( 7922 m ), le plus fier sommet entre l' Everest et le Cho Oyu. La « Fédération de toutes les Unions montagnardes japonaises » comprend environ 3000 clubs et 500 000 grimpeurs et laisse loin derrière elle toutes les associations alpines occidentales ensemble. Ces réserves proprement inépuisables donnent à tout coup un avantage aux Japonais dans l' exploration de l' Himalaya.

K. Kohara dirigeait cette expédition au glacier de Ngojumba, avec 9 grimpeurs japonais et 12 Sherpa sous la conduite de Pasang Phutar III de Darjiling. Le camp 6, le plus haut, fut monté à 7680 m. De là, K. Sakaizawa, Y. Kato et Pasang Phutar atteignirent le sommet en quatre heures, le 10 avril. Deux autres Japonais répétèrent l' ascension le lendemain. A. Otaki glissa et tomba dans la face nord de la montagne. Il ne semble pas avoir été encordé au moment de sa chute.

Références: « Les Alpes » 1964, p. 140. « Alpinismus » 7/64, p.47; 2/65, p.35.

7. Une entreprise japonaise au massif du Barun eut moins de succès. La petite expédition de l' Uni de Rikkyo, dirigée par H. Fukuda, dut abandonner le difficile Baruntse ( 7220 m ) conquis en 1954. Une visite au Pethangtse ( 6724 m ), déjà escalade plusieurs fois, fut une maigre compensation. En 1962, les Tyroliens Siegfried Aeberli et Hubert Schriebl avaient établi une ligne de base photogrammétrique sur le plateau du Pethangtse pour l' Entreprise d' exploration de l' Himalaya népalais.

Références: « Alpinismus » 8/64, p.45; 10/64, p.55; 2/65, p.35.

8. L'«Expédition allemande à ski au Cho Oyu, 8153 m » est tristement célèbre dans le monde entier. Les membres en étaient Rudi Rott comme chef, Sepp Gschwendtner, Georg Huber, Fritz Stammberger et le médecin Alois Thurmayr, avec l' officier accompagnateur népalais Khagda Bahadur, le Sirdar Dawa Tensing et quelques Sherpa.

La direction de l' expédition annonça pour premier succès le Nupche Himal ( 6600 m ) « près du Cho Oyu », gravi le 6 avril 1964 par Fritz Stammberger et le Sherpa Aila. Nupche Himal signifie massif neigeux occidental, ce qui est un mauvais nom pour une petite bosse située juste à l' est du Nangpa La ( 5716 m selon les nouvelles mensurations d' Erwin Schneider ). Le 11 avril, après un bivouac, Huber et Stammberger touchaient le sommet ouest du Jasamba Himal ( 6720 m environ ), au-dessus du relais de Jasamba, au SE du Nangpa La. Le nom « Mont Zlatnik » a été proposé mais est inacceptable: voilà cent ans que, avec l' unique exception de l' Everest, les noms de personnes sont strictement interdits pour désigner des sommets himalayens et sont écartés d' emblée et avec raison par le service topographique indien. De plus la liaison du grimpeur polonais Zlatnik avec l' Himalaya tient seulement au fait qu' il voulait aller au Cho Oyu avec Rott, mais se tua auparavant dans le massif de la Bernina.

Stammberger, Huber, Thurmayr et trois Sherpa s' en prirent au Cho Oyu lui-même dans la seconde moitié d' avril. Trois camps d' altitude complets furent installés, dont le dernier, vers 7200 m, porta le numéro 4. Selon son propre récit, Stammberger atteignit le sommet ( 8153 m ) seul, le 25 avril entre 16 et 17 heures; selon le récit du Sherpa Phu Dorje II, ils y furent les deux ensemble. Les « photos du sommet » de Stammberger ne donnent pas la preuve que le point le plus haut du Cho Oyu fut réellement atteint. Le bâton de ski qui porte le fanion est de toute évidence planté sur le flanc ouest de la montagne, sur une pente de 20 à 25°. Le Shisha Pangma ( 8013 m ), qu' on reconnaît sans aucun doute sur le bord gauche de la photo, se trouve dans l' azimut 289° ( soit à 71° à l' ouest du nord ). Le sommet qui émerge des nuages au-dessus du fanion, et que j' ai d' abord pris pour le Cho Rapzang, est en réalité - comme l' a découvert E. Sternbach - le P. 23 092 ft = 7038 m dans le Lapche Kang, avec l' azimut 315° ou 45° à l' ouest du nord. Au moment de la prise de vue, le soleil était encore très haut, comme on le remarque à l' ombre du fanion qui permet d' estimer ce moment à 14 heures ou 14 h 30. ( Les coordonnées géographiques du Cho Oyu sont 28° 5' N et 86° 40' E Le baron Eduard Sternbach m' a déjà écrit en août 1964 pour me faire remarquer l' étonnante contradiction entre l' heure indiquée par Stammberger et ses photos. ) Ajoutées au fait que les photos de Stammberger ne sont pas prises sur le plateau sommital presque horizontal mais dans la pente WNW, voilà des divergences qui font réfléchir.

Un doute plane sur cette « troisième ascension du Cho Oyu ». De plus, on ne peut guère la traiter de « course à ski » quoiqu' une paire de skis ait été portée assez haut et ait été utilisée pour une partie de la descente. Il est clair que même « le plus facile des 8000 » n' est pas vraiment une montagne à ski.

