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Les itinéraires de la Pointe Beaumont

Remarque : Cet article est disponible dans une langue uniquement. Auparavant, les bulletins annuels n'étaient pas traduits.

Par E. R. Blanchet.

Cette sommité s' est appelée Dent de Fénestral jusqu' à l' ascension de M. Paul Beaumont. L' Atlas Siegfried lui a conservé ce nom. Gneiss parfois délité. Situation: au N.O. de Finhaut; à l' E du col de Fénestral; au S. de la Dent d' Emaney.

I. Par le nord.

a ) Du col de Fénestral ( on y parvient de Finhaut par les Chalets et la Chaux de Fénestral ), s' engager sur le névé 2 ), et le traverser en direction N.E. jusqu' au pied de la paroi, haute de 100 m. à peu près, au N. de la Pointe. S' élever sur des éboulis et dépasser l' aplomb du sommet. 10 minutes de grimpée très facile par le couloir Beaumont, resserré en cheminée et raide. On atteint, dans une encoche, la très brève arête joignant l' avant oriental au point culminant. Suivre sur la droite cette arête: en quelques mètres au point 2582. Découverte le 10 juin 1886 par M. Paul Beaumont et les guides de Salvan, François et Joseph Fournier, cette voie ne se pratique plus guère qu' à la descente. On devrait lui préférer la route sud, demeurée ignorée ( v. plus loin ).

b ) Le 17 septembre 1917. Mlle E. Kussler et le guide Philippe Allamand descendirent du sommet par la paroi nord sans toucher le couloir Beaumont:

« Départ un peu à droite 1 ) du sommet ( arête ordinaire ). Trois rappels de corde. Le deuxième — le plus long — 15 à 17 mètres. Très petites plateformes de repos — rocher rugueux, offrant sans cesse de petits appuis pour les pieds. Pas de surplomb véritable. Ligne de descente presque absolue depuis le point de départ. L' impression laissée par cette course est celle d' une difficulté très moyenne. La raideur de la pente rend l' emploi de la corde double très confortable. Peut-être un très bon varappeur réussirait-il à s' en passer .» cVoie praticable à la descente seulement ):

Après avoir descendu le premier « rappel » de la face orientale ( voir plus loin sous IV ), tirer au nord — quelques mètres — jusqu' à l' arête très raide qui la limite dans sa partie supérieure et la sépare du couloir Beaumont. L' arête franchie, on pénètre dans le couloir à l' endroit où il se resserre en cheminée.E.R. Blanchet, juillet 1929. ) II. Par l' arête occidentale.

lre ascension par M. Theodore Tesse et le guide P. L. Délez, de Salvan, 2 août 1896. ( Echo des Alpes 1897, p. 27. ) « Temps » de la première caravane: 1 h. 20. L' arête a été gravie en 35 minutes; cela suppose des grimpeurs exercés et très rapides. Le gendarme du bas de l' arête et le tiers supérieur de celle-ci sont intéressants. Parfois ( ainsi firent M. Tesse et Délez ) on contourne le gendarme sur la gauche. On peut aussi éviter, au 3e quart de la grimpée, le fil même de l' arête, au moyen d' une vire de la face nord. Cette vire aboutit à une fenêtre, à quelques minutes du sommet. De la fenêtre, obligation de reprendre le taillant de l' arête.

En deux points au moins, l' arête occidentale peut être gagnée de son pied nord.

L' arête occidentale est devenue la voie habituelle.

III. La face sud.

( MM. P. Demiéville et E. R. Blanchet, en 1919 ).

A deux cents mètres au-dessous et au sud du col de Fénestral se diriger à l' est et remonter des pentes raides et gazonnées, par places pierreuses, jusqu' à un petit col herbeux un peu avant l' aplomb sud du sommet. La paroi, ici, mesure à peine une centaine de mètres de hauteur. Du petit col, viser la fenêtre de l' arête ouest. Après un petit banc rocheux, quelques gazons, on pénètre dans une très longue cheminée profondément encaissée, au fond terreux ou herbeux. Deux fois, il faut s' y élever par coincement, mais nulle difficulté. De la fenêtre, cet itinéraire se confond avec le précédent.

Cette voie raccourcit d' une demi-heure l' ascension de la Chaux de Fénestral au sommet. A ce titre, elle mérite d' être préférée à la voie nord, pour le retour. D' intérêt médiocre.

IV. La face orientale.

Seule, cette face présente des escarpements considérables. Invisible des itinéraires de la Pointe Beaumont, elle se découvre de l' avant oriental, jamais visité, malgré sa proximité immédiate du haut de la route nord. Au pied de cette face, le vallon pierreux de Comba Rosse. C' est du chaînon de la Rebarma ( surtout du Clocher de la Rebarma ) que se dégage en entier, imposante, cette face si cachée et presque ignorée. Elle défie toute escalade. C' est à la descente, au moyen de « rappels de corde » qu' elle fut vaincue, le 6 octobre 1928, par Mme la Baronne C. de t' Serclaes, le soussigné et Kaspar Mooser de Taesch.

Hauteur de la paroi: environ 200 m. Les 3/5 inférieurs raides, les 2/5 supérieurs verticaux ou en surplomb. Du sommet oriental, un premier rappel, de 20 m. ( les 14 derniers en léger surplomb ). Un deuxième rappel, de 15 m ., présente un surplomb plus accusé; pourtant les pieds touchent encore au rocher. Le 3e rappel est long de 40 m.; il comporte un formidable surplomb de 29 m ., le corps tournoie dans le vide, la paroi étant très éloignée de la corde. Fin des difficultés.

Ensuite, petit éperon rocheux que l'on descend jusqu' à une épaule. D' ici, des dalles faciles en direction nord, d' où l'on peut ( au lieu de poursuivre la descente sur Comba Rosse, désormais sans intérêt ) traverser à niveau sur une vire, jusqu' à un couloir, par où l'on remonte au pied nord de la Pointe Beaumont.

Notes.

L' aspect très lisse de la face orientale semblant exclure la présence de saillies où poser les « rappels », la caravane s' était munie de pitons de fer, d' un marteau, d' un burin. L' imminence du mauvais temps l' obligea à se hâter. Mooser, pour cette raison, descendit premier. Pendant que le reste de la caravane suivait, il prépara les rappels, travaillant au burin là où ce fut nécessaire.

A titre de comparaison, le plus impressionnant rappel qu' ait effectué Armand Charlet est celui de la Corne Sud du Chamois de Tenneverge: 35 mètres ( par places, en léger surplomb ).

Il semble que le rappel de la face orientale de la P. Beaumont soit sans rival en Suisse et en France. Dans les Dolomites, au Campanile de Montanaia, il y a un rappel de 40 m. avec un énorme surplomb.

A citer, aux Dolomites également: une descente de 40 m. ( en surplomb absolu ) de la Tour de Winkler à la Forcella Winkler, et une autre descente dans le vide ( 37 m. de surplomb ) de la Guglia di Brenta à la terrasse dite « Albergo del Sole ».

Voir, pour la relation détaillée de la descente de la face est de la P. Beaumont l' Alpine Journal n° 238 ( mai 1929 ), page 63 à 75.

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