Les variations périodiques des glaciers des Alpes suisses
Soixante-septième Rapport — 1946 Avec 7 illustrations ( 104—110 ) L' enneigement des Alpes suisses en 1945/46 L' année nivométrique 1945/46, en haute montagne, a eu le déroulement suivant: à un octobre assez normal quant à ses température et insolation, mais un peu trop riche de précipitations, a succédé un novembre trop froid d' 1 à 1 % degrés, trop sombre et aussi trop sec. Décembre, en revanche, a été trop chaud de 1 à 2 degrés, mais trop sombre encore et gratifie de 50 à 70 % d' eau en excès. Janvier 1946, trop froid d' un degré, avec une insolation normale, a eu encore un peu trop de précipitations mais toute cette première partie de l' hiver alpin n' a amené qu' un enneigement médiocre. Février, assez normal de température mais très sombre a, lui, apporté quantité de neige, presque le triple de ce que les deux mois précédents en avaient eu. Mars, de 1 y2 à 2 degrés trop chaud, fut sec au contraire et avril renchérit encore de sécheresse, insolation et chaleur: on nota au Säntis une moyenne mensuelle trop forte de 4 y2 degrés! Il va sans dire que le désenneigement prit alors une allure accélérée que mai, un peu trop chaud également, ne put que soutenir. Juin, très sombre et temporairement très froid aussi, avec des précipitations abondantes ( 110 à 140 % d' excèsnon seulement enraya le désenneigement, mais provoqua une recrudescence d' enneigement. Juillet, un peu trop chaud, et août, normal, reprirent leur activité dissipatrice régulière, mais l' étiage du névé fut déjà atteint à la mi-août en régions de hautes altitudes, tandis que plus bas la fonte continuait durant le mois de septembre en maintenant très gros les torrents glaciaires.
La consolidation graduelle de la couche neigeuse dès le début de son établissement a eu pour conséquence, heureuse, une atténuation générale du danger d' avalanche; seuls le mois de février et les débuts de mars se signalèrent par une activité dangereuse du phénomène. Le 12 février une grosse avalanche tua trois hommes sur le territoire de Scanfs, en Basse-Engadine; une autre obstrua 60 m. de la route du Grand St-Bernard, à Liddes. Le 25 février une large coulée descendue du Gantrist ensevelit successivement les deux frères Lauffer. En Glaris l' avalanche du Massaboden interrompit sur plusieurs centaines de mètres le trafic ferroviaire pendant que celle de Fittern-Engi ravageait de la forêt. Chose digne de remarque: la vallée de Conches n' a pas eu à souffrir de ses dangereuses coulées habituelles. D' ailleurs la rareté des restes d' avalanche ou de vieille neige constatée un peu partout dans nos Alpes en automne corrobore la faiblesse relative de l' enneigement de 1945/46. Pour nous en tenir aux parages du glacier du Rhône, notons qu' il ne subsistait plus, le 20 août déjà, aucun reste de l' avalanche de la Meienwang, en aval de Gletsch: le reliquat y était important à la mi-septembre de 1945. On ne retrouvait plus rien non plus sur le Gletschboden et le cours inférieur du Muttbach; toutefois quelques débris de neige ancienne subsistaient encore le 11 septembre en aval du glacier de Gratschlucht et sur la terrasse du sentier militaire devant son lobe occidental, l' amas, très agrandi, masquait les repères de mensuration à l' ex ception, heureuse, d' un petit cairn érigé par S. A. R. le duc de Braganza lors de nos mensurations de 1944, ce qui permit de contrôler la variation glaciaire récente.Mercanton ) Je renvoie le lecteur désireux de détails sur l' enneigement hivernal de la Suisse en 1945/46 à l' article paru dans Les Alpes ( avril et mai 1946 ) delà plume de MM. Bucher et Schild, collaborateurs de l' Institut fédéral des Neiges et Avalanches.
