Le tour du Wildstrubel. Cinq jours d'itinéraire de rêve | Club Alpin Suisse CAS
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Le tour du Wildstrubel. Cinq jours d'itinéraire de rêve

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genalp. En effet, un sentier évoqué par Ueli Mosimann en 2003 déjà, dans son guide de randonnée alpine Rund um die Berner Alpen 1, a été achevé en été 2005. Ce sentier, qui passe par un épaulement rocheux à proximité d' une zone très crevassée du glacier de Lämmeren, était le dernier maillon manquant pour permettre un tour du Wildstrubel « par le haut ». A présent, les randonneurs dotés de solides connaissances de la montagne peuvent accéder à cet « itinéraire exigeant en terrain alpin » ( selon Mosimann ) au départ de la cabane de Lämmeren.

1 Ueli Mosimann, Alpinwandern – Rund um die Berner Alpen, Ausgewählte Wanderrouten zwischen Sanetsch- und Grimselpass, Editions du CAS, Berne 2003; 44 francs, 36 francs pour les membres Le fond du Simmental, exposé au soleil, étale sa verdure devant le massif du Wildstrubel dont nous allons faire le tour en cinq jours de marche

Cinq jours d' itinéraire de rêve

LE TOUR DU WILDSTRUBEL

T E X T E / P H o T o s Ernst Zbären, St. Stephan ( trad. )

La face sauvage du Wildstrubel

Au-dessus de la vallée de la Lenk, tout en haut du Simmental, s' élève le Wildstrubel. Entre le Grossstrubel ou Adelbodnerstrubel à l' est et le Wildstrubel, également appelé Lenkerstrubel, à l' ouest, s' étire une arête de près de 3,5 km de long. Selon la carte nationale, le Wildstrubel, tout comme le Mittlerer Gipfel, atteint 3243,. " " .5 m de haut. Le Grossstrubel ne s' élève qu' à 3243 m. Par contre, il est le seul des « Strubel » à paraître sauvage – « wild » en allemand –, raide et rocheux de tous les côtés. Le Wildstrubel et le Mittlerer Gipfel, eux, ne correspondent à cette description que vus du nord.

Le premier jour de notre randonnée nous permet donc d' admirer la face sauvage du massif. Nous y sommes même confrontés de près pendant la montée au col d' Ammerten, qui comporte des passages escarpés et peu accueillants, particulièrement délicats lorsque le rocher

Photos: Ernst Zbären Vue de l' Ammertenspitz sur le Grossstrubel et l' Ammertenpass

Cinq jours d' itinéraire de rêve

LE TOUR DU WILDSTRUBEL

est mouillé. Après la première heure de montée sur un chemin carrossable, le nom d' Ammerten est partout. Nous passons à l' alpe supérieure d' Ammerten et, après une première montée raide, à l' Ammerten. Le ruisseau que nous longeons est l' Ammertenbach et la vallée, l' Ammertental. A notre gauche, des pentes parsemées de rochers s' élèvent vers l' Ammertenspitz; sur la droite, une véritable face nord s' élève de près de 1000 m pour culminer à l' Ammertenhorn. Ce sommet se trouve devant le Wildstrubel, qu' il dissimule à nos regards et qui ne nous apparaît que depuis le dernier tronçon avant le col, l' Ammertenpass. De là, et plus encore du sommet, il nous montre sa face la plus sauvage. Quel contrasteD' une part, des arêtes cisaillées et des parois escarpées et d' autre part, l' herbe des alpages du haut Simmental et la verte plaine d' Engstligenalp, objectif de notre première étape.

Prudence sur le glacier de Tälli!