Le 25 avril et malgré leur très mauvaise condition physique, Huber et Thurmayr se hissèrent jusqu' à la « Vire de quartz » ( vers 7500 m ) où ils voulurent bivouaquer pour ne pas perdre les 300 mètres qu' ils venaient de gravir. C' est seulement quand l' ombre les gagna qu' ils comprirent la folie de ce bivouac sans tente ni sac de couchage. Ils descendirent donc au camp 4 ( 7200 m ) avec Stammberger et Phu Dorje. Après une mauvaise nuit, les deux jours suivants passèrent à dormir et attendre. Temps gaspillé en réalité, car l' ascension dont rêvaient les deux malades se montra absolument impossible. La dernière bonbonne de butane était épuisée, il ne restait rien à boire et on ne pouvait plus fondre de la neige... et cela à 7200 m d' altitude, où même en bonne santé on ne désire rien plus ardemment que du liquide et toujours du liquide sous toutes les formes - et de l' oxygène!

Le 27 avril, Phu Dorje fut envoyé à la recherche de provisions et de bonbonnes. Incompréhension totale d' un danger mortel, attitude inconcevable du seul homme valide - Stammberger - à regard de deux malades qui n' étaient probablement plus en état de raisonner!

Stammberger descendit le 28 avril seulement pour chercher de l' aide. En chemin, au camp 2 ou 1, sa soif lui fit boire un liquide où était mêlée de la benzine, ce qui le mit en très mauvais état. Il atteignit le camp de base ( 5600 m ) vers midi, expliqua combien la situation était critique au camp 4, « et s' écroula à son tour pour trois jours ». Que faire? Rudi Rott supportait si mal l' altitude qu' il s' était épuisé le ler avril à 5200 m, était resté cinq jours sans forces et ne pouvait depuis lors plus faire aucun effort physique. A 47 ans, Gschwendtner ( le « vrai » chef d' expédition !), « gardien du camp de base », n' entrait pas en ligne de compte comme grimpeur non plus. Il ne restait plus que le Sirdar Dawa Tensing, âge de 61 ans. Il réussit le 2 mai à monter seul jusqu' au camp 4 à 7200 m, mais il ne pouvait pas évacuer les deux moribonds et il redescendit. Khagda Bahadur, l' officier népalais, s' en fut chercher de l' aide au village de Thami. La « colonne de secours », avec Stammberger, Phu Dorje, Dawa Tensing et un autre Sherpa, n' arriva au camp 4 que le 5 ou le 6 mai ( les témoignages diffèrent ). Georg Huber était déjà mort. Alois Thurmayr mourut durant le transport.

Chacun peut se faire une opinion sur toute cette expédition, son organisation, sa direction, la valeur des participants, etc. C' est certainement « un des chapitres les plus tristes de l' alpinisme allemand »!

Références: « Bunte Illustrierte » 1964, N° 29 et 30. BK 25e année, p.403, 719-725, 905-909, 969-971. « Alpinismus » 4/64, p.48; 6/64, p.60; 10/64, p.30-34; 2/65, p.37; 4/65, p. 10-15.

9. Le grimpeur danois Jesper Trier réussit à la mi-mai 1964 la troisième ascension du sommet principal du Island Peak ( 6189 m ), montagne isolée dans la cuvette de l' imja. Il était accompagné de trois Sherpa.

Référence: « Alpinismus » 12/64, p. 37.

10. La septième équipe de Y Entreprise d' exploration de V Himalaya népalais continua avec succès les recherches zoologiques dans le Khumbu Himal. L' ingénieur Erwin Schneider, de Lech am Arlberg, compléta durant Parrière-automne ses prises de vue cartographiques par des travaux photogrammétriques terrestres. Il put déterminer beaucoup de noms nouveaux avec l' aide de l' ingénieur Peter Aufschnaiter qui lui offrit volontiers ses grandes connaissances topographiques et linguistiques. La première grande feuille himalayenne au 1:50 000 en huit couleurs doit paraître à la fin de l' été 1965.

Références: « Khumbu Himal » ( Springer-Verlag 1964, 65 et ss. ). « Les Alpes » 1964, p. 123. « Alpinismus » 10/64, p.35-38; 4/65, p.43. « Der Bergsteiger » 31e, p.431 et 651; 32e, p.691-694.

11. Le programme de 1'« Expédition école » dirigée par Sir Edmund Hillary était varié: Non seulement deux écoles furent construites au pays des Sherpa, mais une piste d' atterrissage pour avions légers fut aménagée à Lukla, à une grosse journée de marche en aval de Namche Bazar; la piste était utilisable en automne 1964. Enfin fut réussie la première ascension du Thamserku ( 6623 m ), imposant sommet bifide à l' est de Namche. L. Crawford, P. Farrell, J. Stewart et R.M.cKinnon atteignirent le sommet le 4 novembre après une escalade difficile qui nécessita 1200 m de cordes fixes et une échelle de câble.

Références: « Alpinismus » 11/64, p.37; M. Roberts dans « Alpinismus » 2/65, p.36; 3/65, p.42.