Aux flancs du Belmeten et du Bristenstock, la couverture neigeuse est remontée, le 30 septembre encore, à 2350 m ., soit cent mètres plus haut qu' en été 1945. La limite du névé en douze points choisis des glaciers uranais a été de 2410 m. en moyenne lors de l' étiage automnal, soit 10 m. plus haut que l' année précédente.Oechslin ) Deux larges crevasses coupant le « Dôme » des Diablerets ont rendu, dès le 16 août, le passage impraticable par cette route usuelle. ( E. Reber ) Voici maintenant quelques données numériques précises sur l' enneigement en 1945/46:
Suisse orientale. Au Weissfluhjoch ( 2660 m .) on a noté un enneigement maximum de 3,2 m ., le 25 février 1946. Du 13 septembre 1945 au 25 septembre 1946 la balise supérieure du Silvretta ( 3013 m .) a marqué un résidu d' enneige de 1,4 m .; la balise inférieure ( 2760 m .) avait au même moment 0,16 m.
( Z.G.K., Billwiller l ) A la balise du Säntis ( 2380 m .), la couverture neigeuse s' est établie définitivement le 24 septembre 1945 et a atteint le 1er mars 1946 son épaisseur maximum, 4,5 m. ( 1945: 5,5 m. ). Elle a disparu totalement le 29 mai 1946.
( M. Z.A., Zurich ) Suisse centrale. Aux Clarides, du 12 septembre 1945 à l' été 1946, l' en a dépassé 5 m. à la balise supérieure ( 2910 m .); le résidu automnal y a atteint 2,e m. A la balise inférieure ( 2708 m .) le résidu a été de 0,8 m.
Au nivomètre de l' Eiger ( 3100 m .), dont le Chemin de fer de la Jungfrau continue de prendre un soin diligent, le maximum a atteint 66 degrés 2 le 20 février 1946 ( 1945: 78 ). On a noté l' étiage le 19 septembre par 0 degré ( 1945: 22 degrés ).
Voici les trois derniers bilans:
AccumulationDissipationRésidu annuel HiverMètresEtéMètresAutomneMitres 1943—19442819442919441 1944—194538194528194510 1945—194622194633194611 Sur le Jungfraufirn la balise érigée par le Dr Haefeli au voisinage de celles que surveillent les employés du chemin de fer, mais qui ont donné cette année des résultats peu clairs, a marqué du 8 août 1945 au 18 août 1946 un résidu positif d' enneigement de 3,x m. avec un maximum de 4,6 m. le 22 juin.
( Hsefeli ) A la cabane Rotondo du C.A.S. ( 2570 m .), la balise a indiqué, le 20 mars 1946, un maximum d' enneigement de 4,2 m. ( 20 janvier 1945: 4,8 m. ). La balise était à sec le 13 août 1946.E. Ambühl ) 1 R. Billwiller, Der Firnzuwachs pro 1945/46 in einigen schweizerischen Firngebieten. XXXIII. Bericht der Zürcher Gletscherkommission ( Z.G.K. ). Zürich, Fretz AG.
2 2 degrès valent l mètre.
Suisse occidentale. L' équipement nivométrique des Diablerets a été surveillé toute l' année par MM. Reber, père et fils, comme d' habitude. Le nivomètre ( 3030 m .) a marqué l' étiage par 72 degrés 1 le 26 septembre ( 1945: 70 degrés ).
Voici les derniers bilans:
AccumulationDissipationRésidu annuel HiverMètresEtéMètresAutomneMètres 1943—1944> 11,51944 > 1419442,, 1944—1945 > 10,81945 > 1019450,, 1945—1946 > 10,51946 > 919461 La balise érigée en 1945 sur le Tsanfleuron, au droit du promontoire portant le totalisateur de la Becca d' Audon, a mesuré, le 16 septembre 1946, un désenneigement résiduel de 0,7 m. Quant aux précipitations, elles n' auraient été, à la Becca, que de 143 cm. du 14 octobre 1945 au 25 septembre 1946, moins qu' au village des Diablerets ( 146,5 cm.Pourtant le totalisateur a été trouvé en bon état lors de sa vidange annuelle.
