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Les variations périodiques des glaciers des Alpes suisses

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Les variations périodiques des glaciers des Alpes suisses.

RAPPORTS ANNUELS

créés en 1880 par f F.A. FOR E L.

Trente-neuvième Rapport — 1918, rédigé par le Dr Paul-Louis Mercanton, professeur à l' Université de Lausanne.

CXXIX. Jean Coaz, 1822—1918.

Le docteur „ honoris causa " Jean ( Guillaume-Fortunat ) Coaz, de Scanfs ( Grisons ), né le 31 mai 1822, s' est éteint doucement le 18 août 1918, à Coire, où il s' était retiré en quittant l' Inspectorat fédéral des forêts, dont il avait été le chef pendant quarante années d' une activité remarquablement féconde. La décrépitude n' avait pas osé, semblait-il, s' attaquer à l' extraordinaire verdeur de ce quasi centenaire dont le temps avait respecté toutes les facultés. D' autres ont dit excellemment la belle carrière de cet homme d' élite 1 ). Lui-même a, peu avant sa mort, retracé avec une étonnante fraîcheur d' impressions et une modestie charmante sa courte mais combien Les variations périodiques des glaciers des Alpes suisses.

méritoire carrière d' alpiniste topographe. En effet, ne trouvant pas immédiatement l' emploi de ses connaissances forestières, il avait pris temporairement place dans la brigade de cartographes distingués qui levaient la carte fédérale sous la direction Jean Coaz 1822-1918 à rage de 96 ans.

Photo Heller du général Dufour et c' est alors que tant par goût que pour les besoins de sa tâche il effectua sa splendide série de premières ascensions couronnée, le 13 septembre 1850, par la conquête, combien convoitée, du Piz Bernina.

Je ne veux, dans ce rapport, que relever les services éminents rendus par Coaz à la glaciologie.

Tout d' abord on lui doit l' organisation actuelle du contrôle des glaciers suisses. A la demande de la Société helvétique des sciences naturelles, il groupa pour cela les services forestiers cantonaux dans une de ces collaborations fécondes des cantons souverains qui, en le justifiant, affermissent le pacte fédéral. Depuis 1893 les résultats de ces contrôles annuels, concentrés à Berne, où aujourd'hui notre collègue M. Maurice Decoppet leur voue la même sollicitude que son prédécesseur, forment la base de ces Rapports sur les glaciers.

Mais le domaine où Coaz a rendu sa mémoire impérissable est celui des avalanches de neige. Le livre qu' il leur a consacré en 1881, „ Die Lauinen der Schweizer Alpen"x ) est un véritable monument que Coaz a élevé à nos Alpes et, par un juste retour, à lui-même. Car ce livre a fait son nom illustre parmi les glaciéristes, comme ses premiers travaux ( 1867 ) de prophylaxie systématique de l' avalanche l' avaient rendu fameux parmi les praticiens de la sylviculture montagnarde.

Il n' est pas jusqu' à l' alpinisme proprement dit qui n' ait tiré profit de la science de Coaz! A l' heure où le ski ouvrait triomphalement l' accès des cimes les plus hautes en plein cœur de l' hiver, une génération existait, instruite par Coaz du péril auquel le nouvel engin de locomotion devait l' exposer et prête à l' affronter avec une saine méfiance. Que si parfois hélas! elle a dû connaître, à grand dam, des manifestations de l' avalanche que le montagnard n' avait guère pu expérimenter auparavant ( corniches, placages ), avertie de longue date cependant, elle a pu alléger le tribut payé à la „ mort blanche ".

L' admirable développement de la défense de notre forêt nationale contre l' ava appelait un complément à „ Die Lauinen.. ."2 ). Il parut en 1910 sous la forme d' un volume de 125 pages -4° et 28 remarquables planches photographiques, complété par une carte à 1: 25,000 de toutes les avalanches régulières de la Suisse.

Coaz avait alors 88 ans! N' avait pas d' ailleurs à 78 ans sonnés commémoré sur le sommet du Weismies le cinquantenaire de sa glorieuse „ première " du Piz Bernina? Le 7 septembre 1905 déjà, les participants à la IIP conférence glaciaire internationale avaient acclamé la présence de l' octogénaire sur le glacier de Forno!

Coaz était en effet membre correspondant de la Commission internationale des glaciers, comme il l' était de la Commission suisse ( depuis 1893 ) et jusqu' en 1916, quand l' Assemblée générale de la Société helvétique des sciences naturelles le fit membre honoraire de cette Commission en témoignage de reconnaissante admiration.

La carrière de J. Coaz restera en exemple de cette harmonie qui, dans notre petite Suisse, doit régner entre la théorie et la pratique, de ce contact que l' homme de spéculation scientifique doit, pour le salut de la communauté, garder avec celui qui réalise.

Grâce à l' obligeance du comité de rédaction de l' Echo des Alpes, nous pouvons donner ici le portrait que fit de Coaz, à la veille de disparaître mais combien vert encore! l' excellent photographe Heller, de Zurich.P.L. M.

CXXX. L' enneigement des Alpes suisses en 1918.

Il ne m' est parvenu que très peu, trop peu de renseignements de la part de touristes sur l' enneigement en 1918. C' est, je veux le croire, une répercussion passagère des difficultés économiques du temps piésent sur nos études scientifiques. Peut-être aussi le développement et la complication croissante des opérations de nivométrie proprement dites ont elles découragé quelques-uns d' observer simplement l' état de la couverture neigeuse de nos montagnes?

Qu' ils auraient tort de s' en laisser ainsi détourner! Les „ mensurations " nivométriques ne sont réalisables pratiquement qu' en de trop rares endroits, avec un matériel coûteux, et à grand renfort de temps et d' argent. Leurs résultats sont tout locaux et ne sauraient à eux seuls donner une idée complètement satisfaisante des fluctuations de l' enneigement général dans un pays aussi étendu et divers que le nôtre. D' autre part, les nivométristes ont assez à faire à exécuter régulièrement les opérations requises aux endroits équipés dans ce but; nos collègues alpinistes se doutent mal de ce que le soin consciencieux d' une seule station nivométrique à 3000 m représente déjà d' efforts et de préoccupations. Nous leur demandons donc, à eux qui peuvent vagabonder en libres flâneurs d' un massif à l' autre, d' assumer la tâche que nous ne pouvons accomplir assez bien et d' exercer pour nous la surveillance de l' nétat des neiges " dans nos montagnes. Quelques lignes adressées à l' auteur de ces Rapports après la saison des courses assureront que leur effort ne reste pas vain.

Vannée nivométrique1917-1918 a présenté les particularités climatiques suivantes:

Presque tous les mois à partir d' octobre 1917 jusqu' à avril 1918 ont été plus ensoleillés et plus secs qu' à l' ordinaire, quelques-uns, comme janvier 1918, ont été trop chauds aussi; décembre 1917 a été, au contraire, excessivement froid. L' enneigement hivernal n' a donc pas en son ampleur normale. En revanche, les mois d' avril et surtout de juin ont été très défavorables au désenneigement. Avril, l' un des mois on la radiation solaire est la plus intense chez nous, a été d' une nébulosité exceptionnelle et juin a ajouté un déficit de température considérable à des précipitations trop copieuses, surtout en Suisse occidentale. Si, d' autre part, juillet et août ont favorisé par leur beau temps l' ablation des neiges, septembre a hâté le réenneigement automnal.

Ces conjonctures météorologiques ont eu pour conséquence générale de retarder et d' entraver le désenneigement, de sorte que seul le déficit de précipitations hivernal a empêché l' enneigement résiduel de devenir énorme en 1918.

