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Notices glaciologiques

Remarque : Cet article est disponible dans une langue uniquement. Auparavant, les bulletins annuels n'étaient pas traduits.

J.P. Portmann, Neuchâtel I. INTRODUCTION

Aperçu historique V ( ig6i-ig8oComme précédemment, nous rappellerons en premier lieu la mémoire de ceux qui, par leur collaboration enthousiaste, nous permettent de célébrer, en 1980, le centenaire des Rapports Forel.

Paul-Louis Mercanton ( 1876-1963)2 fut membre de la Commission des glaciers durant plus de cinquante ans, de 1909 à sa mort, et président de 1918 a 1949. Seul, ou en collaboration avec d' au membres, il rédigea les Rapports de 1907 à 1954. Ces quelques dates, les 400 publications de ce pionnier de la glaciologie alpine et polaire sont révélatrices de l' exceptionnelle richesse de son œuvre scientifique.

Ingénieur, puis professeur à l' Université de Lausanne de 1904 à 1934, Mercanton fut ensuite directeur de la Station centrale suisse de météorologie. Ses premiers travaux glaciologiques portèrent sur le grain des glaciers ( 1896, 1897 ). En 1900, au glacier du Trient, il réussit à atteindre, à l' aide d' un foret avec circulation d' eau, une profondeur de 12,25 mètres en 4 heures; cet essai, remarquable à l' époque, lui valut d' ailleurs, en 1901, le Prix Schlà' fli de la Société helvétique des sciences naturelles. Par la suite, Mercanton tenta à plusieurs reprises, et selon diverses méthodes cg 1 Cf. Les Alpes, septembre 1975, pp. 182-188; décembre 1976, pp. 157 163; septembre 1978, pp. 123-130; mars 1980, pp. 36-42.

2Gir aussi Bulletin mensuel du ( -AS, Les Alpes. 19Ö3. n°4; Journal oj glaeiology, London. N".37. Actes Soc. helv. se. nat. 1963. Mentionnons pour mémoire les travaux de P.L.Mer- atologic sur les courants du Léman, sur le ma-oches. Leur diversité dénote bien sa curiosité foncière; Mer vaste culture site sans limit anton fut en outre un de ces humanistes dont la renouvelait sans cesse auxsourcesd' une Curio- ( séismiques, ultrasons, etc. ), de déterminer l' épaisseur des glaciers 3. Ses observations et mesures, faites en 1912 lors de l' Expédition suisse d' Al de Quervain au Groenland, ainsi que la publication, en 1916, du magistral mémoire: Mensurations au glacier du Rhône ( 1874-1915 ) lui valurent d' être considéré comme l' un des chefs de file de la glaciologie internationale.

André Renaud ( 1904-1964 ) 4, professeur à Lausanne, fut membre de la Commission des glaciers dès 1933, et rédacteur des rapports de 1950 à 1962, au début avec L. Mercanton. Il participa à l' Expédition du commandant Charcot dans l' Arctique en 1929, à bord du célèbre Pourquoi-Pas ?; en 1958 et 1959, ainsi qu' en 1964, il prit part à l' Expédition glaciologique internationale au Groenland ( EGIG ). Ses premières recherches portèrent sur la météorologie et la glaciologie; dès les années 50, il s' intéressa à des questions, toutes nouvelles à l' époque, et suscita la collaboration fructueuse de physiciens. Ce fut le début d' investi sur les isotopes radioactifs, les datations au carbone 14, au tritium, etc.5.

Président de la Commission des glaciers de 1950 à 1973, Robert Haefeli ( 1898-1978 ), professeur à l' Ecole Polytechnique de Zurich, déploya une activité remarquable dans le domaine de la mécanique des terres, de la neige et de la glace ainsi qu' en glaciologie générale. Il fut aussi président de la Commission internationale de la neige et de la glace de l' Association internationale pour l' hy scientifique ( AIHS ).

;'De 1919 à 1926, plusieurs essais furent entrepris; en 1931 et 1933, ce furent les campagnes au glacier du Rhône, de 1936 à 1948 au glacier I uféricur de l' Aar.

4 Les Alpes, 1964. Etudes sur les entonnoirs du glacier de Gorner, sur l' épaisseur du glacier Inférieur de l' Aar, sur le grain du glacier, etc.

s L' Institut de physique de I' Université de Berne fut particulièrement actif dans ces recherches de pointe Au Mont Rose, on pratiqua des datations sur les i ^o dernières années en analysant des lentilles de glace et des intercalations de poussières sahariennes transportées par les vents, ainsi qu' en déterminant la teneur en tritium, en oxygène, en plomb ( 97^ Rapport... ).