Après la dernière glaciation, l' actuelle alpe d' Engstligen était couverte d' un lac. Au fil du temps, les gravats tombés de l' Engstligengrat et du Wildstrubel ont rempli le bassin. C' est sur ces gravats, aujourd'hui recouverts de verdure, que nous commençons notre deuxième journée, gagnant à peine 30 m en hauteur sur le premier kilomètre. Après la cabane d' alpage au bord du plateau, le sentier commence à monter. Il traverse d' abord les pentes herbeuses de Mär-benen, puis un terrain rocheux pour arriver au col de Chindbettipass. Après le col, sur le versant est de l' arête d' Engstligen, nous perdons quelques mètres en altitude. Avant le ruisseau glaciaire, sur un rocher, un marquage

Après 1508 m de montée, sur l' Ammertenspitz, le repos est bien mérité! Au fond, le Wildhorn Photos: Ernst Zbär en

bleu et blanc caractéristique des sentiers alpins nous indique la droite, direction glacier de Tälli et cabane CAS de Lämmeren. Nous montons sur une moraine sans chemin, le long de la langue du glacier. Là où celui-ci forme un replat, nous prenons pied sur la glace. Elle est agrémentée de nombreuses cavités de plusieurs mètres de profondeur, creusées par l' eau de fonte. Il y a largement de quoi engloutir un alpiniste peu attentif!

Une fois le glacier traversé, on atteint en quelques minutes une brèche, la Rote Totz Lücke. Il est vivement conseillé de faire un petit détour sur l' arête, à gauche, voire de monter jusqu' au Roter Totz. La journée se termine par une descente sur un chemin clairement marqué, sur la gauche du Lämmerental. La cabane de Lämmeren n' est visible que quelques mètres avant l' arrivée. Si un jour il vous prend l' envie de conquérir le sommet du Wildstrubel, le gardien de la cabane, Christian Wäfler, qui est aussi guide de montagne, sera de bon conseil: il connaît chaque rocher et chaque crevasse sur la montée par le glacier de Wildstrubel.

Nature et dameuses

Les six premières heures de notre troisième jour de marche sont du pur plaisir alpin. Après une brève descente, de l' autre côté du ruisseau, nous attaquons une pente qui devient vite plus raide. Au-dessus, à gauche du glacier de Lämmeren, s' élève une barre de rochers sombres. Des câbles d' acier, des échelles et un pont de bois aérien nous permettent de franchir ce passage. A quelques mètres du point le plus élevé du tour, le P. 3005, situé au col du Rothorn, la vue s' ouvre sur le sommet du Mont-Blanc. Le Schwarzhorn se trouve exactement cent mètres plus haut que le col du Rothornpass, aisément accessible par une large arête à sa gauche. Ce bref effort est récompensé par une vue admirable. A la descente, nous nous émerveillons du lac sans nom entre le Schwarzhorn et le Trubel-stock et de la vallée presque parfaitement droite de La Tièche. Tout d' abord, le sentier est parsemé de rochers; plus bas apparaissent les premières taches de verdure et, en dessous, des éboulis de plusieurs mètres de haut

Depuis l' Ammertenspitz, on voit la plaine de l' Engstligenalp, objectif du premier jour de marche. A gauche, dans l' ordre, Vorder Lohner, Eiger, Blümlisalphorn, Doldenhorn, Altels et Balmhorn Des linaigrettes à feuilles étroites dans un terrain marécageux sur l' Engstligenalp, au pied du Grossstrubel Photos: Ernst Zbär en L' objectif du deuxième jour, la cabane CAS de Lämmeren Vue en arrière du Roter Totz au Chindbettipass, le col de couleur claire en milieu d' image. A gauche, le Tierhörnli, à droite, le Lohner et entre les deux, Gsür et Männliflue, deux sommets de la chaîne du Niesen Montée par le glacier du Tälli jusqu' à la Rote Totz Lücke. Au fond, le Tierhörnli et le Lohner En montant vers le Rothornpass, vue sur la cabane de Lämmeren, au pied du Steghorn Vue du Roter Totz vers les Plattenhörner. Au-dessus, le petit glacier de Majing sur le Torrenthorn

s' accumulent. A droite, une pente rocailleuse s' élève vers l' arête des Faverges, 700 m plus haut. De la nature, rien que de la nature à perte de vue!

