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De superbes pentes encore confidentielles Randonnées à skis en Bulgarie

Les parcs nationaux de Rila et de Pirin en Bulgarie recèlent quantité de sommets accessibles à skis et ( encore ) peu fréquentés. La région ne manque pas non plus d' atouts culturels, comme les représentations du Jugement Dernier au monastère de Rila, inscrit au patrimoine culturel mondial de l' UNESCO.

Le vol d' approche vers Sofia laisse déjà voir les sommets enneigés des monts Witosha, qui prennent racine à la limite méridionale de la capitale bulgare. Plus loin au sud, en direction de la Grèce, les montagnes des parcs nationaux de Rila et de Pirin atteignent de plus hautes altitudes. On y trouve de grandes superficies de forêts ininterrompues, la « Silva Magna Bulgariae ». Les masses d' air humide de l' Egée s' y mêlent à la traîne des blizzards sibériens pour assurer à chaque hiver une riche provision de neige. Un riche potentiel donc pour le tourisme de ski, que la Bulgarie souhaite ouvrir au plus vaste public. On assiste ainsi au développement rapide de la station de ski de Bansko dans le massif du Pirin, et l' adhésion à l' UE va certainement accélérer le mouvement. Hors des centres, il y a beaucoup d' espace encore pour les randonneurs et pour les amoureux de la nature. Si l'on s' écarte des itinéraires fréquentés, on a de fortes chances de se trouver seul en chemin.

C' est pourquoi, dès notre arrivée à Sofia, nous poursuivons vers le massif du Rila où se trouvent de nombreux sommets se prêtant idéalement aux excursions à skis: leur ceinture de forêt est surmontée de croupes alanguies et de longues pentes que dominent de raides couloirs. Aucun sommet n' atteint l' alti de 3000 mètres.

Lorsque nous quittons la cabane Maliovitsa, la paroi nord rocheuse du Maliovitsa ( 2729 m ) se dissimule encore dans les derniers nuages, mais le soleil méridional ne tarde pas à égayer le paysage. Après quelques passages raides où le regard plonge dans les profondeurs des basses plaines, nous voici sur un ressaut donnant vue au sud sur le monastère de Rila, sur le massif du Pirin et sur l' éten impressionnante des forêts de conifères. L' arête sommitale plutôt plate se laisse gravir facilement avec les crampons, et nous atteignons peu après midi notre premier sommet bulgare à skis pour contempler les innombrables sommets flanqués de cascades de pentes idéalement inclinées.

Notre seule rencontre est un promeneur montant, vêtu de ses chaussures et d' un caleçon rayé. Ce n' est apparemment pas la première fois qu' il se balade à demi nu: sa peau est tannée par le soleil. Il nous félicite amicalement de notre exploit et poursuit, sans le moindre frisson, son ascension vers la lumière. Les pentes orientées au sud brillent maintenant comme du vif-argent. Il y fait beaucoup trop chaud pour que nous puissions les emprunter à la descente. Le flanc nord matelassé de poudreuse est nettement plus accueillant. Notre premier arrêt est pour la cabane Maliovitsa, où nous célébrons cette mémorable descente avec une bière de brasserie Zagorga.

Le sommet le plus adéquat pour précéder la visite d' un monastère est le Popova Kapa, en français barrette de curé. Après les dernières conversions ( laïques ), cette montagne haute de 2704 mètres présente un sommet plat et rond comme le cou-vre-chef d' un moine orthodoxe. Le célèbre monastère de Rila se trouve dans la forêt tout en bas, bien loin du point le plus élevé. Nous descendons vers le sud au milieu d' un paysage de caractère nordique pour gagner le Suhoto Ezero, le « lac sec » qui se trouve déjà sous la limite des 2000 mètres. Passant devant une cascade, nous dirigeons nos skis vers la raide forêt de pins qui sent bon la résine. On déchausse à l' abord du chemin pédestre conduisant au monastère, pour mettre les skis à l' épaule et poursuivre au train de sénateur.

Une austérité froide et un silence sépulcral nous accueillent, transpirants encore après la longue descente, dans la cour intérieure du monastère. Les moines, élancés comme des basketteurs professionnels, portent de noires pelisses de duvet et d' aussi sombres et vastes barbes. Les façades du lieu saint sont peintes de Dans la région des randonnées à skis, on trouve aussi le monastère de Rila, dont on voit ici l' église claus-trale Sweta Bogorodiza. L' ensemble du site est inscrit au patrimoine culturel mondial de l' Unesco couleurs vives, aux motifs de fantasmes moyenâgeux pleins de tenailles et autres instruments de torture illustrant la lutte contre les cohortes célestes. Les tourments de l' enfer sont représentés avec un réalisme particulièrement détaillé. Nous poursuivons vers l' intérieur de l' église où, parmi les icônes et bois sculptés dorés, quelques dévots marmonnent des prières. Le monastère a été inscrit en 1983 au patrimoine culturel mondial de l' Unesco.

Ces murailles octogonales sur fond de cimes enneigées seront le décor de nos adieux au massif du Rila, que nous quittons pour rejoindre la station de ski de Bansko, dans les monts de Pirin, en passant par Blagoevgrad et Razlog.

Nous entamons la deuxième partie de notre voyage, une courte traversée au départ de Bansko, dans le creux d' un vallon sis à l' altitude de 900 mètres à la limite septentrionale du massif du Pirin. Notre itinéraire conduit vers le sud à travers le Bezbog ( le Mont Païen ) vers le Mount Polejan ( 2851 m ) puis à travers le groupe de Straijte strié de couloirs spectaculairement raides et remplis de neige. La délicieuse cabane Deminaica sera l' un des points forts de notre expédition: une maison enchantée au milieu de la forêt, au bord d' une rivière aux eaux cristallines. Nous passons la nuit dans des lits à étages tendus de draps blancs comme neige. Le gardien nous sert un vin rouge fruité de Melnik, le confort du lieu est souligné par le ronronnement du chat somnolant près du poêle.

Passant au large des lacs enneigés de Valyavishki et des contreforts du Petit Todorka, nous gagnons les plus célèbres buts d' excursions à skis de la région: le Vihren ( 2914 m ) et le Kutelo ( 2908 m ). Les descentes sur les raides névés nous offrent le régal d' exigences plutôt soutenues et d' un fantastique panorama. La vue porte sur tout ce qui a un nom et tient son rang dans la région, par exemple le flanc ouest du Todorka ( 2746 m ) avec ses huit couloirs affichant des pentes régulières de 40 degrés sur des hauteurs de 600 à 900 mètres: autant pour les plus belles des descentes. Si nous devons revenir, nous savons déjà où nous irons. Après les excursions à skis, les fraises du marché de Sofia évoquent déjà le printemps. 

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