La Commission des glaciers perdit encore un autre de ses membres, Wilhelm Jost ( 1882-1964 ) 6, professeur à Berne, qui avait participé à l' Expédi de Quervain au Groenland en 1912/13. Quant à A. Kreis ( 1885-1964 ), il s' était fait connaître par le perfectionnement qu' il apporta à plusieurs instruments de mesure pour la glaciologie.

II. ORGANISATION DES OBSERVATIONS En 1964 furent publiées les dernières feuilles de la Carte du glacier d' Aletsch à l' échelle de t: 10000. Cette carte, qui fut la contribution de la Suisse à l' Année glaciologique internationale, résulta de la collaboration de la Commission des glaciers, du Service topographique fédéral et de la Section d' hydrologie et de glaciologie du Laboratoire de recherches hydrauliques et de mécanique des terres de l' Ecole Polytechnique fédérale de Zurich ( Les Alpes, 1965 ).

Dès 1963, Peter Kasser1 reprit, tout d' abord seul, puis dès 1969 avec l' aide de Markus Aellen, la rédaction des Rapports annuels sur les variations des glaciers suisses. Il introduisit plusieurs innovations sous la forme, en particulier, de tableaux synoptiques, de photographies plus nombreuses, d' une rubrique bibliographique.

En ce qui concerne l' organisation même des contrôles glaciaires, plusieurs institutions fournirent fidèlement leur concours, en livrant des mesures météorologiques, nivométriques.

Dans le terrain, on perfectionna le réseau d' ob et de mensurations en fixant, au cours des années, des repères sous forme de boulons de ( 1 Bulletin mensuel Les Alpes. 1964. Actes Soc.he.se. nat. 1965, p. 267.

7 Dès 1967, c'est-à-dire des le 87e Rapport on ne publia dans la revue Les Alpes du Club alpin suisse qu' un extrait du Rapport lui-même.

Rappelons que les Annales de I' Institut suisse de météorologie comprennent une rubrique étendue consacrée aux fluctuations glaciaires ( Der Firnrjmachsj.

bronze portant un numéro d' ordre et la lettre « G ». Ces repères destinés à préciser la position des fronts glaciaires furent peu à peu rattachés au réseau fédéral de triangulation, par levés photogrammétriques. De plus, pour autant que les conditions atmosphériques le permirent, des survols et des prises de vues furent exécutés par le Service topographique fédéral. On put obtenir ainsi plus d' uniformité dans les observations, plus de précision aussi; la difficulté resta, bien entendu, la délimitation des masses de glace inactives, recouvertes de moraines. C' est la raison pour laquelle on recommanda I' établissement de profils superficiels transversaux et longitudinaux. Dès 1962, il fut convenu d' indiquer l' année du lever du front glaciaire sur les Cartes nationales de la Suisse. On releva encore la longueur des langues glaciaires et l' altitude de leur front et on envisagea de faire figurer les états antérieurs. En 1963, on put affirmer à juste titre que l' étendue et la composition du réseau des glaciers surveillés étaient satisfaisantes et conformes aux directives de l' Association d' hy scientifique ( Publication n°58; Zeitschrift für Gletscherkunde und Glazialgeologie, VI/1-2, Depuis 1895, la Commission internationale des glaciers, fondée en 1894, publia des Rapports sur les variations des glaciers de I' ensemble de la Terre. L' Association internationale pour l' hydro scientifique ( AIHS ) et sa Commission pour la neige et la glace ( ICSI ) ont continué cette étude et l' édition des Rapports. Depuis 1967, cette tâche fut assurée par un Service permanent, Permanent Service on Fluctuations of Glaciers ( PSFG)8. Celui-ci fut constitué dans le cadre du Conseil international des Unions scientifiques ( ICSU ) et P. Kasser de Zurich en fut le directeur, remplacé dès 1976 par Fritz Müller, de Zurich aussi. En 196g, à Cambridge ( GB ), à un symposium international d' hydrologie glaciaire, quatre contributions suis- K Kasser Peter: Gründung eines Permanent Service on the fluctuations of glaciers. Zeitschrift f. Glazial- und glazialgeo-log. VI/1-2, 1970.

ses furent présentées. Avec l' exercice 1973-1974, la Décennie hydrologique internationale ( DHI ) prit fin ".

