Randonnée au pied du Tödi. Une course de montagne en 1863 et aujourd’hui | Club Alpin Suisse CAS
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Randonnée au pied du Tödi. Une course de montagne en 1863 et aujourd’hui

Proposte di gite

Tourentipp

Une course de montagne en 1863 et aujourd'hui

Randonnée au pied du Tödi

Cette course, qui était autrefois toute une expédition, ressemble d' hui à une randonnée de fin de semaine. Ce qui ne change pas, c' est le décor grandiose et le plaisir de se plonger dans une nature sauvage; ce qui change, c' est l' infrastructure.

L' année où le CAS a été fondé, une course a été organisée dans la région des Clariden. On peut en lire le récit dans le premier Annuaire du Club alpin suisse, celui de 1864:

C' est Glaris qui fut choisi pour la fête de l' année 1863, car on y trouvait, à côté de Berne et de Bâle, le plus grand nombre de participants à notre entreprise et on décida de désigner le haut pays de Glaris, en particulier les régions glaciaires du Tödi et des Clariden, comme le premier terrain à découvrir par l' Association.

Aujourd'hui, les buts se sont rapprochés, les cartes sont un peu plus fiables et les logements sont adaptés aux critères actuels. Ce qui n' a pas changé, c' est la scène grandiose offerte par les montagnes et le plaisir ( ou quelquefois le ras-le-bol !) de parcourir la haute montagne.

Lorsque je regarde par la fenêtre, le 9 du mois à 5 h du matin, pour inspecter le terrain de nos prochains exploits, voilà que les coupoles bien connues du Glarner Tödi, du Piz Urlaun, du Bündner Tödi et du Bifertenstock brillent du blanc pur de l' in (... ) Quel dommage que nous ne soyons pas encore en route...

Nous ressentons les mêmes impressions que celles décrites par le D r Th. Simler, premier président du club et chef de la première expédition « en terrain officiel », lorsque nous arrivons à Tierfed, au fond de la vallée en amont de Linthal. Cet endroit s' appelle « Im Loch » ( dans le trou ), un nom assez suggestif, surtout par mauvais temps! Mais aujourd'hui, le ciel est radieux et même si le Tödi cache son crâne chauve sous un bonnet de nuages, comme il le fait souvent, partout ailleurs le soleil brille.

Le début du chemin depuis le fond de la vallée de Tierfed, assez ouvert, jusqu' à l' étroite gorge de la Linth, n' est pas très engageant. Mais rapidement, la petite route carrossable gagne de la hauteur en quelques virages et atteint, derrière une avancée rocheuse, le Pantenbrugg, un pont d' une audace telle que la rumeur populaire associe le diable à sa construction. Peu après, la gorge s' ouvre enfin et la vue porte jusqu' au Tödi, non pas selon la perspective typique qu' on a depuis le train entre Glaris et Linthal, mais sous un angle majestueux qui inspire le respect.

A Vorder Sand, vue sur la Sandalp, sur les masses de pierres dues à l' effondrement du Zuetribistock et sur le Tödi to :Ma rc o Volken LES ALPES 8/2002

La Sandalp ( alpage du sable ), parcourue par le torrent impétueux du Sandbach qui ne manque certes pas d' eau, porte bien son nom. Elle devient d' année en année plus désertique et sa taille diminue régulièrement.

Ce que le Sandbach a tenté depuis des siècles sans résultat s' est accompli, l' hiver 1996, suite aux deux grands éboulements du Zuetribistock. Des rochers gros comme des maisons sont tombés sur la Sandalp et ont fait barrage au torrent, créant un lac, si bien qu' une nouvelle route d' alpage a dû être construite à travers une montagne de débris de 50 m de hauteur. Juste après les chalets d' alpage de Hinter Sand, la route se rétrécit en un sentier de randonnée qui gravit le ravin raide du Bifertenbach pour gagner le plateau des Fridolinshütten. Nous sommes accueillis, non pas par le cliquetis des crampons et des pitons, mais par de joyeux cris d' enfants. Un tableau surprenant s' offre à nous: devant le décor du Bifertengletscher, tout bleu et profondément crevassé, une troupe d' enfants de joyeuse humeur, équipés de divers accessoires de natation, s' ébat dans le petit lac de la cabane! Cette possibilité de rafraîchissement étant occupée, nous nous installons confortablement sur la terrasse. C' est le pharmacien Neuburger qui était de corvée de cuisine aujourd'hui. Avec grâce et savoir-faire, il nous a préparé une pleine marmite d' un breuvage revigorant qu' il a baptisé chocolat; et nous avons reconnu là un homme du métier.

