Le CAS et le secours en montagne | Club Alpin Suisse CAS
Soutiens le CAS Faire un don

Le CAS et le secours en montagne

Remarque : Cet article est disponible dans une langue uniquement. Auparavant, les bulletins annuels n'étaient pas traduits.

PAR OSCAR JÄGER, COIRE

Si l'on considère, fût-ce avec l' œil d' un profane, l' organisation du secours en montagne au sein du CAS à partir de sa création, en 1902, jusqu' à nos jours, on est frappé de l' ampleur extraordinaire qu' elle a prise par le matériel, les hommes et les moyens financiers mis en action.

Au tournant du siècle, le CAS se trouva placé devant une tâche nouvelle: celle que lui imposaient les accidents de montagne, à vrai dire encore relativement peu nombreux. Il fallut créer dans les régions de montagne intéressées de modestes dépôts de matériel, mis en premier lieu à la disposition des guides locaux. Ces professionnels recevaient, en même temps que leur diplôme, l' obli de se tenir prêts à participer en tout temps aux actions de secours. On avait songé d' abord, à l' origine, aux membres du Club alpin victimes d' accidents. Mais le développement du tourisme, puis du ski en tant que sport populaire, eut tôt fait de multiplier les accidents de montagne. L' organisation des secours dut suivre le mouvement et s' adapter. Les modestes dépôts du début devinrent des stations de secours, avec des locaux de base et des dépôts plus importants.

Dans les années qui suivirent la deuxième guerre mondiale, il fallut toutefois constater que les pays étrangers, surtout l' Autriche et l' Allemagne, avaient pris sur la Suisse une avance considérable, aussi bien pour la création de nouveaux engins de sauvetage que pour la formation des sauveteurs. Les expériences faites pendant les opérations de guerre dans les troupes alpines avaient favorisé ce développement, alors que notre pays ne connaissait pas les mêmes circonstances. Les préposés au secours en montagne de nos comités centraux successifs comprirent la situation et surent y faire face. Il n' était plus possible désormais aux guides de montagne d' assumer seuls, à côté de leur activité professionnelle, la responsabilité des actions de secours, toujours plus nombreuses. Des clubistes expérimentés et dévoués se mirent à la disposition des chefs des stations de secours, avec d' autres alpinistes animés des mêmes sentiments généreux. On voua une attention particulière à la formation de ces sauveteurs. Pour plus de 130 stations de secours, 400 guides et plus de 1400 sauveteurs eurent donc à se familiariser avec les méthodes nouvelles et les nouveaux engins; d' abord dans des cours de cadre à l' échelon international, puis dans des cours centraux, régionaux et locaux. La préparation et l' entraînement des sauveteurs est ainsi devenue, et elle doit rester, l' une des premières et des plus nobles tâches des préposés au secours en montagne, dans les sections aussi bien qu' au Comité central. Cette organisation du CAS a dépassé définitivement le stade modeste de ses débuts. La multiplicité et l' étendue de ses tâches, de même que l' esprit de dévouement spontané de ses membres, lui assurent désormais une place de première importance.

Certes le Club alpin suisse continue à professer comme par le passé que son but est d' abord de faire des ascensions, non du sauvetage. Mais ses membres n' ont pas voulu se dérober à cette tâche toujours plus lourde, qui évolue parallèlement au développement de l' alpinisme. Notre club a créé au service des alpinistes en danger dans le vaste monde de la montagne une organisation de vaste envergure, œuvre de prévoyance et de générosité. Mais il a vu en même temps s' alourdir un fardeau financier qui aurait dû naturellement être à la charge des autorités cantonales et communales, responsables dans ce domaine à l' égard de la communauté. Dès l' origine il était notoire ( la chose est clairement stipulée dès la première rédaction du règlement des stations de secours ) que la levée d' un corps en région montagneuse était l' affaire non de nos stations de secours, mais de la commune sur le territoire de laquelle s' était produit le décès accidentel. Toutefois, un très petit nombre de communes possédaient en propre une organisation de secours capable d' opérer la levée d' un corps en terrain rocheux difficile. On s' en remit donc aux colonnes de secours du CAS, qui avaient fait leurs preuves. Or, aux termes de la loi fédérale, les frais de levée des corps et, le cas échéant, de leur sépulture décente, incombaient aux communes aussi bien que ces opérations elles-mêmes.