Le maximum de l' enneigement s' est produit à la fin de juin, voire au début de juillet, aux altitudes dépassant 3000 m; mais même aux altitudes inférieures le désenneigement a tant tardé que le pacage en a souffert et qu' à la mi-juillet le bétail de Frutt ( Melchtal ) était encore réduit à la portion congrue.

P.L. Mercanton.

A. Etat des neiges.

Suisse orientale. Notre fidèle collaborateur M. l' avocat Frauenfelder, à Schaffhouse, a trouvé la région de l' Albula extraordinairement découverte. Les couloirs à neige ne montraient plus que de misérables restes d' avalanches; les glaciers de Porchabella et d' Err étaient à nu dans leur partie inférieure et peu enneigés dans leur collecteur.

M. Jacob Heß, du Bureau météorologique central à Zurich, a pris la peine de noter soigneusement, lors de ses courses, l' altitude minimum où l' enneigement commençait ( critère: apparition de flaques de neige fréquentes, i. e. „ limite orographique temporaire " ). Voici ces notes:

Silvretta, exposition N, 2500 m; SE 2700 m, le 18 août. Le glacier du Silvretta lui-même était encore enneigé jusqu' au bout ( 2550-2600 m ); les sommets alentour l' étaient aussi à leurs flancs N et E.

La limite des neiges était à:

DateLocalitéExposition Altitude 14 VIIStrelapaß E2300 m 15Scalettapaß N2250 „ 16Grialetschpaß W 2400 „ 16 » „ E2500 „ 16Grialetsch, glacierN2300 „ 17Cirque sur Pra dadaintNW2500 „ 17Cirque de CuviolasN2500 „ 17Arpschellahorn ( 2961 m ), flanc S.. S2750 „ 18Arpschella E2600 „ 18Piz Sarsura S2700 „ 19Viluoch, glacier NE 2650 „ 19Piz Viluoch S2800 „ 20Porchabella, glacier N2500 „ 21Piz della Pyramida NNW 2450 „ 21 S2750 „ 22Err ( Chalderas-Flix-Trentovas ), glaciers E2600 „ 22Piz d' Agnelli SAV 2650 „ 23Piz Scaletta E2600 „ 26 Morteratsch, glacier NE 2400 „ 27Fuorcla Boval S2800 „ Ces valeurs, rangées par exposition sans tenir compte de la date, donnent les moyennes suivantes:

N 2370 m, E 2540 m, S 2760 m, W 2525 m; moyenne générale 2550 m.

La statistique de M. Heß est des plus intéressantes comme exemple de l' utile travail que nos collègues alpinistes pourraient faire sans autres moyens que la carte et si possible un baromètre altimétrique. Il acquerrait toute sa valeur s' il pouvait être fait lorsque, en automne, la limite des neiges est au plus haut. M. Heß note qu' un reste d' avalanche très épais pontait la Susasca sur le secteur Alpe Grialetsch-Pra dadaipt. L' observation de ces restes est aussi une part estimable du travail du nivométriste itinérant..

Les variations périodiques des glaciers des Alpes suisses.

Suisse centrale. Dans le massif des Clarides, le 18 septembre, la flaque de neige la plus basse était à 2300 m; la limite du névé était à 2500 m sur les glaciers des Clarides et de Sand ( Heß ).

La Commission suisse des glaciers s' est réunie les 20, 21 et 22 août 1918 au glacier du Rhône pour examiner sur les lieux mêmes le programme des nouvelles mensurations. A cette occasion j' ai pu faire les constatations suivantes: Il y avait au côté sud du vallon de Gletsch un névé assez étendu, reliquat de la grande avalanche habituelle du Längisgrat; un deuxième se voyait au confluent du Rhône et du Muttbach. Quelques amas de cette espèce subsistaient encore près du lit de ce torrent en aval du grand contour de la route de la Furka; en revanche, il n' y en avait plus au lieu dit „ In den Lammen ", en aval de Gletsch, ni près des hôtels, ni encore au bord droit du „ Gletscherboden ", tous endroits où ils étaient importants encore le 24 août 1917.

Le glacier même était très désenneigé; il n' y avait plus rien du tout „ Im Sumpf ", et la limite du névé se dessinait dans les parages du profil Inférieur du Grand-Névé où l'on voyait passablement de crevasses transversales longues et étroites, aisées à franchir. De grandes plages désenneigées existaient sur le Thierthäli, même sur le profil Supérieur. Sous la Scheidfluh s' étalait un lagot de confluence des plus pittoresques ( fig. 1 ). Lors de notre visite, le 21 août, son niveau était inférieur à celui d' un canal qui suivait la suture de l' affluent du Thäli avec le glacier principal et par lequel le trop plein du lac avait dû s' écouler antérieurement.

Une double, voire triple, rimaie se voyait au haut du Thäli; la plus élevée était sous le rocher même; la seconde, un peu plus bas, n' était pas très large; l' inférieure était au contraire plutôt grande. On discernait une faible tendance à la formation de telles doubles rimaies au Galenstock ainsi qu' au Blashorn.

Suisse occidentale. Le 23 août, cinq énormes cônes d' avalanches pontaient enCOre la Binna, dans [Cherchez le baigueur:] Au glacier de Findelen, la neige descendait, le 17 août, jusqu' à 2900 m. Les séracs du glacier d' Adler, entre les Rimfischwänge et le Strahlknubel, étaient découverts à 2950 m. Le glacier du Gorner l' était aussi, le 22 août, jusqu' à 2700 m; mais sur le plateau du glacier de Théodule inférieur, iln'^ avait que des flaques de neige. La langue du glacier de Zmutt était totalement à nu le 25 août et la neige se montrait dès 2880 m sous la Dent d' Hérens ( Jean Lugeon ).

Le 1er septembre on remontait le glacier d' Orny pour gagner la cabane Julien Dupuis sans quitter la glace; on franchissait la cre- S. 2.

vasse du col d' Orny sur une planche ( Gaschen ). Le 28 septembre il y avait trois petits névés dans le fond du vallécule situé entre les Chevrettes et le Châtelet; deux petites flaques subsistaient encore dans la Combe même, au-dessus des Echelets, vers 2430 m ( cf. Rapports précédents ). A la jonction des deux sentiers de la Combe et de la Breya, le névé, si grand naguère, était réduit à deux maigres lambeaux. Au flanc droit du vallon, sous la cabane d' Orny, on comptait six petits névés, mais aucun n' atteignait le plafond du vallon. Un névé persistait au coin E de la grande moraine latérale du glacier, où elle s' accole à la roche en place, mais le névé qu' on traverse d' ordinaire en arrivant à la cabane n' était plus qu' une flaque restreinte. La „ tine " était vide. Plus de neige non plus aux abords du lac. Depuis là, en raison du désenneigement et des multiples crevasses du glacier, on devait suivre sa rive gauche le plus longtemps possible. Il n' y avait plus de neige aussi sur le glacier au droit de la cabane. Les rimaies avaient leur aspect usuel et n' apparaissaient pas dédoublées.

La grande Crevasse ouverte en 1917 à l' abord immédiat et à la hauteur du nivométre s' était recouverte et quelque peu refermée, mais elle était visible encore en un point; la crevasse un peu au-dessous et qui n' était qu' esquissée en 1917 s' était en revanche ouverte davantage.