Dès le 85e Rapport... ( 1963/64 ), des indications météorologiques sont régulièrement consignées, sous forme de tableaux, pour 16 stations. On y trouve des valeurs pluviométriques, thermiques ainsi que celles relatives à la durée d' insolation et au débit des émissaires. Pour comparaison, la moyenne de ces paramètres est donnée pour la période 1931-1960 io. Y figurent aussi les débits naturels, après diminution due aux prélèvements artificiels par les usines hydroélectriques. A partir du 86e Rapport des précisions sont fournies sur l' enneigement au Weissfluhjoch, ainsi que sur l' ablation et les débits. Les sondages aérologiques pratiqués à Payerne, à 13 heures, permettent de fixer l' altitude de I' isotherme de o° en atmosphère libre et d' estimer par conséquent le niveau de la transformation de la neige en pluie.

Concernant les glaciers eux-mêmes, en particulier la variation de leur front, ils furent mentionnés sur une carte ad hoc, avec renvoi, pour chacun d' eux, à des notes complémentaires très fouillées ", complétées par des photos, voire des séries de photos remarquables.

Les précisions relatives au métabolisme de certains glaciers augmentent en nombre et en ampleur au cours des années. Ainsi, on chercha à établir le bilan de masse de 4 glaciers ( Gries, Aletsch, Limmern et de Plattalva, Silvretta ) en représentant, entre autres, cartographiquement les isolignes du bilan de masse spécifique en to kgm-z. A propos des glaciers de la région de Mattmark, une carte à l' échelle de 1 :10000 ainsi que des informations variées furent publiées, avec indication des altitudes de la ligne d' équilibre, des variations observées en surface ainsi que des volumes et altitudes moyenHouille blanche. 1976.

111 La représentation graphique de ces valeurs fut modifiée des le i' Rapport... ( 1972/73 ).

11 Par la suite, une innovation bienvenue en rendit la consultation plus facile; le nom du glacier fut ajouté au numéro de renvoi de la carte.

nés des surfaces entre les états de 1932, 1946, 1956 et 1967 [Rapport 1969/70 ). De plus, une esquisse cartographique montre, dans le même Rapport les fluctuations du front du glacier d' Allalin d' après les mensurations de 1954 à 1970.

Dans le Rapport pour l' année 1970-1971 est reproduite une esquisse du glacier de Giétroz donnant les états particuliers de la langue de ce glacier dès la fin du XVIe siècle; une photo en montre l' extension actuelle ( goe Rapport ). Quant au glacier du Trient, on peut suivre ses variations d' après un tableau récapitulatif et d' après des cartes et plans dès 1845; à cela s' ajoutent une esquisse des déplacements du front de 1956 à 1973 de même qu' un graphique montrant les fluctuations de 1845 à J973- Plusieurs glaciers du Val de Bagnes, ainsi que le glacier de Corbassière et les glaciers suspendus sur le versant nord-est du Tournelon Blanc donnèrent lieu, eux aussi, à des esquisses et des profils.

Quant aux glaciers de l' Aar, ils furent étudiés avec une minutie particulière par M. Flotron qui put établir des graphiques donnant les mesures, à courte échéance, du mouvement transversal du Pavillon Dollfus 12. Signalons enfin l' intéressant manuscrit de F. Juvalta qui traite de l' histoire du glacier de Paradies durant un siècle ( 9i e Rapport... 1969/70 ). Le recul des glaciers de Biferten et du Glärnisch depuis 1620 fit l' objet d' une étude de Streiff-Becker ( Rapport... 1957 ), alors que les variations des glaciers de Schmadri, du Breithorn et de Tschingel, entre 1927 et i960, furent précisées ( Les Alpes 44/2, 1968 ).

L' observation des glaciers, plus spécialement la mesure des variations saisonnières, de leur vitesse d' écoulement, fut rendue possible par l' installa, au grand glacier d' Aletsch, de deux caméras automatiques à prises de vues quotidiennes. D' au furent placées au Gorner et à l' Unteraar. On constata alors que le maximum de vitesse coïncide 12 Le bloc Hugi a parcouru, en 135 ans, sur le glacier inférieur de l' Aar, une distance de 5,343 kilomètres à vol d' oiseau, soit 40 mètres/an ( 1961/1962/1963 ).

avec la fonte des neiges et que les variations des mouvements correspondent à des changements météorologiquesI3.

