Loup en Suisse: plus dérangeant qu'effrayant (Le retour du -) | Club Alpin Suisse CAS
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Loup en Suisse: plus dérangeant qu'effrayant (Le retour du -)

Totalement ou partiellement protégé dans la plupart des pays européens, le loup redéploie ses effectifs sur notre continent. Son retour en Suisse est annoncé. Qui peut d' ailleurs l' ignorer, tant on a, chez nous, parlé loup ces derniers temps? Il y a les passions et questions autour de « la bête » du Val Ferret, en Valais; et il s' est tenu en septembre 1995, à Neuchâtel, pendant quatre jours, une réunion de spécialistes européens et nord-américains.

Le retour du loup appelle un travail sur le terrain, certes: il faut en apprendre le plus possible sur les habitudes de cet animal, sa démographie, il faut s' essayer à prédire ses allées et venues futures, évaluer les habitats potentiels. Mais une action encore plus cruciale est à accomplir dans les mentalités.

De l' importance d' informer Le lynx a été réintroduit en Suisse dans les années 70, en grand secret. Ce manque de communication n' a pas facilité le retour du félin, dont la discrétion, toutefois, a peu à peu éteint la polémique. Lorsqu' il s' est avéré que l' ours pourrait nous revenir bientôt, et de manière naturelle, on a donc sagement anticipé et informé. Il en va de même pour le cas du loup, troisième de nos grands carnassiers « historiques », qui s' apprête à opérer lui aussi un retour naturel.

On a pu mesurer récemment combien est importante la distinction entre retour naturel et réintroduction. Un sondage a été réalisé à ce propos en Valais. Plus de la moitié des II y a place en Suisse pour le loup ailleurs qu' en captivité. Mais comme toute restauration d' un patrimoine, cela coûtera.

1 Friedrich von Tschudi ( 1820-1866 ): Les Alpes. Description pittoresque de la nature et de la faune alpestres. 1853 pour l' édition allemande, 1859 pour la traduction française.

forêt en forêt, le regard oblique, les yeux enflammés, dressant ses petites oreilles pointues et tendant à tous les vents son museau allongé ». Il était la créature peut-être la plus réprouvée de ce monde, occupant, « quant au caractère, un rang inférieur dans la série animale. Même parmi les carnassiers, c' est un de ceux qui nous répugnent le plus. Il est toujours affamé, se repaît de chair putréfiée et ne le cède à aucun en fait d' astuce et de perfidie. Il n' a d' ailleurs aucune trace de la magnanimité du lion, de la bravoure de l' ours blanc, de la bonne humeur de l' ours brun, de la fidélité du chien. Plus lourd que le renard, il est aussi faux et aussi défiant; il est impudent de hardiesse, mais il n' est pas rusé, n' a rien de beau dans tout son être, et passe à juste titre pour l' un des animaux les plus détestables. » Quant à la parenté du loup avec le chien, von Tschudi avait son idée: « Avec le chien, il n' a qu' une ressemblance extérieure de formes, et l'on ne saurait prétendre qu' il soit le chien sauvage, le chien à l' état primi- Le loup est un animal difficile à observer dans la nature. Nos connaissances passées s' appuyaient surtout sur la « bête » morte et sur les conséquences de ses chasses. ( Gravure tirée de F. von Tschudi ) Faune et flore 01 a.

tif. C' est plutôt le chien dégénéré, corrompu, la caricature du chien, car il en a tous les mauvais côtés, sans en posséder les qualités, et à ce titre c' est un animal intéressant, car la nature ne s' amuse pas souvent à parodier ses propres créatures2. » Une réputation largement fabriquée Du loup, on s' est donc longtemps complu à fustiger la cruauté et la lâcheté, plutôt que de reconnaître sa grande timidité à l' égard de l' homme. De fait, les chroniques n' ont le plus souvent enregistré qu' une proximité un peu inquiétante, à l' occasion quelques rencontres déplaisantes au terme desquelles l' homme en restait au plus quitte pour la peur. Les habitants des pays du Sud de l' Europe, où le loup est encore bien présent aujourd'hui, ne disent pas autre cho-se3! La Suisse n' a connu que fort peu d' épisodes tragiques, mais ils ont été moult fois retranscrits: de temps à autre un jeune berger attaqué, ou encore, comme dans le canton de Neuchâtel en 1672, la cavale d' un loup enragé qui attaqua vingt-deux personnes. Mais au bilan, les loups ont certainement tué moins d' hommes que les guêpes ou les chevaux! Von Tschudi écrivait des derniers loups: « Depuis un siècle, ( ils ) n' ont guère attaqué l' homme dans notre pays; ils le fuient plutôt par lâcheté, et il faut qu' ils soient affamés ou grièvement blessés pour s' enhardir à l' assaillir ou à lui tenir tête. » Le naturaliste précisait encore, plus loin: « Nous ne connaissons aucun cas où le loup blessé se soit jeté sur le chasseur, comme l' ours le fait dans ces circonstances. Pour qu' il se décide à s' élan sur l' homme, il faut, semble-t-il, qu' une faim horrible l' ait rendu comme fou. » En conclusion, le loup « est donc beaucoup plus lâche que le lynx ou même que le chat sauvage... » La faim était bien un motif à faire sortir le loup du bois. Il faut dire que les hommes n' étaient de loin pas innocents du voisinage insistant des loups. Non seulement par les facilités qu' offrait leur bétail largement répandu, mais aussi parce qu' ils avaient peu à peu vidé les campagnes Brève rencontre avec un adulte et un jeune loup, dans les Abruzzes ( Italie ) des herbivores sauvages. Et, plus sinistrement, n' avaient pas maintes fois appâté les meutes par les restes de leurs batailles? Bien des naturalistes ont évoqué ces loups qui suivaient les armées et qui se repaissaient des malheureux tombés au combat ( on supposait les loups prenant ainsi goût à la chair humaine et attaquant ensuite femmes, enfants, vieillards... ).

