Trekking au Népal (1) - Découpage topographique et Annapurna Himal (Régons de -) | Club Alpin Suisse CAS
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Trekking au Népal (1) - Découpage topographique et Annapurna Himal (Régons de -)

1re partie: découpage topographique et Annapurna Himal

Connaissez-vous les différences entre Appenzell et le Valais? Ou entre le Jura vaudois et le val Bregaglia? Contentons-nous pour l' instant du constat banal qu' elles sont parfois importantes. En effet, la structure généralement très cloisonnée d' une région de montagne entraîne presque obligatoirement une juxtaposition de régions relativement petites, ayant leur climat et leur topographie propres. En raison de leurs particularités géologiques, de leur histoire glaciaire et du modelage par l' érosion, on observe des divergences étonnantes de l' une à l' autre, perceptibles d' abord dans leur aspect général, puis dans les détails de leurs formes particulières, des altitudes, des microclimats, ainsi que de la flore et de la faune. Or, ce qui est valable pour les Alpes l' est aussi pour l' Himalaya.

Le but de la présente série d' articles est de dégager quelques traits marquants des paysages himalayens et de les comparer entre eux.

Les régions topographiques du Népal La répartition du royaume du Népal en ses régions topographiques principales permet de mieux comprendre ce pays. Pour l' observer, nous allons suivre une ligne qui traverse le pays du sud au nord.

Le Népal mesure près de 900 km de long sur 150 à 250 km de large. Il est situé à la limite sud de l' arc himalayen, à la même latitude que la Floride ou les Iles Canaries. La frontière avec l' Inde, au sud, se trouve dans la plaine alluviale du Teraï. Ce terrain très chaud, autrefois boisé, prolonge sur territoire népalais la vaste plaine du Gange. C' est une région très peuplée où l'on pratique une agriculture intensive. Elle est fermée au nord par deux chaînes de collines parallèles courant d' est en ouest: les Siwalik ( ou Churia ) et la Mahabharat Lekh. La première chaîne culmine à 1000 mètres, tandis que la seconde atteint par endroits 3000 mètres. Toutes deux commencent de s' élever dans l' Assam et se terminent, comme l' Himalaya lui-même, au Cachemire. En général, on passe sans transition d' une chaîne à l' autre, mais par places les Siwalik se séparent de la Mahabharat Lekh et ce sont de grands espaces plats qui apparaissent alors, appelés Dun en Inde. Sur territoire népalais, on trouve deux de ces terrains, qui for- Le Grand Himalaya marque le pays d' une très forte empreinte, mais géographiquement, il n' occupe qu' une surface restreinte ment le Teraï intérieur. C' est du reste sur l' un d' eux que se trouve le célèbre parc national Royal Chitwan.

La Mahabharat Lekh ( litttérale-ment: « grande chaîne indienne » ) forme une puissante barrière pour les rivières et ruisseaux venus du nord qui se frayent un chemin en direction du Golfe du Bengale. C' est ainsi que des masses d' eau énormes se rassemblent dans trois rivières principales seulement: la Karnali, la Narayani et la Sapt Kosi, qui réussissent la percée à travers cette barrière topographique, climatique et également culturelle. Mais on rencontre immédiatement au nord de la Mahabharat Lekh des rivières secondaires d' une certaine importance, dont les eaux coulent vers les premières dans des fossés profonds orientés le plus souvent d' ouest en est. Ces vallées transversales forment en même temps le piémont des montagnes moyennes qui représentent les deux tiers de la surface du pays. Ces montagnes, d' une altitude maximale de 4500 mètres, ont une population dense et sont partiellement boisées. Elles courent du sud au nord et butent contre la zone impressionnante, mais très étroite, du Grand Himalaya.

La chaîne principale du toit du monde se divise à son tour en différents massifs séparés les uns des autres par de profondes gorges. Ces « himal » forment à l' est la frontière avec le Tibet, tandis qu' au centre et à l' ouest, ils restent à l' intérieur du royaume. Les zones « de derrière » sont abritées de la mousson et se distinguent par une grande sécheresse et des altitudes élevées. On les appelle Himalaya intérieur et elles sont limitées à l' extrême nord-ouest par les montagnes frontières du Tibet.

lacs de Pokhara à l' Himalaya intérieur, en passant par la zone des collines. Et ce sont précisément ces énormes et presque inimaginables contrastes qui font l' attrait de cette région. Aux différences de climat s' allient le changement constant de la flore et de la faune et, pour ce qui est du peuplement, toute une palette de groupes ethniques, religieux et culturels.

