Ski de printemps dans la Vallée d'Aoste. | Club Alpino Svizzero CAS
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Ski de printemps dans la Vallée d'Aoste.

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Jean-Louis Blanc, Peseux

Cet article, comme les trois qui l' ont précédé ', n' a qu' une ambition: faire connaître aux skieurs du CAS quelques-unes des plus belles courses de printemps du Pays d' Aoste.

Décrire des itinéraires que l'on a longuement étudiés sur la carte avant d' en découvrir la réalité sur le terrain, c' est se livrer un peu soi-même, c' est transmettre un message à des camarades inconnus que l'on sait animés d' un même idéal, c' est leur communiquer une part de la joie que l'on a soi-même éprouvée à parcourir et explorer la montagne enneigée.

C' est aussi vaincre un réflexe égoïste. Le réflexe de garder pour soi le secret des combes immaculées où l'on a trace avec volupté des arabesques dans la poudreuse ou le gros sel, le secret des vallons perdus on l'on a peiné sous la charge et sous le grand soleil, celui du passage ou du gîte inconnu que l'on découvre enfin, alors que le doute et la crainte assaillent le skieur le plus aguerri. Par bonheur, montagne et égoïsme sont incompatibles et la première n' est rien sans l' amitié.

Il est pourtant un secret que l'on ne saurait dévoiler sans trahir la confiance des montagnards: celui du chalet dont on a obtenu la clé au dernier village, après bien des recherches et des démarches.

Cette clé ouvre la porte du chalet, du mayen ou de l' alpage on il fera bon se reposer à l' étape. On y passera d' inoubliables soirées près du poêle, à préparer le repas en devisant avec ses compagnons de course, assis sur des escabeaux à trois pieds. Puis on s' étendra pour la nuit sur la paillasse au cadre de mélèze ou d' arole qui tient lieu de lit.

Dans un dernier article, nous avons décrit quel- 1 Cï Les Alpes 1970 ( pp. 47-54 ), 1972 ( pp. 42-49 ) et 1973 ( PP-47-51)- ques itinéraires du Valnontey, ce sauvage vallon latéral de la Vallée de Cogne qui s' enfonce au cœur du Massif du Grand Paradis2.

Au nord du Col du Lauson, la ligne de partage des eaux entre le Valsavaranche et le Valnontey se redresse rapidement jusqu' au sommet de la Grivola, à 3969 mètres. Le caractère de la montagne est différent. Le gneiss du Grand Paradis cède la place aux schistes lustrés dont les couches sont inclinées vers le nord.

Il s' ensuit que les versants sud sont abrupts tandis que, au nord, de grandes combes descendent jusqu' au Grand Eyvia.

La Grivola, dont on admire la silhouette élégante de Saint-Pierre ou de Saint-Nicolas, n' est pas accessible à ski. En revanche, plus à l' est, la Punta Rossa, sur la rive droite du bassin supérieur du Glacier du Traïo, offre au skieur une descente exceptionnelle de plus de 2000 mètres de dénivellation.

PUNTA ROSSA 3630 mètres, CI. feuille 41, Gran Paradiso, La Grivola et Cogne. Pour bons skieurs. Piolet et crampons peuvent être utiles.

La manière la plus elegante de gravir la Punta Rossa à ski est de la traverser du sud au nord, du refuge Vittorio Sella à Crêtaz, hameau de Cogne situé à un kilomètre en aval du chef-lieu. L' époque la plus favorable se situe de fin mars au milieu de mai. Les pentes, souvent raides, exigent une bonne technique du ski.

Du refuge Vittorio Sella, on remonte d' abord les pentes faciles de la rive gauche du torrent du Grand Lauson, en direction d' un large couloir par lequel on accède au Glacier della Rossa. S' Meyer à pied dans ce couloir, puis, plus à droite, sur les pentes qui conduisent au Col della Rossa ouvert entre notre sommet et le point 3208 de la Cresta del Lauson ( 3195 mètres, une heure et demie du refuge ).

* Les Alpes 1973 ( pp. 49-50- Descendre de 50 mètres dans la combe au nord. Par une traversée horizontale sous la Punta Rossa on parvient, en contournant un éperon rocheux, sur une large terrasse horizontale entre deux barres rocheuses, à l' altitude d' environ 3130 mètres. Longer cette terrasse sur 300 mètres qu' au bas d' une forte pente de neige très étroite dans sa partie supérieure. C' est le passage clé qui permet de surmonter la barre rocheuse en amont. On le franchit à pied pour sortir sur les pentes supérieures, à l' est du point 3275, où l'on peut rechausser les skis. Par un large circuit vers le nord, on parvient sans autres difficultés sur Parke, au point 3417, face à la pyramide de la Grivola qui se dresse, imposante, sur la rive opposée du Glacier du Traïo. Tout ce parcours, du Col della Rossa au point 3417, ne doit être tenté que par neige sûre.

