Eduard Imhof (1854-1924) | Club Alpino Svizzero CAS
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Eduard Imhof (1854-1924)

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Eduard Imhof ( 1854-1924 ) C' est dans les années « quatre-vingts » que mon père EduardImhofcommença à pratiquer l' alpi. L' âge d' or des grandes conquêtes dans les Alpes suisses était révolu, les plus hautes cimes et les plus célèbres étaient gravies, les lauriers coupés. Il ne restait que des broutilles dans ce domaine, mais l' ensemble de ces tâches mineures n' en était pas moins important. Il s' agissait maintenant d' explorer et de faire connaître les innombrables sommets de 2e et 3e ordre et d' aplanir les chemins pour la foule des grimpeurs d' année en année plus nombreuse. Nul peut-être n' a apporté un zèle plus ardent que mon père à cette tâche de Sisyphe. Ce fut l' époque des Champs d' excursions du CAS.

A la demande du Comité central, mon père travailla à l' élaboration des « Itinéraires » pour les groupes du Râtikon, de la Plessur, de la Silvretta et de l' Ofenpass. Ces « conseillers » de l' alpiniste furent les prédécesseurs de nos guides-manuels si appréciés actuellement. Le dernier des Itinéraires qu' il rédigea, celui de la Silvretta et de l' Ofenpass, a déjà, sauf les croquis, la forme du guide-manuel publié ultérieurement. Lorsqu' en 1910 les guides des Alpes grisonnes furent mis en chantier, Imhof se mit de nouveau à la disposition du CAS et rédigea le volume du Groupe du Rheinwaldhorn. Ce travail était le couronnement d' une œuvre d' explorateur et de rédacteur qu' on peut qualifier d' unique pour un homme ne disposant que de ses heures de loisir. Nous devons encore à Imhof de nombreuses études et descriptions sur des sujets alpins parues dans diverses revues. De 1888 à 1896, son nom figure dans chaque tome du Jahrbuch du CAS. Le nombre de ses courses d' exploration s' élève à plusieurs centaines. Il fut le premier à fouler maintes fières cimes des Alpes grisonnes. Pour d' autres, il trouva de nouvelles voies vers le sommet. Il convient donc de sauver de l' oubli certains éléments de la vie de cet alpiniste.

Ce fils d' un brave horloger bernois et d' une non moins brave Neuchâteloise naquit en 1854 et fut élevé à St-Imier puis à Berne. Dans cette dernière ville, attire déjà tout gamin par les hauteurs vertigineuses, il traversa l' Aar en rampant le long de la corniche à l' extérieur du parapet du pont de la Nydeck. Arrivé à l' autre bout, il fut accueilli à la sortie par les applaudissements du conseiller fédéral Schenk, mais reçut immédiatement après une solide fessée bien méritée d' un honorable Bernois. Il n' en apprécia pas moins l' épaisse montre en argent qu' il reçut au séminaire de Muristalden comme prix de dessin. Elle lui marqua fidèlement les heures pendant plus de 50 ans. Au sortir de l' Ecole normale, mon père fut quelque temps régent à Adelboden. Une année plus tard, au printemps 1874, il devint précepteur dans la famille Juvalta qui résidait au château d' Ortenstein, dans un site incomparable du Domleschg. C' est cette année-là qu' il fut reçu membre de la section Rätia du CAS. Travaillant en autodidacte, il développa ses connaissances au point qu' en 1875, âge de 21 ans, il fut appelé à enseigner les mathématiques, la géographie, la méthodologie et la gymnastique au séminaire et gymnase de Schiers. A partir de ce moment commence pour lui une activité infatigable à la fois alpine, littéraire et pédagogique. Il parcourt non seulement toutes les régions des Alpes suisses du Fluchthorn au Mont Blanc, mais encore, avec le même zèle, le Plateau et le Jura, les massifs de l' Ortler, de PAdamello et les Alpes bergamasques. Son ami et biographe, l' inoubliable Andreas Ludwig de St-Gall a dit de lui: « Je ne crois pas qu' il existe un autre touriste qui ait comme lui, à pied, sillonné la Suisse dans tous les sens et dans tous ses recoins » ( Alpina, 1924, pp. 79-82 ). Son œil captait avidement les beautés terrestres et son esprit était ouvert aux merveilles et aux mystères de la nature. Une vraie passion de connaître l' animait. Il ne pouvait voir une montagne sans désirer en fouler la cime et en contempler l' autre versant. De ses courses, il rapportait presque toujours des échantillons de roches, et maint spécialiste aurait pu lui envier ses connaissances en botanique. Il s' intéressait tout autant à la vie des alpicoles, à l' économie du peuple grison, à l' architecture de la cathédrale de Berne et aux fresques de Michel-Ange.