Le ton léger d' une chronique neuchâteloise du XVIIIe siècle suggère, au bout du compte, qu' on « jouait » davantage la peur du loup qu' on ne la ressentait vraiment. Qu' on usait aussi de cette « peur » pour gagner du pouvoir, du prestige... et des primes! On écrivit des tourbières des Ponts-de-Martel: « Ce marais, qui semble déparer le vallon pendant l' été, fournit en hiver un divertissement fort agréable aux habitants des villages voisins. Dès que la neige le couvre, ils s' empressent d' aller donner la chasse aux loups qui s' y rassemblent alors et ne manquent pas d' en tuer plusieurs. » La suite apparaît comme un éloge de pure convenance: « Le courage avec lequel ( ces gens ) s' exposent aux dangers et aux fatigues inséparables d' un tel exercice prouve que cette noble disposition de l' âme n' est 2 L' ouvrage de von Tschudi est paru peu de temps avant que Darwin ne publie sa théorie de l' évolution ( 1859 ).

.'Que ce soit en Italie ( où vivent 400 loups ), dans la péninsule ibérique ( qui en abrite entre 1500 et 2000 ), ou encore en Roumanie ( 2500 ).

pas incompatible avec le goût pour les arts paisibles qui sont leur occupation ordinaire. » La grande réhabilitation Si le loup reste cible dans quelques pays, il est aujourd'hui assez largement protégé en Europe. Ses populations augmentent et s' étendent: de la Russie ( où résident peut-être 100000 loups ) en direction de la Scandinavie ( une centaine de loups installés ), de la Pologne ( 500 individus ) vers l' Alle ( où les quelques loups recensés sont les premiers depuis les années 50 ). Le territoire helvétique est concerné sur trois fronts. Les loups pourraient revenir par le Tessin depuis l' Italie ( 100 loups en 1971,. " " .400 actuellement ). Ils pourraient aussi franchir le Grand-Saint-Bernard depuis la France. Des loups italiens se sont en effet installés dans le parc du Mercantour, dans les Alpes-Maritimes, en 1992 ( ils sont une dizaine actuellement ). Enfin, le loup pourrait aussi faire son entrée par les Grisons, depuis la Croatie ( une vingtaine d' animaux ) via la Slovénie ( une dizaine ) et l' Italie encore.

Une harde de loups, au printemps: elle reste assez unie, mis à part quelques indivi- Le Val Ferret a-t-il connu une première visite? La dernière attestée en Suisse remonte à 1947, lorsqu' un loup fut abattu à Eischoll ( Valais ) par un braconnier, après des mois de battues et de battage.

A terme, on peut imaginer une remontée du loup vers le Jura, dont la pointe sud n' est point trop loin du Mercantour. Le loup a fait des apparitions dans la chaîne jurassienne, sur territoire français, jusque dans les années trente4.

Refaire sa place Toute réinstallation d' une espèce sauvage suppose un habitat. Le biologiste italien Luigi Boitani, en suivant -et en anticipant - l' expansion du loup en Italie depuis les Abruzzes, a pu juger de facteurs comme la densité du peuplement humain ou celle du réseau routier ( facteur déterminant pour les cas de haute densité seulement ), et aussi la nourriture, bien sûr. Ressources naturelles d' abord: les loups savent exploiter des effectifs conséquents d' ongulés sauvages. Ils consomment de préférence des grands cervidés, élans ou cerfs, mais peuvent se satisfaire de chevreuils et de petit gibier, là où les grandes proies sont rares. Les loups manifestent parfois des spécialisations locales: il est quelques exemples de captures de sangliers, animal sinon évité. Mais nos dépôts d' ordures ( légaux ou illégaux !) ont la faveur des loups et aussi, comment l' ignorer, notre bétail, dans les régions où ses effectifs excèdent largement ceux des proies sauvages.