Lorsqu' il s' agit du sauvetage de touristes simplement blessés, et des frais qu' ils occasionnent, il en va tout autrement. Si les victimes sont membres du CAS, le paiement des colonnes de secours n' offre pas de difficulté, grâce à la création extrêmement heureuse d' une caisse interne du CAS pour la couverture de ces frais. Les difficultés surgissent lorsqu' il s' agit d' obtenir le remboursement de la part de non-membres ou d' étrangers. Le CAS est souvent dans l' obligation de s' adresser aux communes d' origine des victimes, aux instances officielles, aux consulats, à des associations alpines suisses ou étrangères. Trop fréquemment aussi, notre société doit finir par prendre à sa charge les frais qu' elle n' a pas pu se faire rembourser.

4Les Alpes - 1963 - Die Alpen49 Avec le renchérissement de la vie, le coût des actions de secours s' est accru considérablement. Les salaires journaliers des guides et les indemnités pour leur manque à gagner ont passé de fr. 20 à fr. 80 et fr. 100 ou même davantage, selon la difficulté du sauvetage. Les frais annexes de nourriture, d' assurance, d' usure et de perte du matériel, de transport, etc., ont suivi la hausse générale. Avec une moyenne de fr. 500 à fr. 600 par action de secours, les frais s' échelonnent selon les cas entre fr. 100 et fr. 3000 et plus. A cela vient s' ajouter aujourd'hui le coût des vols d' avion ou d' hélicoptère de la GASS, soit actuellement, pour chaque minute de vol, fr. 8.50 en hélicoptère, fr. 5.30 en Pilatus-Porter et fr. 2.25 en Piper-Cub. Encore ces prix ne sont-ils accordés par la GASS qu' aux victimes membres du CAS. Les étrangers paient un tarif beaucoup plus élevé.

On a tendance aujourd'hui à recourir trop volontiers aux véhicules aériens, rapides et pratiques, mais qui devraient être réserves aux blessés graves et pour des cas spéciaux. Ces engins alourdissent considérablement la note des frais, même si le club en supporte une partie en faveur de ses membres. Bon an mal an, c' est une somme de quinze à vingt mille francs que le CAS doit verser pour ces derniers, et ce montant va encore s' accroître à l' avenir. Un bon nombre de victimes ne peuvent d' ailleurs être évacuées par avion qu' après avoir été transportées à grand-peine par les colonnes de secours ordinaires à travers un terrain difficile, jusqu' en un lieu permettant l' atterrissage.

La pression des événements a déterminé la création d' organisations de secours dans les domaines les plus divers de l' activité humaine. Il s' agit de lutter contre les dangers de la montagne, de l' eau, de la circulation, du travail. Chacune de ces organisations a ses statuts propres, correspondant à ses propres besoins. Or il devient évident qu' on ne peut continuer à agir de la sorte en ordre dispersé, si l'on veut employer judicieusement les forces médicales ou l' aide des secouristes de toute espèce. Il devient nécessaire de coordonner les efforts et de promouvoir l' instruction à l' échelle du pays tout entier, sous l' égide d' une organisation faîtière. A ces fins, et dans l' espoir de mettre sur pied un organisme suisse de premiers secours et de sauvetage, un contact a été pris en 1961/1962 entre les sociétés de secours de notre pays, telles que la Croix-Rouge suisse, le Club alpin suisse, la GASS, l' Alliance suisse des samaritains, le Touring-Club suisse, auxquelles se joignaient des médecins et des savants de renom.

