Glaciers des Alpes suisses en 1994-95 (Les -) | Club Alpin Suisse CAS
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Glaciers des Alpes suisses en 1994-95 (Les -)

En automne 1995, nos observateurs ont effectué, selon le programme habituel, les relevés des variations annuelles des glaciers des Alpes suisses. Tous les services officiels, entreprises et personnes privées ayant participé jusqu' à présent aux mesures sur le terrain nous ont apporté à nouveau leur collaboration très appréciée. Dès le début de mars, MM. Martin Hoelzle et Daniel Vonder Mühll sont chargés de la surveillance des réseaux de mesure des VAW/EPFZ, tandis que M. Markus Aellen, ancien collaborateur de ces laboratoires, qui a pris sa retraite, continue de nous assister en tant que délégué de la CG/ASSN à l' observation des glaciers.

Après les conditions météorologiques hivernales de septembre 1995, un bon nombre d' observateurs ont bénéficié du temps favorable et de la chaleur estivale d' octobre pour effectuer les relevés de la 116e campagne annuelle de mesures, exécutée dans le cadre de l' étude de la variation de longueur des glaciers, qui a débuté en 1880. En automne 1995, on a pu observer 112 langues glaciaires, ce qui range l' exercice 1994/95 parmi les six années les plus profitables de cette longue série de mesures. A l' instar de l' année précédente, la proportion des glaciers en crue et stationnaires a légèrement aug-

mente, celle des glaciers en décrue diminuant ainsi quelque peu. Selon les valeurs chiffrées fondamentales obtenues, il s' avère que le retrait des glaciers a légèrement diminué depuis 1993 mais qu' il se situe toujours ( et également durant ce dernier exercice ) nettement au-dessus de la moyenne à long terme. En revanche, le bilan de masse des glaciers présente une nette diminution de l' ablation. Après un hiver doux et abondamment neigeux, suivi d' un été court mais très chaud, gains et pertes se trouvaient presque en équilibre dès la mi-août. La pluviosité et la froidure de septembre ont apporté un accroissement notable, sous forme d' une première couche de neige assez épaisse. La chaleur et l' extrême sécheresse d' octobre l' ont quelque peu épargnée seulement dans les régions élevées ou abritées du soleil.

III. 3 Prise de vue du 26.1O.95

Conditions météorologiques et climatiques

Météorologie

Faisant suite à la série d' années très chaudes commencée en 1983, 1995 s' est à nouveau distingué par un net excès de chaleur. En montagne et sur le versant sud des Alpes, le surplus thermique atteint 0,5 à 1,5 °C. Les conditions météorologiques de l' année hydrologique 1994/95 sont brièvement, mais clairement caractérisées par les titres des bulletins météorologiques mensuels de l' Institut suisse de météorologie ( ISM ), que voici:

III. 1-3 Le glacier de Lavaz ( Somvix ). Après une progression de 100 m en 1986, due à l' accumulation de restes d' avalanches ( déjà observée en 1975 et 1978 ), la langue de ce glacier s' est retirée de 140 m jusqu' en 1989, puis de 390 m supplémentaires jusqu' en 1993. Depuis lors, des vestiges de névés et d' avalanches ayant résisté à la chaleur estivale sur la langue et immédiatement en aval ont partiellement compensé ce retrait.

III. 2 Prise de vue du 17.1O.94 Science et montagne a. < Figure 1 Précipitations annuelles 1994/95 et températures estivales 1995: écarts par rapport aux valeurs normales 1901-1960 a ) Précipitations annuelles 1994/95 ( Sommes 1.10. 94-30. 9. 95 ):

écarts en pour cent

1994

Octobre Temps automnal très ensoleillé et doux Novembre Le plus chaud en plaine depuis le

début des observations

Décembre Nettement trop doux et peu de neige AnnéeLa plus chaude depuis le début des

mesures au milieu du XVIIIe siècle;