La falaise de la „ soufflure " avançait moins vers la tour rocheuse son vis-à-vis, et le promontoire qu' elle faisait là en 1917 n' existait plus. Sa distance à un repère, au droit de la dite tour, était 15.4 m. C' est un recul de 2.9 m par rapport à 1917. Quant à la hauteur de la paroi au-dessus du fond de la soufflure, 10.o m, elle indique pour le névé une surélévation de 1.5 m. Une tache d' ocre jaune faite à cet endroit permettra d' y mesurer exactement l' accroissement d' épaisseur en 1919 ( fig. 2 ). ( Mercanton. ) Le 18 septembre, il ne restait plus que très peu de neige au sommet du Diableret; près du totalisateur elle n' atteignait pas le crénelage de l' arête rocheuse et le sommet schisteux était extrêmement „ sec ". Le sommet neigeux s' est un peu abaissé; la fissure transversale de son arête subsistait mais moins béante. Les glaciers dominant le Creux de Champ étaient très dégagés aussi. On pouvait sans difficulté remonter du glacier du Diableret sur l' extrémité méridionale du Rasoir et en suivre l' arête jusque sur le Dôme; l' infranchissable coupure de l' année précédente, rétrécie et masquée partiellement, se laissait enjamber ( Mercanton et Gaschen ).

Le glacier de Paneyrossaz a commencé à se découvrir le 17 septembre environ ( Jean Lugeon ).

M. Fischer-Reydellet, à Châtel-sur-Montsalvens ( Fribourg ), tient de M. Jules Andrey, qui séjourne aux Morteys depuis quelque cinquante années, que celui-ci ne se souvient pas d' avoir jamais vu à fin juillet aussi peu de neige au pied duVanil Noir, flanc oriental.

Le 21 mars 1918, il ne restait plus qu' une vingtaine de centimètres de neige, à peine au „ Poil de chien " sur Vuadens ( 1350 m ) là où, le 23 avril 1917, on en mesurait encore 118 ( Mercanton ).

B. Relevés nivométriques.

Groupe nivométrique d' Orny. La campagne nivométrique habituelle a eu lieu du 28 septembre au 1er octobre 1918, avec un plein succès malgré un temps variable, parfois neigeux et plutôt froid. Mlle' A Morel et Félix, de Vevey, et M. Gaschen l' ont faite avec moi; le regretté Dr Brossy, rencontré à la cabane Julien Dupuis, a bien voulu nous aider aussi. Le nivomètre a été surveillé, comme de coutume pendant la belle saison, par le gardien de la cabane voisine M. Joseph Joris. Au cours de l' été MM. Rivier, Gottardi, Kersting et Gaschen ont prélevé à différentes reprises des échantillons du contenu du totalisateur, parfois dans des conjonctures météorologiques difficiles; M. Gaschen, notamment, a fait deux fois l' excursion depuis Lausanne dans ce but. Je remercie ici chaudement ces collaborateurs dévoués, ainsi que toutes les institutions: Club alpin, Commission fédérale de météorologie, Commission suisse des glaciers, Service météorologique vaudois qui donnent à nos efforts leur appui matériel et moral.

Nivomètre. Le tableau I en donne les lectures à partir de 1916 dans la forme habituelle:

Nivomètre d' Orny ( 3100 m ).

Une fois de plus le défaut de relevés printaniers se fait sentir: nous ne savons pas quand le dégagement de l' échelle a commencé. On voit qu' il a été, somme toute, un peu plus rapide qu' en 1917, vraisemblablement parce que l' enneige hivernal a été moindre, mais le minimum a été aussi bas et, semble-t-il, plus précoce.

Le bilan nivométrique ( tableau II ) solde par 0 m; un léger tassement du névé a été exactement compensé par un faible surcroît d' alimentation qui se marque au recouvrement presque complet de la grande crevasse aboutissant à l' échelle ( cf. Kapport précédent ).

Tableau II. Accumulation Dissipation Bésidu annuel Hiver Mitre » Eté Mitres Automne Mitres 1915—1916 >6 1916 >5 1916

1916 — 1917 >5 1917 >9 1917 — 4 1917—1918 >9 1918.

>9 1918 0 Balise et sondages. La commission zurichoise des glaciers ( Z.G.K. ) avait bien voulu mettre à ma disposition sa sonde de Church, le „ Perce-neige ", comme l' ap pittoresquement des nivométristes amis de la gaîté. Nous avons pu apprécier décidément la valeur de cet engin dont M. de Quervain a été le parrain dans les montagnes suisses, et sa facilité d' emploi. Grâce à lui, la disparition, au cours de l' année, de la balise de 1917 n' a pas eu de conséquences fâcheuses; j' avais pris d' ailleurs le soin de repérer soigneusement cette perche lors de son érection, à l' aide du théodolite, et au premier coup de sonde, nous avons retrouvé la couche d' ocre ronge établie alors. Une série d' opérations sur cet emplacement, c'est-à-dire sur le replat du col d' Orny, nous a donné les résultats suivants, le 1er octobre 1918:

Stratification: a ) neige fraîche, épaisseur moyenne 14 cm, soit 1 —1.5 cm d' eau; b ) neige plus tassée, limitée à 40.5 cm de profondeur par une mince lame de glace, épaisseur moyenne 26.5 cm; c ) névé limité à 150 ou 155 cm de profondeur par une surface nettement résistante, épaisseur moyenne 113 cm; d ) névé limité inférieurement par de la croûte assez dure, profondeurs 245, 246 et 258 cm, épaisseurs correspondantes de la couche 92, 93 et 105 cm.

L' ocre marquait le niveau de 153 cm en moyenne; les pesées des carottes extraites ont donné, par deux fois, 67.5 cm pour la hauteur d' eau équivalant à la couche de névé totale de 155 cm. En faisant abstraction de la neige fraîche, on obtient 66.b cm; c' est donc la valeur en eau de l' alimentation glaciaire résiduelle en 1917—1918.

Un coup de sonde jusqu' à 245 cm a donné 121.5 cm en eau; un second, par segments successifs de 155 et 103 cm de hauteur, a donné respectivement 67.5 et 74.5 cm d' eau, soit au total 142 cm d' eau pour 258 cm de profondeur. Il se pourrait que ladite épaisseur comprît celles des deux dernières couches annuelles.

La densité moyenne du névé de 1917—1918 était de 0.47 au col d' Omy.

Nous avons érigé au même endroit une nouvelle balise constituée par une perche de sapin, longue de 491 cm, épaisse de 6 cm au gros bout, munie à partir de son extrémité supérieure d' une division en mètres tracée à la scie et portant, gravé aussi, le chiffre XVIII.

Le 1er octobre 1918 elle issait de 395 cm avec une inclinaison de 1° vers la cabane Dupuis et \U ° à l' opposé du totalisateur. Sa situation a été soigneusement repérée, à l' aide du théodolite, à partir du rocher encastré dans le terre-plein de la cabane, à son angle SW, par rapport à divers sommets voisins. Sa distance au susdit bloc était de 167.o m; son azimut magnétique était N 74° W. En appuyant la tête au chambranle de la porte d' entrée de la cabane ( côté couchettes ), on voyait la balise juste dans l' alignement de la tour rocheuse du petit massif qui se dresse entre le Pissoir et l' Aiguille N du Tour.

Les mesures ont donné pour l' élévation du pied de la balise par rapport à la marque rouge du bloc du terre-plein: -7.9 m. On avait —8.i m en 1917. La différence est sans importance et l'on peut dire que le névé du col d' Orny a gardé son niveau au cours de la dernière année nivométrique.

