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La Haute Route

Hinweis: Questo articolo è disponibile in un'unica lingua. In passato, gli annuari non venivano tradotti.

Par L. S.

En 1860, l' alpinisme était en naissance et en puissance. Dans la chaîne du Mont Blanc seul le sommet principal avait été gravi, mais on venait d' y découvrir de nouvelles routes. La plupart des grands pics autour de Zermatt, le Weisshorn, le Rothorn, l' Obergabelhorn, le Cervin, etc., étaient encore vierges. Les frères Matthews venaient de découvrir le Combin. Toutefois la connaissance de la Chaîne Pennine était encore incomplète et fragmentaire; ses passages, ses liaisons mal déterminés. Mais l' assaut était donné de tous côtés à la fois par des hommes déterminés, avides de pénétrer les mystères de ce monde nouveau et rivalisant d' ardeur pour l' explorer. C' est alors qu' on inventa la Haute Route qui devait relier par une voie digne des grimpeurs les deux principaux centres de l' alpinisme, Chamonix et Zermatt. Cette route, telle qu' elle fut conçue à l' origine, est décrite en détail par les hommes mêmes qui effectuèrent la première traversée des quatre cols qui la composent, dans la deuxième série des fameux Peaks, Passes and Glaciers 1. Elle comprenait donc quatre sections, avec un maillon intermédiaire: 1° de Chamonix à la Fouly par le Col d' Argentière ( St. Winkworth, 1861 ); le Col du Chardonnet ne fut découvert que deux ans plus tard par Adams Reilly. Le trajet de la Fouly à Bourg-St-Pierre, seule partie de la route qui ne fût pas en haute montagne, était considéré comme l' anneau intermédiaire. 2° De Bourg-St-Pierre à Chermontane ( Chanrion ) par le Col de Sonadon ( Fr. W. Jacomb, 1861 ). 3° De Chanrion à Prarayé par le Glacier d' Otemma et le Col de la Reuse d' Arolla, aujourd'hui Col d' Oren ( F. Tuckett, 1861 ). 4° Enfin de Prarayé à Zermatt par le Col de Valpelline, le Stockje et Zmutt ( F. W. Jacomb, 1860 ). Dans cette première description déjà on donne une variante: au lieu de redescendre jusqu' à Prarayé par le Col d' Oren, on peut passer sur Arolla — assez curieusement appelé chalets d' Otemma — par le Col de Chermontane et le Glacier de Pièce. Dès lors d' innombrables variantes ont été pratiquées. Les dernières sont sans doute celles accomplies par les cordées du C.A.S., aboutissant à Sion par la Rosa Blanche, et par un groupe d' instructeurs de ski; ces derniers, arrivés à la Fouly, ont rejoint le Col du Chardonnet en franchissant le Col de la Neuvaz.

Cette Haute Promenade connut dès le début un succès considérable dans les milieux alpinistes de Grande-Bretagne. On parlait même d' en faire une des conditions d' admission à l' Alpine Club. Les récits contemporains ne tarissent pas d' éloges sur l' intérêt extraordinaire, la beauté et la grandeur des sites traversés par la route, considérée longtemps comme une course classique de premier ordre. L' entreprise était moins aisée alors qu' aujourd. Pas de refuge au Valsorey, ni à Chanrion. Il fallait s' accommoder des misérables huttes de Chermontane et de Prarayé, où l'on n' avait pour couche que le plancher où chèvres et moutons avaient laissé t' op de traces, et pour se couvrir une peau de mouton très peuplée.

1 Peaks, Passes and Glaciers, vol. I, 2 me série, 1862.

Cette faveur ne se rencontrait pas que chez les Anglais; les Suisses ne tardèrent pas à emboîter le pas. L' Echo des Alpes de 1873 contient un récit très pittoresque d' un clubiste genevois, W. Marcet, qui, ayant effectué en 1870 la traversée classique avec détour par Prarayé et regrettant de n' avoir pas suivi l' itinéraire par les Cols de l' Evêque et du Mont Brûlé, récidiva l' année suivante, et pour ce faire alla installer un bivouac sui la rive droite du Glacier d' Otemma, à quatre heures du Pont du Lancet.

Cette vogue diminua peu à peu à mesure que les premiers pionniers passaient vétérans. La génération de Mummery préférait déjà d' autres formes du grand jeu. Au début du siècle la Haute Route n' était plus guère qu' un souvenir.

L' avènement du ski devait lui rendre sa popularité. Les longues avenues glaciaires d' Otemma, de Seillon, de Zmutt, etc., attirèrent les skieurs dès les tout premiers débuts. Mais à cette époque on ne connaissait pas le ski de printemps, et c' est en janvier ou février que les premières traversées furent effectuées, avec le triple inconvénient des glaciers insuffisamment enneigés, de températures sibériennes et de journées trop brèves. La première remonte à 1903; elle fut entreprise par quatre Chamoniards: Dr Payot, Alfred Simond, Joseph Couttet et J. Ravanel dit le Rouge. La caravane évita le parcours difficile du Col de Sonadon en passant directement d' Orsières dans le Val de Bagnes. Arrêtée par le mauvais temps au Col de l' Evêque, elle revint à Martigny par Chanrion et monta à Evolène pour achever la course par le Col d' Hérens. En 1911, F. Roget et M. Kurz franchirent pour la première fois à ski le Col de Sonadon au cours de leur randonnée Bourg-St-Pierre-Zermatt, inscrivant à leur tableau l' ascension de la Dent Blanche depuis Bertol. Il faut signaler ici une des rares traversées intégrales de la Haute Route, de Chamonix à Zermatt, celle de L. Zwingelstein, le célèbre Chemineau de la montagne, au cours de son raid solitaire qui l' amena de Nice au Tyrol1.

La construction des cabanes du Mont Fort et du Val des Dix, en procurant, la première une base de départ avantageuse et commode, la seconde un excellent point d' appui intermédiaire, amena un déplacement vers le nord du tracé original de la Haute Route, que l'on ne suit plus que de Zermatt au Stockje. Par contre, on la prolonge volontiers jusqu' à Saas-Fée, et même jusqu' au Simplon par le Simelipass et le Sirwoltenpass. Et surtout on la truffe en cours de route d' ascensions diverses: Allalin, Strahlhorn, Rimpfischhorn, Mont Rose, Castor, Lyskamm, Breithorn, Pigne d' Arolla, etc. La nouvelle cabane des Vignettes permettra encore de nouvelles combinaisons d' itinéraires.

Telle est l' histoire de la Haute Route. Presque complètement délaissée et même oubliée en été, sa traversée hivernale a suscité depuis quelques années un enthousiasme aussi vif que celui qui animait les pionniers du siècle passé. Des centaines de nos soldats l' ont parcourue avec les patrouilles des glaciers, du moins jusqu' à Verbier, et les participants des dernières randonnées organisées par le C.A.S. en ont rapporté des souvenirs impérissables. Mais il est peu probable qu' elle soit souvent franchie de bout en bout. Le passage du Col de Sonadon sera toujours une entreprise assez hasardeuse selon les conditions de la neige.

1 Précisons que, dans le trajet Chamonix-Zermatt, Zwing était accompagné d' un ami.

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