12. Une forte expédition britannique a fait, après la mousson 1964, la première tentative sérieuse au Gaurisankar ( 7145 m ), sommet aussi redouté que fameux. L' organisateur était Dennis Gray, le chef technique Don Whillans, et les autres participants T. Burnell, J. Clough, D. Hadlum et J. Howell. Ils quittèrent Kathmandu le 9 septembre avec trois Sherpa. Ils choisirent pour leur tentative le versant NW de la montagne, qui part de la forêt vierge. Il fallut placer le camp de base à l' altitude de 2400 m environ seulement, et le transport se trouva être déjà incroyablement pénible au-dessous de la limite des arbres. Le socle de l' arête est si raide qu' il fallut fixer des cordes aux arbres. Le camp de base avancé fut monté vers 4700 m, et le camp 5, le plus haut, vers 6550 m. Whillans et Clough firent une tentative décisive le ler novembre, mais ne parvinrent qu' à 6760 m. Des coulées de neige arrachèrent une grande partie de la main courante sur une pente de glace à 60°. Les grimpeurs ne furent pas blessés, mais durent se résoudre à la retraite.

Références: « Alpinismus » 7/64, p.48; 11/64, p.46; M. Roberts dans 2/65, p.36; 3/65, p.42.AJ 1965, N° 310, p. 96-105.

13. Complément aux chroniques himalayennes de 1961 et 1962: L'«Histoire du Pumori » publiée par Wilhelm Schloz dans « Alpinismus » 4/65 jette quelque lumière sur la sombre « Expédition de décembre 1961 ». Un journaliste de sport allemand, Gert Mehl, la dirigeait. Le cinéaste suisse Werner Stäuble, grimpeur expérimenté, et le Sherpa Phurba Lobsang semblent bien avoir poussé jusqu' à 7100 m environ, donc juste au-dessous du sommet du Pumori ( 7145 m ), le 7 décembre. On ignore la cause de leur chute. Leurs corps furent trouvés au pied de la face SE. Leur itinéraire n' est pas exactement une « direttissima », mais il est bien plus direct que celui de Lenser en 1962. Les photos que Mehl a prises jusque vers 6600 m en direction de l' Everest et du Gyachung Kang sont bonnes, mais il manque malheureusement celles qui seraient capitales: Stäuble et Lobsang ont tous deux fait des photos, mais leurs appareils ont disparu dans leur chute. Mehl lui-même et le Sherpa Annulu souffrirent de gelures aux mains et aux pieds, et durent être amputés.

Gerhard Lenser, qui reprit la même escalade avec succès l' année suivante, juge avec mépris cette tragique entreprise dans son « Pumo Ri » ( p. 179-181 ). Il est vrai que l' expédition de Mehl ne devait que tourner un film sur la vie des Sherpa et n' avait aucune permission de grimper au Pumori. Son abus d' autorisation ne peut être minimise. Pourtant le ton de Lenser n' est pas sympathique. Le lecteur s' étonne encore plus du jugement dévastateur qu' il porte sur la carte de l' Everest au 1:25 000 de Schneider et Ebster ( 1957 ); cette carte est très appréciée des connaisseurs et représente ce qui s' est fait de mieux en photogrammétrie terrestre dans l' Himalaya. L' opinion de Lenser n' éclabousse que son auteur...

Références: G. Lenser: Pumo Ri, der schönste Berg der Erde ( Zurich 1963 ). « Alpinismus » 4/65, p.28-32.

Langtrang etJugal Himal 14. Le 14e et dernier des 8000, le Shisha Pangma ( 8013 m ) que les Indiens appellent Gosainthan, a eu son tour. En 1963 déjà, les Chinois avaient accompli un travail préparatoire consciencieux et poussé jusqu' à 7160 m sur le versant nord. Une grande expédition de 195 membres fut assemblée au début de 1964 sous la direction de Hsu Ching. Un groupe scientifique important les accompagnait. Le camp de base, vers 5000 m, « était une vraie petite ville »: 18 grandes tentes de 20 places, 10 tentes plus petites, toutes équipées de lumière électrique, cuisine, cantines, hôpital, stations de radio et de météorologie, salle de conférences, etc. Six camps d' altitude furent montés dans le courant d' avril jusqu' à 7700 m. Le 2 mai à 4 heures ( heure locale, soit 6 h. selon l' heure de Pékin ), dix hommes partirent pour le sommet qu' ils atteignirent à 8 h. 20. Les difficultés techniques n' étaient évidemment pas très grandes, et le temps était radieux. Les formalités du sommet ( buste de Mao Tsé-toung, drapeau chinois, etc. ) ne nous intéressent guère, mais bien les photos réussies, en particulier la vue vers l' ESE avec le Mount Molhamongjim = Phola Gangchen ( 7661 m ) à mi-distance à gauche, et dans le fond le Lapche Kang, le massif de l' Everest et le Rolwaling Himal. Cette photo est une preuve irréfutable de l' ascension des Chinois.

Références: « Der Bergsteiger » 32e année, p. 374-382, 576-581. « Les Alpes » 1964, p. 165,258-262. AJ nov. 1964, p.211-216. « Alpinismus » 7/64, p.50; 10/64, p.25-29; 2/65, p.36.

75. Une expédition de l' Université d' Osaka prit pour but principal le Gangchhen Ledrub ( 7245 m ), naguère appelé « Langtang Lirung » et objet déjà de plusieurs tentatives infructueuses. Ce groupe, formé de T. Suzuki, 6 autres Japonais et 7 Sherpa, ne réussit pas non plus. Il rapporta deux prix de consolation: le Gang Chhenpo ou « Urkingma » ( 6397 m ) et le Kyungka Ri ( 6979 m ). A en croire les Japonais, les Italiens de l' automne 1963 n' étaient pas au Kyungka Ri mais firent la seconde ascension du Shalbachum ( 6700 m ) gravi en 1959. Voir « Les Alpes » 1/65, p.2-3.

