Simon Wandeler | Club Alpin Suisse CAS
Soutiens le CAS Faire un don

Simon Wandeler Porte-bonheur

Base jumper et ancien compétiteur en escalade sportive et sur glace.

Mon bracelet se compose de coraux rouges, d’agates et d’anneaux en cuivre finement gravés. Mon amie me l’a rapporté d’un long séjour de surf au Costa Rica. Un base jumper saute avec un parachute sur le dos depuis des endroits fixes tels que des bâtiments, des ponts, des antennes ou des falaises. On fait la différence entre les sauts courts (40-200 m) et les sauts longs (400 m et plus). Si nous portons une wingsuit, une combinaison ailée, la chute libre se transforme en vol. On n’ouvre le parachute que pour l’atterrissage. Avant de sauter, mon porte-bonheur dépasse des manches de ma combinaison. Je le touche, je pense à mon amie et je sais qu’elle vole en pensées avec moi. Je lui raconte intérieurement à quel point le saut va être élégant, comme l’itinéraire va être aussi créatif qu’hasardeux, comme l’ouverture du parachute va se faire sans encombre et à quel point l’atterrissage se fera en douceur et sous contrôle. Au premier contact avec le sol, je prends même garde à ne pas poser le pied dans une bouse de vache et glisser ! Je me prépare consciencieusement pour le base jump. En effet, j’effectue deux fois plus de sauts d’entraînement que recommandé depuis un avion. Cela a fait ses preuves : pas l’ombre d’une égratignure au cours de mes 1 300 sauts. J’ai toujours atterri avec sûreté. Je range soigneusement mon bracelet dans la manche et m’apprête à sauter. D’instinct, j’effectue des mouvements de va-et-vient avec mon nez, comme un oiseau avec son bec, je secoue mon « plumage » et je saute dans le vide. Grâce aux ailes de la wingsuit, je jouis de la poussée verticale. Je rase les falaises à 200 km/h, je me faufile dans d’étroites gorges, je fais un détour peu avant un pilier rocheux, je surfe à 20 centimètres au-dessus de la cime des arbres, j’observe au passage chamois et oiseaux. Ma respiration est oppressée. Je chasse mon ombre sur le sol et joue avec la lumière. Si le soleil vient à se coucher, je me mets à le suivre, j’effectue des pirouettes. C’est ça, la liberté!

Feedback