Le but est en vue. S' élever sur les névés de la rive droite du glacier en se tenant le plus près possible de l' arête pour éviter quelques crevasses. Le sommet lui-même est atteint à pied, en quelques pas depuis le dépôt des skis.

La vue sur le Grand Paradis et la Grivola est de premier ordre, sans oublier l' envers du décor, où le regard plonge jusqu' à Cogne, avant de s' élever vers la chaîne pennine qui ferme l' horizon au nord.

La descente s' effectue sur l' alpe supérieure de Pousset. Une magnifique glissade conduit aux chalets, d' abord en suivant la trace de montée qu' au point 3417, puis dans la combe au nord, en passant par les points 3071 et 2880. Des chalets, suivre la rive droite du torrent pour franchir, à l' endroit le plus favorable, la crête qui sépare le Vallon de Pousset de celui de Vermiana, près du point 2286. Une descente à travers la forêt clairsemée conduit aux chalets inférieurs de Vermiana.

Si les conditions de neige ou le mauvais temps interdisent l' accès au sommet, on peut descendre directement à ces chalets en partant du Col della Rossa par le Plan Vario et la Combe de Vermiana.

Laissant à main gauche les chalets des Ors, des- cendre sur la rive droite du torrent à travers la forêt peu dense, puis à travers les champs à Crétaz. Au début d' avril, on parvient à ski qu' au pont sur le Grand Eyvia.

Tournonsmaintenant le dos au Grand Paradis et à la Grivola pour aller découvrir les montagnes situées entre la vallée principale au nord et à l' est, les vallées de Cogne et de Champorcher à l' ouest et au sud. Sur la carte, cette vaste région forme un immense parallélogramme dont les grands côtés sont orientés d' ouest en est.

Le caractère de ces montagnes est très différent de celui du Massif du Grand Paradis. Le relief, accuse dans la partie centrale, s' adoucit à l' ouest et à l' est. Les deux sommets les plus élevés, le Mont Emilius et la Tersiva, atteignent respectivement 3559 et 3513 mètres. Malgré l' altitude moyenne élevée de la zone centrale, la glaciation est très faible; seuls quelques petits glaciers de cirque subsistent sur les flancs nord des plus hauts sommets. La faiblesse des précipitations qui caractérise le climat du centre de la Vallée d' Aoste explique la modeste extension de ces glaciers.

Les vallons et les combes des régions élevées sont en général pierreux; le skieur « printanier » ne s' y aventurera de préférence qu' après un hiver exceptionnel, caractérisé par d' abondantes chutes de neige.

A l' exception de la Pila, station proche de la ville d' Aoste, et à laquelle la relient une route et un téléphérique, ces montagnes sont désertes pendant l' hiver. Toutes les localités habitées en permanence sont situées sur le pourtour du massif. C' est le cas en particulier de Cogne et de Champorcher au sud, de Brissogne et de Seissogne au nord.

Les deux vallées importantes qui entaillent profondément la zone centrale, le Val Fénis et le Val Saint-Marcel, ne possèdent ni habitation permanente ni route carrossable. On n' y trouve ni bivouac ni refuge du CAL Le skieur devra donc partir d' un village souvent fort éloigné de son objectif et faire une longue marche d' approche, 1n montant à la Punta Rossa: vue sur la Grivola 2Vue de la Pointe de Leppe sur la Tersiva ( à gauche ) et le vallon du Grauson ( à droite ). Au premier plan: col Saint Marcel s' il ne veut pas affronter l' inconfort d' un bivouac sous tente ou celui d' un chalet d' alpage. Peut-être obtiendra-t-il avec un peu de chance la clé d' un chalet aménagé ou d' un refuge de chasse.

L' isolement dans lequel sont demeurées ces, montagnes et l' absence d' équipements touristiques en font une région privilégiée pour le randonneur à la recherche de solitude,, de neiges inviolées et d' une nature encore intacte. Il y vivra des heures de plénitude faites de joie, d' amitié et de beauté.

PUNTA TERSIVA 3513 mètres CI. feuille 41, Cogne et Punta Tersiva.

