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Kamtchatka (Voyage au -)

Une trace d' ours... Visite en perspective?

Voyage au Kamtchatka

En raison de sa position septentrionale, en juillet les jours sont agréablement longs et le soleil brille encore à l' heure où il faudrait normalement s' endormir; c' est donc avec la complicité des derniers rayons de l' astre que, durant notre séjour, nous pouvions bouquiner au chaud dans le sac de couchage avant de céder enfin aux attaques du sommeil.

En fait d' attaques, nous avons subi celles, en règle, de millions de moustiques, et les démangeaisons que nous éprouvions à certains endroits nous rappelaient longtemps les circonstances de la vie quotidienne qui obligent à mettre à nu les parties de notre intimité qu' on n' a guère l' habitude de protéger à l' aide de produits anti-moustiques!

Petropavlovsk, la porte d' entrée du Kamtchatka, se situe par environ 53 de latitude nord, soit environ celle de Londres. C' est une ville de quelque 400 000 habitants qui s' est développée anarchique-ment, ces dernières décennies, avec l' arrivée massive des Russes qui ont colonisé le pays. Les populations nomades qui peuplaient la taïga au début du siècle encore ont disparu, assimilées ou repoussées plus au nord.

Jusqu' à la chute récente du communisme, le Kamtchatka était une région stratégique interdite aux étrangers. Quoiqu' il soit maintenant sorti de son isolement, les liaisons aériennes avec l' exté passent toujours par Moscou et malgré l' éloi, la Russie reste le cordon ombilical sans lequel le pays ne pourrait pas vivre. En effet, hor-

mis quelques champs de pommes de terre et de céréales, nous n' avons pas vu d' autres cultures pouvant assurer l' indépendance alimentaire de la population. Nous n' avons pas la prétention d' avoir tout vu mais, en apparence, la région dispose de peu de ressources naturelles. Le Kamtchatka est toutefois réputé pour les produits de sa pêche ( saumons, crabes ), qui figurent en bonne place sur les étalages de nos magasins de comestible et s' y vendent d' ailleurs fort cher.

La mer est le second accès au Kamtchatka. Le port de Petropavlovsk, magnifiquement situé au fond de la baie d' Avacha, offre un abri bienvenu le long de la côte du Pacifique, par ailleurs très inhospitalière et battue par de fréquentes tempêtes.

Le navigateur français La Pérouse visita la baie au 18e siècle, lors de son voyage d' exploration dans cette partie du monde, alors inconnue. Son buste, dans un petit parc bordant l' une des avenues principales proches du port, pourrait laisser supposer que la ville a une longue histoire derrière elle; mais il n' en est rien, et c' est l' un des rares témoins du passé que nous ayons remarqués en la parcourant. La Pérouse, d' ailleurs, a eu jusqu' ici plus de chance que Staline qui, lui, a disparu des socles et autres piédestaux qui l' avaient supporté quelques décennies durant. Lénine, privilégié, est toujours bien boulonné et il est encore possible de le croiser, du moins dans les villes que nous avons traversées.

Si, pour une question d' horaire, nous n' avons pas pu visiter le musée d' ethnographie, nous n' avons par contre pas manqué le rendez-vous avec l' Institut de volcanologie. Cet Institut mérite le

Petropavlovsk, avec le volcan Avachinsky

détour, comme dirait Michelin, mais n' est que la pointe visible des recherches et de la surveillance dont font l' objet les volcans du Kamtchatka. Répartis sur ce vaste territoire, ce sont en effet plus de 500 chercheurs qui se tiennent en permanence à l' écoute des volcans, afin de les étudier et également pour prévenir les secousses sismiques. Le Kamtchatka fait partie de la « ceinture de feu » du Pacifique et est l' une des régions sensibles du monde. Malgré les apparences, les constructions seraient conçues pour résister à des séismes importants, inéluctables, nous a-t-on dit. La région de Petropavlovsk a déjà été secouée par le passé, notamment en 1952, mais à cette époque la région était moins peuplée et comme, de plus, l' informa ne circulait pas, nous n' en avons rien su.

Le climat

Comme la côte est des Etats-Unis et du Canada, la côte est du Kamtchatka est baignée par un courant venant du nord, l' Oha. La rencontre de ce courant froid avec le continent provoque des brumes et de fréquentes précipitations qui vont en augmentant lorsque l'on descend vers le sud. Après un court été chaud, la période de mauvais temps reprend ses droits et, durant l' hiver, la température

descend fréquemment bien au-dessous de -20° et elle est accompagnée de très violents vents du nord. Voilà pour les informations générales que nous avons pu récolter grâce à des lectures. En l' absence d' autres données concernant la situation climatique, nous nous limiterons à relater celle que nous avons rencontrée.

