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Légendes de la vallée Chapursan au Pakistan. Le tueur du dragon et l'histoire de la vieille femme

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Le tueur du dragon et l' histoire de la vieille femme

Légendes de la vallée Chapursan au Pakistan

La vallée de Chapursan conduit au fameux corridor de Wakhan, situé le long de la frontière afghane. Jusqu' en 1991, elle était interdite aux étrangers et aujourd'hui encore, rares sont ceux qui s' y aventurent. Par contre, de nombreux habitants de la région de Hunza-Gojal, au nord du Pakistan, empruntent cette vallée isolée. Beaucoup de légendes en sont issues.

Tous les ans, en septembre et en octobre, des foules de pèlerins de Hunza-Gojal se rendent au tombeau du divin Baba Ghundi, à Ziarat. A proximité du sanctuaire se trouvent les sources de « Ab-e-shafer » dont les eaux auraient la vertu de guérir la stérilité et plusieurs autres maladies. Il y a très longtemps, la partie supérieure de la vallée a été victime d' une catastrophe naturelle, comme l' attestent aujourd'hui encore d' énormes blocs de pierre. Deux légendes trouvent leur origine dans cet événement.

Le tueur du dragon de Yishkuk Lorsque les Wakhis d' Iran furent contraints par un souverain autoritaire de se convertir à l' islam, ils s' enfuirent d' abord en Afghanistan puis gagnèrent Yishkuk dans la vallée de Chapursan. Les années passant, ils devinrent prospères, mais aussi égoïstes et ingrats. Un jour, surgit un dragon. Il exigea d' eux qu' ils lui remettent régulièrement des présents, sans quoi il détruirait le village. De peur, les habitants décidèrent d' offrir chaque semaine au dragon une motte de beurre, un bœuf et un être humain. Très vite, la population du village commença à décroître. Lorsqu' un jour ce fut le tour d' un homme encore jeune, sa femme refusa de le laisser partir. « Tu es jeune et tu peux engendrer encore beaucoup d' en. Laisse-moi partir à ta place », dit-elle. Alors qu' ils se disputaient, leur fille intervint: « Père, mère! Vous pouvez encore avoir des enfants, laissez-moi aller à votre place !» Après beaucoup d' hésita, les parents acceptèrent le cœur gros de laisser partir leur fille avec la motte de beurre et le bœuf. Alors que la jeune fille attendait le dragon au bord du lac, surgit un inconnu qui lui demanda ce qu' elle faisait. La jeune fille lui expliqua tout. Celui-ci lui proposa alors de rester auprès d' elle, mais elle tâcha de le convaincre de partir, de peur que le dragon ne le mangeât lui aussi. Or l' inconnu ne partit pas; il posa sa tête sur les genoux de la jeune fille et s' endormit. Vers quatre heures de l' après, la tête du dragon émergea des eaux du lac. La jeune fille se mit à pleurer et ses larmes éveillèrent l' inconnu. Quand il demanda pourquoi elle pleurait, elle répondit: « Le dragon est arrivé pour me dévorer. S' il te plaît, pars !» Losque le dragon voulut s' emparer de ses cadeaux, l' inconnu tira son épée de son fourreau. « Si tu me coupes la tête, une nouvelle surgira à sa place », l' avertit le dragon. Mais l' incon attaqua, la première tête tomba, puis la deuxième et la troisième... A la septième, le dragon était mort. « Prends le fourreau de mon épée et retourne chez toi avec la motte de beurre et le bœuf. Si quelqu'un vient à prétendre que c' est lui qui a tué le dragon, il devra le prouver en glissant son épée dans ce fourreau. » Lorsque la jeune fille retourna au village, les villageois l' accueillirent avec des cris de colère. « Pourquoi as-tu fui le dragon? Il va se venger et détruire notre village !» La jeune fille répliqua: « Un inconnu a tué le dragon. Voici le fourreau de son épée. » Incrédules, les villageois coururent vers le lac pour vérifier si c' était vrai. Et, en vérité, le dragon gisait mort dans le lac rouge de sang. Le soir, tout le village se réunit. L'on dansa, l'on chanta. Comme chacun se targua d' être le tueur du dragon, une dispute éclata. La jeune fille se souvint alors du conseil de l' in et exhorta les vantards de glisser leur épée dans le fourreau qu' elle avait apporté. Aucune épée ne correspondait. Soudain la jeune fille aperçut l' inconnu du lac. « Voici le tueur du dragon !», s' ex. Et voilà qu' il put glisser son épée sans peine dans le fourreau. L' in leur dit: « Le dragon était la juste punition pour vos agissements. La jeune fille a apaisé la colère des dieux et en leur nom j' ai tué le dragon. Si vous avez besoin d' aide, vous pourrez toujours m' ap. » « Comment t' appelles ?», lui demandèrent-ils. « Appelez simplement Nara Haidri !», leur répondit-il avant de disparaître.