nombreuses chutes de grêle

1995

Janvier Après de grosses chutes de neige, temps très venteux et humide

Février Douceur printanière; abondante pluviosité dans le nord

MarsPersistance de l' hiver au nord; temps

ensoleillé au sud

AvrilChaud au début du mois, puis temps

changeant. Enfin, pluie au sud

MaiDébut estival, puis passage de nom-

breuses dépressions

JuinTemps changeant et frais. Début de

l' été à la fin du mois

JuilletExtrêmement chaud, beaucoup de

soleil et très sec partout

AoûtLourd et orageux. Episode presque

hivernal à la fin du mois

Septembre Frais, peu de soleil, beaucoup de pluie à l' ouest et au sud

AnnéeNettement trop chaude en plaine, plu-

vieuse au nord, sèche au sud; ensoleillement normal sur tout le pays

Dans son ensemble, l' exercice 1994/95 présente un net excédent thermique, en grande partie constitué par les apports des mois de février et de juillet. En revanche, mars, juin et septembre se sont révélés trop froids. En juillet, l' isotherme de zéro degré au-dessus de Payerne s' est situé presque constamment au-dessus de 4000 m d' altitude et a même parfois dépassé les 5000 mètres. Quant à la pluviosité, elle

«.. ^"»^isr ' 300 300 500—1— 800—1—

41.5° jmmm1.0O.5 " V O.0».O.5° —1—500 S o o III. 4 Etat du glacier de Tiatscha le 11.11.95. Sa langue, qui avait reculé la plupart du temps entre 1926 et 1972, a progressé depuis lors et jusqu' en 1990. Elle se situe maintenant 400 m en amont de sa position relevée il y a 70 ans, au début des mesures annuelles, mais 50 m environ en aval de son stade de retrait maximum, atteint en 1972 ( cf. 95e rapport sur les glaciers, ill. 13 et 14 ).

b ) Températures estivales 1995 ( température moyenne de l' air 1.5.30. 9. 95 ): écarts en degrés Celsius

est presque partout supérieure à la moyenne pluriannuelle, sauf au Tessin et dans les Grisons. Le trimestre janvier-mars et les mois de mai et septembre présentent de nets surplus pluviométriques, tandis que le trimestre d' été ( juin à août ) se distingue par sa sécheresse.

Climat

L' accroissement des glaciers dépend presque exclusivement des apports en précipitations solides ( neige ) et des pertes dues à la fonte. C' est pourquoi la glaciologie s' intéresse en premier lieu aux précipitations hivernales et aux températures estivales de l' air. La figure la montre l' écart en pour cent des précipitations de l' exercice ( octobre 1994 à septembre 1995 ) et la figure lb l' écart absolu de la température estivale ( mai à septembre 1995 ), par rapport aux normes représentées par les moyennes calculées sur la période 1901-19601. Ces deux petites cartes soulignent le caractère généralement pluvieux et presque partout trop chaud de l' exercice examiné. Au sud-ouest, les moyennes pluviométriques à long terme sont dépassées de plus de 60 %, tandis que le Tessin et les Grisons affichent des déficits atteignant parfois 20 %. Quant aux températures estivales, elles sont de 0,5 à 1,0 °C trop élevées sur de vastes contrées. C' est dans les régions centrales des Alpes que l'on relève les plus fortes variations spatiales de ces écarts thermiques. Zermatt, par exemple, signale un déficit de 0,3 °C, tandis que Sion se distingue par un excédent supérieur à 1,0 °C.

1 Dans les rapports précédents, les figures correspondantes présentaient les écarts par rapport aux normes au moyen d' indices statistiques normalisés. Le passage de l' un à l' autre de ces deux modes de représentation s' effectue approximativement de la manière suivante: pour la pluviosité, diviser l' écart en pour cent par 11,. " " .4; pour la température, diviser l' écart absolu par 0,55.

Science et montagne Tableau 1 Variation de la longueur des glaciers des Alpes suisses 1993-1995 - Récapitulation _Q.

< Réseau, Nombre de glaciers ( n ) et pourcentage ( p ) des classes échantillon.

1993 1994 1995 classes n pn pn pRéseau d' observations 121 121 121 non observés 36 10 9 observés 85 111 112 non classés 5 2 2 Echantillon 80 100,. " " .0 109 100,. " " .0 110 100,. " " .0 en crue 6 7,5 9 8,3 14 12,. " " .7 stationnaires8 7,3 12 10,. " " .9 en décrue 74 92,. " " .5 92 84,. " " .4 84 76,. " " .4 Variation moyenne de longueur:

Moyenne [m] -12,. " " .2 -11,. " " .8 -10,. " " .4 Nombre de valeurs 56 59 92

Variations des glaciers

Bilan de masse

Le bilan de masse et la température de la glace dépendent des échanges d' énergie survenant entre l' atmosphère et les glaciers. En Suisse, on détermine chaque année le bilan de masse de trois glaciers, ceux de Gries, de la Silvretta et d' Aletsch. Les valeurs annuelles cumulées de ces séries d' observa, présentées à la figure 2, mettent en évidence les fortes pertes de substance de ces glaciers dans les années 40 et 80, ainsi que les gains plus modestes réalisés durant les 7e et 8° décennies de ce siècle. On a recours à différents procédés pour déterminer le bilan de masse de ces glaciers, notamment à la méthodeglaciologique pour ceux de Gries et de la Silvretta, et à la méthode hydrologique pour celui d' Aletsch. Elles se distinguent l' une de l' autre tant par la somme de travail qu' elles demandent que par leur principe même et leur exactitude. C' est pourquoi il est essentiel que leurs résultats soient vérifiés de temps à autre au moyen d' un procédé tout à fait objectif, la méthode géodésique. Elle consiste en la prise et l' interprétation photogrammétrique de vues aériennes effectuées chaque année ou à intervalles plus longs, permettant de déterminer les variations de volume du glacier et, partant, son bilan de masse. En outre, les glaciers de Gries et de la Silvretta appartiennent, avec 50 autres appareils glaciaires de Suisse, au réseau international d' observa, dont les bilans sont déterminés dans le cadre d' une collaboration mondiale, sous l' égide du World Glacier Monitoring Service.

Les bilans de masse des glaciers de Gries et d' Aletsch déterminés lors de cet exercice se sont révélés faiblement négatifs, tandis que celui du glacier de la Silvretta est positif. Ces résultats n' éton guère car, après un mois de juillet très chaud, l' été de 1995 s' est signalé à partir de la mi-août par une extrême fraîcheur et une abondante pluviosité. Quant à l' ablation très active d' octobre, il faut la comptabiliser sur le bilan de l' année suivante. Le glacier de Gries, qui a décru de manière accélérée durant les années 80, présente à nouveau, après plus de dix ans, un bilan annuel presque équilibré. Depuis 1924, le bureau d' ingénieurs Flotron, à la demande de la Société des forces motrices de l' Oberhasli, effectue des mesures géodésiques de la zone d' ablation des glaciers de l' Aar. La période de référence, s' étendant du 16 août 1994 au 7 octobre 1995, a mis en évidence une fusion de 24 millions de mètres cubes de glace environ, ce qui correspond à la moyenne de ces dix dernières années et à une diminution d' épaisseur de 1,1 m, si on la répartit sur toute la surface du glacier. La figure 3 montre, pour deux profils transversaux, la comparaison depuis 1924 entre les variations annuelles cumulées d' épaisseur et les vitesses d' écoulement de la glace. Pour le moment, les très forts déficits des bilans de masse observés pendant les années 80 et le début de cette décennie semblent décroître. L' avenir nous dira si, oui ou non, cette diminution constitue le prélude à un renversement de tendance.

Mouvements des glaciers

En automne 1995, on a contrôlé et remplacé la plupart des jalons permettant d' estimer les variations de masse et les mouvements des glaciers mentionnés ci-dessus, dont on calcule chaque année le bilan, ainsi que d' autres, dont ceux de l' Allalin et de Giétro, par exemple. Dans leur majorité, les mesures d' écoulement de la glace ont révélé des vitesses aussi basses que celles de ces dernières années, parfois même inférieures. Toutefois, des exceptions apparaissent à nouveau dans certaines parties du glacier d' Unteraar, surtout au-dessus du point de confluence, à l' endroit appelé « Abschwung » ( sortie ). Les valeurs d' accélération les plus élevées de cet exercice proviennent d' une zone du bassin terminal aval, située juste au-des-sous de cet endroit. Même dans la partie antérieure de la langue glaciaire, le mouvement de la glace s' est quelque peu accéléré, depuis l' année précédente ( cf. fig. 3 ).

0000 5000 0 5000 0000 sooo 0000: \:

\: —o— Giaci et de Griesû— Glacier d' Aletsch:...,...