La chance étant peut-être avec nous, c' est sous le soleil que nous avons débarqué au Kamtchatka. Nous avons profité de ses faveurs une dizaine de jours durant, jusqu' à l' expédition que nous avons

effectuée dans le nord, où nous avons rencontré la pluie une demi-journée. Le lendemain déjà, le ciel se dégageait et au camp, vers 1000 m, la température s' élevait à quelques degrés et les sommets environnants étaient enneigés à partir de 2500 m environ. Les journées, par contre, étaient chaudes à très chaudes.

Dans le sud, vers la fin du séjour, au début de la quatrième semaine, nous avons de nouveau rencontré deux jours de pluie et de brume. Nous étions alors dans la région du Mutnovsky, l' un des plus intéressants volcans du point de vue de la diversité des activités que l'on peut y observer.

Voyages, rencontres, personnalités Les trois volcans Bezymianny ( émergeant juste de la couche nuageuse ). Kamen ( à gauche ) et Kliuchevskoi ( à droite, fumant ), vus du Zimina

Le matériel

Compte tenu des difficultés de portage, il avait été convenu dès le départ que l' expédition serait orientée vers la découverte de quelques régions caractéristiques. Ainsi, le matériel que nous devions emporter avec nous se résumait à l' essentiel de sécurité: casque, baudrier, crampons, quelques mousquetons, vis à glace et pitons, piolets, une corde. A cela il faut ajouter matelas, sac de cou-

chage, une tente pour deux et une pharmacie collective.

Les accompagnants russes étaient arrivés quelques jours plus tôt avec le matériel de cuisine pour régler les derniers détails et effectuer les achats de vivres. L' ensemble du matériel, des vivres, ainsi que le carburant pour les réchauds ont été ensuite répartis à parts égales entre les accompagnants et les participants.

Concernant les chaussures, on nous avait conseillé de prendre des bottes en plus des chaussures habituelles. Pour différentes raisons, principalement pour une question de poids et d' encom, nous n' avons pas suivi ce conseil. Pourtant, c' est l' une des premières questions que l'on nous a posées en arrivant et, de fait, le guide que nous avions lors de l' expédition au nord a effectué plusieurs marches d' approche en cuissardes. Malgré son manque de confort et même si elle tient mal le pied, il faut avouer que cette chaussure convient au terrain que nous avons rencontré et est évidemment la plus appropriée lors des nombreuses traversées de rivières. A ce propos, nous avons remarqué qu' en lieu et place de chaussettes ou chaussons, notre guide entourait ses pieds d' une longue bande de feutre avant de les glisser dans ses bottes.

On nous avait aussi conseillé de compléter l' équipement d' alpiniste par une canne à pêche, afin de pouvoir ainsi améliorer les menus, surtout dans les régions éloignées où le ravitaillement en vivres frais est difficile. Les rivières du Kamtchatka sont riches en saumons et nous les avons bien vus remonter le courant, mais pour nous, faute de temps, de patience et probablement de technique, ils resteront un souvenir visuel!

L' organisation

Si nous avons passé beaucoup de temps à quêter des informations, l' organisation elle-même a été plus simple. Une fois le cadre général du programme défini, restaient à effectuer les demandes de visas et les réservations du vol Moscou-retour. A l' arrivée à l' aéroport et jusqu' au retour, nous étions pris en charge par nos amis russes et il est bien heureux qu' il en ait été ainsi.

En effet, la communication est le problème majeur dans ce pays où la langue et l' alphabet sont différents et le courrier très lent ( quand il arrive ). Les télécommunications sont maintenant tout à fait possibles avec la Russie mais pas toujours faciles, principalement avec Moscou, les lignes étant surchargées ( il faut choisir les heures creuses ). Du

Voyages, rencontres, personnalités Cl a.

Kamtchatka, par contre, pas de problème pour atteindre la Suisse, mais il faut tenir compte du décalage horaire ( 11 heures ). Pour ces raisons, un correspondant sur place, connaissant bien les rouages et armé de patience, est donc préférable pour l' organisation d' un voyage en Russie.

Au Kamtchatka

Notre expédition était organisée sous forme de trois boucles, avec retour à chaque fois à Petropavlovsk, notre camp de base. Après deux excursions aux environs immédiats, nous avons effectué la première boucle vers l' Avachinsky, le volcan le plus proche de la ville. C' est un volcan actif, actuellement en veilleuse mais dont la dernière éruption importante remonte à quelques années seulement; les dernières coulées de lave sont bien visibles sur ses flancs.