AFGHANISTAN PAKISTAN INDE CHINE TADJIKISTAN Kaboul Dushanbbe b Islamabad Dehli Lahore Rawalpindi 0 200 400 km

N

col Kunjerab Situation approximative de la vallée Chapursan e r o c e d e n g i L OUZBÉKISTAN Le village d' Ispenij dans la vallée de Chapursan LES ALPES 1/2003

Le village recouvra sa prospérité, sa population s' accrut et les bonnes résolutions furent vite oubliées. Un soir, quelques jeunes hommes s' amusaient lorsque l' un d' eux proposa: « Oh! Pourquoi ne pas appeler l' inconnu qui a aidé nos ancêtres ?» Aussitôt dit, aussitôt fait! A peine avaient-ils invoqué Nara Haidri que celui-ci apparut et leur demanda ce qu' ils voulaient. « Des soldats du village de Punjershah sont en route pour attaquer notre village », mentirent les jeunes gens. Mais comme il n' y avait aucun soldat à la ronde, l' inconnu menaça de punir les villageois.

Ce jour-là, Gulbust, qui n' habitait pas Yishkuk mais à Hoh en Afghanistan, se trouvait en visite au village. L' inconnu le pria de quitter Yishkuk avec ses vaches et ses chèvres. Gulbust partit et se rendit à Zandkud. Lorsque, quelque temps après, il retourna au village, celui-ci était entièrement détruit.

L' histoire de la vieille femme Les habitants prospères du village de Spinsh menaient une vie sans soucis majeurs. Un jour, un pauvre homme affamé arriva au village. Il alla de maison en maison en mendiant de la nourriture. Il ne récolta que des insultes, certains habitants lui jetèrent des pierres et des cendres, certains lui crachèrent même dessus, mais aucun ne lui donna à manger. Les habitants de l' avant maison étaient affairés à préparer un mariage. Le propriétaire dit au mendiant: « Demain nous célébrons un mariage. Reviens demain. » Le pauvre homme ne céda pas. Furieux, le propriétaire se rendit dans une échoppe, acheta une demi-cuisse de chèvre et la donna au mendiant en disant: « Mange et disparais !» Au bout du village habitait la vieille Bida. Lorsque l' homme s' arrêta chez elle pour mendier, elle lui tendit du lait dans un bol ébréché et lui dit: « Bois. C' est tout ce que je possède. » Quand l' homme toucha le bol, celui-ci, instantanément réparé, se remplit de lait. « Je suis rassasié. Garde tes affaires dans ta maison. Après-demain tu devras te rendre sur la colline !» et il disparut. Le lendemain, tous les villageois étaient à la noce. Ils fêtèrent jusque tard dans la nuit, ils chantèrent et dansèrent et se couchèrent très tard. Alors que tout le monde dormait encore, la vieille femme grimpa sur la colline. Soudain elle aperçut l' étranger qui avait mendié de la nourriture deux jours plus tôt. Il avançait dans la vallée suivi de flots d' eau. L' homme traversa le village et les flots inondèrent tout jusqu' au pied de la maison de la vieille, où ils s' arrêtèrent. Sa terre, sa maison et tous ses biens furent épargnés, alors que le reste fut détruit. a

Willy Blaser, de Gilgit 1 ( trad. ) 1 Raconté par Muki Asmathullah, traduit du wa-khi en anglais par Saeed Akbar.

La vallée de Chapursan est riche en légendes. Nombreuses sont celles qui thématisent les catastrophes naturelles. La photo présente une partie dévastée de la vallée Jusqu' en 1991, les étrangers n' avaient pas le droit de se rendre dans la vallée du Chapursan. Cette contrée, pourtant très belle, est encore très peu fréquentée aujourd'hui Pho to s:

W ill y Bl as er LES ALPES 1/2003

elui qui emprunte l' autoroute ou le train direct pour se rendre à toute vitesse de Berne en Suisse romande en passant par Fribourg ne connaît pas la Gruyère. Sa véritable beauté ne se dévoile qu' à celui qui quitte l' autoroute ou descend du train à Bulle pour partir à sa découverte, que ce soit à pied dans les Préalpes, avec les fameuses voies de grimpe des Gastlosen ou, l' été, sur l' un des innombrables sentiers pédestres ou encore, à ski, au Moléson. Nombreux sont les sports qu' on peut y pratiquer: grimpe, rafting, canyoning, hydrospeed, parapente, pour n' en citer que quelques-uns.

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La bourgade de Gruyère avec son château et les pics de la Dent de Broc ( 1829 m ) et de la Dent du Chamois ( 1830 m ) Pho to s:

Ul ric h Ac ke rm ann

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