Notices glaciologiques | Club Alpino Svizzero CAS
Sostieni il CAS Dona ora

Notices glaciologiques

Hinweis: Questo articolo è disponibile in un'unica lingua. In passato, gli annuari non venivano tradotti.

J. P. Portmann, Neuchâtel I. INTRODUCTION

Aperçu historique II ( igoi-ig2oLa rédaction des Rapports sur les variations périodiques des glaciers des Alpes suisses2 continuera à être assumée par F.A. Forel jusqu' en 19113. Y collaboreront Ernest Muret de 1897 à 1913, Paul-Louis Mercanton de 1906 à 1954, Maurice Lugeonde 1896a igo6etEmileArganden 19074.

C' est en 1912 que P.L. Mercanton participa à l' Expédition suisse du Dr A. de Quervain au Groenland ( 1912, p.213 ).

Proportion centésimale des glaciers en allongement La période considérée ici, de 1901 à 1920, fut marquée par la disparition de quelques-uns des premiers collaborateurs, dont Jean G.F. Coaz, de Scanfs, le doyen des glaciéristes suisses. Né en 1 Cf. Les Alpes, septembre 1975, pp. 182 188.

2 Actuellement Les variations des glaciers suisses. Les Rapports de 1883 à 19240 m été publiés dans l' Annuaire du CAS.

Dans cet article, l' année indiquée entre parenthèses correspond à celle du Rapport... et pas nécessairement à l' année de parution de celui-ci.

3 François-Alphonse Forel ( 1841-1912 ), Cf. 48e Rapport, 1912, pp. 206-212, et Les Alpes, septembre 1975. p. 188.

4 Ernest Muret fut adjoint de l' inspecteur fédéral des forêts à Berne puis inspecteur en chef des forêts à Lausanne. Paul-Louis Mercanton ( 1876-1963 ) et Maurice Lugeon ( 1870-1953 ) furent professeurs à l' Université de Lausanne, Emile Argand ( 1879-1940 ) professeur à l' Université de Neuchâtel.

i822, J. Coaz s' éteignit à Coire en 1918. En 1915, il quitta l' Inspectorat fédéral des forêts après en avoir assuré la direction durant 40 ans. Il fut l' un des artisans de l' organisation du contrôle des glaciers suisses et fit partie, de 1893 à 1916> de la Commission suisse des glaciers, dont il fut nommé membre honoraire; il fut aussi membre correspondant de la Commission internationale des glaciers. Son Lawinen der Schweizer Alpen ( 1881 ) et son Statistik und Verbau der Lawinen in den Schweizeralpen ( 1910 ) restent des ouvrages d' une importance considérable ( 1918, p. 202-204, portrait ).

II. ORGANISATION DES OBSERVATIONS L' objectif majeur resta, certes, l' étude des variations glaciaires, mais l' intérêt pour le métabolisme même des glaciers ne cessa d' augmenter. On s' efforça plus spécialement d' estimer l' apport des précipitations par des échelles nivométriques, des balises ou tout instrument capable de recueillir les précipitations atmosphériques ( 1914-1915 p.237 ).

Ainsi les nivomètres de parois furent installés dans la région de l' Aletsch par le Service de l' Hydro nationale: cinq à Concordia et un près de Märjelen ( 1913 ).

A Ornex ( Orny ), une balise nivométrique fut placée le 5 novembre 1911 à côté du nivomètre de paroi existant depuis le 22 septembre 1902 au-dessus de la cabane Julien Dupuis ( 19 to ), exactement à la cote 3119 de la carte Barbey ( 1902, p. to ). Un tube de plomb scellé, renfermant des documents explicatifs, y fut enfermé ( 1911, p. 240 ). Les mesures effectuées furent publiées, entre autres, en 1903 ( p. 306 ), en 1908 ( p. 301 ), et en 1917 ( p. 157 ); la photographie de la fameuse « soufflure » d' Orny fut reproduite en 1916 ( p.157 ) » 1911 ( p.155)> 1918 ( p.208 ) et en 1919 ( p. 176 ).