1 kg d' ocre, jaune cette fois-ci, a été distribué sur 3 m de largeur et 4 m de longueur au pied de la balise, dans la direction de la cabane.

Totalisateur. Cet appareil a donné, en 1918, satisfaction d' autant plus pleine qu' il nous a permis, par des prélèvements d' échantillons de liqueur fréquents, de corroborer l' applicabilité avantageuse de notre méthode de contrôle chimique du contenu des mougins.

MM. Gaschen, Rivier et Gottardi ont effectué une première prise de deux échantillons le 9 avril; M. Kersting en a fait autant le 10 juillet; enfin, M. Gaschen a refait un prélèvement le 30 août. Bien entendu, nous avons complété la série par un double prélèvement lors de la vidange du mougin. Cette dernière opération s' est faite sans accroc le 29 septembre 1918; elle a duré, remplissage à nouveau compris, 21/t heures seulement. Nous avons, comme d' habitude, procédé par pesées, pratique dont l' extrême commodité s' affirme toujours mieux: nous avons pu ainsi, sans complication aucune, par l' introduction d' eau chaude, accélérer beaucoup la sortie toujours si lente et la pesée de l' huile attardée dans le mougin. Le même jour, le totalisateur a reçu une charge nouvelle de 7565 g de neige, 6325 g de chlorure de calcium granulé et 435 g d' huile de vaseline.

Un échantillon du CaCb utilisé a été garde dans un flacon bien bouché; si par malheur un accident arrivait au contenu du mougin avant ou pendant la vidange ultérieure, l' analyse de cet échantillon fournirait les données nécessaires à la mise en valeur des échantillons prélevés antérieurement. Pareille pratique est de saine précaution.

Mlle Alice Morel a bien voulu faire, à son laboratoire, le dosage des chlorures dans toutes les liqueurs prélevées pendant nos campagnes de 1919, ce dont je la remercie expressément.

Pour le mougin d' Orny les résultats ont été, en définitive:

Période Col d'Orny Urtieres ( 3150 m ) ( 890 ì n ) 27 IX 1917— 9 VI 1918 236 cm 31.5 cm 9 VI 1918—10 VII n 17 14 10 VII30 VIII n 4.5 6 30 VIII29 IX n 29 13 27 IX 1918—29 IX 1918286.5 cm64.6 cm Ainsi donc le col d' Orny aurait reçu 222 cm d' eau de plus qu' Orsières, localité située 2260 m plus bas et à 9 km à TENE seulement.

Il est remarquable que cette différence concerne presque exclusivement la saison froide. Entre les diverses périodes du contrôle estival, les différences sont au contraire minimes. Or, en cette saison, il ne fait guère que pleuvoir, même au col d' Orny! Serait-ce que décidément le mougin collecterait notablement trop déneige? Autrement dit, récolterait-il trop souvent de la neige reprise par le vent à la surface du terrain, les jours de tempête? Cependant son ouverture est à plus de 3 m du sol et d' ailleurs tous les flocons de neige n' entrent pas dans l' appareil. Loin de là! le 30 septembre 1918 après-midi, il a neigé fortement et par grand vent du SW; j' ai observé comment le totalisateur et son écran de Nipher se comportaient pour emmagasiner la neige et il m' a véritablement semblé parfois que pas un flocon n' entrait dans l' ouverture; tous paraissaient l' esquiver en filant par dessus horizontalement ou même en remontant. Ce ne peut être illusion pure!

D' autre part, quand la liqueur du mougin est congelée à sa surface, ce qui arrive plus souvent qu' il ne faudrait au cœur de l' hiver, la neige reposant non fondue sur cette glace peut continuer à s' évaporer quelque peu. Quoiqu' il en soit, il faut se garder de croire que les totalisateurs tels que nous les employons jourd' hui aient dit leur dernier mot et je ne saurais trop insister sur la nécessité inéluctable d' essais comparatifs dans quelque observatoire de haute montagne avant de multiplier trop ces coûteux engins. Le Bureau météorologique central doit installer un mougin au Säntis a bref délai dans ce but; il est regrettable que cela n' ait pas été fait plus tôt.

Front du glacier d' Orny. Le 28 septembre 1918, nous avons mesuré, dans les azimuts habituels, les distances du front du lobe septentrional à nos repères fixes. Ces distances ont varié comme suit:

I — 6.6 m II — 9.5 m III — 5.o m IVO.s m Moyenne — 7 m.

Ce lobe s' est donc allongé de 7 m en moyenne.

Le 29 septembre au matin, nous avons pris les clichés photogrammétriques nécessaires de ce lobe à partir des points A et B de la grande moraine des Chevrettes. D' autres ont été faits du lobe méridional, à partir du promontoire rocheux qui divise le lit du glacier. De cette station, comme en 1917, il a été fait un levé stadimétrique du front dont M. Gaschen, porte-mire agile, a bien voulu suivre le pourtour scabreux. La comparaison des résultats de ce travail avec ceux de la campagne précédente a mis en évidence la crue ( une dizaine de mètres ) de ce lobe aussi.

Groupe n vométrique des Diablerets. La campagne a eu lieu le 18 septembre, par un temps très satisfaisant. Fait remarquable: c' est la quatrième fois qu' à pareille époque de l' année nous pouvons passer une journée au sommet du Diableret et y vaquer à des opérations délicates sans être sérieusement gênés par le vent, qui pourrait si aisément les rendre impossibles. MM. Gaschen et Reber, guide, y ont participé avec moi.

Nivometro. Il a pu être observé plus fréquemment qu' auparavant et il vaut la peine d' en mettre les lectures sous la forme usitée pour les autres échelles:

Nivomètre du Diableret ( 3030 m ) ( 2 degrés valent 1 mètre. ) Tableau III.

Degrés Bates 1916 ion 1918 16 VI90 ( enfoui3090 ( enfoui ) 14 VII89 18 >90 ( enfoui ) 87 22 — 85 2587.5 — 3182 10 Vili81 2079 28 — 82 77 7 IX76 10 861874 24 87 78La surface du névé a donc continué à s' affaisser au pied du rocher nivométrique, car le résidu automnal est encore négatif et relativement important, comme le montre le tableau IV:

Tableau IV. Accumulation Dissipation Résidu Hiver Mètres Eté Mitre » Automne M " Itrea 1915 — 1916

1916 >2 1916 -0.5 1916—1917 >2 1917 >6 1917 -4 1917—1918 >6 1918 >8 1918 -2 Balise. La perche que nous avions placé avec tant de soin, en septembre 1917, sur le névé du Diableret, en amont de la longue crevasse qui le partageait à la hauteur du nivomètre, s' est perdue, et avec elle la possibilité de sonder le névé avec le „ Perce-neige " de Church.

Nous en avons dressé une nouvelle, cette fois dans le voisinage immédiat du nivomètre. Le 18 septembre, jour de son érection, elle en était distante de 32 m et se dresse en contre bas de la piste habituelle des touristes, de sorte qu' il sera facile à ceux qui en voudront bien prendre la peine d' aller mesurer la longueur de tige émergeant. En ce faisant, ne fût-ce qu' approximativement, ils nous rendront service.

La nouvelle balise, en sapin, a 400 cm de longueur totale. Elle est divisée, à partir du haut, en mètres par des entailles cernées de rouge et en demi-mètres par des coches tachées de rouge aussi.

Elle émergeait, bien verticalement, de 285 cm. Son extrémité inférieure devait avoir atteint la surface durcie de l' automne 1917, car nos efforts pour l' enfoncer davantage restèrent vains; si tel est bien le cas, le névé aurait reçu pendant l' année nivometri que une alimentation de 115 cm, valeur remarquablement voisine de celle mesurée à Orny.