Conclusion. En 1945/46 l' enneigement alpin a été nettement régressif.
Il sied que le rédacteur de ces Rapports, bénéficiaires pendant tant d' années des résultats du travail précieux d' observation poursuivi inlassablement depuis un tiers de siècle par la Commission glaciologique de la Société zurichoise des Sciences naturelles ( Z.G.K. ), sous l' impulsion d' abord du regretté Alfred de Quervain, puis de M. le Dr R. Billwiller, ancien directeur de la Station centrale suisse de Météorologie, avec l' aide si désintéressée et si efficace de leurs collaborateurs, de M. le Dr Streiff-Becker, membre honoraire du C.A.S., notamment, relève ici le grand mérite de la Z.G.K. à l' heure où elle vient de se dissoudre. Son œuvre sera partiellement continuée par le personnel de la Station météorologique centrale, aux Clarides et au Silvretta notamment.
Chronique des glaciers en 1946 Les conjonctures tant météorologiques qu' économiques ont été en 1946 plus favorables qu' auparavant au contrôle des variations de nos glaciers par les agents forestiers cantonaux. Avec ceux des appareils que la Commission et ses collaborateurs habituels surveillent, le nombre des glaciers sur lesquels nous avons obtenu des données précises s' est élevé à 76, soit 13 de plus qu' en 1945. En regard des quelque cinq cents glaciers, grands et petits, que la Suisse possède ce nombre apparaît encore trop modique mais il convient de remarquer que les appareils surveillés sont pris assez equitablement dans toutes nos Alpes et que, surtout, ce sont les mêmes qui, année après année, nous fournissent de données numériques suffisamment représentatives des variations étudiées; on peut en être reconnaissant aux mensurateurs, dont la tâche n' est pas com-mode.Voici ces informations dans leur forme habituelle:
Bassin da Rhône Tableau IVariations, en mètres, en Glaciers1943/44 Rhônex Gratschlucht25 Fiesch6 Aletsch24 1 2 degrès valent 1 mètre.
194414b 1945146 — X — X — X — 17 — 3 - 4,, 12 — 14 Tableau I ( suiteVariations, en mètres, en Glaciers1943/441944/451945/46 Lang16266„ Kaltwasser100 ( 2 ans4 Allalin190!
Täüiboden — 5,6 ( 2 ans ) 5 Schwarzenberg12 Fee 89,6 Gorner202334 Turtmann 4,s283 Brunneg27,s30,612,6 Daran ( Tsinal)7289 Morning166,62>t Bella-Tola10,, Moiry216,58 Ferpècle18 ( 2 ans31,, Arolla37 ( 2 ans16 Tsigiorenoue26 ( 2 ans20 Duran ( Seillon)11,,22 Lendarrey137,55,, Grand Désert2117,54,6 Mont Fort1111,,1 Valsorey2543.5Saleinaz2,,012 Trient31516 Grand Plan-Névé 60 ( 3 ans ) Petit Plan-Névé30 ( 3 ans ) Martinets46 ( 3 ans ) Prapioz58 ( 2 ans64 ( 2 ans ) Scex-Rouge90 ( 3 ans87,6 ( 2 ans ) En outre étaient stationnaires: Kessjen et Ofental.
Le recul du glacier du Rhône de 1945 à 1946 ne fait aucun doute, bien que l' accès de l' extrémité soit devenu si malaisé et la possibilité d' y établir les repères indispensables si faible qu' il faille recourir pour le moment aux seules ressources de la photogrammétrie, pratiquée à trop grande distance malheureusement, Le bord droit de la cataracte présente un retrait indéniable, se traduisant par la remontée à l' altitude d' environ 2015 m. du point de la cataracte glaciaire d' où le Rhône jaillit. L' aspect de ces parages s' est modifié notablement; une accumulation de glaces éboulées y trahissait l' instabilité des masses supérieures marginales du glacier. Au Belvédère — fait à noter — la largeur du glacier ne semble pas avoir changé; la distance de son bord au repère plombé est demeurée de 41 m. ( 11 septembre 1946 ).