5 Ouvrage de 125 pages, 28 planches avec une carte au 1:25000 de toutes les avalanches régulières de la Suisse.

D' autres nivomètres furent régulièrement contrôlés à l' Eiger, par le personnel de la station Eismeer, et aux Diablerets ( 1914-1915, p. 249 ).

Dans le val d' Entremont, des observations originales furent poursuivies le long de la route postale du Grand Saint-Bernard. Entre Orsières et l' Hospice, le niveau de la neige fut relevé sur 17 poteaux, tous les quinze jours ( 1907, p. 318; 1910, p. 267 ). De cette façon, on put suivre très exactement les chutes de neige et l' enneigement en général, de 1904 à 1913 ( 1909; 1913, p.235 ). On en déduisit que l' épaisseur de la neige augmentait avec l' altitude et que le maximum de l' enneigement se produisait à la fin de l' hiver, en février-mars en général, mais d' autant plus tard que l' altitude était élevée ( 1913 ). Des comparaisons furent possibles avec les valeurs enregistrées par les stations pluviométriques installées dans la région par l' Observatoire de Genève ( 1919, p. 180 ) 6. Des comparaisons se firent aussi avec ce qui avait été relevé au Säntis, entre 1889 et 1908 Les efforts de F.A. Forel. P.L. Mercanton, E. Muret et d' autres furent poursuivis par la Commission des glaciers ( Z.G.C .) que constitua, en 1913, la Société de physique zuricoise.

Celle-ci fixa, en guise de nivomètre, une perche graduée non loin de la cabane des Clarides; elle procéda à de nombreuses observations ainsi qu' à des sondages de la neige7.

A propos de l' enneigement alpin, Marcel Kurz, le topographe neuchâtelois, publia des considéra- 6 Les valeurs de ces stations pluviométriques ont été publiées dans les Archives des sciences physiques et naturelles, Genève.

7 Pour effectuer ces sondages, on utilisa la sonde de Church, baptisée « perce-neige » et dont de Quervain fut le parrain dans les Alpes suisses ( 1918, p. a l o; 1920, p. 156 ). Comme repère, pour marquer la surface de la neige, on épandit de la poussière d' ocre ( igi8, p.211 ). Comme balises, on eut recours tout d' abord à des perches de frêne, trop flexibles. On suggéra alors l' emploi de balises métalliques ( modèle du Suédois Hamberg ) ou de perches de sapin comme au glacier du Rhône ( 1920, p.161 ).

tions fort pertinentes, vérifiées au cours de ses nombreuses randonnées ( 1920, p. 150 ).

L' enneigement annuel fut caractérisé dans chaque Rapport, avec des précisions sur ses variations régionales 8. Il fut tantôt progressif comme en 1902, 191 g 1912 ou encore comme en I 919 où il fut très important au-dessus de 2600 mètres. Tantôt il se révéla régressif; ainsi en 1905 et, sur- tout, en 1906 dont l' été chaud et sec provoqua un recul extraordinaire de la « ligne des neiges », dégarnissant les glaciers jusqu' à 2800-2900 mètres ( 1906, p. 281, p. 284 ). L' existence d' un second maximum de l' enneigement, en septembre 1908, démontra la nécessité d' observations nom- breuses, à tous les moments de l' année ( 1908, P-297)- Les observations portèrent aussi sur le volume des cônes d' avalanches, l' extension des névés, la date de la montée et de la descente des alpages, sur les dégâts occasionnés par les avalanches ( 1910, p.268; 1917 ).

En certains endroits, les précipitations furent mesurées, d' une façon de plus en plus exacte, par des totalisateurs Mougin 9 munis de l' écran tron- conique de Nipher ( 1913, p. 243 ) I0 Au col du St- Gothard, des comparaisons furent faites entre les données du totalisateur et celles, quotidiennes, du nivomètre ( 1919, p. 169 ). L' emploi des totalisa- teurs, les méthodes de vidange et de mesure du contenu ainsi que les faiblesses de ces appareils sont exposés en détails dans plusieurs Rapports 8 Des observations d' une remarquable précision furent relatées par Emile Argand sur l' enneigement du versant de la Dent Blanche, de 1905 à 1907 ( 1907, p. 327-331 ). De son côté, Jacob Hess, du Bureau météorologique central à Zurich, donna régulièrement des informations sur l' état des neiges dans les Grisons ( 1920, p. 153 ).