Références: HC-Newsletter 21 et 22. M. Roberts dans « Alpinismus » 2/65, p.35.

16. Lord Shaftesbury et trois guides valaisans - M. Darbellay, A. Giroud et M. Rey - voulaient faire la troisième ascension du Ganesh Himal ( 7406 m ), ce dont chacun s' étonnait à Kathmandu. Des soucis politiques leur firent changer de but et se diriger vers le Langtrang et le Jugal Himal, où il y a aussi de belles choses à faire. Mais le succès leur échappa: au sommet vierge du Dorje Lhagpa ( 6988 m ), ils n' atteignirent que 6300 m après une escalade difficile, et au « Fluted Peak » ( 6397 m, probablement le Gang Chhenpo gravi par les Japonais ) ils furent bloqués 100 m sous le sommet.

Références: « Les Alpes » 1964, p. 192.J. M. Roberts dans « Alpinismus » 2/65, p.35 et 37.

17. En automne 1964 une expédition australienne reprit le chemin du Gangchhen Ledrub ( 7245 m ). Peter Taylor, deux autres Australiens, deux Australiennes et six Sherpa composaient le groupe, qui attaqua par l' ouest. Ils dépassèrent 6700 m selon leur estimation, mais les difficultés de l' itiné et l' inexpérience de certains participants les forcèrent à faire demi-tour.

Références: HC-Newsletter 22, p. 2. M. Roberts dans « Alpinismus » 2/65, p.36; 3/65, p. 42. AJ 310, p.138-139.

Gurkha Himal 18. L'«Expédition néerlandaise à l' Himalaya, 1964 » était dirigée par Jan Boon et accompagnée par le guide autrichien Hubert Schriebl. Son but était le Himlung Himal ( 7126 m ), mais l' approche par le SW en était si exposée aux avalanches qu' elle fut abandonnée vers 5350 m. L' expédition passa le col de Larkya et descendit au village de Sama - mentionné par les expéditions japonaises au Manaslu - dans la vallée de la Buri Gandaki, pour entreprendre le « Sommet Nord » du Manaslu. Il existe déjà toute une petite littérature sur ce sommet et sa cote: 7154 m? ou 6862 m? Confusion avec le « Granit Peak » dont l' existence n' est pas établie et dont la cote 7361 m est certainement beaucoup trop haute?

L' expédition a montré qu' il existe bien deux sommets différents. Mais le « Granit Peak » n' a que 6700 m environ, donc un bon 600 m de moins que les cartes lui attribuent, et le North Peak a environ 7050 m. H. Schriebl, F. Driessen, J. de Lint et les Sherpa la Tsering et Nima Tensing, partis d' un camp 4 à 6500 m, touchèrent le 25 octobre la pointe du North Peak.

Références: AAC ( American Alpine Club ) News 82. « Alpinismus » 8/64, p.50; 2/65, p.36; 3/65, p.42. Conversation avec H. Schriebl. AJ 310, p. 122/123.

13 Us Alpes -1965- Die Alpen193 Massif de V Annapurna 19. J. Roberts avait en son temps appelé « Glacier Dome » un sommet mal dégagé sur l' arête entre le « Roc Noir » et le Gangapurna, et lui avait attribué 7255 m. Ce nom provisoire n' est pas très heureux, mais il s' est installé. Une expédition des « Unions montagnardes japonaises » prit le sommet pour but. Sept participants japonais dont le Dr Sumio Shima pour chef, six Sherpa, une centaine de porteurs; départ de l' aérodrome de Pokhara le 10 septembre, marche d' approche par la vallée de Modi jusqu' au Glacier sud de l' Annapurna ( parfois désigné comme Glacier ouest ). Leur itinéraire traversait une chute de séracs très difficile entre 5500 et 5800 m, et ils placèrent leur camp 5 et dernier à 6220 m. Depuis un bivouac vers 6525 m, M. Nishimura et Dorje Sherpa montèrent au sommet le 16 octobre. Leur altimètre indiquait 7150 m. Le temps était beau depuis le 29 septembre.

Références: AAC News 82, nov. 1964, p. 2. J. Roberts dans « Alpinismus » 2/65, p. 36; 3/65, p. 42.

20. Une autre expédition japonaise, organisée par l' Université de Kyoto, se trouvait dans la région à la même époque: elle comprenait six Japonais dont H. Higuchi, et quatre Sherpa. Leur but était le Modi Peak ( 7196 m ), appelé auparavant « Annapurna Sud » ou « Ganesh ». Ce dernier nom en particulier était malheureux puisqu' il prêtait à confusion avec le Ganesh Himal ( 7406 m ). « Annapurna Sud » n' était pas meilleur puisque nous avons déjà quatre Annapurna à débrouiller, et que l' Annapurna IV et l' Annapurna II ( 7524 met 7937 m ) sont au sud du P. 7196. C' est pourquoi je m' étais résolu à appeler ce sommet « Moditse ». Mais Tse, qui signifie pointe, est un mot tibétain alors que la vallée de Modi appartient ethnographiquement aux Gurung. Le nom neutre de Modi Peak est donc bien le meilleur.