La deuxième boucle, la plus longue, nous a menés à la découverte des régions nord. Du fait de l' éloignement, cette contrée semble peu visitée et nous n' y avons pas remarqué de traces d' autres voyageurs. Seuls les volcanologues s' y rendent actuellement, pour des observations, mais en hélicoptère. L' isolement, l' éloignement ainsi que la

Bezymianny

nature primitive que nous avons rencontrée là m' ont souvent donné l' impression d' assister à un film de fiction ou de vivre les débuts de la création. La troisième boucle nous a fait découvrir le sud du Kamtchatka. C' est dans cette partie, lors de l' ascension du Mutnovsky, que nous avons été le plus proches des activités volcaniques: fumerolles, cônes et émanations de soufre, lacs de boue en ebullition, tous ces phénomènes se déroulant à l' intérieur d' un gigantesque et très ancien cratère. Le temps, malheureusement, n' étant pas avec nous durant cette dernière partie, nous n' en avons pas retiré tout le bénéfice que nous pouvions en attendre.

Les grands volcans

Après l' avant qu' ont été pour nous la visite de l' Institut de volcanologie de Petropavlovsk, où nous avons vécu des heures très enrichissantes, et l' ascension d' un premier volcan à proximité de la ville, l' Avachinsky, la partie la plus spectaculaire de notre voyage a commencé, nous conduisant quel-

ques degrés plus au nord, dans la région des grands volcans: le Kliuchevskoi ( 4750 m ), le Bezymianny et le Kamen, un trio groupé dont les deux premiers sont très actifs et le dernier éteint. Un peu en retrait, le Tolbatchick qui, malgré son aspect tranquille, est lui aussi actif.

Bien que prévu de bonne heure, le départ ne sera réellement donné qu' en fin de matinée. Entre-temps, nous avons déposé le matériel superflu chez un ami de l' accompagnateur, ce qui nous donne l' occasion de pénétrer dans un immeuble russe et un appartement privé; et lorsque l'on apprend que les gens qui vivent au Kamtchatka sont privilégiés, on se demande comment et dans quelles conditions vivent, ailleurs, ceux qui ne le sont pas!

La route est longue, goudronnée au début seulement, et vers 20 heures nous atteignons le fleuve Kamtchatka, que nous traversons avec l' un des derniers bacs de la journée.. " " .Visiblement nous n' arrive pas au terminus de la route ce soir; aussi déci-dons-nous de camper au bord du fleuve. Au loin nous apercevons les grands volcans que nous visiterons bientôt.

Nous trouvons un très bel endroit, déjà habité par quelques taons puis, plus tard, par des nuées de moustiques qui nous obligent à nous réfugier dans les tentes. Une fois de plus les produits antimousti-ques s' avèrent très efficaces, mais impuissants

Le Kamen ( à gauche ) et le Kliuchevskoi, lâchant d' irréels ronds de fumée *.«

contre le bruit que font ces bestioles qui tournent inlassablement autour de nous.

Le lendemain nous reprenons la route, de plus en plus étroite et difficile. Nous contournons le massif par le nord et après avoir quitté le fleuve, nous reprenons la direction du sud. Par moments, nous roulons dans le lit de la rivière; puis le chemin devient franchement mauvais... Nous admirons la dextérité du chauffeur et les possibilités du camion. Vers 13 heures, nous arrivons finalement à la fin de ce qui entre-temps est devenu une piste, à Apa-rontchitch, où reste une cabane utilisée naguère par les volcanologues. Mais l' étape d' aujourd ne s' arrête pas là. Nous mangeons un peu, dans la cabane à l' abri des moustiques, et attaquons la montée. Le temps a changé, les nuages bas menacent, l' atmosphère est oppressante: un des volcans gronde, mais nous ne le voyons pas et ses explosions semblent toutes proches. La pluie se met bientôt à tomber et très vite les torrents grossissent, compliquant le cheminement. C' est dans cette ambiance que nous avons croisé pour la première fois les empreintes d' un ours, l' un des seuls habitants de l' endroit.

La zone sommitale du Bezymianny, au cours d' une explosion nocturne

Les deux dernières heures se passent sous une pluie abondante; de plus, nous marchons dans de l' herbe haute, qui détrempe rapidement les chaussures. Le camp est installé à l' abri d' un gros bloc. L' ambiance n' est pas des meilleures: le guide est fâché avec nos accompagnateurs qui, mouillés, sont totalement inefficaces, et de mon côté je peste contre mon imprévoyance. Ma protection contre la pluie étant au fond du sac, j' ai marché sous un parapluie seulement mais, avec le vent, l' humidité s' est insinuée partout. Mes chaussures ne tiennent plus l' eau, pas plus que mon anorak, malgré les produits dont je les ai abondamment imprégnés avant de partir. Je me glisse rapidement dans mon sac de couchage avec mes affaires mouillées, afin qu' elles sèchent durant la nuit. Pendant ce temps, mes camarades se régalent d' un plat de sarrasin à la milanaise ( pour la couleur ) mais qui crisse sous la dent car la sauce tomate a été remplacée par l' eau du torrent qui, ce jour-là, a la même couleur. Au loin le volcan gronde toujours.