» Mougin fut conservateur des Eaux et Forêts à Chambéry. Son totalisateur fut perfectionné en Suisse, par J. Maurer, directeur du Bureau météorologique central à Zurich.

10 En 1897, sur le glacier du Rhône, les précipitations avaient été recueillies dans un casier de 1 mètre carré d' ouver.

( 1913, p. 2431; 1914-1915, p.240; 1916, pp.148, 151, 160; 1917, p. 159; 1919, pp. 170, 171 ).

En 1913, le Bureau météorologique central installa un totalisateur Mougin au pied du Thälistock ( 1913, p. 243 ). Le totalisateur le plus haut placé fut celui du col de la Jungfrau ( 3450 mcelui qui fut installé à Orny fut vidangé la première fois le 7 octobre 1915 ( 1914-1915, p. 245 )

En 1920, on se préoccupa de mesurer la vitesse de l' écoulement frontal ( 1 à 3 dm/jour pour des glaciers en crue ) en recourant à un dispositif simple, très ingénieux, couplé à un amplificateur 13. Cette « horloge glaciaire », reliée au glacier par un fil, fut mise au point par MM. A., P. et F. de Quervain, Picard et Lütschg; elle fut 11 Revue générale des sciences, ^novembre 1913.

12 L' état du totalisateur, place au sommet des Diablerets, fit l' objet d' une surveillance peu banale, à distance, du village au moyen d' un télescope ( 1916, p. 162 ). Au début de leur emploi, les totalisateurs ne furent pas à l' abri de détériorations. Celui des Diablerets ne fut-il pas vidé par un inconnu « pour se laver les mains » ( 1917, p. 160 ).

13 Ceci rappelle le dispositif imaginé par E. Desor, lors des campagnes d' Agassiz, à l' Unteraargletscher en 1844.

employée par MM. Picard et de Quervain dès 1918 au glacier Supérieur de Grindelwald ( 1920, p. 147, p. 149 ).

Concernant plus spécialement les variations glaciaires, signalons encore la distribution, en 1920, d' un questionnaire, rédigé en français et en allemand, aux personnalités marquantes des régions à glaciers et un certain nombre de collaborateurs ( 1920, p. 163 ). Dans le même Rapport, il est fait allusion à quelques indications pratiques pour la mesure des variations glaciaires et au moment le plus favorable de l' année pour les observations; on mentionne aussi l' emploi possible de l' avion ainsi que les relevés stéréoscopiques de glaciers ( 1920, p. 145, p. 149 ). Ailleurs, la carte du front du glacier de Findelen au I: 2500, levée par M. Janczewski, est considérée comme d' une valeur considérable ( 1920, p. 164 ).

Quelques faits encore à propos de l' écoulement des glaciers. En 1901 ( p. 215 ), on retrouva le repère taillé en 1868 par Coaz, à gauche de la source du Rhin; en 33 ans, le glacier de Rheinwald ( glacier du Paradis ) avait accuse un recul total de 240 mètres ( 7 m/an ). Deuxièmement, en 1918, le Service fédéral des eaux, d' entente avec la Commission suisse des glaciers, reprit la suite des mensurations au glacier du Rhône avec M. Otto Lütschg, ingénieur, qui allait s' illustrer par ses travaux sur les bilans hydrauliques de nos Alpes ( 1918, p. 218 ). En troisième lieu, rappelons que MM. Wehrli, professeur à l' Université de Zurich, et Buchli, directeur d' hôtel à Pontresina, enfouirent un document, scellé dans un tube de laiton, au fond de la crevasse du col de Crast Aguzza on trois touristes zuricois avaient disparu sur le glacier de Morteratsch ( 1920, p. 171 ). Enfin, on signale encore l' épave de l' hydravion Savoia Sg ., naufragé au pied du Piz Urlaun le 7 septembre 1920, près de la rimaye du glacier de Gliems ( 1920, p. 171 ).