L' ascension fut réussie depuis l' est, par la cuvette glaciaire qui domine la rivière de Modi. Deux groupes atteignirent le sommet: H. Yoshino, M. Kumara et Y. Ageta le 13 octobre, et H. Higuchi, S. Uyeo, Karma Sherpa et Mingma Tsering le 15 octobre.

Références: HC-Newsletter 22, p.3. J. Roberts dans « Alpinismus » 2/65, p.36; 3/65, p.42.

Népal occidental 21. John Tyson, qui avait déjà fait des mensurations topographiques dans le Khan Jerowa Himal en 1961, a repris ses relevés dans ce massif compliqué en 1964. De plus il a escalade le Bhulu Lhasa ( 6400 m environ ) avec quatre membres de son équipe. On attend avec intérêt le rapport de son expédition, en particulier la carte qui groupera les résultats de ses recherches.

Références: J. Roberts dans « Alpinismus » 2/65, p.36; 3/65, p.42. « Les Alpes » 1965, p.91.

Garhwal 22. A. K. Chowdhury a conduit une expédition indienne dans le beau massif des Panch Chuliles cinq foyers célestes ). Trois des cinq sommets furent gravis: le V ( 6437 m ), le IV ( 6333 m ) et le III ( 6312 m ); mais le mauvais temps ne permit pas de conquérir le point culminant ( sommet II, 6904 m ).

Références: HC-Newsletter 22, p.5. Voir aussi M. Kurz: Chronique himalayenne 1959, avec la planche 22/23.

23. La Nanda Devi, le plus haut sommet du Garhwal ( 7816 m ) fut gravie pour la troisième fois en 1964, cette fois par une expédition indienne menée par N. Kumar. Nawang Gombu, instructeur Sherpa à Darjiling, et Dawa Norbu touchèrent le sommet le 20 juin.

Références: HC-Newsletter 22, p.5. AJ nov. 1964, p.290.

L' expédition indienne de S. Kohli a eu moins de chance. Le mauvais temps la força à abandonner le Tirsuli ( 7074 m ), qui est encore vierge, et le Sommet oriental de la Nanda Devi ( 7434 m ).

Références: « Les Alpes » 1964, p. 140. HC-Newsletter 22, p. 5.

25. Sous la conduite de Mrs. J. Dunsheath, un groupe de jeunes Indiennes gravit le Mrigthuni ( 6855 m ) les 10 et 12 octobre.

Références: Tages-Anzeiger, Zurich 22.10.1964. HC-Newsletter 22, p. 5.

26. Une expédition indienne dirigée par A.J.unglewalla fit une tentative infructueuse au Kanawar Kailas ( 6474 m ).

Référence: HC-Newsletter 21, p. 6.

27. R. Chari et un groupe de Bombay furent battus par le mauvais temps au Nar Parbat ( 5855 m ), à l' est de Badrinath.

Référence: HC-Newsletter 21, p. 6; 22, p. 5.

28. H. Dang conduisit un groupe d' étudiants de la Doon School au Jaonli ( 6632 m ), au-dessus d' Uttarkashi dans le Garhwal occidental. Mais le mauvais temps les chassa du camp 4 ( 5880 m ).

Référence: HC-Newsletter 22, p. 5.

Himalaya du Panjab 29. Le même H. Dang mena une petite expédition indo-française au Lahul Central pour répéter l' ascension du beau Mulkila, mais les mauvaises conditions les en empêchèrent. Ils se consolèrent en réussissant la « première » du M 5 ( 6370 m ).

Références: HC-Newsletter 22, p.5. Voir HJ XIII, 1946, p.54-61.

30. Le P. 21 500 ft, maintenant baptisé Kulu Pumori ( 6553 m ), est un beau sommet qui rappelle le Schreckhorn, près du glacier de Bara Shigri. Attaqué en vain en 1961, il fut conquis le 6 juin 1964 par R. Pettigrew et le Ladakhi Wangyal. L' ascension fut répétée trois jours plus tard par Fr. Moh-ling et le Ladakhi Ang Chook. L' itinéraire suit l' arête SW, avec un seul détour dans le flanc sud.

Références: HC-Newsletter 22, p. 5-6. Voir HJ XXIII, 1961, p.56-61. « Alpinismus » 9/64, p.49. « Les Alpes » 1/65, p.60-66. AJ 310, p.74-85.HJ XXV, 1964, p. 113-119.

31. Des instructeurs et des élèves de l' école d' himalayisme de Manali firent les ascensions suivantes: au Lahul le CB. 10 ou Tara Pahar ( 6227 m ), le CB. 50 ( 6096 m ) et le M5 ( 6370 m ) déjà nommé; dans le Beas-Kund-Ri-Dhar le Muker Beh ( 6068 m ).

Référence: HC-Newsletter 22, p. 6.