Dans les Abruzzes, les loups ont survécu dans des contrées où la population et l' exploitation par les hommes sont comparables à celles du Valais, des Grisons ou du Tessin. La cohabitation avec le carnassier concerne avant tout les éleveurs, qui doivent organiser une surveillance plus étroite des troupeaux. Ils recourent à des chiens spécialisés et regroupent leurs bêtes chaque soir. Luigi Boitani insiste toutefois sur la diversité des situations: ce qui est praticable dans un pays, une région, ne l' est pas forcément tel quel ailleurs. Ainsi, dans le Mercantour fraîchement recolonisé par les loups, les éleveurs, propriétaires de grands troupeaux, se sont adaptés très vite. Mais les réaménagements apparaissent de prime abord plus difficiles, et donc plus coûteux, dans les Alpes suisses, où 67 000 moutons appartenant à 2000 éleveurs estivent sous surveillance minimale, dans une topographie relativement accidentée. L' indemnisation pour les bêtes perdues est certes envisagée. Mais son application ne sera pas aussi aisée qu' il n' y paraît. Il est difficile de faire la part entre loups et chiens errants. Et aussi, on n' expose pas de gaîté de coeur les animaux qu' on élève. Rien n' est impossible, bien sûr, mais cela coûtera des efforts et de l' argent. Les quelques dizaines de loups - en couples ou petits groupes - 4 Si l'on ne tient pas compte de l' animal, issu de captivité, abattu en terre soleuroise en 1990.

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dus qui se tiennent à l' écart du groupe ( parc national des Abruzzes ) que peut entretenir le territoire helvétique auront sans doute moins de mal à trouver leur chemin dans les vallées alpines que dans le labyrinthe des comptabilités. Affaire à suivre...

Jean-Luc Renck, La Chaux-de-FondsII rischio di valanghe Werner Munter Un aiuto indispensabile per guide, maestri di sci, capi-responsabili di escursioni e singoli escursionisti.

Edizione 1995, in italiano, 200 pagine Art.n. 138-9 Prezzo per soci CAS Fr. 33- Prezzo in libreria Fr. 42. Ordinazione da:

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de génocide par phagocytage que le gouvernement communiste chinois est en train de commettre au Tibet, dans la quasi indifférence d' un Occident plus prompt à s' intéresser aux marchés qui s' ouvrent qu' aux peuples qu' on extermine.

Placés avant et après le corps de l' ouvrage, lequel est fait de ces photos extraordinairement prenantes de gens et de paysages auxquelles l' auteur nous a habitués au fil de ses ouvrages précédents ( entre autres, Zanskar, Chili Terre de Sel - Terre de Gel, Bhoutan - Le Temps d' un Royaume ), la préface, due à la plume du dalai-lama, et le texte de l' auteur ne laissent guère de doute sur le tragique de la situation actuelle au Tibet: « Récemment, de nouvelles mesures ont été prises afin de consolider le contrôle politique au Tibet. (... ) Les individus soupçonnés de sentiments religieux ou nationalistes, ou simplement ceux qui enseignent la langue tibétaine, ou encore ceux qui ont ouvert des écoles privées, sont les victimes d' une nouvelle vague de persécution politique. (... ) L' édification ou la reconstruction de monastères et de couvents ont été interdites, et l' entrée de nouveaux moines ou nonnes stoppée. Les Tibétains qui travaillaient comme guides touristiques ont été licenciés. Les jeunes Tibétains n' ont plus le droit d' étudier à l' étran, et ceux qui y étaient déjà engagés ont été sommés de rentrer. Dans le même temps, l' afflux de colons chinois au Tibet continue inexorablement. La réalité aujourd'hui est que le Tibet est un pays occupé, sous tutelle coloniale », écrit le dalai-lama, calmement mais fermement.

Propos précisés par l' auteur, qui note: «... Les maîtres de Pékin veulent un Tibet non seulement chinois, mais un Tibet sans Tibétains. Ils entreprennent la phase finale d' extermination du peuple tibétain (... ): arrestations massives et arbitraires, tortures de plus en plus sophistiquées, avorte-ments et stérilisations forcés, prélèvement et vente d' organes des prisonniers exécutés. Le Nord du Tibet, l' Amdo, est peuplé d' immenses camps de ( rééducation par le travail ), les goulags chinois, pour les bagnards chinois ou tibétains. Afin de rendre démographiquement impossible une révolte des Tibétains, le gouvernement communiste transfère des marées de populations Han. En 1995, il arrive entre 1000 et 3000 colons chinois par jour au Tibet. Dans la région de Kong Po, on compte 25 Chinois pour 1 Tibétain. Les terres cultivables a.

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