Les lacs de Pokhara Pokhara, la localité la plus importante de cette région, est située au bord du Phewa Tal ( tal = lac, en népali ), un lac peu profond menacé de comblement par les alluvions des rivières. Ce lac compte parmi les principales attractions touristiques du pays. Non loin se trouvent deux Annapurna Himal C' est l' une des régions les plus difficiles à saisir et à résumer de tout le Népal. En effet, l' Annapurna Himal s' étend de la zone subtropicale des Le Teraï est dominé par les collines des Siwalik, qui bordent au nord la vaste plaine du Gange anasiu v^w* r5r iusiha Dhunche L__L»jiri »Phaphlu / OkhaldhungaLa région de l' Annapurna, au centre du Népal autres lacs moins connus, le Begnas Tal et le Rupa Tal. A proximité immédiate de ces trois plans d' eau passent de superbes itinéraires de trekking, bien équipés en refuges et débits de thé. Ils offrent à celui qui veut découvrir le Népal une première impression et lui donneront déjà une idée de la diversité et de la richesse étonnante de ce petit pays.

Ces itinéraires peuvent être prolongés dans les vallées de la Seti et de la Modi Khola. Cette dernière rivière recueille les eaux de l' Annapurna Deuthal ( sanctuaire ), l' amphithéâtre des géants de glace qui ont nom Hiunchuli, Annapurna Dakshin, 01 a S i k k i m Baraha Sikha, Annapurna I ( 8091 m ), Annapurna II et Machhapuchhare, le Cervin népalais. A vol d' oiseau, 30 km seulement séparent les bazars de Pokhara, à 950 m, de cette pyramide de près de 7000 m.

La proximité et l' alignement superbe de ce front montagneux procure une première idée de la diversité climatique qui règne entre ces deux extrêmes. D' un paysage de rizières en terrasses, de pipais et de buissons de bambous, on passe aux feuillus et aux conifères de la zone des collines, avant de s' élever à la limite des forêts, où régnent les rhododendrons, puis à la steppe, la taïga et la toundra, pour pénétrer enfin au royaume des éboulis, des rochers et des masses de glace dépassant 6000 m. Pokhara et ses environs permettent de vivre cette expérience indescriptible par Des collines environnantes, l' ensablement progressif du Phewa Tal est bien visible Dans les environs de Pokhara se trouvent deux autres lacs: le Rupa Tal et le Begnas Tal laquelle on passe de l' ombre des bananiers et des manguiers chargés de fruits à la lumière étincelante des glaciers, parmi les chants d' oiseaux subtropicaux. Annapurna, la déesse de la surabondance, manifeste ici sa charmante influence, pour ne pas dire sa puissance irrésistible.

Le massif de I' Annapurna Himal Ce massif porte le nom de son sommet principal, le premier huit-mille que l' homme ait gravi, en 1950 déjà. Ce sont Maurice Herzog et Louis Lachenal qui ont foulé son sommet, deux membres de cette expédition de pionniers qui rassemblait l' élite des alpinistes français d' alors. En route vers leur but, ils avaient remonté la gorge de la Kali Gandaki, une des entailles les plus profondes du Globe, qui sépare l' Annapurna du Dhaulagiri.

La vallée de la Kali Gandaki borde l' Annapurna Himal à l' ouest, alors qu' à l' est, celle de Marsyangdi sépare ce massif du Gurkha Himal ( ou Manaslu Himal ). Le Manaslu, l' Anna et le Dhaulagiri sont par ail- Pour l' alpiniste, le skieur et le randonneur Le Thorong La, 5416 m, est un des cols les plus connus du Népal. Il est rare qu' il se présente sans neige, comme ici.

leurs les trois seuls huit-mille situés entièrement à l' intérieur des frontières du royaume népalais.

Les deux vallées bordières Ces deux vallées ont beaucoup de points communs, mais présentent aussi quelques différences marquées.

La vallée de Marsyangdi On y rencontre d' abord les communautés hindouistes des Bahun et des Chhetri, qui forment les deux castes supérieures, celles des prêtres et des guerriers. Plus haut dans la vallée s' y ajoutent les Gurung, une ethnie tibéto-mongole. Plus loin encore, la population se compose de Bhotia, groupes d' origine tibétaine de religion bouddhiste. Alors que les Bahun, les Chhetri et les Gurung habitent les zones subtropicales et les collines, les Bhotia vivent dans un paysage de montagne plus aride et plus rude, en grande partie épargné par la mousson. La transition du climat chaud et humide au climat sec se fait ici en de nombreuses petites étapes, de façon presque imperceptible.