Doué d' un caractère jovial et d' une belle voix de ténor, il aimait partir en montagne avec des camarades. En 1890, il fonda avec quelques amis la sous-section Scesaplana, qui devint plus tard la section Prätigau du CAS. Il emmenait souvent ses élèves de Schiers à la Scesaplana ou à la Silvretta, mais lorsque personne n' était disponible, il ne craignait pas de partir seul: le montagnard solitaire est infiniment plus attentif et plus ouvert aux impressions.

Mon père était l' homme le plus modeste et le plus sobre que j' aie jamais rencontré. Une chemise de rechange, une paire de chaussettes, une miche de pain, un bout de fromage, deux paquets de cigares, une boîte d' allumettes et la carte de la région, c' est tout ce qu' il mettait dans son petit sac. Cette simplicité caractérisait absolument un homme à qui l' idée de se faire valoir était totalement étrangère.

La soif de connaître poussa mon père, arrive à Page mûr - 43 ans - à entreprendre des études universitaires. En 1897-98 il suivit à l' université de Berne les cours du professeur Ed. Bruckner sur les époques glaciaires, et obtint le titre de docteur avec une dissertation fort remarquée sur les limites supérieures de la zone forestière en Suisse. Il a écrit des centaines d' articles pour le Dictionnaire géographique de la Suisse, entre autres les notices sur les Grisons et sur le Rhin. Le Département de l' Instruction publique de son canton d' origine lui confia la rédaction de manuels de géographie pour les écoles secondaires. Il collabora enfin à des revues pédagogiques sur des questions de géographie et de pédagogie. En 1902 Imhof alla s' établir à Zurich où il enseigna jusque peu de temps avant sa mort à l' Ecole cantonale d' agriculture du Strickhof. Dans ses dernières années, il fut chargé de rédiger un manuel d' arithmétique pour les écoles d' agriculture; ce livre a connu trois éditions de son vivant. A Zurich, il fut l' un des promoteurs de la création d' un groupe de vétérans dans la section Uto.

A la fin de sa vie, les courses en montagne représentaient pour lui l' évasion des amères réalités quotidiennes. Car en effet, malgré tous les succès professionnels, la route de ce voyageur fut semée d' épines. La maladie incurable de son épouse et d' un de ses sept enfants, des soucis psychiques et financiers pesèrent lourdement sur ses épaules. Il supporta son fardeau en chrétien et en sage, sans jamais se plaindre, avec la ténacité propre à son origine paysanne et bernoise.

En janvier 1924, il s' inscrivit comme participant à une course des vétérans de la section Uto. Ce fut sa dernière signature. Dans la même nuit, un cœur d' or et la vieille montre d' argent cessèrent de battre.

La feuille Sulzfluh 1:25 000 de l' Atlas Siegfried perpétue le souvenir de l' alpiniste Ed. Imhof. En 1890 mon père avait gravi la Drusenfluh par le versant autrichien. Les guides du Montafon donnèrent à cette voie très fréquentée par la suite le nom de « Imhofweg », et un passage sur le versant nord de la montagne s' appelle « Imhof-Sattel ». Ce nom fut repris par les topographes autrichiens et, par le détour de Vienne, fut admis dans notre Carte nationale.

Andreas Ludwig déjà cité fut durant de longues années le camarade de course de mon père. Ce fils de paysan de Schiers devint maître à St-Gall. Il possédait la plus riche collection de pierres de la Suisse orientale; son petit chalet sur les hauteurs de Rotmonten était rempli de la cave au galetas d' échantillons de roches. Cet homme, plus tard Dr honoris causa de l' université de Zurich et membre d' honneur du CAS, a écrit un livre charmant, Höhen und Tiefen in den Alpen ( St-Gall, 1908 ). Il y raconte les innombrables randonnées faites avec son ami Imhof dans les Alpes du Rätikon, le groupe de la Silvretta et la région du Tödi, etc. Ce livre constitue le plus beau témoignage de l' acti montagnarde de deux pionniers oubliés de l' alpinisme suisse.y imhof, jun.

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