Du 19 au 22 août, MM. Kreis, Florin, Süsstrunk et le chroniqueur, aidés de trois hommes d' Oberwald sous la conduite de C. Im Oberhaus, ont effectué un sondage sismométrique du Gletschboden, dans sa région centrale, afin d' y reconnaître la disposition du talweg rocheux sous son remplissage alluvionnaire. Cette opération a révélé l' existence d' une cuvette longitudinale, profonde de quelque 120 m. en son milieu, au centre même du Gletschboden. Cette cuvette se prolonge-t-elle en aval de Gletsch, « In den Lammen », par une gorge remblayée d' alluvions? La question reste poséeMercanton ) Insistons sur la grandeur, vraiment frappante, du recul du glacier d' Allalin, recul qui ne fait pourtant aucun doute: il s' explique par la remontée du front sur une croupe rocheuse abrupte, où la nappe glaciaire ne pouvait qu' être mince. Sur les rives subsistent, à la faveur du tapis morainique, des lambeaux de glacier « mort » importants.Hœck, E. T. H. ) Le glacier de Gorner montrait des signes d' élargissement dans sa partie inférieure.Bodenmüller ) Devant le Moiry le lagot est maintenant long de quelque 70 m. Le Tsigiorenove est en crue nette; il a bousculé son repère le plus proche et édifié une moraine frontale très apparente.
Dans la chaîne vaudoise il convient de noter que la crue du Prapioz s' est accompagnée toutefois d' un rétrécissement de l' extrémité. Petit et Grand Plan-Névé semblent avoir subi intensément sur leur droite l' effet destructeur des rayons solaires.
Bassin de l' Aar Tableau II .Variations, en mètres, en Glaciers19431441944/451945/46 Oberaar221320 Unteraar261010,6 Grindelwald Supérieur. .xx6 Grindelwald Intérieur.. .62025 Stein000 Blümlisalp5,6 ( 2 ans14 Schwarz0 ( 2 ans3 ( 2 ans ) Tsanfleuron33310 Râtzli28 ( 3 ans ) Gamchi1 ( 3 ans13,6 Wildhorn10 ( 3 ans ) L' ennoyage du front de V Unteraar a débuté le 4 août 1946, a atteint la cote maximale, 1912,8 m ., le 19 et y est demeuré jusqu' au 23 septembre, date à partir de laquelle le lac a baissé jusqu' à dénoyage achevé le 13 novembre, à la cote ultime 1904,5 m. L' effet destructeur des eaux sur la glace a ainsi pu durer 102 jours, 29 jours de moins toutefois qu' en 1945. Le glacier a abandonné encore 5454 m2 dans un recul moyen de 10,7 m. Ce retrait n' a d' ail pas été général sur tout le front: tandis que ses ailes reculaient beaucoup, son centre, chose bien imprévue, débordait de 10 m. en moyenne le contour final de 1945, et ceci sur quelque huitante mètres de longueur, avec une poussée en avant maximale de 22 m. A cet endroit le torrent semble avoir uni son effort à celui de l' Unteraar pour accumuler des matériaux fluvioglaciaires en un promontoire plat de cote 1915,0 m ., soit environ 2 m. au-dessus du niveau maximum du lac et hors de sa portée. La sortie de l' Aar s' est d' ailleurs déplacée de 140 m. vers le sud. L' extrémité même du glacier est devenue de plus en plus unie et basse, ne laissant plus à la falaise terminale qu' une vingtaine de mètres de hauteur en moyenne, avec cependant sur les côtés du front quelques parois de 40 à 50 m.