Descente de l' Ochsenstock; en bas, on aperçoit l' Alp Ober Sand, à droite le Beggilücke et les fissures du névé de Clariden Montée jusqu' aux cabanes Fridolin, à l' arrière le Glärnisch Les cabanes Fridolin et le Schiben LES ALPES 8/2002

Avant le souper, nous avons encore le temps de nous plonger dans l' histoire des cabanes. Sur une moraine latérale du Bifertengletscher, à une heure environ des Fridolinshütten, la toute première cabane du CAS, la Grünhornhütte, a été érigée en 1863. Légèrement modifiée plus tard, elle se présente aujourd'hui encore en grande partie dans son état original datant de l' époque des fondateurs.

Le plan en est oblong, environ 6' 1 de large et 10' de long, les murs 6' de haut. Quatre poutres de faîte, en triangles obtus, permettent de tirer, sur les quatre murs, une grande toile cirée rouge en guise de toit. Avant le départ, cette toile est retirée et roulée, puis entreposée dans la cabane. (... ) Le mobilier consiste en quatre caisses de fer peintes en rouge portant les lettres C.A.S. et encastrées dans les murs. On y range une machine à thé et à café, des provisions d' alcool, etc. En plus, une caisse contenant un baromètre et un thermomètre à minima. La Grünhornhütte a servi, des décennies durant, de camp de base à différentes expéditions au Tödi. Suite au recul du Bifertenfirn, elle n' est plus directement au bord du glacier, mais environ 80 m plus haut. Comme nos cabanes actuelles sont loin de ce modèle original! Mais quand on voit la paille qui gratte et la place plus qu' exiguë, on est bien content de ne pas passer la nuit dans la cabane d' origine, mais bien dans la cabane Fridolin récemment rénovée.

Les membres de notre expédition, bien fatigués, furent heureux de trouver la cabane en bon état et adressèrent un vivat à ses constructeurs. A ce moment, ils ignoraient

L' Alp Ober Sand avec, au dessus, le Vorder Spitzalpelistock Le Röti en descendant vers Ochsenstock avec, au-dessus, le Sandgipfel ( Tödi ) Pho to s: Ma rc o Volken 1 1 pied = 32,. " " .48 cm LES ALPES 8/2002

encore que cette maison avait coûté près de 1000 francs, et c' est tant mieux, sinon leur joie en aurait été ternie.

Le fait que la construction d' une nouvelle cabane coûte aujourd'hui mille fois plus qu' à l' époque ne nous préoccupe guère. Peu après avoir pris un bon repas, nous dormons déjà comme des marmottes. Le lendemain, quatre heures après que les candidats au Tödi ont quitté la cabane avec fracas, nous laçons à notre tour nos chaussures, remercions la gardienne pour son bon petit déjeuner et prenons la direction de l' Ochsenstock en montant la pente raide et herbeuse. Peu après le sommet, nous entrons dans « la zone rouge »: la roche change de couleur à chaque pas, passe du rouge lumineux à l' ocre et au gris-bleu. Juste avant le pont de Ober Sand, nous croisons le chemin de la cabane Planura, mais nous renonçons à visiter ce refuge situé 1000 m plus haut pour nous reposer longuement près des chalets d' alpage.

Un ciel d' azur très pur s' étend au-dessus de cette haute vallée bordée entièrement par des neiges éternelles et des parois de rochers. A droite, entre Vorderstock, Spitzalpelistock et Geissbützistock, le glacier de Clariden présente sa pente abrupte qui scintille, tandis que le Geissbützigletscher s' avance jusqu' au fond de l' alpage. Le fait que les glaciers aient atteint, à l' époque de Simler, les chalets de Ober Sand est attesté par des moraines résiduelles et des rochers remarquablement polis. Actuellement, le bord du glacier se trouve pratiquement 600 m plus haut, à la verticale de l' alpage. Tandis que nous observons les marmottes et jetons des cailloux dans le ruisseau, nos pensées volent à nouveau vers les 24 participants de cette première excursion qui passèrent la nuit ici, dans le grenier d' un chalet, serrés comme des sardines et souvent bousculés par les voisins, plus souvent encore piqués par ces petites sauteuses brunes nommées pulex en latin.