Nous avons répandu 1 kg d' ocre jaune sur le névé, faisant ainsi deux taches rondes autour de deux points distants chacun de 6 m du pied de la balise; elles assureront les sondages de 1919.

Totalisateur Enfin cet engin inquiétant a donné les résultats escomptés. M. Reber est monté le 30 juin y prélever deux échantillons et à la même occasion l' a muni d' un dispositif empêchant toute approche indue du robinet de vidange. Deux autres échantillons ont été pris le 18 septembre ( fig. 3 ).

Les contrôles ont donné les résultats suivants:

Période 23 IX 1917—30 VI 1918 30 VI 1918—18 IX 1918 Diàbleret-sommet Diablerets-vïllage ( 3250 m ) ( nés m ) 178 cm 107 cm 26 38.5 23 IX 1917—18 IX 1918 204 cm 145.5 cm On ne retrouve pas ici l' énorme écart entre les deux stations constaté pour Orny-Orsières. Le village des Diablerets a reçu en effet pendant la mauvaise saison plus de trois fois la précipitation d' Orsières. Cela tient sans aucun doute à sa situation à 6 km au NNW du sommet, donc du côté par où les apports de précipitations se font le plus souvent.

Le même jour, 18 septembre, à 17 h., le mougin a reçu 6160 g de neige, 6385 g de chlorure de calcium granulé et 450 g d' huile de vaseline. Un échantillon du CaCla a été conservé.

Nivomètre de l' Eiger. Grâce à l' intérêt que lui porte M. le directeur Liechti et au dévouement du personnel de la station Eismeer du chemin de fer de la Jungfrau, cette installation a été surveillée avec la même heureuse continuité que précédemment. Le tableau VI résume les lectures.

x,; Les variations périodiques des glaciers des Alpes suisses.

1 yiivomètre de I' Eiger ( 3100 m ).

Tableau. V.

( 2 degrés valent 1 mètre. ) Degrés Degrés Dates 1916 1917 1918 Dates 1916 1917 1918 2 1 38 55 36 1 VII 44 19 38 10 49 60 42 15 36 17 34 20 52 50 46 1 VIII 26 16 33 2 II 34 43 48 15 22 12 32 10 4 s 44 50 1 IX 24 4 30 20 — 38 52 15 24 4 26 5 III 56 38 48 1 X BO 5 30 20 58 46 45 15 30 15 32 6 IV 58 48 44 31 46 23 32 23 58 54 42 15 XI 50 32 31 4 V 58 52 42 28 52 35 :V2 17 58 38 42 7 XII 50 36 34 1 VI 42 32 42 17 51 — 34 15 54 24 40 24 51 38 36 Minimum absolu de 1917:

4 ( septembre ). Maximum absolu de 1918: 52 ( 22 II ).

Minimum absolu de 1918: 26 ( 13—22 IX ).

Contrairement à l' ordinaire, l' enneigement et le désenneigement du nivomètre n' ont pas montré, en 1918, de fluctuations notables; à un enneigement régulièrement croissant jusqu' au 20 février a succédé un désenneigement des plus réguliers aussi. Le bilan nivométrique de 1918 solde par un résidu positif de -4- 11 m, comme l' in le tableau VI.

Tableau VI. Accumulation HiverMètres 1915—1916 22. 1916—1917 19 1917 — 1918 24 Dissipation EU Metres 191618 191728 191813 Résidu Automne Mitres 19164 19179 191811 Groupe nivométrique de PAIetsch. Ce groupe réalisé par la collaboration du Service fédéral des eaux, du Bureau météorologique central et de notre collègue M. de Quervain se compose actuellement des termes suivants:

Balise. Le 4 septembre 1918, M. de Quervain a érigé une perche de sapin, longue de 6 m, sur le Jungfraufirn supérieur, dans le voisinage de la station terminus du chemin de fer. Cette balise est divisée en mètres et demi-mètres, à partir de son extrémité supérieure, par des anneaux de couleur rouge et noire.

Le 4 septembre elle émergeait de 4.50 m. Deux plages de névé voisines ont été parsemées d' ocre rouge> Nivomètres. Les échelles nivométriques installées autour de la place de la Concorde et près du lac de Märjelen par le Service fédéral des eaux ont été visitées pour lui par M. de Quervain le 4 septembre aussi, à l' exception de Trugberg I et Dreieckhorn. Voici les lectures, en mètres:

P.L. Marcanton- Tableau VII. Nivomètre ia X 1917 4 IX 1918 Bésidu Trugberg II ( 2909 m8.8 — Grüneck I ( 2802 m ).. 16.3 13.0 — 3.3 Grüneck II ( 2840 m ).. 12.5 lO.o — 2.5 Faulberg ( 2850 m ).

.. 17.0 — Au nivomètre du Strahlhorn ( 2350 m ), on a eu 12.5 le 19 septembre 1917 et 13.5 le 5 septembre 1918 soit un résidu de -f- l.o m.

Il semblerait donc qu' il y a eu affaissement général à la place de la Concorde et léger relèvement près du lac de Märjelen.

Totalisateurs. Celui du col de la Jungfrau ( 3450 m ) a emmagasiné du 16 septembre 1917 au 14 septembre 1918 293 cm d' eau. Celui dB la Concordia ( 2850 m ) en a reçu 209 du 18 octobre 1917 au 4 septembre 1918. Enfin, celui de l' Eggis ( Hôtel Jungfrau 219596.5 du 20 octobre 1917 au 5 septembre 1918.

Groupe nivométrique du glacier du Rhône. Balises et sondages. Par suite d' un regrettable malentendu les perches dressées le 23 août 1917 sur les deux profils du Grand-Névé sous la direction de MM. de Quervain et Leupin n' ayant pas été prolongées à temps, n' ont pu être retrouvées, ni les taches d' ocre non plus le 21 août 1918, lors de la visite de la Commission suisse des glaciers. Les sondages au „ perce-neige " de Church n' ont donc guère eu que la valeur d' une démonstration, d' ailleurs très bienvenue, pour la Commission. Le perçoir s' est arrêté inéluctablement sur une couche dure après en avoir traversé avec plus ou moins de peine chaque fois deux autres. Sur le profil Supérieur on a eu:

Couche I... épaisseur 103 cm densité 0.524 » II ...1440.590 „ HI700.743 Total 1+11 +III317 „ Valeur en eau totale.. .191 n Trois autres sondages sans pesées corrélatives ont donné pour l' épaisseur de la triple couche: 286, 301 et 290 cm. Si donc la croûte imperforable marquait l' étiage de 1917, le névé aurait gagné, du 23 août 1917 au 21 août 1918, 298.5 cm d' épaisseurLe totalisateur de la Scheidfluh ( 2800 m ) a emmagasiné 199 cm d' eau du 7 septembre 1917 à cette même date.

Totalisateurs. La région du glacier du Rhône eat actuellement une des mieux équipées en dispositifs pluviométriques. Conformément au plan de recherches proposé, pour le Service fédéral des eaux, par notre collègue M. L.W. Collet et agréé par la Commission des glaciers en 1918, cinq nouveaux mougins ont été installés en automne sur le pourtour du glacier, par les soins de MM. Lütschg, Boissier et Auberson. C' est là un gros travail qui fait honneur au zèle et à l' endurance de ces messieurs. Voici la liste des appareils de ce réseau:

Localité Altitude Nature de l' engin Installé par Tabi. Vili Gletsch..