Comme le montre le tableau III, le niveau moyen s' est abaissé sur tous les profils; en quelques points seulement de ceux-ci il s' est produit de légères hausses. Il en a été de même pour les vitesses superficielles, affaiblies en moyenne, mais avec des exceptions sur quelques segments étendus des quatre profils inférieurs. En revanche, la vitesse moyenne s' est accrue sur les deux profils des affluents du Finsteraar et du Lauteraar. Ces divergences d' allure sur un même profil sont un fait bien digne d' attention, car les glaciologues s' étaient un peu trop habitués à considérer le mouvement d' un glacier alpin composite comme tout à fait uniforme sur un profil transversal, à l' exception de ses bords.Flotron, O. K. W. ) Tableau mGlacier d' Unteraar Mensurations de la Compagnie des Forces Motrices de l' Oberhasli Variations du niveauVitesses superficielles .moyen, en m./anmoyennes, en m./an Altitudedes profils 1943/44 1944145 1945/48 1943144 1944/45 1945/40 Grunerhorn, Finsteraar2590 m.2,31,00,342,5541,3641,5 Wildläger, Lauteraar .2545 m.4,20,060,,34,032,7532,8S Mieselenegg2405 m.2,8 0,350,2533,933,533;l Pavillon Dollfus.. .2270 m.2n1,31,,29,4529,228,45 Brandlamm Supérieur2110 m.1,61,41,7514,614,0513,, Brandlamm Inférieur1985 m.2,B1,752,s 6,s6,6S6,06 Le tableau IV donne les quantités de glace dissipées à l' Unteraar en 1944/45 et 1945/46:
Tableau IV1944/451945/46 De front à front105,000 m109,000 m3 Du front au profil Brandlamm Inférieur.. .224,000 m3267,000 ma Du Brandlamm Inférieur au Brandlamm Supérieur1,710,000 m32,130,000 m3 Du Brandlamm Supérieur au Pavillon Dollfus. .2,965,000 m33,573,000 m3 Du Pavillon Dollfus au Mieselenegg2,297,000 m32,645,000 m3 Total des masses dissipées 7,301,000 m3 8,724,000 m3 Excès sur l' année précédente-6,278,000 m8 1,423,000 m3 Du profil Mieselen au profil du Lauteraar.. 330,000 m3 1,230,000 m3 Du profil Mieselen au profil du Finsteraar.. 1,776,000 m' 795 m3 Le glacier d' Oberaar a délaissé encore 9080 m2, dans un recul moyen de 20 m.Flotron O. K. W. ) Au Grindelwald le glacier Supérieur s' est anémié encore. Son extrémité, le 17 septembre, était séparée du chaos morainique environnant par un fossé de beaucoup élargi depuis 1945 et l'on avait dû reporter plus à mont l' entrée de la grotte; au droit du repère de 1944 le retrait était de quelque 6 m. Plus bas, il ne semblait plus s' être accumulé d' éboulis de séracs depuis longtemps. Le remplissage du ravin pontant le torrent s' est émacié et prenait fin quelque 17 m. moins à val qu' antérieurement. Le cryocinémètre, placé sensiblement au même point du vrai front qu' en 1945, y a décelé une vitesse de 3,2 cm./j ., la même aussi.Mercanton et Renaud ) Le contrôle, délicat, du glacier Inférieur a, le 16 septembre, révélé un recul d' environ 25 m. dans l' axe de la gorge, que les glaces pontent d' une voûte large de 43 m ., à intrados en arc surbaissé et extrados en talus très raide coupé de fissures transversales. A 25 m. environ en arrière, sous cette voûte, on distingue la muraille blanche qui, dans la gorge même, termine le cours glaciaire sur une hauteur de 175 m. Le cryocinémètre, ancré dans la retombée droite de la voûte, y a mesuré une vitesse d' écoulement de 9,6 cm./j ., comme en 1945. D' une manière générale le recul du glacier en 1946 a été plus fort encore sur ses bords qu' en son centre, rendant déjà inutilisables les repères de 1941, tant le bouleversement du terrain dégagé est grand ici.