En premier lieu, on vise à unifier, en les coordonnant, les méthodes d' instruction. Mais il faut bien comprendre que la création d' un organisme bien adapté à sa tâche n' est pas encore la solution de ce problème crucial et toujours pendant: le financement des actions de premiers secours et de sauvatage dans notre pays. L' institution qui va naître sous l' organisation faîtière de la Croix-Rouge suisse, et qui représente la seule création raisonnable, ne pourra déployer tous ses effets qu' à partir du jour où sera réglée la question de son financement. D' autre part, il importera sans aucun doute de maintenir le principe selon lequel chaque organisation de secours doit mettre à disposition, en cas de besoin, et où que ce soit, tout le dispositif en matériel et en hommes qu' elle a préparé et expérimenté. Pour l' avenir, c' est l' organisation faîtière qui devra assumer les frais du matériel nouveau qui se révélera nécessaire, comme ceux des cours d' instruction ou autres. C' est elle, surtout, qui devra faire les versements et les encaissements relatifs aux actions de secours. Il doit être possible d' assurer ce financement au moyen des contributions collectives des organisations intéressées, des sociétés d' assurances, des autorités, des sociétés de développement et des bureaux touristiques, à quoi s' ajouteront naturellement les versements des victimes elles-mêmes. Il y a déjà longtemps que cette solution a été trouvée à l' étranger, sous l' égide des sociétés de la Croix-Rouge. La même création doit être possible chez nous, de manière que les premiers secours et le sauvetage deviennent l' affaire du peuple suisse, dans une répartition équitable des charges et des responsabilités.

A fin 1962, le CAS possédait 130 stations de secours et 1870 sauveteurs, soit environ 400 guides de montagne, 870 secouristes appartenant au club et 600 samaritains ou autres collaborateurs.

Chiens a"'avalanches Après un certain nombre de catastrophes dues aux avalanches dans la haute montagne hivernale, la question des chiens d' avalanches revêt toute son acuité au sein du secours en montagne du CAS. Conscient de la chose, notre club, à l' issue de la deuxième guerre mondiale, a pris la relève d' une institution de l' armée: celle des chiens de guerre. Le bilan de cette activité clubistique est à ce jour plus de cent mille francs de dépenses, 7 vies sauvées, 100 levées de corps. Un vaste réseau de protection couvre désormais le pays, comprenant des guides de chiens d' avalanches et les chiens eux-mêmes, appartenant aux instances militaires, au CAS, aux gardes-frontière, à la police et à la Société suisse de cynologie.

Au cours de ces dernières années, sous la pression de la nécessité, on a passé d' une formation de base des guides et de leur chien - déjà très approfondie à l' origine, et fondée sur les données de la cynologie - à un dressage en vue d' interventions pratiques en cas d' accidents. Le directeur technique des cours pour chiens d' avalanches s' efforce de préparer les guides et leurs animaux de telle manière que bête et homme ne fassent qu' un dans une opération de sauvetage réelle. Le CAS met tout en jeu aujourd'hui pour aboutir à ce résultat. La police aussi bien que la Société suisse de cynologie fournissent, dans le dressage de base, un travail préparatoire de la plus grande valeur. Les chiens d' avalanches de la garde-frontière sont formes dans les cours organisés par cette garde elle-même.

Mais pour venir au secours des victimes toujours plus nombreuses des avalanches, et les arracher à la « mort blanche », il faut encore s' efforcer de trouver de nouveaux moyens d' action. On a imaginé un procédé nouveau de détection des gens ensevelis. Ces derniers seraient munis dans leur équipement d' un petit aimant que décèlerait un appareil électronique capable de localiser un champ magnétique. La condition d' emploi d' une telle méthode est que le skieur soit muni de l' aimant, qui pourrait par exemple être inclus dans sa chaussure par le fabricant. Et naturellement, les sauveteurs devraient disposer de l' appareil de recherche correspondant. Le temps nécessaire pour se rendre sur place avec un tel engin est le même qu' avec un chien; mais sous le rapport de la rapidité des recherches, l' avantage reste au chien convenablement dressé. L' emploi de l' avion, dans les deux cas, fait gagner un temps appréciable, chose primordiale quand il s' agit de sauver des gens ensevelis sous la neige.

Outre ces essais, d' autres sont en cours au moyen du radar et du sondage par l' écho. Toutefois, les gens compétents estiment que, dans l' état actuel des recherches, il faut se garder de croire que les chiens et les cordelettes d' avalanches sont des moyens de secours révolus.

En 1962 cette branche particulière de notre organisation de secours comptait 83 hommes possédant un chien parfaitement prépare à intervenir, et 35 hommes avec un chien en cours de dressage.

( E. Px. )

Feedback