Massif du Nanga Parbat 32. L' expédition allemande au Rupal 1964, organisée par la « Fondation allemande pour l' explo étrangère », se composait de Karl M. Herrligkoffer, directeur, R. Hang, E. Hoffmann, G. Lapp, P. Müller, R. Obster, G. Plangger, K. Reinhold et W. Schloz junior. Cette forte équipe se trouva du 28 février au 5 mai dans la vallée de Rupal et sur le versant Rupal du Nanga Parbat ( 8125 m ). Le camp de base fut placé à 3600 m au pied du pilier SSE qui partage la fameuse paroi de Rupal et s' élance presque tout droit à l' Epaule sud à 8042 m. C' est la voie d' une « direttissima » de la formidable montagne. Le camp 1 fut monté à 4600 m, le 2 à 5300 m. L' altitude de 5800 m fut atteinte sur un dos qui devait conduire sans difficulté au prochain emplacement de camp vers 6000 m. Mais il n' en alla pas ainsi:

Le temps était détraqué et d' abondantes chutes de neige causèrent de grosses avalanches. Une plaque à vent emporta quatre des grimpeurs sur une distance de 500 m - sans d' ailleurs les blesser gravement. Là-dessus l' officier de liaison pakistanais, qui n' était pas au niveau de sa tâche, se mit à intriguer de toutes manières contre les Allemands, et finalement causa le retrait de l' autorisation de l' expédition. C' est ainsi qu' échoua pour cette fois cette entreprise hardie.

Références: BK, 25e année, p.403 et 566. « Alpinismus » 7/64, p.44-46; 4/65, p.20-22, 36-37.

33. L'«Expédition bavaroise au Karakorum, 1964 » ne se rendit pas en réalité au Karakorum comme prévu, mais fut détournée par les autorités pakistanaises sur la vallée de Rupal, donc dans le massif du Nanga Parbat, qui appartient à l' Himalaya proprement dit. Les participants en étaient Philip Rosenthal, organisateur et chef, M. Dannegger, médecin, F. Walcher, guide, K. Höfler, H. Reiter et R. Vidoni.

Une tentative à l' un des sommets du Mazeno ( env. 7100 m ), entre les vallées de Rupal et de Diamir, échoua dès le début. On se contenta dès lors d'«explorer » le Rupal qui est déjà connu et de gravir trois petits cinq mille sur son versant sud. Pour le « Turpin Peak », il semble qu' il y ait confusion.

Références: « Mitteilungen des DAV » 1964, p. 108. « Alpinismus » 8/64, p.51; 11/64, p.28-29; 4/65, p. 16-19.

Karakorum 34. L'«Expédition berlinoise au Karakorum, 1964 » était le fait de la jeunesse de la section de Berlin du Club alpin allemand. Y participaient Peter Lipp, chef, Ulrich Roloff, Dieter Hilliges et Norbert Körbler. Ils se dirigèrent sur le massif du Kondus et s' accrochèrent dès la fin avril à un sommet qu' ils prirent pour le K6 ( 7281 m ), mais qui en réalité est le K7 ( 6934 m ), donc pas le point culminant du massif, qui est à peu près 350 m plus haut et à 5 km au SW. L' étude de la carte de F. Noxon, que les Allemands ne connaissaient pas, comparée aux esquisses de P. Lipp, montre clairement cette erreur. Les Berlinois ne s' attaquèrent ni au Pt. 23 890 ft = 7281 m ( K6 ou Sommet 27/52A ), ni au Pt. 23 100 ft = 7040 m ( un nouveau sept mille ), mais au Pt. 22 750 ft = 6934 m ( K 7 ou Sommet 26/52 A ). Ils baptisèrent le sommet « Link Sar » ou Place des chasseurs, désignation qu' ils attribuent aux indigènes.

Le camp de base fut installé au Glacier de Kondus le 23 avril, le camp 1 le 7 mai à 4850 m, le 2 le 28 mai à 5700 m, le 3 le 1 e juin à 6300 m. Techniquement, le passage le plus difficile se trouva être une paroi de rocher polie par le glacier, haute d' une centaine de mètres, qui barre l' accès au glacier de Link Sar. Une échelle de corde de 163 échelons y fut d' abord fixée, mais par la suite on se contenta de boucles à une corde de 8 mm. Les conditions atmosphériques furent impitoyables: durant 62 jours passés sur la montagne, les courageux jeunes gens n' eurent que six jours sans chutes de neige. Même juin, qui est connu comme un bon mois dans le Karakorum, fut si misérable qu' ils durent parfois, près du camp 2, enfoncer dans la neige fraîche jusqu' à la poitrine. Il fallut abandonner le camp 3. Les autres camps d' altitude furent évacués, et le ler juillet marqua le début de la retraite sur Skardu.

Les Berlinois firent encore un détour par la vallée de Khorkondus, où ils croyaient trouver un terrain vierge. Ils ignoraient tout en effet de l' expédition J. Waller - J. Hunt - R. Brotherhood - J. Carslaw qui avait atteint Khorkondus en 1935 et reconnu les glaciers de Sherpigang, Dong Dong et Likah. Ils ne connaissaient pas non plus la carte 52 A au quart de pouce du Service topographique indien. Il y a malheureusement toujours des expéditions dont la préparation historique et géographique est tout à fait insuffisante, ce qui les conduit à des projets erronés et à d' amères déceptions.

Références: BK 25e année, p.971-973. « Alpinismus » 8/64, p.60; 11/64, p.25-27; 4/65, p.23-27. Voir aussi: AJ 251, nov. 1935, p.282-287 et HJ VIII, p.14-24. AAJ ( American Alpine Journal ) 1964, p.121-123. Cartes de K. Mason à la fin de AJ 251 et en p. 16 de HJ VIII; J. F. Noxon dans AAJ p. 122/123; Survey of India 52A 1 pouce 4 miles; HJ XXIII, 1961, p.86/87. Correspondance et photos de W. Axt.

