Grande randonnée autour du Säntis. De l'hiver au printemps | Club Alpin Suisse CAS
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Grande randonnée autour du Säntis. De l'hiver au printemps

De l' hiver au printemps

Grande randonnée autour du Säntis

Un circuit inédit autour du Säntis débute sous le deuxième pylône du téléphérique pour se terminer à Wasserauen. Cette excursion à travers l' Alpstein offre tous les plaisirs que les randonnées à ski peuvent procurer d' un bout à l' autre de la saison, et ce, en une seule journée!

A 2300 mètres d' altitude, la spacieuse cabine du téléphérique ralentit. A nos pieds s' étalent l' alpage de Schwägalp et la vallée du Toggenbourg tandis que, côté montagne, la tour du Säntis est si proche qu' on croirait la toucher. C' est à cet arrêt du deuxième pylône que les randonneurs à ski ont l' habitude de descendre pour effectuer le circuit classique autour du Säntis. Ils glisseront jusqu' à l' alpage de Meglialp pour gravir ensuite la montée du col du Rotstein et finalement atteindre Wildhaus.

On descend à mi-parcours

Pour nous, le deuxième pylône marque aussi le terme de notre trajet en téléphérique. Il fait encore sombre. Le vent froid évoque la mi-décembre, alors que le calendrier affiche déjà la date du 21 février. D' un pas pesant, nous descendons l' es marche après marche. Devant nos yeux, les Churfirsten captent les lueurs de l' aube naissante. C' est à ce moment-là seulement que nous réalisons notre solitude face à la nature, devant les vastes pentes escarpées conduisant à Wildhaus, et au-dessous des bancs de nuages rose pâle qui s' accrochent déjà aux sommets les plus élevés. Après nous être frotté les yeux, nous dessinons nos arabesques sur la neige durcie en suivant les panneaux indicateurs rouges marquant le bon chemin entre des gradins abrupts. Les premiers rayons du soleil éclairent maintenant la tour du Säntis, mais nous devrons encore attendre un bon moment avant de bénéficier de la chaleur de l' astre du jour. En effet, le soleil n' est pas encore levé 900 mètres plus bas, là où nous fixons nos peaux de phoque. Il en sera de même dans la combe nous conduisant au col du Rotstein. Toutefois, les choses se déroulent bien pour nous puisque, peu après, nous imprimons nos traces dans le « gros sel » durci par le gel. Heureusement, le danger d' avalanche se situe en zone verte car, à partir du degré « risque considérable », on ne doit plus rien envisager dans ce versant nord du massif de l' Altmann.

Le Bötzel, un col parmi d' autres

La lumière du soleil nous accueille au col du Rotstein. Devant nous s' ouvre brusquement l' inoubliable panorama de l' Alpstein. Des arêtes parallèles entrecoupées d' échancrures et d' ensellements aux formes diverses plongent au loin dans la brume de la plaine. L' un de ces cols, le Bötzel, constitue le but de notre prochaine étape. Auparavant, nous apprécions notre deuxième descente de 600 mètres de dénivelé. Nous rencontrons plusieurs groupes épars de skieurs et de snowboarders en randonnée, tout en transpiration à cause de la montée vers le col que nous venons de quitter. Ils cheminent sur l' itinéraire normal du circuit autour du Säntis. Nous les croisons dans un nuage d' excellente neige poudreuse. Après une deuxième courte grimpée, nous arrivons sur le Bötzel vers midi. Plus aucun souffle, et la froidure du matin a disparu. De sa lumière aveuglante, le soleil éclaire les rochers de l' arête où la neige a déjà disparu par endroits. Nous avons laissé cette atmosphère de décembre loin derrière nous et plongeons enfin dans l' ambiance tant attendue d' une randonnée de février. Nous avons encore le temps jusqu' à 15 h 19 précises, heure de départ de notre train de la station de Wasserauen, ce qui nous permettra de prendre le car postal à Urnaesch pour revenir à Schwägalp.

Ni trop tôt, ni trop tard

Nous jetons un dernier regard sur le sommet du Säntis avant de plonger dans une nouvelle descente, de 500 mètres de dénivellation cette fois-ci. Elle nous conduit vers la plaine du Rheintaler Sämtis, entre Marwees et les Widderalpstöcke. Nous intercalons une pause dans ce charmant vallon retiré, véritable havre de calme et de paix. Sous un soleil qui nous brûle sans pitié, nous remettons les peaux de Pylône 2: terminus, tout le monde descend. Schwägalp se trouve encore dans l' ombre Photo: David Coulin phoque pour l' ultime montée de la journée. Le parfum de la résine toute fraîche des arolles embaume l' atmosphère, car les oiseaux, sentant l' arrivée du printemps, piquent déjà de petits rameaux secs entre leurs aiguilles vertes. Dans ce couloir abrupt nous conduisant à la Bogartenlücke, la neige s' est dangereusement ramollie, comme si nous étions déjà à la fin du mois de mars. Nous transpirons à grosses gouttes dans cette ravine que nous gravissons en lacets très serrés. Il s' avère évident que la planification de cette tournée n' est pas aisée. Soit on la prévoit trop tard dans la saison et le couloir de la Bogartenlücke est déjà libre de neige, soit trop tôt, et la montée au col du Rotstein devient très hasardeuse. Il faut faire preuve de beaucoup d' intui pour déterminer le moment le plus favorable.