L' étude du métabolisme 14 des glaciers fut complétée par des renseignements importants sur les conditions thermiques et nivales. Dès 1962, on publia, pour 8 stations judicieusement choisies, la somme en degrés Celsius des températures journalières positives, de mai à septembre. Cette valeur fut considérée comme significative pour la fonte de la neige et de la glace. Par la suite, on s' inté aussi à l' enneigement temporaire au cours de l' hiver ainsi qu' à l' enneigement dans les Alpes elles-mêmes ( relevé de balises, de nivomètres de parois ). Dès le ier octobre 1961, on mentionna les variations de surface et de masse en milliers de mètres cubes pour divers tronçons des glaciers de l' Unteraar et de l' Oberaar.

Après six ans de préparation et d' essais, les travaux pour l' étude du bilan thermique, sur un terrain d' expérience de 4500 mètres carrés au glacier d' Aletsch, ont pu être exécutés et terminés entre la mi-juillet et la fin d' août 1965. Une nouvelle station de jaugeage des débits de la Massa fut aussi établie ( 86e Rapport ).

D' une façon générale, à propos du métabolisme toujours, on constata que l' ablation des petits glaciers dépend davantage de la durée d' insolation totale que de l' altitude ( 83e Rapport ). A propos de cette même catégorie de glaciers, les observations infirmèrent qu' il s' agissait d' extension, lorsque le mouvement était plus prononcé que l' ablation ( 86e Rapport ).

13 Signalons que R. Sarbach de St-Nicolas, spécialisé dans la construction d' instruments spéciaux pour la glaciologie, reconstruisit le cryocinégraphe des temps héroïques et perfectionna le système mécanique pour l' enregistrement du mouvement glaciaire.

14 Sous la forme de 7 valeurs pour 14 stations: date du commencement et de la fin de l' enneigement continu, hauteur maximale de la couche de neige, date du maximum, valeur en cm de la couche de neige totale, date de la détermination de la valeur en eau.

15 Föhn P. Massenbilanzmessung, Thèse EPF. Zurich, 1972.

Les étés chauds qui se sont succédé dès 1942 n' ont été interrompus que par le triste été de 1948; vers le milieu des années cinquante est apparue une légère tendance au développement des glaciers ( Rapport 1968/69 ). En 1961-1962, on signale une décrue d' une ampleur considérable favorisant la formation temporaire de lacs de barrage pouvant engendrer de dangereuses débâcles; ainsi au Valsorey, au Mt Miné, au glacier de Hüfi, à celui de la Blümlisalp. En 1966-1967, on signale, en revanche, que, pour la troisième année consécutive, la plupart des glaciers suisses avaient augmenté de volume. En 1973/74, on enregistra une nette différence entre les glaciers de l' ouest et de l' est des Alpes; les glaciers orientaux restèrent, comme en Autriche d' ailleurs, entièrement couverts par la couche de neige hivernale; en revanche, dans l' ouest du pays ainsi que dans les Alpes occidentales françaises, il y eut de très fortes pertes de masse.

L' étude des glaciers eux-mêmes, de leur nature, fit de grands progrès par l' utilisation d' une sonde hydrothermique mise au point par le VAWE If)de Zurich. Les premiers essais furent réalisés en 1972 aux glaciers de Steinlimni et de Gorner. Au glacier d' Oberaletsch, on fora des trous de 280 m à une vitesse de 6o-go mètres à l' heure. En 1973/74, ce mode de sondage fut amélioré par l' utilisation d' un brûleur à mazout, ce qui accrut la vitesse de pénétration. Certains de ces forages permirent des mesures thermiques; celles effectuées au glacier de Grenz, à 2600 mètres d' altitude, ont contredit les idées courantes selon lesquelles les langues glaciaires des Alpes seraient toujours tempérées, c'est-à-dire voisines de zéro degré ( Rapport 1973/74)- A propos de sondages encore, les prospections sismiques au glacier d' Aletsch, renvoyées d' année en année, permirent en 1971 de confirmer l' épaisseur 16 Versuchsanstalt für Wasserbau und Erdbau. La Section d' hydrologie et de glaciologie de cet Institut, annexe à l' Ecole Polytechnique de Zurich, est dirigée avec beaucoup de compétence par le professeur P. Kasser, secrétaire-rédacteur de la Commission des glaciers.

de 300 mètres au moins de la glace. Les sondages aux ondes hertziennes, pratiqués avec succès dans les régions polaires, ne semblèrent pas pouvoir s' appliquer à des glaciers tempérés 17. Des sondages électriques furent exécutés régulièrement afin de localiser des fils nus et des câbles isolés, déposés chaque automne, de 1962 à 1972, à la surface du névé selon le même profil transversal. Par la méthode à courant alternatif, on parvint, par la suite, à localiser le câble de 1969 à 22,4 m de profondeur et qui s' était déplacé de 150 mètres.