( Mercanton et Renaud ) L' extrémité du Rätzli est protégée contre l' ablation par une épaisse couche de matériel morainique ( Ammann ). Un lagot s' est formé devant le glacier de la Blümlisalp ( Lombard ). Enfin l' étang devant le front proprement dit du Stein baisse de plus en plus, laissant apparaître son fond de glace morte.
Tableau VIItassin de la Linth Glaciers Sulz — X 06,6 Biferten — x — xGlärnisch3 ( 2 ansBassin du Rhin Punteglas— 14 ( 2 ans7Vorab 8,5 — 22 Lavaz— 512 ( 2 ans ) Porchabella10 ( 2 ans28 Verstankla1524 Lenta— 25,6 — 93,5 Schivarzhorn80 Piz Sol — 2,, ( 3 ans1,, Sardona133 ( 3 ans10 Paradies23 ( 2 ans14 Suretta17 ( 2 ans2 Bassin de l' Inn Roseg2614 Morteratsch— 34,5 — 21,,19,6 Tschierva— x — 912 Tiatscha 2 — 519 Lischanna60 Picuogl — 3,6 — 1112 Bassin de l' Adda Forno23 ( 2 ans19 Bassin du Tessln Rossboden— 10 — 8,615,6 Basodino — 12 ( 2 ans119 Bresciana— 2,6 — 5,5 L' ensemble du réseau uranais a pu être contrôlé par notre collègue M. Oechslin; le retrait y est général. Le Schlossberg, glacier « régénéré » dans sa partie inférieure, se dissipe lentement. Le recul continu du front du Bali doit bientôt permettre l' établissement de repères sur la croupe rocheuse qu' il borde actuellement; une large bande de terrain est apparue en amont de la cabane du C.A.S. Le Kartigel, bien que formant toujours un appareil cohérent, a découvert depuis une vingtaine d' années quelque deux hectares de son terrain bordier. La surface du Wallenbühl est très souillée de matériel morainique. Le Damma ne semble être qu' un champ de cailloux; seules quelques crevasses et un portail le révèlent comme un glacier camouflé. Une arête rocheuse sépare maintenant le glacier de Tiefen de celui de Sideln. Au St-Anna la montée du point coté 2456 du glacier de Guspiz se fait tout entière sans toucher le glacier.Oechslin ) Les glaciers glaronnais ont subi une décrue générale et quasi continue depuis quelque vingt ans.Becker ) La région terminale du Roseg, appareil qu' il faut désormais regarder comme tout à fait séparé du Tschierva, forme actuellement un complexe morphologique bien digne d' intérêt tant pratique que scientifique. D' amont en aval, en passant du glacier relativement uni au terrain libre, on rencontre d' abord et tout à fait en bordure du premier, un chapelet de crevasses remplies d' eau et de mares appuyées à la singulière crête de cônes sableux, haute de 15 à 25 m ., signalée dans nos derniers rapports et qui termine abruptement le cours glaciaire. Au pied de celle-ci on rencontre d' abord un étang large de quelque 120 m ., puis une plaine boueuse de 180 m ., le tout soutenu en aval par un remblai de matériaux morainiques grossiers dominant d' une septantaine de mètres le terrain en contrebas et semblant s' appuyer à une masse importante de glace morte au bas de laquelle s' ouvre le portail du torrent de Roseg. On peut légitimement craindre que l' accumulation d' eau supérieure allant en s' exagérant, en même temps que la solidité du dispositif de soutien irait en diminuant, une débâcle désastreuse ne s' ensuive; il importe donc de surveiller la chose de près.Campell ) Le tableau VII récapitule les observations suisses de 1946.