Au petit matin, nous sommes réveillés par le guide, car le ciel est dégagé et nous pouvons enfin voir le volcan qui depuis hier fait tout ce remue-ménage: le Klyutchevskoi. Il s' agit d' un gigantesque

cône enneigé à mi-hauteur, tout comme ses voisins, et qui, avec ses 4750 m, nous domine encore d' environ 3800 m. Très loin vers le sud, le Tolbat-chick, au pied duquel nous devrions camper ce soir. Une très longue journée nous attend, mais le temps de nouveau bouché, plus le terrain difficile, les charges, le retour... Tout ceci additionné nous fait revoir le programme à la baisse, car les distances sont vraiment très grandes.

En début d' après, nous nous arrêtons au pied du Bezymianny, qui sera le but du lendemain.

Du Bezymianny, grand spectacle sur le Kliuchevskoi

Ayant laissé les charges au camp, c' est très légers que nous progressons dans les anciennes coulées de lave et les restes de la gigantesque éruption de 1956. Partis du camp à 1000 m d' altitude environ, nous montons jusque vers 2700 m avant de renoncer: la montagne est très instable, la pente se redresse encore et le risque d' éboulement devient

Voyages, rencontres, personnalités Zimina

trop important. De l' endroit que nous avons atteint, nous avons une vue magnifique sur le Kliuchevskoi; il est imposant, nous domine encore de 2000 m et nous estimons être à une distance d' environ 8 km en ligne droite de son sommet. A l' oeil nu, nous voyons les bombes qu' il projette dans le ciel, très haut, avant qu' elles ne retombent sur ses flancs. Hier au réveil, il était tout blanc de neige et aujourd'hui il est tout noir, bien que les sommets environnants aient conservé leur blancheur.

Plus tard dans l' après, le Kliuchevskoi nous manifeste une nouvelle fois ses humeurs par une longue série de fortes explosions que nous accompagnons d' exclamations comme lors d' un feu

d' artifice. Aussi décidons-nous de mettre le réveil sur trois heures pour l' observer de nuit.

A trois heures, en tirant sur la fermeture éclair de la tente, un spectacle extraordinaire s' offre à nos yeux encore endormis. C' est magnifique, somptueux, unique et nous restons fascinés par les lueurs et les traces rouge vif des bombes qui percent la nuit noire. Nous avons déjà tous vu de telles images au cinéma, mais la réalité est incomparable et restitue leurs vraies dimensions... et la nôtre. Comblés, nous nous rendormons, comme dans un rêve.

Ours et Zimina ( 3080 m )

Le lendemain nous déplaçons le camp au pied du Zimina, le prochain sommet qui recevra notre visite. Une fois installés, je m' éloigne un peu et photographie les nombreuses fleurs qui nous entourent. Sur un petit promontoire, j' admire la vue sur les environs et Quelle n' est nas ma sur-

prise de voir tout à coup, à trois ou quatre cents mètres, un ours en train de chercher tranquillement sa nourriture. Je redescends rapidement avertir tout le monde et pendant un long moment nous pouvons l' observer sans être vus. Le guide, craignant qu' il s' installe sur ce qui sera notre route du lendemain, décide de s' en approcher et de l' éloi en tirant une ou deux fusées. L' ours s' en va enfin et la soirée se termine en fébriles préparatifs pour la nuit. Nos compagnes, craignant le retour de nounours et connaissant son faible pour les douceurs, éloignent de leur tente tout ce qui pourrait l' attirer... Mais la nuit se passe sans histoire.

Jolie ascension que celle du Zimina, dont la position, en face des grands, en fait un belvédère intéressant. Nous commençons par redescendre et gagner une grande plaine ou viennent se perdre quelques torrents que nous devrons traverser plus tard, au prix de quelques acrobaties. Par un vallon allant en se rétrécissant et des couloirs de

Le sommet du Zimina

nous arrivons sur une épaule, puis au sommet, à 3080 m. Le Kliuchevskoi gronde toujours; parfois, se prenant pour un havane, il nous fait des ronds de fumée. Le Bezymianny, lui, ne dort que d' un oeil et manifeste son existence par un petit panache de fumée blanche pendant que, tels des félins à l' affût, les autres volcans semblent se reposer. Le retour s' effectue par le même chemin, sur des pentes qui seraient idéales pour le ski; puis, cap sur Aparontchich, le refuge des volcanologues et ses moustiques, enfin la longue route en camion... avec des péripéties qui en ont fait une aventure en elle-même.

Epilogue

Depuis notre retour, nous avons appris que le Bezymianny a fait une éruption spectaculaire en automne 1993. En septembre 1994, le Kliuchevskoi est à nouveau entré en éruption. Les fumées sortant du cratère ont été observées jusque vers 15 000 mètres et des bombes ont été projetées 5000 mètres au-dessus du sommet. Plus récemment encore, les tremblements de terre de Kobé, au Japon, puis sur l' île russe de Sakhaline ont confirmé la précarité de la vie dans ces régions, toutes situées sur la faille du Pacifique et la ceinture de feu.

