Editions Rother (75e anniversaire des -) | Club Alpin Suisse CAS
Soutiens le CAS Faire un don

Editions Rother (75e anniversaire des -)

En novembre 1995, une grande fête a eu lieu à Munich pour célébrer le 75e anniversaire de la maison d' édition de livres de montagne Rother.

Fondée en 1920 par l' alpiniste et libraire Rudolf Rother, la maison d' édition Rother Verlag, bien connue des alpinistes, s' était fixé pour but d' informer au mieux dans le plus grand nombre possible de domaines liés à l' alpinisme. C' est ainsi que, en 1921 déjà, paraissait le manuel d' instruction Das Klettern im Fels. Après des débuts difficiles, les éditions Rother se développèrent régulièrement jusqu' à la guerre, qui eut pour elles des conséquences fâcheuses: dispersion de la communauté des alpinistes, destruction du bâtiment lors d' une attaque aérienne, anéantissement presque complet d' archives alpines parmi les plus précieuses et les plus abondantes. Les affaires reprirent leur essor après les hostilités, stimulées en particulier par la collaboration instaurée entre l' édi et les associations alpines.

Confrontée à une concurrence grandissante, la maison Rother a été contrainte, dans les années 80, de se redimensionner et de se défaire d' une partie de ses secteurs d' activité: son service de librairie par correspondance, la revue Bergwelt, ainsi que l' imprimerie qui lui appartenait en propre. Enfin, en 1990, la reprise des activités de Rother par la maison autrichienne Freytag-Berndt & Artaria, spécialisée en cartographie, a mis un terme à l' ère de Rother Verlag en tant qu' entreprise familiale.

Depuis lors, le programme d' édi s' est élargi et modernisé, incluant désormais des ouvrages de photos, des livres de montagne, des guides de randonnée, de vélo, de ski, d' alpinisme etc., jusqu' à des dis-quettes contenant des suggestions de courses. Par ailleurs, depuis quelques années déjà Rother diffuse en Allemagne les publications du CAS.

Selon comm. Christine Kopp, Flüelen UR ( trad.. " " .M Au pied de l' Aiguille d' Orny Eric Dragesco:

La vie sauvage dans les Alpes ( 240 p., 32x26 cm, richement illustré de photos couleur et de dessins noir-blanc, couverture toilée, jaquette. Ed. Delachaux et Niestlé, Lausanne - Paris 1995. ISBN 2-603-00992-3. Fr.85. ) Magistrale somme à plusieurs égards que ce livre exceptionnel! Le moins qu' on puisse dire, en effet, est que son auteur, Eric Dragesco, a plusieurs cordes à son arc. La plus spectaculaire, bien sûr, est d' abord celle de la photographie. Dans cet art multiple, complexe, laborieux, de la photo d' ani sauvages, une activité à laquelle ne se livrent avec succès que des passionnés, des hommes d' action mâtinés d' ascètes ou encore des techniciens à la fois rigoureux et sensibles à la beauté des choses, Eric Dragesco affiche une maîtrise presque insolente. On recherchera peut-être en vain, dans la production francophone, voire européenne de ces dernières quinze ou vingt années, un livre réunissant une telle quantité de photos d' animaux sauvages d' une telle qualité d' ensemble.

De quels animaux s' agit? L' auteur s' est limité ( si l'on peut dire !) à 11 espèces de mammifères et 14 d' oiseaux, soit « les 25 espèces les plus spectaculaires et les plus représentatives de la faune des Alpes ». Cette sélection lui permet de proposer une véritable petite monographie de chacun des animaux traités. Et si les rois de la faune alpine prennent la place qui leur revient ( 18 pages pour le chamois, 16 pour le bouquetin, 15 pour l' aigle ), ses représentants plus « modestes » sont également abordés avec force détails et illustrations: le discret lièvre variable a droit à douze pages, la petite et rare chouette chevêchette, à sept.

Aux talents du photographe s' ajoutent ceux du scientifique qui connaît son affaire. Le naturaliste E. Dragesco ( par ailleurs médecin ) présente ses sujets avec rigueur et précision, dans une langue fluide et agréable. Des sujets dont il a « fait le tour », comme en témoignent notamment les 179 références bibliographiques réunies en fin d' ouvrage et les nombreux rappels des travaux qu' elles signalent. Combinant ainsi une science solide et une très vaste pra- tique du terrain, l' auteur donne un texte à la fois riche en informations générales et très vivant grâce à l' apport incessant de faits, notes et anecdotes tirées de l' expérience sur le vif.

Enfin, notons que le photographe virtuose se double d' un dessinateur au talent... presque gênant, car on en vient à se demander lequel cherche à étouffer l' autre! Les dessins d' Eric Dragesco rassurent en tout cas sur la pérennité d' un art peu couru et dont on pouvait craindre que Robert Hainard ne soit l' un des derniers brillants représentants.

Temps de l' affût, temps de la photo, temps du dessin, temps de l' écriture, temps de l' étude... Décidément, Eric Dragesco doit avoir un secret, en plus de ses dons multiples: celui de la journée de 50 heures!

fb vierges: la notion d' aventure. On reste perplexe, par exemple, lorsqu' on prend connaissance de la maigreur de l' information dont Terray et Lachenal disposaient au moment d' attaquer l' Eiger, en 1947. Ils n' étaient guère au courant que des grandes lignes de la voie réussie en 1938 par les premiers ascensionnistes et ils semblaient être mieux informés des quelques tragédies qui avaient ponctué l' histoire récente de cette face que... de l' itinéraire de descente par le flanc ouest de la montagne, assez complexe mais bien connu et où ils peinèrent à trouver leur chemin et risquèrent, de fait, de laisser leur peau, épuisés par leur longue ascension et deux bivouacs. Manifestement, pour Terray et Lachenal ( et peut-être pour une bonne part de leurs contemporains ), réussir la deuxième ou troisième ascension d' une grande voie consistait véritablement à « répéter la première » dans le plein sens du terme!

Mais le sel de l' aventure ne réside-t-il pas justement, pour une bonne part, dans l' impossibilité de toujours définir clairement où finit le risque calculé et où commence l' aléatoire total, le risque « insensé »? Et c' est d' ailleurs en cela que la réédition de ce livre, outre son intérêt historique pur, nous interpelle, à une ou deux générations d' intervalle. L' effort humain, en effet, consiste depuis très longtemps à chercher par tous les moyens à éliminer le risque, l' impon, l' imprévu. D' où les hôpitaux, les assurances, les glissières de sécurité, les réserves de nourriture ( toutes choses dont il ne s' agit pas de nier l' évidente utilité ) etc., ainsi que, l' alpinisme ayant suivi le mouvement, la recherche de la sécurité totale dans les voies d' escalade. Ce que le livre de Terray vient donc nous rappeler, c' est ce paradoxe de la dynamique des civilisations, lesquelles ne progressent qu' en éliminant le risque, l' erreur, l' imprévu... mais ne conservent leur vitalité que par ce contact, parfois mortel mais souvent vivifiant et peut-être indispensable, avec le risque, l' erreur, l' imprévu.

fb Lionel Terray:

Feedback