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Stratégie énergétique contre protection du paysage Une nouvelle loi autorise des centrales électriques dans des zones auparavant protégées

Jusqu’ici, les paysages, les sites et les monuments naturels d’importance nationale étaient strictement protégés en Suisse. Cela va changer avec la mise en œuvre de la stratégie énergétique 2050.

La nouvelle loi sur l’énergie adoptée en 2017 par le peuple et les cantons est entrée en vigueur en janvier dernier. Il est maintenant clair que la stratégie énergétique 2050 affaiblira fortement la protection des paysages d’importance nationale. En effet, les centrales hydroélectriques et les éoliennes produisant plus de 20 GWh d’énergie renouvelable par an revêtent désormais un intérêt national. Cela signifie que la construction de telles installations dans des zones de protection ne sera plus catégoriquement exclue, comme par le passé. Ceci, même si la protection du site inscrit à l’Inventaire fédéral des paysages, sites et monuments naturels (IFP) est gravement compromise. Il appartient aux autorités de décider quel intérêt prime, entre la protection du paysage ou la production d’électricité.

Le seuil de 20 GWh par an est relativement bas. Il correspond à la production annuelle d’environ quatre éoliennes. La nouvelle loi ne se limite donc pas aux projets importants pour la production nationale d’électricité, mais ouvre la porte à de nombreux petits projets. Le marché subventionné de l’électricité pourrait donc représenter une menace pour les derniers paysages intacts de Suisse.

Protéger le paysage ou le climat?

Le CAS s’intéresse de près à cette nouvelle donne. Sa position relative aux sites classés à l’IFP est particulière. Pendant des décennies, notre association s’est impliquée en faveur de la protection des paysages de montagne intacts, porteurs de l’identité de la Suisse. L’IFP doit beaucoup à l’engagement du CAS, qui s’est impliqué durant des décennies en tant que membre de la commission chargée d’inventorier les paysages et monuments naturels suisses d’importance nationale. Grâce au droit de recours des associations, il peut intervenir en tant que défenseur des paysages inscrits à l’IFP.Toutefois, en raison de la fonte des glaciers, la protection du climat est aussi devenue une préoccupation de l’association.

Exiger plus d’efficacité

«Nous ne pouvons et ne voulons pas nous voiler la face quant au revirement énergétique, explique Benno Steiner, collaborateur spécialisé Protection du paysage au CAS. Dans des cas exceptionnels, une concession s’avère nécessaire, également en matière de protection du paysage.»

Le projet d’un grand barrage dans la cuvette du Trift, dans l’Oberland bernois, en témoigne. Le CAS a jusqu’à présent renoncé à toute opposition à son encontre. Ceci, parce que la centrale apportera une réelle contribution à un futur approvisionnement énergétique. «Cela ne signifie pas pour autant que le CAS approuve désormais tous les projets de grande envergure dans les Alpes», précise Benno Steiner.

De nouvelles centrales électriques devraient être planifiées sur une base suprarégionale et respectueuse du paysage. Les installations doivent être concentrées sur des sites «présentant une efficacité élevée, occasionnant peu de conflits et déjà suffisamment équipés, mais pas dans des zones protégées», poursuit Benno Steiner, faisant référence aux lignes directrices CAS Environnement et Développement territorial. Et le même d’ajouter: «Nous demandons que les économies d’électricité et l’efficacité énergétique soient promues de manière plus conséquente, tout comme le développement des énergies renouvelables.

Une chose est claire: protection du paysage et protection du climat ne sont pas toujours conciliables. Les avis sur les priorités diffèrent également au sein du CAS. Les discussions promettent d’être animées.

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