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Storia, cultura, letteratura alpina

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Mrs Jackson, qui totalisait déjà plus de cent quarante grandes courses.

Pour Isabella Straton, les ascensions en compagnie de Jean Charlet se succédèrent. Sa liste de courses, très variée, témoigne de sa passion de la montagne sous toutes ses formes. Miss Straton aimait marcher longuement en altitude, mais elle se montrait également ravie à l' idée de réaliser une escalade difficile. Jean Charlet, lui, était forgé dans le moule de ces solides montagnards d' Argentière, habitués aux longs hivers et aux marches dans tous les terrains.

Peu à peu, aux yeux de la jeune voyageuse, le guide se transforma en prince charmant. Les sentiments de Jean Charlet à l' égard de Miss Straton étaient réciproques et les deux alpinistes s' éprirent l' un de l' autre, sans oser se l' avouer.

En 1875 le guide conduisit sa voyageuse sur une pointe vierge située à l' est du glacier de Talèfre, en partant du col de Triolet. Il baptisa alors pour la circonstance ce beau sommet

Le Mont Blanc en hiver ( 1876 ) L' alpinisme hivernal en était à ses balbutiements lorsque Isabella Straton et Jean Charlet décidèrent de tenter la première ascension hivernale du Mont Blanc, le 28 janvier 1876. Miss Straton, qui avait fait une précédente tentative un mois plus tôt, était déjà parvenue deux fois au sommet de la prestigieuse montagne. Une fois par l' ancien passage ( Rochers Rouges ) et une fois par la route des Bosses. Son expérience de l' altitude était exceptionnelle pour une femme de cette époque, et son guide savait qu' il pouvait lui faire totalement confiance. Cependant, Jean Charlet dut considérer cette entreprise comme suffisamment périlleuse pour s' adjoindre l' appui de deux aides supplémentaires: le porteur Michel Balmat et le guide Sylvain Couttet.

Avec le recul dont nous disposons aujourd'hui, on peut se demander ce qui pouvait motiver femmes et hommes à s' engager aussi sérieusement dans la montagne. Si l'on songe à l' équipement rudimentaire de l' époque, particulièrement les chaussures, ce type d' entreprise relevait de l' aventure totale. Le ski n' ayant pas encore été introduit dans les Alpes, il fallait alors brasser et brasser encore la neige, jusqu' à n' en plus pouvoir... Une seule fausse note durant le parcours ( chute dans une crevasse ou 01 a.

l' homme d' Isabella

et des Drus

Né en 1840, Jean Charlet fut un des grands guides de l' époque héroïque. Jeune homme, il était le compagnon des célèbres guides d' Argentière Jean et Michel Croz, ainsi que de Michel Ducroz, dit Chenavier. Guide talentueux, Jean Charlet ne tarda point à se constituer une très belle clientèle. Parmi ses voyageurs, des femmes. L' une d' entre elles. Miss Mary Isabella Straton, devint l' étoile indissoluble de sa vie d' alpiniste...

Et ainsi naquit la Pointe Isabella C' est le 22 septembre 1871 que Jean Charlet, accompagné de Joseph Simond, réalisa la première ascension de l' Aiguille du Moine avec deux jeunes américaines, Miss Mary Isabella Straton et Miss Emmeline Lewis Loyd. Isabella Straton avait auparavant fait de nombreuses courses sous la conduite de son guide préféré. Elle réussit, entre autres, les premières féminines du Dom des Mischabel et du Viso.

En ce temps-là, les femmes alpinistes n' avaient pas accès à la plupart des clubs fondés par les hommes. Pourtant, la gent féminine, de plus en plus nombreuse, marchait sur les pas de Henriette d' Angeville depuis 33 ans déjà! C' est vers 1870 que les choses se précipitèrent, avec l' arrivée des Anglo-Saxonnes sur la scène alpine. Lucy Walker, qui sera un des membres fondateurs du premier club féminin ( le Ladies' Alpine Club ), réalisera les premières féminines de l' Aiguille Verte, du Lyskamm et du Cervin. Miss Brevoort, tante du célèbre Coolidge, réussit les premières féminines des Grandes Jorasses, du Weisshorn, de la Dent Blanche, de la Jungfrau par le versant nord et de la Meije Centrale. Enfin, les Grands Charmoz et les Drus virent arriver la première femme en la personne de mauvais temps ) et c' était la catastrophe!

