L'alpinisme de haute altitude agit sur le cerveau. Des effets visibles pour la première fois | Club Alpin Suisse CAS
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L'alpinisme de haute altitude agit sur le cerveau. Des effets visibles pour la première fois

fois

L' alpinisme de haute

altitude agit sur

le cerveau

Les séjours en haute altitude, par exemple lors de courses d' alpinisme dans l' Himalaya, modifient la physio- logie des glucides dans le cerveau.

Des chercheurs suisses en médecine d' altitude ont réussi, pour la première fois, après une expédition au Shisha Pangma ( 8046 m ), à rendre visibles les modifications survenues dans di- verses zones cérébrales.

Le fait que les alpinistes de haute altitude mettent non seulement en jeu leur vie, mais également leur santé est connu de- puis longtemps. Les maladies classiques de l' alpinisme comme le mal aigu des montagnes ou l' œdème pulmonaire font régulièrement des victimes. Désormais, d' autres effets de l' altitude sur l' orga nisme humain sont démontrés; l' évalua des données recueillies lors d' une expédition suisse au Shisha Pangma ( 8046 m ) a montré que l' altitude modi- fie de manières diverses les échanges de glucides dans plusieurs zones du cer- veau.

Modifications visibles Deux médecins, Tobias Merz de Zurich et Urs Hefti d' Aarau, sont parvenus, en collaboration avec des spécialistes de l' Hôpital universitaire de Zurich, le D r Marco Maggiorini et le D r Urs Schwarz, à rendre visible les modifica- tions de la physiologie du cerveau. Merz et Hefti, chefs d' une expédition dans l' Himalaya qui dura sept semaines, peu- vent maintenant récolter les fruits de leurs laborieux travaux de recherche.

Déjà présentés au Canada et en Autriche, les faits nouveaux suscitent aussi l' intérêt en Suisse et en Allemagne. On peut dé- sormais observer ce que les chercheurs, les médecins et les alpinistes soupçon- naient depuis longtemps, à savoir que la physiologie du cerveau se modifie avec Pour la première fois, les modifications dans l' échange de glucides dans les diverses zones cérébrales ont pu être mises à jour Test d' endurance à 7000 m dans le cadre de l' expédition scientifique sur le Shisha Pangma Photos: Urs Hefti Photo: màd Camp de base avancé III, env. 7400 m; l' expédition scientifique suisse sur le Shisha Pangma, 8046 m, en 2001 Résultats Augmentation du métabolisme:

Cerebellum gauche ( +9,. " " .4%; p=0,. " " .008 ) Augmentation du métabolisme:

Thalamus latéral gauche ( +8,. " " .3%; p=0,. " " .037 ) Réduction du métabolisme:

Cortex frontal droit ( –4,. " " .2%; p=0,. " " .08 ) L E S A L P E S 9 / 2 0 0 3 l' altitude. Tobias Merz, président de la commission médicale du CAS, est d' ailleurs peu étonné par les résultats:

« Nous nous attendions à des modifica- tions dans le cerveau, mais nous n' avions aucune idée de la façon et des endroits où le manque d' oxygène se manifestait. » Une mosaïque Pour les besoins de cette expérience, les 12 participants ont dû se soumettre, juste avant l' expédition et juste après leur re- tour, à un examen complet du cerveau.

La comparaison des radiographies prises par le D r Alfred Buck a finalement rendu visibles les modifications survenues. Il est intéressant de constater que les chan- gements ne sont pas semblables dans toutes les parties du cerveau. Alors que les échanges de glucides ont augmenté dans certaines zones pendant l' expédi tion, ils ont simultanément diminué dans d' autres. Tobias Merz estime que « ces différences n' avaient jusqu' ici ja- mais été observées ». Une interprétation des résultats est cependant difficile. Les deux médecins et alpinistes entendent maintenant, lors d' une prochaine expé- dition, déterminer le but que poursuit l' organisme par ces modifications. Le problème majeur est de savoir si la réac- tion est un mécanisme de réparation ou de protection. Alpinisme d' altitude: des risques pour la santé Pour le D r Urs Hefti, président de la Société suisse de médecine de montagne ( SSMM ), l' alpinisme de haute altitude comporte des risques pour la santé.

« Nous avons examiné douze alpinistes bien entraînés. Les résultats ne peuvent donc être extrapolés qu' avec certaines réserves aux alpinistes moyens. Bien que nous soyons tous revenus en bonne santé, l' alpinisme de haute altitude reste un sport à hauts risques », affirme Urs Hefti. La décision de monter dans des zones dangereuses pour la vie rend né- cessaire, pour chacun, une évaluation des risques. Le fait qu' une longue expo- sition au « stress cérébral causé par le manque d' oxygène » ne laisse pas de séquelles lorsque l' acclimatation est bonne, n' y change rien. a To m m y D ä t w y l e r, K ö l l i k e n ( t r a d. ) Montée au camp de base avancé III, env. 7400 m. Le séjour à cette altitude modifie l' échange de glucides dans le cerveau humain, comme le montrent les résultats de l' expédition

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