Les survols des glaciers se multiplièrent et on a publié de nombreuses et excellentes phies' 8. Il s' est agi, principalement, de vols de contrôle au-dessus de plusieurs glaciers, dont une dizaine de glaciers difficilement accessibles ou dangereux. La liste de ces vols a été publiée à plusieurs reprises ( Rapport 1969/70, 1975/76 ).

III. CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES Au cours de cette longue série d' observations des glaciers suisses I9, de nouveaux domaines de recherches sont apparus successivement. L' atten des membres de la Commission des glaciers et de leurs collaborateurs s' est portée sur des aspects divers des glaciers. Ainsi, c' est à partir des années 70 qu' on intensifia les investigations hydrologiques, spécialement sur les eaux intra- et sous-gla- 17 On rappelle dans le g7e Rapport que des forages profonds au Groenland et en Antarctique ont permis, entre autres, d' étudier les degrés de pollution de l' air au cours des années.

J8 Ces vols furent effectués par le Service topographique fédéral et le Service fédéral des mensurations cadastrales. Les restitutions se firent par la Section d' hydrologie et de glaciologie de l' Ecole Polytechnique fédérale à Zurich et par le bureau de mensurations de P. Vetterli à Fribourg et le bureau Leupin à Berne. En 1967/68 des étudiants de Glasgow, ayant participé au Congrès mondial de photogrammétrie de Lausanne, suivirent un cours de mensurations aux glaciers d' Otemma et de Breney.

" > Oechslin M.: 90 Jahre Gletscherbeobachtungen in der Schweiz. ( Die Alpen, 1973/4, p. 101 ). Kasser, P.: Gletscherbeobachtungen in der Schweiz [Schweiz.B.auzeitung, 86/31, 1968 ).

100% i96097O1980 Proportion centésimale des glaciers en allongement ciaires. En 1973 débutèrent des observations sur la nappe phréatique de l' Ewigschneefeld. En outre, des essais furent entrepris au glacier de Gorner afin d' étudier la pression de l' eau au niveau du lit rocheux; on mit en évidence les variations diurnes ainsi que celles dues aux conditions météorologiques.

Enfin, c' est en 1972/73 qu' on commença à dresser, à l' Institut de géographie de l' Ecole polytechnique de Zurich, un Inventaire des glaciers suisses, avec l' appui du Service de reconnaissances aériennes de Dübendorf. L' ensemble des glaciers a été photographié, verticalement, entre le 6 et le 14 septembre 1973. Il en résulta, en 1976, l' ou de F. Müller, T. Caflisch et G. Müller: Firn und Eis der Schweizer Alpen.

IV. EVENEMENTS PARTICULIERS Avalanches Durant cette période de près de vingt ans, il apparut à nouveau que les mois et les hivers pauvres en neige sont plus dangereux pour les skieurs que les années à enneigement abondant. L' hiver le plus meurtrier fut celui de 1969/70; des chutes importantes de neige, des vents violents et une tempête en février le rendirent catastrophique. L' avalanche la plus meurtrière se produisit à Reckingen provoquant la mort de 30 officiers d' un camp militaire, là où rien d' aussi sérieux n' avait été signalé depuis 1827. C' est durant cet hiver 1969/70za de sinistre mémoire que dans l' Ober bernois, un homme de 70 ans fut sauvé par des chiens d' avalanche après être resté enseveli 71130 sous 3 mètres de neige. L' hiver 1974/75 aussi fut riche en avalanches, même aux altitudes moyennes, puisque le 5 et le 6 avril on en dénombra 850, entraînant la mort de 14 personnes21.

Vidange de lacs glaciaires, inondations Le 2 juillet 1968, l' écoulement brutal d' un lac marginal du glacier de Gruben près du Fletschhorn, augmenta le débit du Fällbach d' une façon désastreuse, dévastant une partie de la commune de Saas Balen. Il en fut de même le 8 juillet 1970 où les eaux déferlèrent jusqu' au village, et encore dans la nuit du 22/23 septembre 1971. Une galerie aménagée au cours de l' hiver 1970/71 a banni tout danger pour l' été 1971. Les travaux, terminés en 1972/73, furent contrariés par la chute de séracs qui provoqua une vague assez puissante pour arracher une partie du tuyau d' écoulement en dehors de la galerie. Cette région continua à être surveillée, et le VAWE procéda à l' analyse mathématique des courbes de la vitesse des masses glaciaires observées au glacier de Gruben. En 1974/75, on se rendit compte que la digue naturelle était formée par la moraine de fond ou par la glace elle-même. Des forages y déterminèrent des phénomènes artésiens ( Schweiz.B.auzei-tung, 1971 ).