35. La « Première expédition de Steir au Karakorum-Himalaya, 1964 » comprenait Hanns Schell junior, chef, Rudolf Pischinger, Horst Schindelbacher, Leo Schlömmer et Rolf Widerhofer. Ils passèrent à Nagar le 3 mai. Ils placèrent leur camp de base à l' endroit même où Wilfrid Noyce avait mis le sien en 1960, vers 4600 m au pied de l' arête sud du Momhil Sar ( 7342 m ). Les skis courts leur rendirent service jusqu' à 6200 m. Leur camp 3, à 6500 m, se trouvait à une cinquantaine de mètres au-dessous du col entre le Momhil Sar et le Trivor ( 7720 m ).

L' arrivée du mauvais temps fit échouer la première tentative au Momhil Sar sur l' arête est fortement cornichée. Le deuxième essai dut aussi être abandonné à cause du temps - cette fois sur la « rampe » du flanc sud exposé aux avalanches. Le ciel s' éclaircit enfin le 28 juin, et le lendemain fut le grand jour: départ du camp 3 à minuit et demie, rampe, zone de séracs, pente neigeuse, couloir très raide, arête SW à 14 h. 30, brève halte, et à 16 h. 30 les cinq atteignaient le sommet par grand soleil, ce qui leur permit de photographier un panorama très utile aux géographes. Ils construisirent un petit cairn.

Après une pause d' une heure au sommet, ils entamaient la descente, faisaient des rappels sur 120 mètres dans le couloir et rejoignaient les tentes du camp 3 à 22 h. 30. Une journée exténuante, mais un splendide succès.

Le 9 juillet, Schell escaladait encore en solitaire la Pointe de Gharesa ( 5341 m ) par la longue arête est, et obtenait un coup d' œil intéressant sur le versant nord du massif du Malubiting ( 7453 m ).

Références: « Alpinismus » 2/64, p. 43; 10/64, p. 46-48. BK 25e année, p. 566 et 930; 26e année, p. 207-208. Correspondance de H. Schell jun. Voir aussi P. Meciani: Regione del Ghiacciaio Hispar 1:250 000 ( 1959 ). W. Kick: Der Chogo-Lungma-Gletscher im Karakorum, Zeitschrift für Gletscherkunde; Innsbruck 1964, p. 1-59. AJ 1965, N° 310, p. 69-73.

36. Le Diran ou Minapin Peak ( 7266 m ), à 15 km à l' est du Rakaposhi, a déjà fait l' objet de tentatives en 1958 et 1959. En 1964 s' y rendit une petite expédition de Salzbourg, formée de Heinz Eggert et de Walter Frisch, auxquels se joignit plus tard Herbert Edtbauer. Comme les groupes précédents, ils approchèrent par le NW de cette montagne qui n' est pas difficile techniquement, mais assez dangereuse. A la troisième tentative ils fixèrent un camp 3 vers 5930 m, mais le temps et la neige étaient si mauvais qu' ils durent abandonner là.

Références: BK 250 année,p.931.HC-Newsletter 22,p.4.«Alpinismus»2/64, p.43.ÖAZ 1964,p.72; 1965, p. 48-50.

37. La « Première expédition irlandaise au Karakorum, 1964 » dirigée par O' Leary, fit une tentative au Rakaposhi ( 7788 m ) par l' arête NW. Ce n' est pas un itinéraire très recommandable, comme W. Tilman avait déjà pu s' en rendre compte. Il s' y ajouta le mauvais temps, des avalanches et une grève des porteurs Hunza, ce qui fit rebrousser chemin aux Irlandais vers 6100 m.

Références: « Les Alpes » 1964, p. 140. HC-Newsletter 22, p. 3. Voir aussi BW 1960/61, p. 30-40.

38. Le Dr Fred Roots mena la « Première expédition canadienne au Karakorum, 1964 » à Gilgit puis au Batura Mustagh. Le camp de base fut place vers 3650 m dans le vallon de Hassabad auan NW de Baltit ( Hunza ). De là, les Canadiens s' en prirent au Sang-e-Marmur ( 6950 m ), un sommet marqué d' une bande de marbre jaune et aux formes relativement douces. Malgré cinq camps d' altitude, ils ne parvinrent qu' à 6300 m, frustrés qu' ils furent du succès par la tempête et un gros danger d' avalanches. Ils n' avaient pas la permission d' essayer le Batura I ( 7785 m ), dont le faîte se trouve en zone interdite.

Références: HC-Newsletter 22, p.4. « Alpinismus » 4/65, p.42.

Hindukush 39. Le professeur Arne Naess dirigeait l'« Expédition norvégienne 1964 au Tirichmir » à laquelle participaient le Dr Kjell Friis-Baastad, médecin, Ralph Höibakk, Anders Opdal et Per Vigerust. Leur camp de base « Idylle » fut monte le 26 mai à 3300 m, et leur camp 4 ou base avancée le 6 juillet à 5200 m au pied de la face sud. La face fut jalonnée d' un camp 5 ( « Nid de corbeaux » ) à 6000 m, d' un 6 ( « Intégral » ) à 6500 m et d' un bivouac à 7000 m. L' attaque commença le 22 juillet et amena Höibakk et Opdal le 25 juillet sur le sommet vierge du Tirichmir Oriental ( 7692 m ). Les 2500 m de sa face sud représentent une des plus belles escalades réussies à ce jour dans les montagnes principales de la Haute Asie - et une digne suite à la conquête du Tirichmir Occidental ( 7706 m ) que le même Arne Naess et les Norvégiens avaient faite en 1950.