Un environnement de torrents gron-dants et de crevasses ne nous lâche plus. Ce n' est que peu avant midi que nous atteignons la Beggilücke, après avoir franchi de nombreux gradins très raides. La descente en pente douce vers la Claridenhütte était encore couverte de neiges « éternelles » il y a quelques années. jourd' hui, toutes sortes de plantes pionnières poussent entre les petits lacs de moraines et donnent à cette région un tout nouveau visage. Mais la cabane Clariden reste fidèle à elle-même, toujours aussi belle avec sa terrasse et sa salle sympathique, sa magnifique situation et sa vue sur tous les sommets principaux de la région.

Je profite d' une courte pause pour contrôler le pouls des différents membres de l' ex: (... ) Hauser 106 pulsations à la minute; Schröder 93, Simler 90, (... ) et Elmer père, 60 pulsations à la minute (... ) Ceux qui le connaissent n' en seront pas étonnés.

Sur le Beggilücke, regard en arrière en direction du Tödi Pho to s:

Ma rc o Volken LES ALPES 8/2002

Notre décision de ne pas passer la nuit ici, mais de descendre directement à l' Urnerboden est une conséquence directe des prévisions météo pour le lendemain: un front de froid avec de la neige jusqu' en dessous de 2000 mètres. Il nous faut donc franchir le chemin, assuré par une corde, qui emprunte la petite vire rocheuse juste en dessous de la cabane puis suivre le Walenbach jusqu' à la grosse pierre où commence le sentier balisé qui contourne le Rotstock et mène à l' al de Fiseten. Les bergers sont en train de mener un grand troupeau de vaches vers l' étable, donc vers nous, si bien que le sentier normalement facile se transforme en un serpent de boue très glissant. A l' abri du vent, nous nous reposons dans la combe qui précède le Fisetenpass et nous jouissons des avant-derniers rayons du soleil et des restes de pique-nique au fond du sac.

...nous aussi nous sortons des sacs nos aliments et nos boissons et l' eau fraîche qui jaillit de sous la neige nous aide à allonger nos maigres provisions de schnaps et de vin. Deux bouteilles de vin pour neuf âmes assoiffées...

Mais le vent se fait plus froid, les nuages plus épais. Même un vin allongé d' eau ne nous ferait pas demeurer ici plus longtemps. Après avoir franchi le col, nous sommes surpris à la fois par le front de nuages menaçants qui s' avance vers le col du Klausen et par la vision de la station supérieure du nouveau téléphérique, en projet depuis longtemps déjà, qui descend à l' Urnerboden.

Moins d' un quart d' heure plus tard, nous arrivons à la station inférieure en même temps que les premières gouttes de pluie ou de neige. Une courte discussion avec le surveillant du téléphérique nous apprend la petite histoire: sur l' initiative locale d' une coopérative de 60 âmes, le téléphérique a été construit dans le but de promouvoir un tourisme doux et aider ainsi directement à rendre nos cabanes plus accessibles à un large public. Félicitations! a

Remo Kundert, Hirzel ( trad. ) La cabane Clariden Descente vers la cabane Clariden. A l' arrière, le Glärnisch

Informations générales

Cartes/ guides/ transports CN 1:25 000, feuille Tödi 1193. Alpinwandern Zentralschweiz–Glarus–Alpstein, éditions du CAS, Berne. Fac-similé de l' Annuaire du Club Alpin Suisse, 1864 Informations sur le téléphérique auprès de Otto Walker, restaurant Urnerboden, tél. 055 643 14 33 et 055 643 14 16, www.urnerboden.ch Dénivellation/ difficulté/ équipement 1 er jour: 4 h; montée 1310 m; difficulté T2/ RE; entièrement balisé, équipement de randonnée normal 2 e jour: 5 h 30; montée 850 m, descente 930 m; difficulté T3/EB; entièrement balisé, équipement de randonnée normal Logement Fridolinshütten: CAS Tödi, 60 places; gardienne: Gabi Aschwanden, réservations tél. cabane 055 643 34 34, privé 055 653 10 94 et 079 228 91 6O. Gardées de début mars à fin octobre, le week-end et sur demande; de Pâques à Pentecôte et en juillet/août toujours ouvert. Autres informations www.sac-toedi.ch Claridenhütte: CAS Bachtel, 77 places; gardien Peter Beglinger, réservations tél. 055 643 31 21, privé 055 643 12 75. Gardée de mi-mars à mi-mai et du 1 er juillet au 30 septembre, le reste du temps le week-end et sur demande. Autres informations www.sac-bachtel.ch

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