5000 1900 1920 1940 1960 1980 Figure 2 Variations annuelles cumulées des bilans de masse des glaciers d' Aletsch, de Gries et de la Silvrettaa- Pavillon Dollfus 2284,. " " .6 mait. moy. en 1924 Mieselenegg 2419,. " " .4 mait. moy. en 1924 ) 1930 III. 5 Etat du glacier d' Ammerten le 16.1O.95. En 25 ans, depuis le début des mesures, cette langue glaciaire recouverte de détritus a reculé au total de 65 m. Elle a d' abord subi un retrait, puis une avance, l' un et l' autre d' environ 15 m en cinq ans ( cf. 92' rapport sur les glaciers, ill.6 ).

Figure 3 Variations des épaisseurs et des vitesses d' écoulement de la langue du glacier d' Unteraar 1924-1995 1990 2000 Science et montagne

Depuis 1968, on mesure chaque année la vitesse d' écoulement du glacier de Giétro, de mi-juillet au début de la saison hivernale, le point de mesure se trouvant dans la partie la plus antérieure de sa langue abrupte ( cf. illustrations du 113e rapport ). Dans le cadre d' un projet de recherche des Forces motrices de Mauvoisin, on a effectué des mesures géodésiques de contrôle en été 1995. Elles ont confirmé les variations saisonnières observées durant les exercices précédents, en particulier l' apparition habituelle du maximum de vitesse à la fin de l' été seulement, pour les langues glaciaires de forte déclivité. Il s' est aussi avéré que, dans le cas du glacier de Giétro, les vitesses saisonnières varient d' une année à l' autre presque dans les mêmes proportions que les vitesses annuelles. Depuis 1982, celles-ci ont diminué jusqu' à 30 à 50 m/an, alors que, auparavant, elles avaient augmenté en cinq ans de 50-80 m/an à 80-20 m/an.

Variations de longueur

Actuellement, le réseau d' observation des glaciers comprend 121 langues terminales dont les variations annuelles de longueur constituent la base d' indices statistiques, traduisant l' évolution générale des appareils glaciaires des diverses régions des Alpes suisses. Durant cette 116 ccampagne de mesures de l' automne 1995, les observateurs ont inspecté 112 langues glaciaires sur le terrain ou au moyen de prises de vues aériennes. Sur les 110 glaciers dont la variation de longueur a été correctement interprétée depuis l' exercice antérieur, 12 sont restés stationnaires, 14 ont progressé et 84 ont

Figure 4 Variation de la longueur des glaciers des Alpes suisses en 1995 - Situation

reculé. On a pu calculer une variation précise de longueur dans 92 cas. Pour 18 glaciers, leur attribution à l' une ou l' autre des trois classes de comportement s' est effectuée par comparaison entre des photographies exécutées par les observateurs ou des prises de vues aériennes des offices fédéraux chargés de la mensuration cadastrale du pays. Dans les deux derniers cas, les conditions défavorables d' enneigement n' ont permis aucune interprétation correcte ( tableau 1 ).

Les résultats de cet exercice sont reportés séparément pour chaque glacier au tableau 2 et à la figure 4. Les numéros de la petite carte correspondent à ceux attribués à chaque glacier mentionné dans le tableau, où l'on n' a inscrit, au contraire des années précédentes, que les variations de longueur de cet exercice, sans comparaison avec les données de 1993/94. Il convient de remarquer à ce propos que, sur les 14 glaciers en crue de cet exercice, 4 avaient déjà progressé l' année dernière ( glaciers de Tsidjiore Nouve, du Mont Fort, du Mont Durant et de Grand Plan Névé ), les autres s' étant retirés. Quant aux 12 glaciers stationnaires, ceux de Zmutt, de Moiry et de Prapio l' étaient déjà en 1993/94 et les autres ont subi un retrait plus ou moins prononcé.

Pour les glaciers dont la progression est chiffrée, celle-ci est en général inférieure à 10 mètres. Des adjonctions de névés ont largement contribué aux assez fortes crues des glaciers du Mont Fort et du Sardona. Il en est de même dans 4 autres cas ( glaciers de Tälliboden, de l' Ofental, de Kessjen et de Lavaz ), où les avances sont encore plus sensibles, quoique non mesurables précisément en raison de la présence d' une couche de neige fraîche. Le glacier de Roseg et le grand glacier d' Aletsch ont subi les plus forts retraits de cet exercice, le premier

500—j— S CO

CD 8 —1—300 la X^^

^/ r« N s.

