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Congrès international de médecine de montagne à Interlaken

L' ambiance des exposés était décontractée et ceux-ci ont donné un reflet varié des divers aspects de la médecine de montagne, souvent illustrés d' anecdotes personnelles tirées des expériences vécues en haute montagne ou en expédition par les conférenciers. Le congrès n' a cependant pas seulement été l' occasion de débattre dans toutes les langues de questions spécialisées; il a également offert celle de rafraîchir d' anciens contacts et d' établir des liens entre personnes partageant les mêmes intérêts.

Les trois formes du mal des montagnes Pas de nouvelles découvertes, mais intéressants points particuliers Le premier jour, l' intérêt s' est porté principalement sur les causes, la prévention et le traitement des trois formes du mal des montagnes: le mal aigu des montagnes, l' oedème du poumon dû à l' altitude et l' oedème du cerveau dû à l' altitude. Bien que des recherches intensives aient lieu dans ce domaine, aucune découverte fracassante, certes, n' a pu être annoncée. Il n' existe en particulier toujours pas d' étude à valeur générale par laquelle on pourrait prédire qui, pourquoi et dans quelles circonstances risque d' être atteint de l' une ou l' au des trois formes de la maladie ( Peacock, Bartsch et al. ). De nouveaux et intéressants éléments sont cependant venus s' ajouter au dossier:

Prophylaxie et thérapie Dans ce domaine, les vieilles recettes restent à l' ordre du jour. Bien que la prévention et le traitement médicamenteux ( Diamox, Adalat, Dexaméthasone ) puissent prendre une grande importance dans des situations particulières ( impossibilité de descendre, impossibilité de s' acclima - par exemple lors d' un sauvetage ), le Dr Oelz a insisté sur les moyens « naturels »: monter lentement; éviter les efforts exagérés; au-dessus de 2500-3000 m, ne pas monter de plus de 300-500 m entre deux endroits où l'on dort.

Cependant, l' aspect le plus important du repérage précoce des symptômes consiste à être bien conscient que n' importe qui, quel que soit son niveau d' entraînement, peut être atteint des maladies dues à l' altitude. Aux premiers signes de mal aigu des montagnes, il faut s' interdire de monter plus haut. Si les symptômes s' ag sans qu' on change d' altitude, il ne reste qu' à descendre.

Le sac de recompression a trouvé à Interlaken des partisans aussi bien que des opposants. D' après quelques études, il semble qu' il influence positivement, au moins passagèrement, le cours du mal aigu des montagnes, facilitant ainsi la descente. D' un autre côté, on craint que son utilisation par des non-spécialistes ne puisse mettre en danger le patient ( Kayser, Hirt, Oelz ).

Secours en montagne et divers thèmes de médecine alpine Vue d' ensemble La deuxième journée du congrès a commencé par la présentation d' un intéressant choix de sujets pratiques concernant le secours en montagne. Les exposés suivants traitaient de la lutte contre la douleur sur le lieu de l' accident et tout au long du sauvetage, des conditions particulières posées par l' alpinisme juvénile, ainsi que de la vaste problématique de l' hypo et des gelures, toujours d' ac, en rapport surtout avec les sauvetages en cas d' avalanche et de chute dans une crevasse.

Economie de frais grâce à des secours efficaces Dans un exposé détaillé, le Dr Wiget a relativisé les frais élevés entraînés par des secours en montagne efficaces en leur opposant les économies qu' ils impliquent également. C' est ainsi, par exemple, que des soins médicaux dispensés sur le lieu de l' acci et des opérations de sauvetage menées correctement par des spécialistes permettent de réduire dans de nombreux cas les proportions des blessures et, en conséquence, la durée d' hospitalisation, le degré d' invalidité et les dommages économiques généraux.

Le Dr Jacomet, lui, a souligné l' im d' un bon travail d' équipe de toutes les personnes participant à une intervention de sauvetage. En montagne surtout, les premiers soins sur le lieu de l' accident ne dépendent souvent pas seulement de considérations médicales, mais bien plus de facteurs tels que la détérioration du temps, l' abaissement de la température, le danger de chute de pierres et de glace ou d' avalanche, qui influent considérablement sur le déroulement d' un sauvetage.