La vallée de la Kali Gandaki Dans cette vallée, l' influence subtropicale monte jusqu' à Lete, lieu où la vallée forme un coude. Cet endroit La Kali Gandaki, dans la partie inférieure de son cours, s' étale souvent sur toute la surface de la vallée représente une frontière climatique, dans le sens où un climat désertique s' installe en amont sur une très courte distance, climat provoqué par des courants thermiques intensifs et constants. Entre les bazars de Pokhara, peuplés principalement de Newar et cette frontière climatique, on rencontre des Bahun, des Chhetri, des Gurung et des Magar. Ces derniers sont d' ailleurs le seul peuple à occuper toutes les zones climatiques entre le Teraï et l' Himalaya intérieur. Dans le corridor venté de la Thak Khola - nom de la rivière Kali Gandaki en amont de Lete - vivent des Thakali, d' origine tibétaine, et plus haut à nouveau des Bhotia. Les Thakali avaient autrefois le monopole du commerce du sel en provenance du Tibet, ce qui non seulement leur assurait une subsistance dans ce monde inhospitalier, mais leur procurait même une opulence certaine. Les immenses caravansérails de Tukuche témoignent encore de cette époque qui a connu une fin très brutale en 1959, au moment de l' occupation du Tibet par la Chine. Le tourisme lié au trekking a aujourd'hui comblé cette lacune économique et freiné l' émi naissante, qui risquait d' entraîner la disparition de cette culture historiquement significative.

Pour l' alpiniste, le skieur et le randonneur « Derrière » la chaîne de l' Annapurna, on rencontre déjà des régions relativement arides: Braga, un village compact de la vallée de la Marsyangdi, avec les toits plats propres à cette zone climatique Le front sud de l' Annapurna Himal. L' Annapurna Dakshin se dresse dans la lumière du matin.

Dans la campagne à climat subtropical des environs de Pokhara, on cultive le riz. Les maisons couvertes de chaume des Bahun et des Chhetri sont entourées d' une végétation paradi- La randonnée par le Thorong La Le tour complet de l' Annapurna Himal est un des itinéraires de trekking les plus connus du monde. Les deux vallées latérales qui entourent le massif peuvent en effet être reliées par le Thorong La, un col situé à 5416 m. Des « lodges » et des débits de thé sont disposés le long du parcours. En général, on commence cette longue randonnée par la vallée de la Marsyangdi pour l' achever dans celle de la Kali Gandaki. Après être remonté la gorge subtropicale, on arrive aux villages bhotia de Pisang, Braga et Manang. Les constructions massives à toit plat de ces villages du haut de la vallée contrastent fortement avec les petites cabanes de bambou et les maisonnettes à toit pointu du bas pays. Manang, bien qu' étant la localité la plus élevée, impressionne par sa taille et son unité architecturale.

Le Thorong La ne présente pas de difficulté particulière, hormis son altitude. Cependant, il peut rester infranchissable plusieurs jours après une chute de neige. Du côté ouest de ce passage se trouve la localité de Muktinath, avec son temple qui attire chaque année les pèlerins hindouistes par milliers. A l' intérieur du sanctuaire, une flamme de gaz naturel jaillit d' un trou dans la terre à côté d' une source, formant une symbiose unique des trois éléments de base du cosmos hindou: le feu, l' eau et la terre. Les environs désertiques de ce lieu saint procurent au randonneur une des impressions les plus fortes de ce trek.

On jouit naturellement de coups d' oeil sur les montagnes tout au long de la marche et pas seulement de Pokhara. « Derrière » les montagnes aussi, on côtoie les géants englacés impressionnants que sont l' Anna II, le Gangapurna, le Kangshar Kang, le Tilicho, le Pisang Peak, le Chulu Himal et le Nilgiri. Durant la descente dans la vallée de la Kali Gandaki, on peut voir en outre le Dhaulagiri I qui, culminant à 8167 m, est le plus haut sommet entièrement sur sol népalais.

Le tour du massif s' achève par le col boisé de Ghorapani, où le belvédère de Poon Hill offre un des panoramas les plus complets de cette partie de l' Himalaya.

( A suivre ) Bernhard R. Banzhaf, Saas Fee ( trad.. " " .M

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