m \ 7\

£/\« 108 en crue 2, stationnaireen décrue

50 +

+

50+

0 non observé -500 -700 Tableau 2 Variation de longueur des glaciers des Alpes suisses en 1995 DI0 Glacier Variation N° Glacier Variation N » Glacier Variation a ) b ) a ) b ) a ) b ) Bassin du Rhône ( II ) 1 Rhône + 0,6 19 Turtmann + 1,5 37 Giétro - x 2 Mutt n 20 Brunegg - 5,4 38 Corbassière - x 3 Gries - 11,. " " .4 21 Bella Tola -39,. " " .4 39 Valsorey -43 4 Fiescher -17,. " " .0 22 Zinal - 6 40 Tseudet -27 5 Grosser Aletsch -59,. " " .5 23 Morning -16 41 Boveyre - x 6 Oberaletsch n 24 Moiry + 0,1 42 Saleina -17,. " " .7 7 Kaltwasser - 4,1 25 Ferpècle - 12,. " " .3 43 Trient -40 8 Tälliboden + X 26 Mont Miné - 18 44 Paneyrosse + 5,8 9 Ofental + X 27 Arolla - 11 45 Grand Plan Névé + 5,9 ( Mt.. " " .Collon ) 10 Schwarzberg - 103 28 Tsidjiore Nouve + 6 46 Martinets n 11 Allalin -24 29 Cheillon - 6,7 47 Sex Rouge st 12 Kessjen + X 30 En Darrey - 2 Prapio st 13 Fee ( Nord ) -37,. " " .5 31 Grand Désert - 3,8 49 Pierredar - X 14 Gorner - 10 32 Mont Fort ( Tortin22,. " " .5 15 Zmutt st 33 Tsanfleuron - 17,. " " .5 106 Mittelaletsch - X 16 Findelen -34,. " " .5 34 Otemma - 13,. " " .3 107 Bis - X 17 Ried - X 35 Mont Durand + 8,2 108 Orny - X 18 Lang - 8 36 Breney - 1,7 Bassin de l' Aar ( la ):

50 Oberaar - 10 57 Ob. Grindelwald - 7 64 Blümlisalp - 3,3 51 Unteraar -25,. " " .8 58 Unt. Grindelwald - X 65 Rätzli - 16 52 Gauli - 12 59 Eiger - 8,0 109 Alpetli - 3,4 53 Stein - 12 60 Tschingel - 0,2 110 Lötschberg n 54 Steinlimmi - 3 61 Gamchi - 1,2 111 Ammerten - 2,1 55 Trift ( GadmenX 62 Schwarz - 1,0 112 Dungel n 56 Rosenlaui - X 63 Lämmern - 4,5 113 Gelten n Bassin de la Reuss ( Ib ) i:

66 Tiefen + 2,5 70 Damma - 15,. " " .8 74 Griess + 0,3 67 Sankt Anna - 0,9 71 Wallenbur - 2,8 75 Firnalpeli ( Ost5,. " " .0 68 Kehlen -29,. " " .3 72 Brunni n 76 Griessen st 69 Rotfirn ( Nord11,. " " .4 73 Hüfi -32,. " " .6 Bassin de la Linth-/Limmat ( Ic ):

77 Biferten - 7,0 79 Sulz - 22,. " " .03 81 Pizol sn 78 Limmern - 1,7 80 Glärnisch -34,. " " .5 114 Plattalva - 3,6 Bassin du Rhin/Bodan ( Id ):

82 Lavaz + X 86 Paradies + 12,. " " .1 90 Silvretta - 14,. " " .5 83 Punteglias -22 87 Suretta - 13,. " " .5 91 Sardona + 27,. " " .2 84 Lenta - 11 88 Porchabella - 5,5 85 Vorab sn 89 Verstankla - 3 115 Scaletta n Bassin de l' lnn ( V ):

92 Roseg -84,. " " .4 95 Calderas - 6,9 97 Sesvenna - 1,5 93 Tschierva -24,. " " .4 96 Tiatscha st 98 Lischana - 6,2 94 Morteratsch -24,. " " .1 Bassin de l' Adda ( IV ):

99 Cambrena - 9 101 Paradisino0,. " " .2 116 Albigna n Campo 100 Palü - 7,8 102 Forno -20,. " " .7 Bassin du Tessin ( IM ):

103 Bresciana - 13,. " " .5 117 Valleggia - 7,0 120 Corno + 1,0 104 Basodino -24,. " " .5 118 Val Torta - 4,6 Cr Croslina - 7,6 105 Rossboden - 8,5 119 Cavagnoli - 0,2

aboutissant dans un lac naturel, le second s' étirant loin au-dessous de la limite des forêts.