1770 m mougin Service fédéral des eaux ( S. F. E. ) Nägelisgrätli.

2393 V S. F. E.

Hühnerboden.

2700 n n Ruhstein.

2780 Y ) TI Scheidfluh..

2800 Î7 Bureau météorologique central Triftlimmi.

3130 V S. F. E.

En outre il existe aux Galenhütten ( Furka, 2406 in ) un poste météorologique à service quotidien relevant du Bureau météorologique central à Zurich.

Tous ces mougins ont été jaugés en vue de déterminer les variations de leur contenu par celles de son niveau dans le récipient immédiat. Ce procédé, s' il s' a suffisamment exact, l' emportera en simplicité sur toute autre. M. Ltitschg s' oc d' en faire la preuve et j' aurai l' occasion d' y revenir sans doute.

En corrélation avec ces observations pluviométriques, on prépare les voies à des mesures limnographiques sur le cours du Haut-Rhône et de son affluent le Muttbach.

Groupes nivométriques de la Commission zurichoise des glaciers ( Z. G. E. ). Le rapport détaillé de nos collègues de Zurich a déjà paru, sous la signature de M. R. Billwiller, dans l' annuaire „ Ski ", XIIIe année, 1918. Je ne fais donc que le résumer ici.

Clarides. Les opérations régulières ont été faites le 18 septembre par MM. Billwiller et Heß. Voici le tableau relatif aux balises:

Tableau IX.

Date Balise inférieure Balise supérieure ( 2708 m ) ( 2S00 m ) 1917 26 IX 0 cm 0 cm 24 XII 310 250 1918 7 II — 290 n 22 n 325 — n

III 410 380 n 9 VII 400 >550 n 21 VIII — 400 7Ì 31 n 240 410 18 IX 180 400 De nombreux coups de sonde confirment cet enneigement considérable: la couche d' ocre a été atteinte à 387 cm de profondeur en moyenne.

C' est une tranche d' eau de 238 cm correspondant à une densité moyenne du névé de 0.61. Le totalisateur du Geißbützistock a mesuré, du 8 août 1918 au 18 septembre 1918, 363 cm d' eau.

A la balise inférieure, l' accroissement en névé a été de 192 cm, en eau de 120 cm, d' où densité 0.61 aussi.

Le névé semble s' être abaissé aux deux points balisés. D' une manière générale l' enneigement des Clarides a dépassé celui de 1916 à 1917.

Silvretta. Depuis le jour ( 7 septembre 1917 ) où l' ocre a été répandue au pied des deux balises, le niveau du névé a été encore abaissé par l' ablation, ce qui démontre une fois de plus l' opportunité de faire campagne en automne plutôt qu' en été. On a lu, en résumé:

Tableau X. DateBalise inférieure Balise supérieure ( 2760 m ) ( 3010 m ) 1917 7 IX 0 cm 0 cm n 29 n — 50 — 50 1918 1 I 50 100 n 19 n 110 160 T, 9 II 90 110 7 ) 26 V 110 180 - 16 VIII 85 160 Les sondages au col du Silvretta ( balise supérieure ) ont indiqué, le 16 août 1918: accroissement en névé 233 cm, en eau 115 cm, densité moyenne 0.49. ( Le totalisateur voisin de la cabane a recueilli 121 cm. ) A la station inférieure, l' ocre a été retrouvé par 161 cm de profondeur ( valeur en eau 86 cm, densité 0.53 ).

Parsenn. La balise fixe de la cabane Parsemi ( 2280 m ) a eu son enneigement maximum vers le 3 mars, par 220 cm, soit 80 cm de moins qu' en 1917.

L' enneigement au Säntis et au St-Gothard. Les mesures que le Bureau météorologique central suisse poursuit en ces deux stations ont donné les valeurs suivantes:

Au St-Gothard, l' enneigement a débuté le 5 octobre 1917; le 4 janvier 1918, on notait 167 cm; le maximum, 310 cm, a été observé les 12 et 26 avril; le terrain était de nouveau libre le 14 juin.

Au Säntis ( 2500 m ), l' enneigement a commencé aussi le 5 octobre; il atteignait 274 cm le 4 janvier 1918 et son maximum, 363 cm, le 30 avril, précisément le jour où M. Billwiller et le rapporteur inspectèrent, l' observatoire. Le 14 juin on notait 132 cm, mais le 28 juin 187 de nouveau. Le sommet est devenu libre le 18 juillet.

Conclusion. L' enneigement est resté quasi stationnaire dans les Alpes suisses en 1918; s' il y a eu en général déficit de neiges hivernales, il y a eu aussi défaut d' ablation estivale, plus accentué même.P.L. M.

CXXXI. Chronique des glaciers suisses en 1918.

La mobilisation, un surcroît d' occupations professionnelles, des conjonctures météorologiques parfois défavorables et surtout l' épidémie de grippe ont restreint de façon regrettable le contrôle des glaciers par les agents forestiers. De certains cantons même nous n' avons aucun résultat, et il faut louer sans réserve ceux qui, comme les Grisons, le Valais et Vaud, ont su maintenir pleine leur contribution à l' œuvre collective. Nous voulons espérer que le déficit de 1918 est tout temporaire.

Quelques glaciers, en outre, sont surveillés par d' autres institutions, officielles ou privées, ou encore par des collaborateurs bénévoles.

Le Service fédéral des Eaux a repris, en 1918, d' entente avec la Commission suisse des glaciers et selon un programme fixé par elle, la suite des mensurations au glacier du Rhône; il en a chargé spécialement son distingué ingénieur M. Otto Lütschg. Celui-ci s' occupe également du contrôle des glaciers d' Allalin et Supérieur du Grindelwald.

D' autre part, ce même glacier Supérieur du Grindelwald, en raison de sa crue accentuée, est actuellement l' objet d' une étude détaillée de M. A. de Quervain sous les auspices de la Commission suisse des glaciers aussi.

M. Jules Guex ( Vevey ) a mensuré, selon son habitude déjà louablement ancienne, le glacier du Trient et M. Thomas ( Genève ) celui de Morning. Le Département des travaux publics du Valais s' occupe du glacier de Giétroz et le chroniqueur de celui d' Orny. Enfin quelques indications qualitatives sur l' état de glaciers non surveillés ont pu être glanées.

Les variations périodiques des glaciers des Alpes suisses.

Toutes les observations faites ont été mises aimablement à ma disposition en vue du présent „ Rapport ", et j' en exprime ici à chacun ma satisfaction reconnaissante.

Voici, dans sa forme accoutumée, le résultat de ces divers contrôles qui con- cernent 58 glaciers.

I. Bassin du Rhône.

Tableau XI.