III. CONSIDERATIONS GENERALES Un sujet va préoccuper assez longuement A. Forel: celui de la périodicité des fluctuations glaciaires. S' agit d' une périodicité annuelle ou d' une périodicité cyclique? Les glaciers obéissent-ils au cycle de Bruckner, avec trois crues par siècle ( 1900; 1901, p. 194 ) ou bien connaissent-ils une périodicité de 105 ans, supposée par Mougin ( 1920, p. 172 )?

Face à ces questions, Forel conserve une prudente réserve en attendant des observations plus nombreuses ( 1901 ). Cela, même si les glaciers d' Europe centrale, du Dauphiné au Caucase, donnent une moyenne arithmétique de 38 ans par période, avec une phase de crue courte - 8 V2 à 1 o ans - et une décrue plus longue - 27 à 29 ans1888-1889; 1901; 1902 ).

Forel précise encore qu' il n' est nullement enclin à réunir dans une même loi les variations glaciaires et les phénomènes climatiques. A propos, de ces derniers, déjà mentionnés en 1890, Forel démontre qu' il n' existe aucun parallélisme général, qu' il n' y a pas de synchronisme entre les crues des glaciers des diverses chaînes de montagnes ( 1907-1908; 191 o ). A ce propos, il signale les travaux de Hellmann ( 1909 ) sur les variations de la pluviosité, de 1851 à 1905, dans 28 stations européennes, et dont les courbes sont publiées 1910, p.256-257 ). Il mentionne aussi, dans le Rapport de 1907, les études de C. Lang, de Munich, et de E. Richter, de Graz, déjà citées en 1881, et fait allusion au rôle des cyclones ( 1910, p. 258 ).

Forel présente aussi, d' une façon très systématique, avec statistique à l' appui, les observations météorologiques faites à Genève durant 80 ans ( 1907, p. 303 ). Il en dégage le rôle de la température estivale ( 1907 p.310, P312 ) alors que Maurer, directeur du Bureau météorologique fédéral, met en évidence l' influence du soleil ( 1917, p. 169 ). Forel constate encore que « les réactions des années neigeuses ne se font pas sentir immédiatement par l' allongement du glacier », cela à cause du « retard de la période » ( 1907, p. 306 ).

Les variations spectaculaires des glaciers, leur décrue marquée devaient amener W. Kilian, à la suite de ses observations dans le Dauphiné, à se poser la question: « Les glaciers vont-ils disparaître » ( 1902, p. 299Tout en répondant négativement ( 1902, p. 308 ), Forel mentionne les avantages et les inconvénients d' une décrue et rappelle la diminution générale des glaciers depuis les temps quaternaires, les décrues récentes de 1830 à 1840, ainsi que les maximums de 1818, de 1820 à 1822, menaçant les vallées. Il fait allusion une fois de plus, aux causes possibles des fluctuations ( 1902, p. 304, p. 306 ) tout en remarquant qu' il s' agit, en fait, de variations climatiques, déjà signalées par Louis Dufour en 1870' 4.

Forel cite à nouveau l' hypothèse de Richter sur l' écoulement intermittent ( 1888 ) et la sienne propre sur l' écoulement continu, formulée en 1881 déjà ( 1902-1903; 1904, p. 226 ). Il lui paraît que les petits glaciers donneraient raison à cette dernière, alors que les glaciers de grande taille subiraient un écoulement intermittent.

On constate encore que si les grands glaciers présentent un important « retard de la période », les petits, en revanche, ont une réaction immédiate. Ces derniers sont donc de bons objets d' ob pour l' étude des variations glaciaires, même si celles-ci sont faibles, difficiles à saisir ( 1904, p. 222 ). Il est rappelé ainsi que l' état normal du glacier est l' état stationnaire en phase de minimum ( « étiage du c' est ce qui importe pour le dessin cartographique des glaciers ( 1899-1900; 1906 p. 278 ).