La caravane quitta Chamonix à huit heures du matin en direction du refuge des Grands-Mulets. Elle mit onze heures pour atteindre le gîte d' altitude, glacial et désespérant de solitude... Le 29, les alpinistes partirent à 5 h du matin et gagnèrent le début de l' Arête des Bosses dans l' après. Par -20°, ils montèrent jusqu' à trois cents mètres de la cime et décidèrent d' abandonner, vers 16 h. L' heure tardive et la lenteur de la progression furent les causes de cette sage décision. Toute la caravane redescendit passer une deuxième nuit dans le petit havre des Grands-Mulets. Le lendemain 31, à 4 h, ils se mirent à nouveau en route. Jean Charlet put profiter un moment des traces faites la veille, mais bientôt celles-ci furent complètement effacées par le vent. Pourtant, à force de ténacité, les quatre grimpeurs voyaient enfin leurs efforts se concrétiser:

« Les gens de Chamonix qui nous regardaient avec le télescope se disaient:

Nous ne restâmes que 35 minutes au sommet. A 19 h 30 nous étions redescendus aux Grands-Mulets, où nous avons couché une troisième nuit. Le 1er février, à 11 h du matin, nous avons repris le glacier pour descendre à Chamonix, où nous sommes arrivés douze heures plus tard. Une ovation nous y attendait. Tout le corps de musique, suivi d' une partie de la population, s' est transporté à notre rencontre jusqu' au pied de la montagne. Mlle Straton a été haran-guée aux applaudissements de la foule. Les feux d' artifice, les détonations ont salué son arrivée à l' hôtel des Alpes. » ( Témoignage du guide Sylvain Couttet. ) Le succès de la première ascension hivernale du Mont Blanc eut un retentissement considérable et international. Cette entreprise avait été tentée plusieurs fois durant le même hiver. Une Américaine, Miss C. Bre- voort, et son neveu, M. Coolidge, avaient fait trois tentatives, dont la dernière les avait menés jusqu' au Grand Plateau.

A chaque retour de course, Jean Charlet sentait ses convictions se renforcer à l' égard de Miss Straton. L' estime et l' admiration qu' ils se vouaient l' un à l' autre ne pouvaient cependant suivre longtemps un chemin muet. Pour Jean Charlet, les mots devinrent trop difficiles à réprimer, il fallait parler. Le guide se déclara... et l' idylle se transforma, à la stupéfaction générale, en mariage le 29 novembre 1876 à Argentière. Deux guides, Pierre Charlet, frère de Jean, et Gaspard Simond, son cousin, furent les témoins du marié; quatre-vingts personnes participèrent au banquet.

Le Petit Dru Libéré pour toujours de tout souci matériel, Jean Charlet allait pouvoir désormais se consacrer entièrement à sa grande passion: la Montagne. Dorénavant, le guide choisira les courses qu' il lui plaira de faire et emmènera sa femme là où elle le désirera...

En ce temps, les objectifs les plus en vue étaient: les Drus, la Dent du Géant, la Meije et le Grépon! Quatre mois avant son mariage, Jean Charlet avait promis à son ami M. Whitehouse, membre de l' Alpine Club, de tenter avec lui l' ascension de l' Aiguille du Dru. Ce dernier ne fut pas exact au rendez-vous. Après l' avoir vainement attendu plusieurs jours, le guide perdit patience et, le 13 juillet, décida de partir seul! Il confia son projet à un ami puis se décida: « Je me mis donc en route à 2 h du matin, tout seul, muni d' une corde, d' un piolet et d' un bâton qui, en cas de succès ou d' insuccès, devait me servir à planter un drapeau au sommet ou au point le plus élevé que je parviendrais à atteindre1. » Durant cette tentative, Jean Charlet fit preuve d' une détermination exceptionnelle. Il parvint à une cinquantaine de mètres de la fin des difficultés et dut abandonner dans un passage trop risqué. Il planta donc son bâton muni d' un fanion rouge, mais ce dernier était invisible depuis la vallée. Peu après le retour de Jean Charlet à Chamonix, le point ultime qu' il avait atteint fut mis en doute. Cette contestation le blessa profondément!

La hauteur atteinte par le guide était cependant bien réelle. Et même aujourd'hui on ne peut qu' être admiratif devant un tel exploit. Le plus étonnant de cette entreprise solitaire reste la façon dont Jean Charlet s' est joué de la descente. Plusieurs suppositions ont été émises à ce sujet. Certains affirment que le guide fut, à Photo: H. Brégeault Jean-Estéril Charlet-Straton ( 1839-1925 )

1

l' occasion de cette descente, l' inven de la technique du rappel! Pour ma part je pense que Charlet a effectivement trouvé le moyen de récupérer sa corde à chaque fois que cela était nécessaire et que, à ce titre, il est le premier à avoir fait un usage systématique de la double corde dans une descente. Mais je doute qu' il ait alors mis au point une technique semblable ou analogue au rappel tel qu' on le pratiqua quelques dizaines d' années plus tard! En effet, le récit qu' il fit de sa tentative laisse présumer qu' il se laissait descendre le long de la corde en se retenant uniquement par les mains. N' oublions pas que 29 ans plus tard, en 1905, Guido Rey et ses guides faisaient encore de cette manière les rappels du Grépon...