Variations, en mètres, en Variations, en mètres.

en Glaciers 1916 1917 1918 Glaciers 1916 1917 1918 Rhône 15 4 15 Mont-Fort 0 — 4 0 Fiesch 7 3 0 Grand Désert 13 — 15 — 17 Aletsch — 36 - 5 — 9 Giétros

+

+

0 Lb' tschen 3 - 1.:

i 61 Valsorey — 7., 5 0 — 3.s Kaltwasser 3.50.5 Saleinaz 17 28 38 Fee

+

0.3 Orny

+

- 2.5 7 Allalin 4.5 2 16 Trient 15 26 27 Schwarzenberg -j-

+

+

Paneyrossaz LO 0 — 8 Gorner - 9.57.5 — 7 Martinets 8 4 10.5 Turlmann 4 — 21.5 — 4 Grd Flan-Névé —

+

8 Morning 13 5 Petit Plan-Névé 2 2 ti Duran(Tsinal ) —13.5 — 42 — 21 Dard 30 ( 2Ferpècle 612 — 6 Scex Bouge 3 — 6.5 — Arolla — 56 — 5 Prapioe 13 — 12 7 Tsigiorenove 25 18 20 Tsanfleuron - 3 — 5 0 Le glacier du Rhône a continué de croître en 1918; son extrémité a progressé de 20 m au milieu; elle a recouvert quelque 5000 m2 de terrain et a édifié par refoulement une petite moraine frontale. Le portail était le siège d' écroulements incessants; l' un d' eux, à la fin d' août, a coûté la vie à une promeneuse imprudente et des blessures graves à sa compagne. A la hauteur du Belvédère ( 2300 m ), le glacier s' est épaissi énormément; la falaise de glace, par laquelle débute la cataracte, était très haute et très abrupte, et le bord gauche du courant de glace s' est rapproché de 2 mètres du repère fixe du Belvédère ( cf. „ Mensurations au glacier du Rhône ", p. 76 et plan 3 ). Le petit glacier suspendu du Galenstock m' a paru très gonflé, le 21 août, aussi.

Selon le minéralogiste et guide Imhof, à Binn, les glaciers du Binnental sont en crue nette depuis 1917.

Celui de Lœtschen s' est allongé de 61 m; „ presque incroyable et pourtant exact ", écrit le forestier qui a fait la constatation. C' est aussi la plus forte avance annuelle que la présente période de crue nous ait fait connaître.

Le glacier d' Allalin a cru de 18 m selon M. Lütschg et de 12 m seulement selon les agents forestiers. La divergence provient de ce qu' il n' est pas fait usage des mêmes repères. J' admettrai 16 m comme valeur unique. Le glacier pontait la Viège sur une longueur de 180 m, le 11 octobre 1918.

D' août 1915 à octobre 1918, le glacier d' Allalin s' est allongé de 50 m et a recouvert 5.43 ha de terrain. Le profil longitudinal de sa langue s' est exhaussé de 19 m. ( Lutschg. ) Les glaciers du Trift et du Gabelhorn ont conflué et paraissent en crue. ( Robert. ) P.L. Mereanton.

Le bras du glacier de Morning qui confine directement à l' arête nord du Besso a cm de 5 m; le glacier lui-même se bombe et se crevasse beaucoup; des chutes de séracs s' y produisaient constamment. ( Thomas. ) L' appareil du Trient a fait, en 1918, son avancée maximum depuis que M. Guex le contrôle. Le 2 août 1918, une poche d' eau y a crevé provoquant pendant qua-rante-huit heures une crue très forte du torrent. Nous sommes malheureusement sans détails sur cet accident glaciologique intéressant.

Dans les mêmes parages, le front très incliné d' une petite langue émanant de la nappe glaciaire des Grands, celle dite „ des Petoudes ", s' est éboulée partiellement ( crueMM. Guex et Perriraz ont évalué à quelque 1000 tonnes la masse tombée. Le glacier de Saleinaz, en crue depuis 1916, a eu l' allongement annuel maximum qu' on lui connaisse: 38 m.

C' est ici le lieu de réparer une omission de mon rapport de 1917: Venu le 17 mars 1917 au dit glacier pour y prélever la glace nécessaire à une étude sur la pression des bulles gazeuses dans la glace ( cf. 39e Rapport 1917 ), j' ai trouvé le front très bombe, vertical sur une quinzaine de mètres de hauteur et même surplombant en quelques endroits. Il avait bousculé un des repères de mensuration et créé devant lui un bourrelet morainique de 2 m de hauteur. Le glacier s' élargissait aussi. Mais ce qui me frappa aussitôt, c' est le fait suivant, dont j' emprunte la ré- daction à mon carnet de notes: „ La falaise glaciaire présentait au milieu du front un système de fissures croi- sées correspondant à l' éclatement, de l' intérieur à l' extérieur, de la glace superficielle. Ailleurs, la couche périphérique terminale se soulevait par grandes écailles aiguës attachées par le haut, détachées par le bas ( fig. 4 ).

Ce processus rappelait tout à fait celui qui résout en blocs détachés la surface d' une coulée de lave en marche. Il doit être caractéristique de la crue glaciaire comme de toute déformation rapide du glacier. Les physiciens qui ont étudié expérimentalement la plasticité de la glace l' ont vu se produire à l' orifice des moules d' où s' échappait la matière comprimée; cette fissuration est même un phénomène contre lequel l' industrie de l' emboutissage a à se défendre.

II. Bassin de l' Aar.

Tableau XII.

Variations, en metres, en Variations, en mètres, en Glaciers 1916 1917 1918 Glaciers 1916 1917 1918 Stein 14 12 — 6 Eiger 14 6 13 Unteraar — 11 — 7 — 7 Blümlisalp 0 5.5 — 3 Grindehvald Sup.

+

30* 63f Gamchi — 3 29 — 2 Inf.40 — 70* lOf Wildhorn — 55 — 57 — 4 * 23 février 1918. t 26 mai 1919.

Tschingel0 Les variations périodiques des glaciers des Alpes suisses.

Le glacier de l' Eiger est en forte crue; il s' éboule continuellement du haut d' une paroi rocheuse, sur un front épais de 5 m. Sa langue est partout très crevassée.

Les glaciers du Grindelwald n' ont pu être mesurés en automnepar les forestiers. Une visite de M. Lütschg lui a permis heureusement de constater une crue du glacier Inférieur dont l' extrémité toujours retirée dans la gorge profonde de la Lütschine est d' un accès malaise, voire dangereux. Quant au glacier Supérieur, le Service fédéral des eaux en a fait prendre à intervalles réguliers de très belles photographies.

M. de Quervain, aide de Mme de Q. et de M. Nil, l' actuel „ Gletscherpfarrer " au Grindelwald, a levé en 1918 une carte détaillée du front et de ses abords, à l' échelle de 1 pour 1000; il a appliqué en outre avec fruit le procédé des photographies stéréoscopiques à grand écartement, si recommandable en glaciologie descriptive, et il a recueilli aussi une foule de données du plus grand intérêt sur l' action de la crue sur le terrain envahi. Ces matériaux seront publiés en temps utile par la Commission suisse des glaciers qui fait les frais du travail; un résumé en a paru déjà dans le volume offert au professeur Dr Albert Heim par ses collègues zurichois à l' occasion de son récent jubilé 2 ). M. de Quervain a bien voulu m' autoriser à extraire de ses résultats les quelques indications essentielles que voici:

Au début de la crue, le glacier n' envoyait plus, dans l' amphithéâtre morainique au niveau de la Lütschine, qu' un seul lobe frontal, au pied de la grande moraine latérale occidentale de 1818. A l' est, les glaces se dissipaient sur la tête rocheuse arrondie qui forme gradin de confluence au milieu du lit glaciaire et se rattache à la base du Wetterhorn.

Le premier effet de la crue fut de jeter au pied de cette paroi d' abondantes glaces qui y formèrent un talus de plus en plus haut et de plus en plus envahissant. En même temps, le lobe frontal W gagnait du terrain lui aussi ( cf. Rapports précédents ). Bientôt le roc n' apparut plus que par une fenêtre glaciaire de plus en plus étroite; cette ouverture se ferma en 1918.