En 1904, Forel affirme, comme d' ailleurs dans le 16e Rapport ( 1895-1896 ), que la variation de volume est due essentiellement à des variations de l' alimentation en neige, en amont de la ligne du névé ( 1904, p. 223 ). C' est de cette constatation que découlera le programme visant à étudier l' en par des mesures nivométriques aussi précises que possible. On recommande aussi l' es du volume des avalanches ainsi que le 14 Bull. Soc.rmid.sr.nat.'S., 1870, p.359.

relevé des flaques de neige, par photographies ou dessins.

Au début du siècle, dans leur souci d' établir le bilan glaciaire, les glaciologues s' efforceront de préciser le débit du torrent glaciaire tout en envisageant d' ailleurs d' éventuelles applications pratiques ( 1903, p. 299 ). Le débit du torrent est considéré comme une sorte d' intégration de divers apports, présentés systématiquement en 1903 ( p.300-301 )IS. Ces derniers apparaissent d' ailleurs comme très variables au cours des années et des siècles, selon l' extension de la superficie utile du glacier ( 1908, p. 296 ).

Ces considérations et ces recherches touchent directement à ce qui incita F.A. Forel, en 1880, à étudier les variations glaciaires lors du procès qui opposait les Etats de Vaud et de Genève au sujet de l' exhaussement du niveau du Léman entre 1870 et 1880 ( 1908, p. 286 ). C' est cet exhaussement qu' Henri de Saussure « chercha à expliquer par les variations de grandeur des glaciers du Valais », par une fonte extraordinaire ( 1908, p.287; 1912, p.208 ). Cette interprétation fut réfutée par Forel, le spécialiste du Léman, qui s' engagea dès lors dans l' étude systématique des fluctuations glaciaires.

Dans le bilan glaciaire qu' on chercha à établir, les facteurs climatiques sont énumérés avec précision et méthode ( 1908, pp. 289-295le rôle prépondérant de la radiation solaire est mis en évidence en ce qui concerne l' ablation ( 1908, p. 295; 1917, p. 169 ). Les valeurs de celle-ci sont données, en un tableau, pour le glacier du Rhône ', au cours de vingt années selon les profils vert bleu jaune rouge ( 1908 pp. 287 288 ). On en déduit que l' ablation varie en fonction inverse de l' altitude; elle décroît, en effet, d' environ un mètre par jour par 100 mètres de différence d' altitude.

Durant la période considérée ici, de 1901 à 15 Le Bureau hydrométrique fédéral suisse, sous la direction de J. Epper, procéda à la mesure des débits du torrent du glacier du Rhône à Gletsch ( 1903 ).

1920, on commença à s' intéresser aussi à la constitution de la neige, de la glace. La Commission zuricoise des glaciers constata les variations de densité du névé avec la profondeur.

De son côté, Mercanton détermina la densité et la pression gazeuse de la glace, du glacier de Saleinaz en crue, à 1600 mètres d' altitude. La densité en fut de o,8 à 0,9 et on constata qu' il y avait moins d' air qu' on ne s' y attendait. Rappelons que Mercanton avait déjà attiré l' attention des milieux scientifiques par ses observations sur le grain des glaciers et par son forage de plus de 12 mètres au glacier du Trient en I goo. C' est ce qui lui valut le Prix Schläfli de la Société helvétique des sciences naturelles.

IV. LES VARIATIONS PERIODIQUES DES GLACIERS Comme précédemment, les variations de certains glaciers furent suivies avec beaucoup d' at. Depuis 1893, des observations régulières furent faites sur les glaciers de l' arrondissement d' Interlaken.