Cinq glaciers encore en crue en 1993/94 ont reculé durant cet exercice. Parmi eux, celui de Rossboden, recouvert de cailloux, était en constante progression depuis 1983, tandis que celui de Cheilon, présentant le même aspect, s' était mis à avancer dès 1992 seulement. Quant aux glaciers de Suretta, du Val Torta et du Basodino, ils ont connu durant ces deux dernières décennies des phases de

43 Remarques générales:

a ) Dans la figure 4, les glaciers sont cités par leur numéro b ) Si la valeur indiquée est valable pour un intervalle de plusieurs années, on a noté le nombre d' années comme suit: -13,. " " .42 = recul de 13,. " " .4 m en deux ans.

Abréviations:

+ en crue st stationnaire - en décrue ca valeur approximative x valeur non déterminée? résultat incertain sn sous la neige n non observé Science et montagne a ) Nombre de glaciers observés N 1880 1890 1900 1910 1920 1930 1940 1950 1960 1970 1980 1990 2000 500 -1000 -500 Grand glacier d' Aletsch Glacier du Trient Glacier du Rhône 19?0 1880 1980

crue interrompant temporairement leur tendance générale au retrait.

L' évolution à long terme des glaciers s' exprime clairement par la vue d' ensemble des résultats principaux des mesures effectuées depuis 1880 ( cf. fig. 5 ). Toutefois, il convient d' observer une certaine prudence dans leur interprétation, en raison de la variabilité, d' une année à l' autre, de l' ampleur de l' échantillon, d' une part, et de la réduction de la signification des pourcentages, d' autre part, lorsque leur base de référence est trop petite. Pour chaque année, la figure 5a indique le nombre de glaciers introduits dans la statistique ( importance de l' échantillon ) et répartis dans les trois classes suivantes: en crue, stationnaires, en décrue. On a calculé les pourcentages annuels de chacune de ces catégories, dont la somme atteint chaque fois 100% ( fig. 5b ). La variation du rapport entre les glaciers en crue et en décrue fait clairement ressortir les deux périodes d' accroissement glaciaire survenues autour de 1920 et de 1980. En outre, la proportion dominante des glaciers en décrue observée sur la majorité des exercices témoigne de la nette prédominance des années de retrait glaciaire ( 95 contre 21 ) depuis le début des mesures, en 1880. Durant 12 années seulement, le nombre des glaciers en crue a dépassé la moitié de l' échantillon. La tendance au retrait général apparaît également dans les courbes représentant les variations cumulées de longueur ( fig. 5 c ) des trois glaciers dotés des séries de mesures les plus longues et les plus complètes. Elles expriment aussi le comportement caractéristique de trois différents types de glaciers.

150 100 50 0 Figure 5 Variations de la longueur des glaciers des Alpes suisses 1880-1995 Variations annuelles cumulées de la longueur ( en km ) des glaciers d' Aletsch, du Rhône et du Trient ?ono

Résumé

A l' instar des années précédentes, les conditions météorologiques de 1995 ont révélé un net excédent thermique. Juillet, en particulier, avec ses températures extrêmes et son isotherme de zéro degré se situant en général au-dessus de 4000 mètres, et crevant parfois même le plafond des 5000 mètres, y a fortement contribué. En revanche, septembre s' est distingué par sa trop grande fraîcheur et son abondante pluviosité. De manière générale, l' exercice tout entier se caractérise par un excès d' humidité et de chaleur.

Quant au bilan de masse des glaciers, les gains très importants réalisés au cours d' un hiver riche en neige ont été plus ou moins contrebalancés, fin août, par les notables pertes dues à un été brûlant. Les généreuses chutes de neige de septembre ont apporté un accroissement considérable à la fin de la période de calcul des bilans. Quant à la fusion très active consécutive au temps estival d' octobre, il faut l' attribuer à l' exercice suivant! Les soldes des bilans glaciaires de l' année hydrologique 1994/95 se traduisent par des gains ou des pertes extrêmement modestes, en dépit des transferts importants survenus au cours de ces douze mois.