Actuellement talus et lobe occidental, ne faisant qu' une seule nappe, s' étendent de plus en plus sur la laisse glaciaire de 1856; une à une les baraques édifiées pour l' agrément des touristes ont été démolies; les arbres ont été enfouis ou enlevés, et le glacier a bousculé les blocs, refoulé et disloqué la couverture végétale à l' instar d' une gigantesque et irrésistible charrue.

Où l' obstacle résiste, la glace l' escalade et passe; où il cède, elle l' emporte ou l' émiette ou encore en détache des fragments qu' elle entraîne. M. de Quervain a pu observer ainsi l' abduction lente, par la glace susjacente, d' un bloc large d' un mètre, épais de 0.4 m, arraché au lit rocheux. Il a pu de même jeter un coup d' œil intime dans le mécanisme par lequel la glace se fait, des pierres de la moraine profonde, un outil pour buriner la roche en place. Ce mécanisme ne diffère d' ailleurs pas de celui que nous mettons en œuvre quand à l' aide d' un objet de consistance tendre, chiffon, liege, etc., nous entraînons un abrasif, verre, émeri, sur la surface à attaquer.

Sans connaître mes observations de Saleinaz, M. de Quervain est arrive par l' observation de crevasses arquées d' éclatement, aux mêmes vues que moi sur le rôle de la pression „ a tergo " dans la fissuration du front glaciaire.

; ' ) Des chiffres nous parviennent à la dernière minute; nous les intercalons dans le tabi. XII. 2 ) Über Wirkungen eines vorstoßenden Gletschers. Heim, Festschrift; Vierteljahrschrift der Nat. Ges. Zürich, LXIV, 1919.

Enfin, reprenant avec un meilleur espoir l' initiative de Baltzer, notre collègue a organisé le contrôle exact de l' érosion glaciaire en six points devant le front; des trous de 15 à 16 mm de diamètre et d' une douzaine de centimètres de profondeur ont été forés dans la roche en place ou dans des blocs solidement enracinés à des endroits qu' on peut espérer voir envahir par le glacier. On remesurera leur profondeur à leur réapparition; la différence donnera la mesure de l' érosion inter currente.

Il faut féliciter M. de Quervain et ses collaborateurs de leur travail riche de résultats déjà, plus riche encore de promesses. Ils ont donné encore une fois de plus la démonstration qu' en payant de sa personne un glaciériste peut faire beaucoup d' ouvrage utile sans dépenser beaucoup d' argent.

III. Bassin de la Keuss.

Tableau I. Variations, en mètres, en Glaciers1916 Kartigel1 WallenbühlKehlefirnSchloßberg ( Erstfeld ) 0 Hüfi1.5 1917 1918 -12 1 - 2 8 31 10 0 0 23.5 10 Selon un témoin digne de crédit le Rötifirn était en crue en 1918 encore; c' est le seul glacier glaronnais dont nous ayons des nouvelles précises. D' après M. J. Heß, le glacier du Glärnisch était très crevassé en septembre.

IV. Bassin du Rhin.

Variations, en metres, en Tableau XIV.

Glaciers 191Ò 1917 1918 Punteglas12 6 Lavas — 1.8 — 13.5 - 6 Porchabella — 1.55.5 Piz Sol 4.5 — 21 1 Sardona 5 0.5 — 23 V.

Bassin do l' Inn.

Lischanna 2.5 3 16.5 Morteratsch — 11.5 — 6 — 10.5 Boseg 19.5 56 25 Schwarzhorn7 — 3 DiavelVI.

Bassin de l' Adda.

Palu — 12 — 32.5 Forno14 — 18 VII. Bassin du Tessin.

Mkccia127.5 — 6.5 Roßboden13.51536 Les glaciers du Parc national ne sont pas encore soumis au contrôle, mais la Commission scientifique du Parc a été pourvue d' un plan à cet effet par le chroniqueur, et M. le prof. Dr Chaix, président de la sous-commission géographique, s' occupe obligeamment de le réaliser. En attendant, le glacier du val Diavel est noté comme en décrue par le gardien du secteur.

Les variations périodiques des glaciers des Alpes suisses.

M. Jacob Heß, du Bureau météorologique central à Zurich, m' a envoyé quelques notes sur des glaciers grisons, vus par lui en 1918; j' en extrais ce qui suit:

Le glacier de Klein-Scaletta ( lobe N ) a beaucoup diminué depuis une dizaine d' années; un lagot large de 20 m environ s' est formé entre le rempart morainique frontal et la glace.

Le glacier de Grialetsch, que les cartes montrent «'étendant jusqu' en travers de la Susasca, a perdu depuis lors quelque 200 m de sa longueur et ne la barre plus mais se termine sur un abrupt à la cote 2500 m environ; d' anciennes moraines médianes gisent maintenant sur le sol.

A propos du glacier de Forno, je dois rectifier une inadvertance de mon précédent rapport: je l' ai donné, à la page 168, comme en crue alors qu' il était réellement en décrue. L' explication tentée ainsi du bourrelet signalé par M. Heim sur le glacier en devient insuffisante. Toutefois, elle semble devoir être cherchée dans la même direction: on peut concevoir en effet une vague de glace n' intéressant pas le glacier jusqu' à son extrémité si une surface de glissement interne permet la localisation quelque part de la surrection de glace. L' analogie avec les phénomènes cités de l' Alaska et de l' Himalaya subsiste.

Le tableau XV résume les contrôles de 1918. Je n' y ai pas maintenu la tri-partition de Forel en glaciers d' allure „ douteuse, probable et certaine ". Utile, je crois, peut-être même indispensable, en période de stationnement ou de décrue, elle ne se justifie plus guère en temps de crue. Un allongement subit de 20 m et plus en une année ne saurait laisser dans le doute sur la réalité de l' avancement. J' ai donc supprimé la catégorie „ probable " et réservé la catégorie „ douteuse " aux seuls cas qui le sont vraiment.

Tableau XV.

Bécapitulation pour 1918.

Nombre de glaciers Bassins En ( ne En detrae certaine dontense dontense certaine Rhône

29 13 1 5 3 7 Aar

8 2 1 1 3 2 Heuss

5 2 1 2Linth

1 1Bhin

5 — 2 — 1 2 Inn

5 22 1 Adda

2 11 Tessin

2 11 Totaux...

56 22 5 8 9 14 % 1918...

100 38 8.5 14 15.5 24 46.5 39.5 °/o 1917...

100 30 20 5.5 26 | 18.5 50 U En résumé, de 100 glaciers suisses, il y en avait en 1918: 46.5 en crue, 14 stationnaires, 39.5 en décrue.

Le changement par rapport à 1917 a donc été favorable à la seule catégorie des glaciers stationnaires. La réduction du premier chiffre marque l' évanouissement de la tendance à la crue; celle du troisième indique sans doute seulement que les conjonctures météorologiques de l' été 1918 ont été défavorables à l' ablation. Un été normal aurait vraisemblablement augmenté la proportion des appareils en décrue.

Il ne peut qu' être intéressant de mettre en regard les diverses proportions depuis le début de la récente crue, en 1913. Voici ces chiffres, toujours pour 100 glaciers observés:

Tableau XVI.

Année En crue Stationnaires En dé( 1912 45 4 51 1913 33 8 79 1914 36.5 10 53.5 1915 39.5 10.5 50 1916 63.5 8 28.5 1917 50 5.5 44.5 1918 46.5 14 39.5 La crue semble donc avoir atteint son maximum de généralité en 1916, soit au bout de quatre ans. Il sera instructif de voir combien la décrue durera; des tassements constatés récemment dans certains névés laissent entrevoir la possibilité à bref délai de nouvelles poussées en avant.P.L. M.

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