Les glaciers de Grindelwald tinrent la vedette et furent l' objet d' un contrôle minutieux ( 1901, p. 199 ) l6. Facilement observables, accessibles, ils ne furent pas que des attractions touristiques. Ils fournirent, et fournissent encore, des contributions importantes à la glaciologie. Leurs fluctuations furent enregistrées avec précision: le recul considérable du glacier inférieur ( 1906, p. 287; 1917, p. 166 ), celui du glacier supérieur, de 1894 à 1906 ( 1907, p. 277 ), suivi d' une avance spectaculaire ( 1917, p. 164, p. 169; 1918, p. 218 ). Au cours de celle-ci, le glacier détruisit le péage de l' an grotte de glace et refoula, en la plissant en rides régulières, une couche de 20 centimètres de neige fraîche ( 1916, p. 169 ). C' est alors qu' on put observer aussi la langue glaciaire écrasant la forêt et « plissant le terrain meuble comme une étoffe » 16 Le Rapport de 1901 ( p. 199 ) indique d' anciennes fluctua1919, p. 187-188 ). En 1920, accusant une crue de 17 centimètres par jour en mars et de 26 centimètres par jour en avril, le glacier atteignit le pont sur le torrent et le démolit; il plissa une couche de vieille neige en la roulant en plusieurs cylindres ( 1920, p. 168 ). Tous ces phénomènes exceptionnels, ainsi que différents états du glacier, furent fixés sur plusieurs photographies, les unes stéréoscopiques; certaines furent publiées sous forme de très belles planches ( 1908, p. 288ó' s; 1919 p. 187188; 1920 p. i6obis ). M. et Mme A.de Quervain, avec l' aide du « Gletscherpfarrer » d' alors, M. Nil, levèrent une carte détaillée, au i: i 000, du front et de ses abords ( 1918, p. 221. En 1919, la Commission des glaciers de la Société helvétique des sciences naturelles visita les lieux et put voir « quasi d' heure en heure la progression de l' enva », à l' aide d' un fil d' acier tendu et fixé à un repère installé par Auguste Picard ( 1919, p. 189 ). De son côté, l' ingénieur Schmitter leva une carte, au 1:2500, de la région menacée d' envahissement et de ses abords. On reprit aussi l' initiative de Baltzer, de 1892, de contrôler l' érosion en creusant plusieurs trous de 12 centimètres de profon-deur1 ?.

Le glacier du Rhône aussi fut l' un des glaciers régulièrement observés et des campagnes de mensurations y furent organisées. Quelques résultats se trouvent dispersés dans quelques Rapports^ mais la somme des observations et des relevés topographiques constituent l' imposante monographie de Mercanton: Mensurations au glacier du Rhône ( 1874-1915)I9.

Des indications se rapportent à d' autres glaciers encore: à celui de Forno repoussant à son front un bourrelet de 2 à 4 mètres ( 1917, p. 115 ), à ceux de Mellichen et de Tourtemagne présentant une 17 Quervain de A. Über Wirkungen eines vorstossenden Gletschers. Beobachtungen am obern Grindelwaldgletscher, Herbst 1918. Heim-Festschrift, Vierteljahresschrift der Naturforschenden Gesellschaft, Zurich 1919.

18 1902; 1904;p.231; 1913, p.251; 1917, p. 164. " Heim A. Actes Sockels.sc.nat. igi 1, Soleure.

« galerie de décollement », « véritable tunnel », due à la décrue ( 1920, p. 164, p. 167 — photo ).

L' enneigement progressif de 191 o et régressif de 1911 provoqua des phénomènes inusités de tassement et l' apparition de rimayes supplémentaires ( 1911 » P-245>P-247)- Le glacier de Saleinaz présenta, en 1917, un bourrelet morainique de 2 mètres de hauteur, une falaise glaciaire avec fissures croisées et de grandes écailles aiguës attachés attachées par le bas ( 1918, p. 220, fig-4 ).

En 1917 encore, on procéda par prudence au contrôle du glacier de Giétroz et on procéda au lever sommaire du cône d' éboulis glaciaire du glacier de Mauvoisin ( 1917, p. 165 — photo ).

Enfin, le recul du glacier d' Aletsch mit à jour des troncs de mélèzes à environ 200 mètres ( 1901, p. 209 ).

D' une façon générale et en se référant aux divers tableaux récapitulatifs des Rapports 20, on constate que 1900 correspondit à un recul considérable faisant suite à la crue amorcée dès 1875 ( 1903, p. 307 ). A une phase stationnaire de quelques années succéda une crue qui se prolongea après 1920. Cette dernière ne semble pas s' être propagée d' ouest en est comme ce fut le cas pour celle de la fin du XIXe siècle ( 1919, pp. 191-192tout au plus il apparut que la crue des glaciers autrichiens était plus tardive que celle des glaciers suisses ( 1917, p. 172 ).