Depuis l' année précédente, les trois quarts des 110 glaciers dont on a déterminé le comportement ont reculé, tandis qu' un huitième d' entre eux seulement ont progressé. C' est le glacier de Roseg qui a subi le retrait le plus important ( 85 m environ ) et celui du Sardona, la crue la plus forte ( un peu moins de 30 m ).

100 en dé< rue statio inaire en crue 75 50 25 0 1880 1890 1900 1910 1920 1930 1940 1950 1960 1970 1980 1990 2000 III. 6 ( Voir « Complément », p. 46 ss. ) Vue aérienne de la région du glacier de Gruben, entre la vallée de Saas et le Simplon. A gauche du glacier, on distingue les matériaux pierreux d' un pergélisol mouvant ( glacier rocheux ). Le « lac n° 1 » se trouve sur la moraine, le « lac n° 3 » entre le glacier ( à droite ) et le glacier rocheux, et le « lac n° 5 », sur celui-ci ( à gauche ). On a construit une route donnant accès au chantier.

b ) Pourcentages des glaciers en crue, stationnaires ou en décrue 01 a SE NW — 2910 m

A

^ 1989 A — 2900 m Glace morie Permafrost — 2890 m 1 200 m 150 m I 100 m I 50 m 0 m

Conclusions

Durant ce 116e exercice, la masse glaciaire des Alpes suisses s' est peu modifiée, à l' instar des années précédentes, qui présentaient des conditions climatiques analogues. De très nets excédents thermiques et d' importants surplus pluviométriques ont conduit à des bilans de masse presque équilibrés. Au cas où le réchauffement observé actuellement se poursuivait à l' avenir, un accroissement correspondant de l' abondance des précipitations serait indispensable pour que la masse actuelle de nos glaciers soit conservée. La compensation presque intégrale entre gains et pertes de ces trois derniers exercices ne se traduira sur le comportement de la maioriré des langues terminales nue res nrorhaines

III. 7 Sur la digue du lac le plus bas ( n° 1 ), des puits de forage destinés à des injections de béton protégeront la moraine d' une érosion ultérieure et empêcheront la brusque vidange de cette retenue d' eau. A l' arrière, la Lenzspitze.

Représentation du processus physique se déroulant dans le lac n° 5. Se formant entre la glace morte ( à gauche ) et le permafrost, une faille s' est peu à peu remplie d' eau. En surface, celle-ci se réchauffe sous l' action des rayons du soleil et descend en profondeur.

en raison de l' augmentation de sa densité ( entre 0 et 4 °C ). Elle se refroidit à nouveau au contact de la glace et remonte. Ce brassage augmente le volume du lac n° 5, entraînant des risques de débordement, ce qui a incité à le vider par pompage.

des appareils glaciaires. Pour cet exercice, la tendance au retrait mesurée sur la base des valeurs des cent dernières années s' est ralentie, passant de valeurs très élevées à des valeurs presque moyennes.

Complément

Recherches et mesures de protection prises dans la région du glacier de Gruben ( VS )

Le glacier de Gruben s' écoule du Fletschhorn ( 3993 m ) en direction de Saas Balen. Son bassin de réception offre une grande variété de formes topo-

III. 8 Déversoir du lac n° 1. On a augmenté sa capacité potentielle de retenue en abaissant le niveau de l' éva des crues. Il peut ainsi absorber sans problème la vidange inopinée de l' un des autres lacs situés en amont.

III. 9 Le lac n° 3 est situé entre le glacier de Gruben ( à droite ) et les éboulis gelés en permanence ( pergélisol à gauche ). En 1968 et en 1970, ce lac, alors sous le glacier, s' est brusquement vidé et a déclenché des coulées de boue qui ont provoqué d' importants dégâts à Saas Balen, village situé 400 m en contrebas. On a récemment pris des mesures de protection en raison de la nouvelle menace de vidange de ce lac, suite au retrait du glacier.

que par le permafrost ( sous-sol gelé en permanence ). L' une des plus caractéristiques est la puissante moraine frontale qui se dresse tel un bastion devant la langue terminale ( cf. ill. 6, p. 45 ). En outre, au nord de celle-ci s' étendent de vastes amas de débris rocheux, mélangés à une grande quantité de glace et constituant une sorte de nappe phréatique congelée en permanence. Grâce à la flexibilité de la glace, ce permafrost s' écoule lentement vers la vallée, à raison d' un mètre par an au maximum. Cette masse de cailloux et de glace se comporte comme un glacier, raison pour laquelle on la désigne par le terme de « glacier rocheux ». Sur celui-ci et sur le glacier lui-même sont apparus plusieurs petits lacs, les uns au bord de la glace, les