Ce sommet se dresse aux confins du Val Fénis, du Vallon du Grauson et de, la haute Vallée de Cogne ou Vallon d' Urtier. Ses deux voies d' accès à ski se situent toutes deux dans la Vallée de Cogne et se rejoignent sur le Glacier du Tessonet. Elks sont longues et exigent normalement un' bivouac. La première part de Gimillan ( 1787 m ), la seconde de Lillaz ( 1617 m ), deux villages accessibles par une bonne route. Les hautes parois de ion versant est interdisent l' accès direct à la Tersiva à partir du Val Fénis.

AU DÉPART DE GIMILLAN -, Cet itinéraire emprunte le Vallon du Grauson jusqu' au Glacier du Tessonet. Il est facile, à l' ex de la gorge qui précède l' aîpe Grauson. Remonter les pentes moyennes au nord-est du village jusqu' à proximité du point 2003, puis descendre au torrent du Grauson que l'on atteint au deuxième pont en amont des chalets de PEcloseur., Si la neige a disparu, on suivra le sentier muletier jusqu' à ces chalets. Poursuivre sur la rive gauche jusqu' aux chalets de Pila. La vallée est fermée plus haut par un verrou caractéristique que l'on surmonte à pied en suivant le sentier généralement dégagé.

Sitôt après, descendre dans le fond de la gorge et s' engager sur le torrent solidement « ponté » par les avalanches. Le quitter sur sa rive gauche dès que les pentes s' adoucissent, pour gagner les chalets du Vieux Grauson ( 2271 m ). Lorsque le torrent n' est pas assez couvert, il est possible, si l' état de la neige le permet, de suivre le tracé du chemin estival qui coupe en écharpe les fortes pentes de la rive gauche. Par neige douteuse, on évitera de s' engager dans la gorge, aussi bien sur le torrent que sur ces pentes. Ce passage est menacé par les avalanches sur toute sa longueur.

Plus haut, la vallée s' ouvre largement, et le terrain devient très favorable au ski. Suivre le tracé du sentier conduisant aux chalets de Pralognan, puis à celui d' Ervillères. Une première variante permet d' atteindre le Glacier du Tessonet en remontant ( à gauche ) les pentes sous la Testa Doreïre et en passant aux points 2839 et 2850.

Une deuxième variante conduit par le Lac Doreïre au Co} d' Invergneux ( 2905 m ) où l'on rejoint l' itinéraire venant de Lillaz. On aborde le glacier vers 3000 mètres ( après une traversée ascendante ) sous la crête de La Serra. Cette variante est intéressante si l'on désire combiner les deux itinéraires, de Gimillan et de Lillaz.

Remonter le glacier en visant la forte pente de neige qui défend l' accès au collet ouvert à l' origine de l' arête nord-ouest de la Tersiva. Si la neige est bonne, on parvient à ski sur la selle. De là, suivre à pied l' arête large et facile jusqu' au sommet, en prenant garde aux corniches qui surplombent le versant est. On y jouit d' une vue très étendue sur toutes les montagnes de la Vallée d' Aoste. Dans des conditions de jneige exceptionnelles, l' arête à été parcourue à ski jusqu' à quelques pas du sommet. La descente, longue et variée, s' effectue par l' un ou l' autre des itinéraires.

Il nous reste à décrire le cheminement de Lillaz au Col d' Invergneux. Une nouvelle route dessert les alpages supérieurs. Au printemps, il est quelquefois possible de monter en voiture jusqu' à la chapelle de Cret ( 2020 m ), ce qui raccourcit la montée d' une bonne heure. Continuer sur la route, puis sur la rive droite du Grand Eyvia qu' aux chalets des Pianas. S' élever ensuite à 3Refuge de chasse des Laures.

4 Montée au col des Laures par. le versant nord Photos Jean-Louis Blanc, Peseux gauche ( nord ) jusqu' aux chalets d' Invergneux d' où, par une traversée ascendante sur des pentes très redressées, on parvient dans une zone moins raide, près du point 2795. Le col est en vue et on y monte le plus directement possible. Par neige douteuse, il peut exister un danger d' avalanche entre les derniers chalets et le col.

Compter sept à huit heures de Lillaz au sommet et autant de Gimillan. Si l'on dispose de trois jours et que l'on a bivouaqué dans la partie supérieure du Vallon d' Urtier, on empruntera l' itinéraire suivant pour ‘entrer à Lillaz, itinéraire qui permet d' éviter le parcours fastidieux de la route.