Lutte contre la douleur sur le terrain Les douleurs ne sont pas qu' une manifestation annexe désagréable de blessures, qu' il convient d' ignorer dans l' intérêt de la rapidité du sauvetage, comme on le faisait souvent dans le passé. Elles peuvent aggraver fortement les conséquences de blessures. Ainsi, par exemple, la vive douleur provoquée par des côtes fracturées entraîne une respiration superficielle qui a des suites négatives, ou peut renforcer les symptômes d' un choc hémorragique et ainsi contribuer à la défaillance de divers organes ( Thomas ). De nouvelles perspectives sont ouvertes par des techniques d' anesthésie locale ou régionale qui permettent par exemple d' insensi une jambe cassée et d' éviter les dangers liés à l' utilisation d' analgési puissants ( réduction de la respiration jusqu' à l' arrêt respiratoire, somnolence etc. ). Ces méthodes présentent par ailleurs des avantages en cas de sauvetages longs et compliqués, tels qu' on en rencontre plus fréquemment depuis l' apparition du canyonisme ( Ledoux ).

Alpinisme juvénile Les enfants ne sont pas seulement des adultes de petite taille. Il convient de veiller tout particulièrement à leur garantir un entraînement adapté aux besoins de l' enfance et d' éviter absolument de soumettre leur organisme en pleine croissance à des efforts exagérés ( Schlegel ).

Hypothermie Deux auteurs ( Wendung, Marsigny ) ont présenté quelques nouveautés, tel un appareil mobile, utilisable dans des crevasses, de respiration d' air chaud. Mais de nombreuses questions sont également restées ouvertes. On a, par exemple, discuté une fois de plus du dilemme « mort ou mort apparente » en cas d' hypother et de la façon de le résoudre. C' est là une question d' importance rien moins que vitale pour les personnes concernées, comme l' a remarqué le Dr Zollinger, médecin légiste!

L' examen de patients ayant subi un arrêt cardiaque lors d' une hypothermie a donné des résultats réjouissants. Bien que ces patients soient restés en moyenne plus de deux heures sans battements cardiaques propres, quelques-uns d' entre eux, bénéficiant de conditions optimales ( pas d' autres blessures graves, réanimation entreprise rapidement et correctement ), ont survécu sans lésions graves ( Walpoth ). Les chances de survivre à une hypothermie avec arrêt cardiaque dé- C' est à Interlaken que s' est réuni le Congrès international de médecine de montagne 1997. Ici, vue de la Höhenmatte ( Interlaken ) en direction de la vallée de Lauterbrunnen et de la Jungfrau pendent de nombreux facteurs et ne sont guère possibles à prédire. En cas de doute, le principe selon lequel « personne n' est mort avant d' être à la fois chaud et mort » reste valable!

Gelures Malgré de nombreuses propositions émises ces dernières années sur la manière de soigner les gelures sur le lieu de l' accident afin d' en réduire les conséquences, la méthode miracle n' existe toujours pas. La mesure la plus importante à prendre reste de dégeler dès que possible le membre atteint et d' éviter à tout prix qu' il ne gèle à nouveau ( O' Malley ).

On continue toutefois d' être unanime sur le fait que des extrémités gelées ne devraient être amputées que le plus tard possible ( des mois après la gelure ), car on ne peut jamais prévoir exactement jusqu' à quel point le tissu se reconstituera. A ce sujet, une étude espagnole a cependant été présentée au congrès, qui permettrait peut-être de déterminer à l' avance, dans la deuxième semaine après la gelure, le niveau de l' amputation. Une opération réalisée plus tôt aurait en tout cas l' avantage de réduire le risque d' infection et la durée totale d' hospitalisation ( Morandeira, Martinez ).

« Ce qui compte, c' est d' avoir un but !» ( Nicole Niquille ) Tout au long de ce congrès, les premiers soins et la médecine d' ur ont tenu le devant de la scène. La conclusion en a cependant été apportée par quelqu'un qui se situait à l' autre extrémité de la chaîne du sauvetage.

Nicole Niquille avait fait sensation en 1986 en devenant la première femme guide de montagne de Suisse. Mais les performances qu' elle accomplit depuis le grave accident qui la contraint à se déplacer en chaise roulante sont encore plus impressionnantes. Un grand silence régnait dans la salle tandis que le Dr Brodmann décrivait les étapes de sa dure réhabilitation et de son retour à la vie, et qu' elle déclarait: « Ma conception du bonheur a changé. Ce qui compte, c' est d' avoir un but. » Des démonstrations de sauvetage dans la vallée de Lauterbrunnen ont mis un terme spectaculaire à ce congrès très varié. Que les organisateurs et tous ceux qui ont contribué à sa réussite en soient chaleureusement remerciés.

Dr Kathrin Blunschi, Frutigen BE ( trad.. " " .M ( S ) a.

Sécurité, médecine, sauvetage a

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