Les premiers bâtiments de la journée nous font face après une montée par l' alpage de Bèveron. La station supérieure du téléphérique du Petit Mont Bonvin est un bloc de béton peu sympathique. La dernière heure de marche avant la cabane CAS des Violettes contraste avec la nature intacte dont nous avons profité toute la journée: les pentes d' avalanches sont parcourues de traces laissées par les dameuses tandis que de larges portions de roche ont été plastiquées pour céder la place à des pistes.

Défilé de sommets depuis le Mont Bonvin

Après l' Ammertenspitz, le Roter Totz, le Schwarzhorn, ce tour nous mène sur un nouveau sommet panoramique: le Mont Bonvin. De Goms au Mont-Blanc, au sud de la vallée du Rhône, c' est un alignement de sommets. Seul le groupe du Mont-Rose se cache, dissimulé derrière la crête qui relie le Weisshorn au Zinalrothorn.

Nous partageons le deuxième point de vue de la journée avec tous ceux qui atteignent la Pointe de la Plaine Morte par la télécabine. D' ici, on jouit également d' une vue ouverte sur cette large plaine qui s' étend jusqu' à la cime arrondie du Lenkerstrubel. A l' ouest du glacier, nous avons le plaisir de faire encore quelques pas sur la glace. Une courte montée à la Weisshornlücke suivie d' une brève descente nous mènent à notre prochaine étape: un coucher de soleil légendaire admiré depuis les cabanes du Wildstrubel.

Lacs, chutes d' eau et sources

Le dernier jour est ponctué d' eau sous toutes ses formes. Trois cents mètres plus bas que les cabanes, nous atteignons les Rawilseeleni. Ensuite, pendant une heure, de part et d' autre du Tierbergsattel, le terrain est sec. Au pied du glacier de Rezli, nous trouvons d' imposantes moraines, des vallons érodés par la glace et un petit lac, le Rezli-gletscherseeli, à l' eau trouble et blanchâtre. Il y a 50 ans, la langue du glacier descendait jusque dans le lacAprès avoir franchi le ruisseau sur un petit pont de bois, il reste une courte montée et 1200 m de descente. Et encore de l' eau: voici le petit lac de Flueseeli. Avant d' y arriver, nous admirons sur notre gauche la cascade du Trüebbach. Au-delà du lac, 600 m de descente en terrain sauvage. A l' en même où la pente escarpée cède la place au terrain plat du Rezliberg, se trouve la source de la Simme, un lieu

Photos: Ernst Zbär en

unique appelé « bi de siebe Brünne » ( près des sept fontaines ). Nous parcourons un dernier kilomètre de chemin et arrivons à la bifurcation vers l' Ammertenpass, qui conclut notre tour du Wildstrubel. Au pont de Barbara, nous quittons la route d' alpage et descendons de quelques mètres le long des chutes de la Simme.

Des eaux claires, dormantes ou rugissantes, des pentes raides et menaçantes, des panoramas généreux et des sédiments des plus variés qui accueillent une flore diverse. Au-dessus de tout cela, le vol d' un aigle royal ou d' un gypaète barbu: le tour du Wildstrubel a tout ce qu' il faut pour devenir un favori des randonneurs expérimentés.

Renseignements

Accès: trains directs pour Spiez depuis le nord et l' est de la Suisse, le Valais, la Belgique, l' Allemagne et l' Italie. A Spiez, prendre le train du Simmental. De Zweisimmen à Lenk, MOB et bus jusqu' aux Simmenfälle.

Cartes/Marquage: CN 1: 25 000, feuilles 1266 Lenk, 1267 Gemmi, 1287 SierreCN 1: 50 000, feuilles 263 T Wildstrubel, 273 T Montana. Marquage rouge-blanc ( chemin de randonnée de montagne ) et bleu-blanc ( randonnée alpine ).

