Tara Hintz-Adhikari. Une Népalaise en Suisse | Club Alpin Suisse CAS
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Tara Hintz-Adhikari. Une Népalaise en Suisse

Une Népalaise en Suisse

J' ai rencontré Tara à trois reprises pour l' interviewer, une première fois à Berne et les deux autres à Katmandou. Notre dernier entretien s' est déroulé sur la terrasse ensoleillée de la maison de sa sœur. Tara est une personne qui respire la joie de vivre et qui déborde d' énergie.

Après son mariage à Berne en août 1982, Tara a reçu l' autorisation de faire venir en Suisse ses trois enfants, fruits d' une précédente union au Népal. Son assimilation dans notre pays s' est révélée difficile en raison de son manque de connaissance de l' allemand et des énormes différences culturelles. Au décès de son mari, en 1988 déjà, il ne restait pas d' autre solution à cette femme issue de la caste la plus élevée, celle des brahmanes, que d' assurer son existence quotidienne et les besoins de sa progéniture au moyen de travaux temporaires, souvent mal payés.

Avantages et inconvénients Lors d' une conversation autour d' une tasse de thé, accompagnée de chutney aux mandarines fortement épicées, Tara remarque qu' enfant déjà elle avait des problèmes avec son statut de brahmane. Sa préférence va à une société où les différences sociales ne sont pas aussi strictes. Elle croit avoir trouvé cet idéal en Suisse. L' humanité, la tolérance et la serviabilité revêtent aussi de l' importance à ses yeux. Elle apprécie également la propreté et la bonne gestion de notre vie de tous les jours. « Ici, on pense à tout et on ne laisse rien au hasard », affirme Tara. Mais le niveau de vie élevé de notre pays a aussi ses côtés négatifs. « Au Népal, résume-t-elle prudemment, nous n' avions que peu de choses, mais nous étions heureux. » Vie active pour les femmes Depuis lors, les enfants de Tara ont grandi et acquis leur autonomie. Ils cultivent des relations réduites avec le Népal, parce qu' ils ont passé leur enfance et leur jeunesse en Suisse. Quant à Tara, elle se sent maintenant assez seule. Elle aspire à des contacts sociaux actifs, comme elle les a connus dans son pays d' ori. Son large cercle de connaissances ne lui apporte pas, semble-t-il, ce sentiment de sécurité propre aux clans familiaux du Népal. C' est pourquoi Tara s' in sur un retour provisoire dans sa patrie ou, pour le moins, sur une prolongation graduelle des visites annuelles à sa parenté. Mais elle ne se fait guère d' illu sur les problèmes de corruption, d' insécurité, de stagnation, voire de recul économique, et de l' absence totale des droits de la femme. C' est pour l' amélioration de la condition féminine au Népal que Tara envisagerait de s' investir a

Bernhard Rudolf Banzhaf, Saas Fee ( trad. )

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