Descente de 3000 mètres de dénivelé

Le panorama de la Bogartenlücke est, lui aussi, fascinant. Nous apercevons droit au-dessous de nous, comme à vol d' oiseau, la gare de Wasserauen. Aussi minuscule qu' une tête d' épingle, le petit train rouge des chemins de fer appenzellois se trouve Photos: David Coulin Les premières traces, les premiers rayons de soleil. Descente depuis le pylône 2 jusqu' à Flis/Thurwis Le Säntis. Depuis Schwägalp, il ressemble à un bastion 13 déjà sur la voie une. Au-delà s' étend tout le territoire de ce canton de la Suisse orientale. Notre dernière descente de la journée s' effectue sur une dénivellation de 800 mètres dans la neige poudreuse du versant nord. En une seule journée, nous aurons parcouru 3000 mètres de descente pour 1400 mètres de montée seulement. Et, cerise sur le gâteau, l' idylli parcours en train et en autocar au milieu des fabuleuses collines appenzel-loises tout enneigées. Lorsque nous arrivons à Schwägalp, les ultimes rayons du soleil éclairent encore la tour du Säntis.

Informations

Renseignements généraux: cette randonnée ne présente aucune difficulté technique. Toutefois, elle présuppose une bonne condition physique – 7 à 8 heures de parcours, 3 montées totalisant 1400 m Descendre par l' itinéraire habituel de montée: vue plongeante sur Meglisalp avec, au centre, à demi-ensoleillé, le Bötzel Praticable uniquement lorsque le danger d' avalanche est faible: la remontée vers le Rotsteinpass La neige est lourde, le soleil brûlant. On arrive bientôt à la Bogartenlücke Le Säntis vu depuis le Bötzel avec, à gauche, l' Altmann Photos: David Coulin de dénivellation – et une technique de descente éprouvée: pentes jusqu' à 35 degrés. On ne peut envisager ce circuit que lorsque les montées, tant sur les versants nord que sur ceux, abrupts et exposés au sud, sont praticables à toute heure du jour. Possibilités restreintes d' interrup du circuit. CN 1: 50 000, feuille 237 S Walenstadt, CN 1: 25 000, feuille 1115 Säntis.

Point de départ: Schwägalp. Accès par Urnaesch ( horaires 870 jusqu' à Herisau, 854 jusqu' à Urnaesch, 854.20 jusqu' à Schwägalp ) ou par Nesslau ( horaires 870 jusqu' à Wattwil, 853 jusqu' à Nesslau, 853.75 jusqu' à Schwägalp ). Si l'on utilise la voiture, la garer à Urnaesch et continuer sur Schwägalp par le car postal. Itinéraire: du deuxième pylône du téléphérique du Säntis, descendre vers le P. 1462 ( Flis ) par des pentes escarpées et souvent ardues. L' itinéraire est signalé par des marques rouges. Le suivre strictement, surtout s' il y a peu de neige. Les passages les plus raides atteignent 35 degrés. A Flis, chausser les peaux de phoque et traverser à flanc de coteau sous l' épe rocheux inférieur du Hundstein, en direction de Langenbüel. Grimper tout d' abord par le fond de la combe, puis choisir, pour atteindre le col du Rotstein ( 2120 m ), soit le flanc nord de l' Alt, soit le versant sud du Lisengrat; 700 m de dénivelé, attention au danger d' avalanche! Descente sur l' alpage de Meglisalp jusqu' à Oberschellen ( P. 1617 ). Remonter au Bötzel et continuer vers le nord-est jusqu' au P. 1865, 300 m de dénivellation. Descente sur le Rheintaler Sämtis au P. 1295. Forte montée vers la Bogartenlücke, P. 1659, 350 m de dénivelé. Descente en droite ligne sur Wasserauen, tout d' abord sur une pente à 35 degrés.

Circuit: toutes les heures, un train des chemins de fer appenzellois quitte la gare de Wasserauen ( horaire 854 ). Pour attra- Plus on part tôt, mieux c' est. Remontée vers la Bogartenlücke Traces dans la neige. Sur le Säntis, celles-ci sont le plus souvent emportées par le vent Sur la Bogartenlücke. Derniers préparatifs avant de foncer vers Wasserauen per le denier autocar postal partant d' Urnaesch pour Schwägalp, il faut prendre le convoi quittant Wasserauen à 15 h 19 précises. Une bonne planification du temps est donc indispensable pour la randonnée autour du Säntis. a David Coulin, Horw ( trad. )

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