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Inuit débarquent (Les -).

Vivre cinq jours à la manière des Inuit, sans les facilités du confort moderne, telle est la formidable aventure vécue sur les hauteurs de Loèche-les-Bains par un groupe de 10 collégiens de Tavannes au mois de mai 1999. Pour ces jeunes vainqueurs d' un concours organisé par L' Illustré, le plus dur n' était pas tant de se voir confrontés à la rigueur des éléments que de faire l' apprentis de la solidarité.

Le projet Le premier prix du concours organisé en juillet 1998 par L' Illustré, « La Bourse de l' aventure », a récompensé le projet d' une classe de Tavannes, intitulé « Les Inuit débarquent ». Son originalité a séduit le jury qui a décidé d' aider ces adolescents sans grande expérience de la montagne à concrétiser leur envie d' adopter quelque temps le mode de vie des Inuit.

Exigeant, ce projet a nécessité une phase préparatoire de plusieurs mois durant laquelle les jeunes ont appris à confectionner parkas et outils inuit ( cannes à pêche, hameçons ) et se sont entraînés à construire cabanes et igloos. Le lot quotidien de ces jeunes aventuriers est en effet de construire chaque jour un nouvel abri. Les élèves se sont également préparés physiquement avant de se lancer dans l' aventure, mardi 25 mai.

Dans le respect des conditions de vie des Inuit Le projet prévoit de respecter les conditions de vie des Inuit: montres et téléphones mobiles sont donc rigoureusement proscrits. Le groupe emporte pourtant baudriers, DVA, pelles, scies, réchauds et cordes. En-torse à la tradition inuit? Ce n' est pas la seule. Des skis de randonnée, utiles pour construire le toit des abris et pour se déplacer sur neige humide et profonde, viennent encore alourdir ce matériel déjà encombrant. Le voyage jusqu' à Loèche-les-Bains puis jusqu' à la Gemmi se fait non sans appréhension, car les jeunes entrent dans un monde inhabituel où volonté et solidarité sont des valeurs-clés.

Premier bivouac Le premier jour, un temps orageux contraint le groupe à trouver rapidement un endroit favorable à l' im d' un abri. Les adolescents érigent un dortoir avec lits de neige à étage sous un rocher surplombant et creusent une autre chambre à coucher, qu' ils renforcent par des murs de neige, sous un toit naturel formé par deux blocs de roches.

Pour le bivouac de la Plaine Morte, les jeunes ont improvisé une cuisine et une salle de séjour A l' ascension du Wildstrubel Au matin, l' expédition se lance à l' assaut des 3243 m du Wildstrubel. La montée ( 800 m de dénivellation ) est longue et pénible pour des apprentis inuit encombrés de sacs trop lourds. Un cri de soulagement résonne dans le cirque blanc lorsque le groupe déniche enfin, sous le bombement du sommet, un endroit où la neige, sèche et tassée par le vent, permet de tailler des blocs réguliers pour construire les igloos. Une petite cuisine se construit rapidement. Il s' agit de faire fondre de la neige pour ravitailler en thé des adolescents déjà assoiffés par la montée, et qui doivent encore bâtir des coupoles de neige.

Descente en direction de la Plaine Morte Raide, la descente en direction de la Plaine Morte ne souffre aucun déséquilibre: si le sac à dos fait levier, c' est la chute immédiate. Ma-joritairement adeptes du snow, les Inuit en herbe sont blancs de neige. Quatre trous dans la neige recouverts d' une bâche en équilibre précaire sur skis et bâtons, et voilà l' essentiel du bivouac de la Plaine Morte - deux chambres à coucher, une cuisine et une salle de bain - rapidement installé. Les jeunes semblent avoir adopté le rythme inuit.

Retour à la civilisation Après un dernier bivouac, cette fois en forme de tente-cabane à la manière des Inuit, l' expédition rejoint Montana. Enfin le monde civilisé! Les moniteurs se ruent dans le café le plus proche, tandis que les adolescents prennent d' assaut un magasin d' alimentation pour le dévaliser de son stock de chips, de coca et d' autres sucreries.

Enseignements de cette aventure Vivre en s' inspirant du mode de vie des Inuit n' est pas forcément aisé pour de jeunes adolescents qui portent comme une seconde peau les principes de la civilisation moderne. Renoncer aux facilités techniques s' est même avéré un crève-cœur pour certains qui ont dissimulé montre et téléphone portable au fond de leur sac.

Plus encore, la solidarité n' a pas toujours été bien comprise par l' en des participants, qui avait pourtant eu l' occasion de méditer cette pensée inuit: « Sans l' homme, la femme meurt, mais sans la femme, l' homme meurt. » Les adolescents ont montré une forte réticence à venir en aide à leurs camarades, sans doute par crainte de gaspiller leur énergie pour les autres et de ne plus, eux-mêmes, pouvoir suivre la cadence...

Malgré ces réserves, le mérite de ces dix adolescents, qui se sont investis corps et âmes pendant huit mois dans la réalisation de ce projet un peu fou, reste le même.

Qui sait, peut-être que leur exemple donnera envie de reconduire une telle aventure...

Yves Diacon, Tavannes

Les livres du CAS

sur Internet: www.sac-verlag.ch

L' ascension du Wildstrubel est longue et pénible; surtout avec des sacs trop encombrants Epouser le mode de vie des Inuit, telle est la formidable aventure vécue par ces jeunes jurassiens Cours « Activités hivernales avec les enfants » Des courses à ski avec l' AJ? Bien sûr, à condition qu' elles soient adaptées aux besoins et aux possibilités des enfants! L' article de l' en Yves Diacon, « Les Inuit débarquent », montre que d' autres activités hivernales sont souvent plus indiquées pour les enfants que les randonnées classiques.

Ce cours s' adresse aussi bien aux moniteurs pour la jeunesse ( moniteurs JS et AJ ) qu' aux moniteurs Alpfam. Son programme prévoit des thèmes comme les jeux dans la neige, la théorie, la préparation et la réalisation d' une course facile ( avec un groupe d' enfants ), la construction d' igloos ou d' abris en neige, et autres activités hivernales.

Inscriptions jusqu' au 15 décembre 2000 au moyen du talon figurant dans le Programme annuel du CAS, p. 31, cours n°1324, le 13 et 14 janvier 2001, Kandersteg/cabane Winteregg, BE.

Markus Ruff, délégué à la jeunesse ( trad. )

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