Equipement: équipement complet pour la randonnée quelles que soient les conditions climatiques. Les cabanes du CAS et hôtels de montagne servent le petit-déjeuner, le souper et du thé pour la journée. Emporter son pique-nique.

Saison: à partir de la fonte des neiges en altitude et jusqu' aux premières chutes de neige en automne. Renseignements: cabane CAS de Lämmeren, tél. 027 470 25 15

Quelques mètres avant l' arrivée au Rothornpass, le point le plus élevé du tour du Wildstrubel, le Mont-Blanc apparaît à côté du Rothorn Pile au-dessus des masses rocheuses du Trubelstock, depuis le Schwarzhorn, on voit briller au soleil le massif du Grand Combin Le doronic à grandes fleurs a trouvé son terrain idéal, un sol pierreux, devant le Mont Bonvin

Les étapes

1 er jour: 5 h1500 m de montée, 660 m de descente; T3 Simmenfälle, 1105 m–Ammerten, 1506 m–Ammerten-pass, 2443 m–Ammertenspitz, 2613 m–Ammertenpass, 2443 m–Engstligenalp, 1950 m. Engstligenalp, Berghaus Bärtschi, tél. 033 673 13 73, Berghotel Engstligenalp, tél. 033 673 22 91 2 e jour: 4 h930 m de montée, 380 m de descente; T4 Engstligenalp, 1950 m–Chindbettipass, 2623 m–Tälli-gletscher–Rote Totz Lücke, 2810 m environ–cabane de Lämmeren, 2501 m. Cabane CAS de Lämmeren, Barbara et Christian Wäfler, tél. 027 470 25 15

3 e jour: 7 h; 980 m de montée, 1170 m de descente; T4 Cabane de Lämmeren, 2501 m–Rothornpass, 3005 m– Schwarzhorn, 3105 m–Rothornpass, 3005 m–Les Outan-

Le Wildhorn au matin, à l' ouest de la cabane du Wildstrubel Depuis l' arête à l' est du Rohrbachstein, la vue porte sur toute la vallée du Rhône et jusqu' aux Bishorn, Weisshorn, Zinalrothorn et Obergabelhorn Combien de mètres cube de glace fondue du glacier de la Plaine Morte et du Rezli-gletscher le Trüebbach trans-porte-t-il pendant une chaude journée d' été? Au fond, le Gletscherhorn

nes–Petit Mont Bonvin, 2383 m–cabane des Violettes, 2209 m. Cabane CAS des Violettes, Bernard Bonvin, tél. 027 481 39 19 4 e jour: 5 h; 1050 m de montée, 470 m de descente; T3 Cabane des Violettes, 2209 m–col des Outannes, 2794 m–Mont Bonvin, 2995 m–col des Outannes, 2794 m–Pointe de la Plaine Morte, 2927 m–Weisshornlü-cke, 2904 m–cabanes du Wildstrubel, 2791 m. Cabanes CAS du Wildstrubel, Margreth et Heinz Steiger, tél. 033 744 33 39

5 e jour: 5 h220 m de montée, 1900 m de descente; T3 Cabanes du Wildstrubel, 2791 m–Rawilseeleni, 2489 m– Tierbergsattel, 2654 m–lac glaciaire de Rezligletscher, 2265 m–Flueseeli, 2045 m–Bi de siebe Brünne, 1410 m– Simmenfälle, 1105 m. a

Siebenbrunnen, la source de la Simme. En été, près de 3000 litres d' eau jaillissent de la montagne chaque seconde La saxifrage à feuilles opposées fleurit peu après la fonte des neiges Au-dessus du lac du glacier de la Plaine Morte, le Gletscherhorn Photos: Ernst Zbär en

Cabanes et bivouacs

Rifugi e bivacchi

Von Hütten und Biwaks

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