Références: « Alpinismus » 5/64, p.45; 10/64, p.40-43.

40. L'«Expédition allemande 1964 au Wakhan » dirigée par Dietrich von Dobeneck fit la première ascension du Koh-i-Langar ( 7061 m ), du hangar N ( env. 6750 m ), du Langar SE ( env. 6850 m ) et du Koh-i-Bay Quara ( 5420 m ), pilier NW de la chaîne du Pamir du Wakhan. L' exploration topographique fut accompagnée de travaux géologiques et botaniques.

Références: Dr A. Diemberger, Salzbourg. « Alpinismus » 7/64, p. 51; 11/64, p.40. ÖAZ 1965, p.56.

41. L'«Expédition de Steir à l' Hindukush, 1964 », de Gerald Gruber, rapporte: première ascension du Shachaur ( 7116 m ); première et seconde du Udren Zom = Shachaur II(7131 m ); deuxième du Koh-i-Nadir-Shah ( 7125 m ).

Références: Dr A. Diemberger. « Les Alpes » 1964, p.273. « Alpinismus » 12/64, p.40-42. ÖAZ 1965, p.56-57.

42. M. W.H. Day et l'«Expédition 1964 de Cambridge au Chitral » continuèrent l' exploration commencée par H. Braham en 1962: le plateau du Siri Darà, à l' est de Mankial au Swat.

Références: HC-Newsletter 21, p. 6; 22, p. 4. ÖAZ 1964, p. 137-143; 1965, p. 57.

43. L' expédition italienne « SUÇAI » de C. A. Pinelli travailla en 1964 à l' ouest de la vallée d' Ushu, dans le Swat.

Référence: ÖAZ 1965, p. 19.

44. L'«Expédition munichoise 1964 à l' Hindukush » reprit le gros travail des Munichois dans le massif médian de Khwaja-Muhammad. Elle gravit 14 cinq mille dans la chaîne de Rakhuy. Mais sa fin fut tragique: deux bandits afghans déguisés en porteurs réussirent à massacrer et dépouiller les deux jeunes Allemands Erwin Rinkl et Walter Strass. Blessé d' un coup de feu, Ernst Haase sauva sa vie comme son frère Wolfgang qui était déjà au camp de base. Les criminels furent pris par des bergers, ligotés, amenés dans la vallée et livrés aux autorités.

Références: BK 25e année, p. 566, 931; 26e année, p.43, 76-77. « Der Bergsteiger » 32e année, p. 529-539.ÖAZ 1965, p. 19-25.

45. Diepolder mena l'«Expédition 1964 des Munichois de Kempten à l' Hindukush » dans la région de la vallée supérieure de Munjan et du col de Ramgul, où plusieurs sommets avoisinant 5000 m furent gravis pour la première fois. L' expédition passa ensuite sur le Nuristan.

Références: HC-Newsletter 21, p. 11. ÖAZ 1965, p. 55.

46. L'«Expédition des Allemands du Nord à l' Hindukush, 1964 », de Sepp Ruf, annonce l' ascen de 18 sommets dans les 5000 m dans la région de Zabak, au nord-est du Koh-i-Bandakor ( 6600 m ).

Références: Dr A. Diemberger. « Alpinismus » 12/64, p.37. ÖAZ 1965, p. 54/55.

L' agence Reuter annonçait le 19 mars 1965 de Kathmandu que le gouvernement népalais avait interdit les ascensions dans l' Himalaya du Népal pour un temps indéterminé. « Il pourrait s' agir de plusieurs années. La mesure n' a pas été justifiée officiellement, mais il est connu que certaines expéditions himalayennes ont franchi illégalement la frontière tibétaine ou ont violé d' une autre manière les instructions données par le gouvernement népalais aux grimpeurs. » Voilà la conséquence des gestes d' hommes mal inspirés, égoïstes et irresponsables comme l' Ecos Patterson ( région de Mustang ) et l' Américain Woodrow Wilson Sayre ( glacier de Rongphu ), qui ne sont pas des grimpeurs. La faute en revient aussi aux illustrés et aux éditeurs qui étalent et magnifient ces aventures insensées! Maintenant ce sont les grimpeurs et explorateurs sérieux qui en pâtissent. Seules échappent à l' interdiction les expéditions qui possèdent une autorisation et sont déjà au Népal.

Les Japonais sont les plus lourdement touchés par les nouveaux ordres. On ne nous empêchera pas de penser que le flot des demandes japonaises a peut-être contribué à déclencher l' interdiction. Si par exemple une demande était repoussée pour 1963, elle réapparaissait pour 1964 puis pour 1965. Et de nouveaux candidats ne manquaient pas de surgir. Le nombre des quémandeurs augmentait d' année en année. On peut comprendre que le gouvernement népalais désire une pause. La haute montagne ne doit pas être saturée. L' Himalaya connaît déjà le danger des masses.

Références: « Les Alpes » 1965, p.90 et 120. « Alpinismus » 7/65.

Traduit de l' allemand par Pierre Vittoz

Feedback