S' élever sur des pentes magnifiques, appelées Bassa di Peradza sur la carte, jusqu' au col anonyme ouvert entre les points 2995 et 3031. De ce col on peut grimper en quelques minutes au point 3031.

A la descente, passer au point 2542, puis traverser de flanc de longues pentes en direction du promontoire de Teppe Longho, au pied duquel se rejoignent le Grand Eyvia et le torrent de Bardonney. Passer aux points 2434, 2409 et 2397 pour contourner le promontoire à l' endroit le plus favorable, vers 2300 mètres. Une descente amusante conduit, par une succession de terrasses, au refuge des gardes-chasse et au pont sur le torrent de Bardonney. Franchir ce pont ( 2126 m ) et suivre sur la rive gauche du torrent le tracé du sentier qu' au de Pianasse. Couper à travers la forêt jusqu' à ces chalets, puis gagner le pont sur le Grand Eyvia en aval de Bouc ( 1835 m ), d' où un bon sentier conduit à la route et à Lillaz.

COL ET VALLON DES LAURES, VAL SAINT-MARCEL CI. feuilles 28 Monte Emilius et 41 Cogne.

Le vallon perdu des Laures s' ouvre vers le nord sur la vallée principale, entre le Mont Emilius et la Grande Roise.Vu de la rive gauche de la Doire, en aval d' Aoste, c' est l' exemple parfait d' un ancien lit glaciaire modelé par les glaciers quaternaires.

Déserté par les bergers, il n' est plus guère fré- quenté qu' en automne par les chasseurs. La partie inférieure, boisée et coupée de barres rocheuses, n' est pas praticable à ski au-dessous de deux mille mètres. Plus haut, les pentes sont raides et avalancheuses jusqu' au seuil caractéristique qui donne accès à la tombe supérieure.

Sur la rive droite ( est ) du Lac inférieur des Laures se dresse un modeste refuge de chasse. Propriété des chasseurs de Brissogne, on peut en obtenir la clé dans ce village3.

La seule voie d' accès recommandable à ski part de Gimillan et emprunte le Col des Laures ( 3036 m ), situé à l' est de la pointe du même nom. Sa situation particulière fait du Vallon des Laures une parfaite souricière en cas de mauvais temps. On ne s' y risquera donc que si le beau temps est assuré.

De Gimillan, suivre l' itinéraire de la Tersiva jusqu' aux chalets du Vieux Grauson. Remonter ensuite la rive gauche du ruisseau de Lussert qu' au nouveau chalet de Grauson ( 2640 m ). Si l'on vient de la Tersiva ou du Col d' Invernieux, on rejoindra directement ce chalet en partant de l' alpe Pralognan. Poursuivre en direction nord-nord-ouest jusqu' au Lac inférieur de Lussert. S' élever ensuite sur les pentes de la rive nord-est du lac, en obliquant progressivement vers l' ouest, pour atteindre une sorte de terrasse à l' aplomb du point 3120. On accède au col par une dernière pente très raide qui domine le Lac supérieur de Lussert.

Sur le versant nord, une belle glissade conduit au Lac Lungo, puis au refuge en passant à droite du point 2902. Compter cinq heures de Gimillan au col.

Si les conditions de neige sont parfaites, on pourra tenter la descente du vallon jusqu' au chalet du Tramail ( 1951 m ) d' où l'on remontera en deux heures au refuge. Il, vaut la peine d' aller au moins jusqu' à l' oratoire élevé sur le seuil du vallon ( 2613 m ). On y jouit d' une vue étonnante sur la vallée principale.

3 Le refuge est équipé d' un poêle, d' un bas-flanc et de couvertures pour huit personnes.

VAL SAINT-MARCEL Du refuge des Laures on atteint sans difficulté le Col de Leppe en deux heures ( 3108 m ). Si l' autre versant, très redressé, est en bonnes conditions, on pourra tenter de descendre à la Grande Chaux dans le Val Saint-Marcel ( 2365 m ) où une ancienne maison de chasse désaffectée peut offrir un abri en cas de nécessité ( au point 2385 ).

De la Grande Chaux, on peut descendre la vallée jusqu' aux Druges, en suivant le trace de la route, puis à Seissogne. Avant de déboucher sur le Plateau des Druges, la route coupe des pentes très escarpées à la hauteur d' anciennes mines de cuivre.

On peut aussi remonter au Col Saint-Marcel par le Vallon de Fenêtre d' où une superbe descente ramène aux chalets de Grauson ou de Pralognan.

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