En 1968 et en 1970, lors d' une crue glaciaire, le niveau du lac n° 3 s' est élevé si haut que ses eaux ont soulevé le glacier à la façon d' un iceberg ( cf. ill. 9, p. 47 ). Elles se sont ensuite déversées sous le glacier et ont emporté une partie du barrage morainique, formant des coulées de boue-qui ont provoqué, à deux reprises, d' importants dégâts au village de Saas Balen, situé 1400 m en contrebas. Par la suite, on a artificiellement abaissé le seuil du déversoir de ce lac. Mais sa surface s' est à nouveau agrandie depuis 1989, en raison du retrait du glacier, créant une menace renouvelée de brusque vidange ( Kääb 1996 ). En outre, le lac n° 5, situé sur le pergélisol, grossissait de plus en plus rapidement depuis 1985 et son volume atteignait déjà 10000 m3 environ en été 1995. Plus personne ne se risquait alors à prévoir si, quand et par où ce lac allait se vider! C' est pourquoi la commune de Saas Balen et les services cantonaux concernés ont arrêté une série de mesures de protection consistant à vider complètement le lac n° 5 ( cf. fig. 6, p. 46 et

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lac n° 3 par déversement de matériaux morainiques et à abaisser le niveau de son exutoire de trois mètres supplémentaires. On a également amélioré le déversoir du lac n° 1 ( cf. ill. 7 et 8, pp. 46/47 ), afin de prévenir une érosion ultérieure de la moraine et de créer un volume supplémentaire de retenue.

Pour l' exécution des relevés de sa 116e campagne de mesures, la commission des glaciers a bénéficié d' un soutien actif qui lui est apporté régulièrement de divers côtés depuis des années, voire des décennies. Elle en est extrêmement reconnaissante et ses remerciements s' adressent à tous les collaborateurs directs ou indirects des services forestiers des cantons alpins, des sociétés de forces motrices d' Aegina, de Mattmark, de Mauvoisin et de l' Ober, du bureau de géomètres Flotron, de l' Office fédéral de topographie, de la Direction fédérale des mensurations cadastrales, de l' Institut suisse de météorologie, du Service hydrologique et géologique national, de l' Institut fédéral pour l' étude de la neige et des avalanches, de la section d' hydrolo de l' Institut de géographie de l' EPFZ, de la section de glaciologie et de la direction des VAW/EPFZ,

Traduit de l' allemand par Cyril Aubert

et tout particulièrement, à toutes les personnes effectuant à titre privé des relevés sur le terrain ou des travaux de traitement des données ou de rédaction.

Sources

Annales ( en préparation ), Cahiers trimestriels et Bulletins mensuels de l' ISM 1993-1995

Rapports 1995 des VAW aux sociétés de forces motrices de l' Aegina, de Mattmark et de Mauvoisin ( non publiés )

Bureau d' ingénieurs Flotron: Mensurations des glaciers de l' Aar.. " " .Mesures de 1995. Rapport à la Société des forces motrices de l' Oberhasli ( non publié )

Annuaire hydrologique 1993-1995, publié par le Service hydrologique et géologique national ( en préparation )

Rapport annuel des VAW 1995.

Pour le « Complément »:

Kääb, A.: Photogrammetrische Analyse zur Früherkennung gletscher- und permafrostbedingter Naturgefahren im Hochgebirge. Mitteilung der VAW-ETH Zürich, 145, 182 pages.

111.10 En été 1995, on a presque entièrement vidé le lac n° 5. Sur cette illustration, on distingue nettement la paroi verticale de la glace morte, recouverte de débris rocheux, ainsi que le niveau du lac avant le pompage. Au fond, le glacier de Gruben.

a. < III. 12 Pour connaître les conditions de circulation de l' eau dans le glacier de Gruben, on a creusé de nombreux trous jusqu' au lit rocheux au moyen d' une foreuse à eau bouillante. A l' arrière, l' Alphubel, le Täschhorn, le Dom et la Lenzspitze.

111.11 Au-dessous de l' ancien " niveau du lac, le brassage fi de l' eau a créé des cavités dans la paroi de glace morte.

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