En 1969 commencèrent des travaux permettant d' éviter de brusques vidanges d' eau au glacier de Grenz. Entre le 28 août et le 19 septembre, il fut possible d' y mesurer le mouvement d' un sérac gigantesque, d' en prévoir la chute, et surtout de déterminer l' onde, haute d' un mètre qui en résulta. Les précautions prises évitèrent des dégâts. En 1972, de mi-août à mi-septembre, des 20 L' hiver 1969-1970 fut aussi désastreuxquclcsannces 1941/ 42, 1944/45 ,'950/5 '. 1953/54- 1967/68.

21 Pour les années 1960, la moyenne annuelle fut de 24 victimes.

38Volcans de la Sicile Echappée sur les falaises de la côte ouest de l' île de Lipari 39Une éruption « normale » du Sfromboli projette les scories incandescentes à une hauteur variant de ioo à Soo m. L' ac du Stromboli est d' un type particulier que les volcanologues appellent « slrombolien »: les phases explosives, qui se manifestent par une éjection de gaz et de lave en fusion, alternent avec des phases d' effusion qui, elles, sont accompagnées par une émission de lave en coulées chutes assez importantes de glace se produisirent dans le Maderanertal, le Gasterntal ( Balmhorn ) et au Trift du Fletschhorn où des chutes avaient été signalées en 1966 et 1969 déjà. Un glacier du Weisshorn se manifesta dangereusement, suscitant une inquiétude bien compréhensible. M. A. Flotron de Meiringen cartographia, en 1971/72, le glacier suspendu de l' arête orientale du Weisshorn ( 4200 m ) d' après les relevés du glacier de Bies, faits en 1958 et de 1968 à 1972. La crainte d' un éboulement sur le village de Randa et sur le chemin de fer Viège-Zermatt régna durant une longue période22. Une surveillance sérieuse s' ins, étayée sur des mesures au laser-géodimètre et sur des photographies journalières prises à l' aide d' un appareil automatique installé sur le Bieshorn. En été 1973, on mit en place un indicateur enregistrant les mouvements et transmettant les mesures, par radio, dans la vallée. La chute d' un volume de glace considérable ne fut pas catastrophique alors qu' on craignait le pire. La moitié de cette masse tomba par portions au printemps et en été 1973; le reste descendit en deux chutes successives le 19 août 1973 et s' immobilisa sur le replat du glacier de Bies, à environ 3400 mètres d' altitude.

Flora Hope, Nicole Montandon, ( .'laude Lantkemann, Dieter Wehe her Divers Au début de novembre 1968, des inondations sérieuses survinrent au sud des Alpes.

En juin 1967, la plus forte épaisseur de neige qu' on ait jamais mesurée durant ce mois au terrain d' essai du Weissfluhjoch ( 2540 m ) était considérablement dépassée. En outre, entre le 15 janvier et le 12 avril, on enregistra un minimum, tout à fait exceptionnel, du manteau nival.

En 1976, pour la première fois depuis 1964, le lac de Märjelen resta plein durant tout l' été.

11 En 1636, une chu le du glacier y fit 36 victimes: en 1819. 2 personnes perdirent la vie.

40 Fumerolles et dépôts de soufre au cratère du Vulcano 41Le soufre forme un épais tapis d' aiguilles jaunes Phutos: Hans-Dieier Welscher 42 Première ascension hivernale de la face nord-est du Grand Combin: vue de la paroi et itinéraire parcouru. O = bivouacs Surveillance des glaciers dangereux L' année 1972 vit la fin du procès relatif à la catastrophe de Mattmark du 30 août 1965 qui fut considérée comme un événement imprévisible. Ce terrible accident,qui causa la mort de 87 personnes, fit prendre conscience de la menace latente que constituent certains glaciers. Dès lors, plusieurs de ceux-ci furent régulièrement contrôlés, les mesures de surveillance perfectionnées et des plans de sécurité élaborés. A la suite d' une démarche, en avril 1969, de la Société helvétique des sciences naturelles auprès du Département fédéral de l' intérieur, un groupe de travail se constitua entre diverses instances et des services officiels afin d' assurer les études et les parades nécessaires ( Neue /jarcher Rettung, 29 avril 1974 ).

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