Quelques jours après son retour des Drus, Jean Charlet fit, également en solitaire, une tentative très poussée sur l' arête nord de la Dent du Géant. Il parvint à quelques mètres de la cime, sans espoir de franchir 1 Annuaire du CAF 1879.

L' hôtellerie des Grands-Mulets à l' époque où Isabella Straton, Jean Charlet et Sylvain Couttet firent la première ascension hivernale du Mont Blanc. ( Dessin de F. Schrader ) A proximité des Grands-Mulets, sur les séracs de la jonction. Cette représentation date de l' époque où Jean Charlet était encore un jeune alpiniste. ( Extrait de Ten scenes in the last ascent of Mont Blanc, par J. D.H. Brown, 1853 ) Histoire, culture et littérature alpines Les Drus, versant Charpoua. En juillet 1876, Jean Charlet fit une tentative solitaire sur le Petit Dru et échoua à peu de distance du sommet. C' est lors de sa retraite qu' il mit au point la technique de la double corde. La victoire définitive sur le Petit Dru lui reviendra le 31 août 1879.

Alexander Burgener, célèbre guide suisse, réalisa la première ascension du Grand Dru en 1878. Cependant il était acquis depuis longtemps que seuls les vainqueurs du Petit Dru pourraient s' enorgueillir de la victoire sur le prestigieux sommet. ( Extrait de Pioneers of the Alps, de Cunningham, 1887 ) De gauche à droite: Miss Emmeline Lewis-Lloyd, Jean Charlet, Miss Isabella Straton. Cliché pris vers 1860, à l' époque où les deux jeunes amies étaient les clientes de Jean Charlet.

l' ultime ressaut qui le séparait de la victoire. Une perche en bois, laissée par lui, existait encore en 1929 sur une terrasse à 100 mètres environ du sommet. L' arête nord de la Dent du Géant fut, par la suite, le seul itinéraire permettant de monter au sommet sans recourir à des moyens artificiels. Ce qui est tout à l' honneur de Jean Charlet, qui avait découvert, sinon réalisé, la voie d' accès la plus logique à la pointe.

Enfin la victoire!

En 1878, les Anglais conduits par le guide A. Burgener réussissent la première ascension du Grand Dru. Cependant, le célèbre guide suisse, en compagnie de Mummery, échoua au Petit Dru. Or, on considérait à Chamonix que seuls les vainqueurs du Petit Dru pourraient recevoir les honneurs dus à l' ascension de la montagne. Ce n' était pas vraiment de bonne foi mais il est vrai que la conquête du Grand Dru n' avait pas grand-chose à voir avec celle de son petit frère, tant la difficulté de ce dernier lui était supérieure.

Jean Charlet, en dehors de la compagnie de sa femme, aimait partir seul en montagne. Mrs Charlet-Stra-ton ne pouvait se joindre à son mari du fait de la naissance de leur bébé. Il ne lui plaisait plus, cependant, que son guide parte seul dans ses aventures. C' est donc sur les instances de sa compagne, persuadée du succès, que Jean Charlet consentit à s' adjoin deux guides de Chamonix.

Les trois hommes se mirent en route le 30 août 1879 et montèrent bivouaquer sur une arête, au pied des Le refuge Charlet-Strato au rocher de la Charpoui Cette photographie a et prise par Guido Rey, en 1905, lors de son retour Petit Dru.

grosses difficultés. Trente années plus tard, cette arête sera baptisée par le poète et alpiniste Guido Rey. Le lendemain, Jean Charlet et ses deux compagnons commencèrent l' escalade de bon matin. Grimpeur très naturel, Charlet distillait une élégance sans fard. Il était opposé à tout recours de moyens artificiels et plus particulièrement à l' emploi des échelles. Durant la journée, il retrouva les nombreux et délicats passages de sa tentative solitaire. Un peu plus haut, il tomba nez à nez avec son fanion, qui avait résisté aux pires tempêtes des trois années passées! Le guide vécut alors un état de grâce: ses compagnons pourraient, à leur retour, témoigner de la vérité de ses dires quant à sa tentative solitaire de 1876. De plus, comme l' avait bien pressenti le guide à l' époque, la cime était effectivement toute proche. Une dalle exposée fut franchie et les trois alpinistes se trouvèrent rapidement sur une facile pente de neige. Il ne leur restait plus qu' à escalader les gradins sommitaux, ce qui fut fait au pas de course. Il était 14 h 15, le 31 août 1879. Jean Charlet, Prosper Payot et Frédéric Folliguet s' étreignaient chaleureusement sur le sommet du Petit Dru. Les trois hommes entendirent très distinctement les volées de coups de canon qui, de Chamonix et d' Argentière, saluaient leur drapeau. ( A cette époque, il était de tradition de fêter ainsi les victoires visibles de Chamonix et remportées par des natifs de la vallée. ) Cette réussite aura signé une des plus belles pages de toute l' histoire de l' alpinisme. Le décalage avec ce qui s' était réalisé jusqu' alors était tout simplement stupéfiant, comme en témoigne la description que Jean Charlet donne du franchissement d' un passage:

« La roche devenait si lisse et unie, les reliefs ou saillies auxquels on pouvait s' accrocher étaient de plus en plus rares. Monté sur les épaules de mes compagnons, je cherchais dans les fentes du rocher s' il m' était possible de trouver place, ou pour les mains, ou pour les pieds. Cet emplacement rencontré, mes pieds quittaient les épaules des guides pour s' adapter sur un piolet qui était haussé - si la longueur du piolet le permettait - jusqu' au point où je croyais pouvoir aborder. Une fois là, je fixais ma corde à une saillie du roc en la gardant toujours soigneusement en mains, et les deux guides arrivaient jusqu' à moi en s' accrochant à la corde2. » Le retour à Chamonix des trois guides, en loques, fut un triomphe: on tira au canon et les autorités de la vallée vinrent à leur rencontre sur le chemin du Montenvers.

We harmonieuse et malheur Le couple Charlet-Straton eut trois fils. Isabella, retenue parses devoirs de mère de famille, ne pouvait plus guère partir en montagne avec son mari. Elle le suivit néanmoins pour la première ascension d' un magnifique sommet situé au-dessus du Lac Blanc, dans les Aiguilles Rouges de Chamonix. Ils en gravirent l' arête ouest, le 6 septembre 1881, et baptisèrent leur sommet

Jean Charlet fit encore quelques courses comme guide et conduisit son fils aîné, âgé de douze ans, au sommet du Cervini Par la suite, le couple mena une vie paisible entre leur maison de Trôlechamp, au-dessus d' Argentière, et leur résidence d' hiver située à la Roche-sur-Foron. Mrs Isabella Charlet-Straton, lorsqu' on lui posait des questions, évoquait avec modestie son passé de grimpeuse. Elle se plaisait à certifier que ses anciennes performances n' étaient rien au regard de ce que faisaient désormais ses consoeurs alpinistes. Femme très cultivée, d' un port de tête élégant, elle imposait la déférence. Jean Charlet, patriarche à la longue barbe blanche et soignée, contrebalançait certaines des attitudes aristocratiques de sa compagne. A eux deux, ils formaient un couple dont la compagnie était recherchée. Le malheur, pourtant, ne tarda pas à arriver: un des trois fils, Robert Charlet, fut tué à la guerre, en 1915. Durement frappée par la nouvelle, Mary Isabella survécut tant bien que mal durant les trois années qui suivirent, puis s' éteignit à son tour.

Jean Charlet redevint alors l' homme qu' il avait souvent été au coeur de ses montagnes: solitaire et opiniâtre. Il se mit à cultiver et agrandir un coin de terre appartenant à ses ancêtres. Sa vigueur et sa vivacité d' esprit l' accompagnèrent jusqu' au bout. Respecté jusqu' à son dernier souffle, le jeune et vénéré vieillard s' éteignit à l' âge de 86 ans. Au-dessus de lui, le monde minéral qui lui avait tant fait battre le coeur semblait le couvrir d' un regard complice. Et au loin, tout au loin, par-delà les Drus et l' Aiguille du Moine, lumineuse et secrète, comme endormie sous une pluie d' étoiles, la Pointe Isabella se repose...

Dominique Roulin, Veyrier G E 2 Jean Charlet: Première ascension du Petit Dru, 1879.

« Lumières secrètes des Alpes »

Exposition de photos à Vouvry VS Du 13 octobre au 17 novembre 1996 se tiendra à Vouvry VS une exposition de photographies couleur de montagnes intitulée Lumières secrètes des Alpes - Faune et Paysages, qui présentera des travaux du photographe Alexandre Scheurer, de Lausanne.

L' exposition aura lieu au Château de la Porte-du-Scex et elle sera ouverte du jeudi au dimanche, de 15 h à 19 h.

Selon comm.. " " .Guides des Alpes Valaisannes 5 Du Strahlhorn au Simplon par Maurice Brandt Description des itinéraires des groupes: Strahlhorn - Allalinhorn - Gabelhorn - Sonnighorn -Portjengrat - Weissmies - Lagginhorn - Fletschhorn Édition 1991, en français, 662 pages, 55 croquis, 81 photos Art. n°115-X Prix membre CAS Fr. 35. Prix en magasin Fr. 45. Commandes à:

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