V. ÉVÉNEMENTS PARTICULIERS 1901 2I Avalanche détachée du Fletschhorn et tombée sur le glacier de Rossboden en ravageant la partie inférieure du vallon de Sengbach, provoquant des victimes ( 1901, p. 210 ). D' autres catastrophes dans le vallon de Guggenen ( région du Simplon ) sont rappelées.

20 1905, p.27g; 1910; igi 1, p.236; 1920, p. 172.

21 Le Rapport de 1901 ( p. 196-200 ) signale plusieurs catastrophes anciennes.

La crue du glacier d' Allalin préoccupe la population de Saas. Rappel des catastrophes de 1663, 1680 et 1772 ( 1901 ).

Vidange du lac de Märjelen ( 1901, p. 109, 1881 ) ".

1911 Vidange d' une poche dans la partie supérieure du glacier de Trient ( « La Tine a sauté » ) ( 1911 ).

1919Eboulement du glacier de Bies ( 1901, P-r97Danger extrême d' avalanches; avalanches sur l' Hospice du Grimsel; 14 mètres de neige ( 1919 ).

1920Nombreuses avalanches A Orny, formation d' une poche d' eau et débâcles soudaines menaçant le village et les champs de Praz-de-Fort. Un événement particulier, sur lequel nous n' avons encore aucune précision, a été l' odieux attentat dont fut victime M. Joris, gardien d' Orny. Une simple allusion en est faite dans le Rapport de 1910 ( p. 262 ).

VI. BIBLIOGRAPHIE Les Rapports de 1901 à 1920 mentionnent plusieurs ouvrages ou contributions glaciologiques:

Coaz J. Die Lawinen der Schweizer Alpen - 1881, ( 1918, p.202 ).

Statistik und Verbau der Lawinen in den Schweizeralpen 1910.

Dübi Hans. Gletscherschwankungen 1800-igoo ( 1909, p. 293 ) « concerne les variations de 26 des principaux glaciers, documents remis au Musée alpin ».

Enguist E. L' influence du vent dans la répartition des glaciers ( 1916, p. 155 ).

Forel F.A. Essais sur la théorie des variations glaciaires. Table des divers articles théoriques des 31 rapports de cette série ( 1911, p. 247; 1912, p. 206 ).

22 Le lac de Märjelen et les conditions de son écoulement -Service fédéral des eaux ( 1914/15, p.241 ). Cf. aussi Les Alpes, septembre 1975, p. 188.

Wehrli L. Der ausgelaufene Märjelensee am grossen Aletschgletscher. Beilage zum Jahresbericht 1913 der Sektion UtoSAC.

Jegerlehner J. Die Schneegrenze in den Gletschergebieten der Schweiz.B.eiträge zur Geophysik V/3, Gerland, Leipzig 1902 ( 1902^.314 ).

Kurz Marcel. « A propos de l' enneigement alpin; fruit de 12 ans d' observations », ( 1920, p. 150 ).

Mercanton P.L. L' œuvre glaciologique de F.A. Forel ( 1841-1912 ) ( 1912, pp.209, p.211-212 ). Mensurations au glacier du Rhône 1874-1915. Nouveaux Mémoires de la Société helvétique des sciences naturelles vol. 41, 1916(1916, P' 55 « Contributions de Rütimeyer, Heim A. et Held » ( 1894 ). Le glacier du Val de Bagnes en 1818, d' après quelques documents inédits: Voyage de Jean Siméon - Henri Gilliéron ( 1779-1838 ) dans la vallée de Bagnes 5-11 août 1818 « avec dessin à la plume par P. Perraudin -et dessin de Gilliéron » ( 1916,pp. 151 sq. ).

Rabot Ch. Notes bibliographiques in Revue de glaciologie 1902 ( 1903, p. 304 ).

Voskule G. Verlorene Bodens des Hüfigletscher. Zürich 1904 Zürcher Gletscher-Kommission ( ZGK ). Rapports dans XIIIe Annuaire « Ski », Jahrbuch des Schweizerischen Skiverbandes ( 1916; 1918 ).

Feedback