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Martin Kromer. Un Suisse au Népal

Un Suisse au Népal

Derrière son bureau encombré où règne cependant un ordre parfait, Martin Kromer siège entre deux illustrations de grand format, l' une représentant dans un jardin paradisiaque Vichnou, dieu hindou de la Création, et l' autre, de style baroque napolitain, un groupe de jeunes musiciens devant le Vésuve.

Originaire de Lenzbourg, Martin Kromer, économiste d' entreprise de son état, gérait l' exploitation familiale, lorsque la fièvre des voyages l' a pris au début des années nonante. Il a alors parcouru la route asiatique de la soie, faisant connaissance avec Singapour, la Thaïlande, Hong Kong, le Japon, le Tibet et le Népal. En 1996, son goût pour la gastronomie et sa fonction de fourrier dans l' armée suisse l' ont incité à ouvrir, avec un partenaire commercial népalais, le « Yin Yang », restaurant chic du quartier touristique de Thamel, à Katmandou.

Fascination et scepticisme Martin a fini par s' établir au Népal. Il en apprécie le rythme de la vie quotidienne qui lui procure davantage de temps libre qu' il n' en obtiendrait avec un poste similaire en Europe. Les Népalais l' enchan également par leur ouverture d' es, leur franche hospitalité et leur caractère spontané. Il profite aussi des possibilités de trekking en haute montagne qu' offrent les alentours. Toutefois, la dé-

Tara Hintz-Adhikari aime le contact. On la voit ici ( tout à gauche ) entourée de ses proches à Katmandou Tara, une femme qui aime rire et discuter Pho to s: Be rnh ar d Ru dolf Ba nz ha f LES ALPES 9/2002

térioration continue de la situation poli-tico-économique du pays l' inquiète, puisque la copropriété de son restaurant dépend fortement de la stabilité du contexte. « Ici, le tourisme s' est développé avant qu' on ne le planifie », énonce-t-il avec un demi-sourire, tandis qu' une corneille à col blanc croasse, perchée sur un araucaria devant la fenêtre de son bureau. Soucieux, il évoque aussi le catalogue des problèmes de la capitale: conditions de circulation, qualité de l' air et de l' eau, distribution de l' énergie, traitement des déchets. « La pollution des rivières est telle que même les bactéries n' arrivent pas à y survivre !», dit-il sur un ton plutôt sarcastique. Pour lui, toutefois, le problème principal du pays est le manque de formation scolaire.

Rapports avec les institutions népalaises Les activités commerciales de Martin Kromer l' obligent à entretenir avec différents ministères des relations correctes qu' il s' efforce toutefois de réduire au strict nécessaire. Ces rapports avec une administration très centralisée et peu efficace figurent parmi les tâches ingrates d' un chef d' entreprise. Au Népal, la corruption fait partie intégrante de la vie économique, même de la vie tout court, ce qui oblige Kromer à dépenser beaucoup d' argent. En raison des fréquents changements de gouvernement, les pla-nifications à moyen et à long terme sont quasi impossibles. De plus, il a fallu négocier ces derniers temps des situations inhabituelles: grèves, couvre-feu, cen-sures et états d' exception. Martin perçoit tout cela comme un enrichissement personnel, mais apprécie vivement de pouvoir compter sur son associé.

Perspectives futures du Népal Selon Martin Kromer, le Népal traverse actuellement de graves problèmes existentiels. Pour les résoudre, il faudrait faire intervenir d' autres principes fondamentaux, notamment un grand professionnalisme au niveau gouvernemental. Malgré ces contrariétés, Martin n' est pas aigri, bien au contraire. Ses expériences lui ont appris à contourner les obstacles et à négocier des compromis. Son plus grand désir est de consacrer plus de temps à la montagne et le trekking qui sont ses pas-se-temps préférés. a

Bernhard Rudolf Banzhaf, Saas Fee ( trad. )

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