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A propos de la fondation du Club Alpin Suisse

Hinweis: Questo articolo è disponibile in un'unica lingua. In passato, gli annuari non venivano tradotti.

A propos de la fondation du Club Alpin Suisse

le 19 avril 1863 à Olten.

( Nous traduisons ci-dessous pour nos collègues romands l' essentiel de l' article du Dr E. Jenny « Zur Gründung des Schweizer Alpenclubs am 19. April 1863 in Olten ». ) Albert Roussy.

Dans l' article qu' il publie dans le présent numéro des Alpes, Ernst Jenny exprime l' opinion que la fondation du C.A.S. ne fut pas due à une action fortuite. Cette opinion s' impose en effet à notre esprit quand on considère que, d' une part, les savants suisses voyaient déjà vers 1840 dans l' exploration du monde des Alpes un but particulièrement élevé, à l' accom duquel ils s' étaient donnés corps et âme, et que, d' autre part, le sentiment national se dessine de plus en plus dans la littérature. Cette même idée d' une action commune, d' une union dans cette action se trouve à la base du Club Alpin Suisse. Toute action commune a ses racines dans le passé: tout d' abord apparaissent de fortes personnalités qui ont la prescience de ce qui plus tard paraîtra un bien commun tout naturel. Tel le médecin zurichois Conrad Gessner qui écrivait déjà en 1541 à son ami Jacob Vogel qu' il tenait pour un ennemi de la nature quiconque ne trouve pas les montagnes dignes d' être contemplées! Ou cet autre Zurichois J. J. Scheuchzer qui, entre 1702-1711, emmenait chaque année ses élèves faire des courses dans les Alpes, comme le fit, de 1825 à 1842, le Genevois Rod. Töpffer, bien avant que l'on songeât même à une O. J. du C.A.S. Et, d' autre part, Haller et Rousseau n' ont pas renforcé dans l' Europe occidentale le sentiment de la nature en introduisant les Alpes dans la poésie? De Saussure n' a pas, par son ascension du Mont Blanc en 1787, prouvé la possibilité de la conquête des hauts sommets? Les premiers refuges dans les régions de l' Unteraar, du Tödi et du Trift ne sont-ils pas les précurseurs de nos cabanes? Et le guide suisse d' Iwan von Tschudi n' est pas dès 1855 destiné surtout aux alpinistes? Le hardi trio de Gottlieb Studer, de Melchior Ulrich et de J. J. Weilenmann n' a pas en publiant en 1859 ses « Excursions sur les montagnes et les glaciers », véritable guide pour les alpinistes, prépare ainsi, tout comme Tschudi, le terrain pour les guides du C.A.S.?

Nous n' avons nullement ici l' intention de présenter une esquisse de la naissance et du développement de l' alpinisme en Suisse avant 1863, mais simplement de montrer que les pionniers ont légué et transmis aux temps modernes ce qu' il y avait de mieux et de plus durable.

Le Club Alpin Suisse devait venir, et il vint. Il ne lui manquait encore qu' un stimulant extérieur; intérieurement il était déjà en formation. Le dernier élan fut donne d' une part par le sentiment national et de communauté devenu plus fort depuis 1848, et, d' autre part, par la fondation de l' Alpine Club à Londres en 1857. Les Anglais avaient fait de nombreuses ascensions dans les Alpes occidentales, la plupart du temps en compagnie de guides suisses. Une véritable émulation paraissait animer les ascensionnistes de chez nous, mais seule une union de toutes les meilleures forces ( naturalistes, ascensionnistes, topographes ) pouvait conduire à un aboutissement qui porterait des fruits, en apportant un gain culturel à la patrie aimée.

Un appel fut lance en 1862 par le géologue Rudolf Theodor Simler, de Berne. Il avait, paraît-il, émis pour la première fois l' idée de la fondation d' une société alpine, alors qu' il se trouvait, un jour de 1861, avec des montagnards de la Suisse orientale sur un sommet des Alpes glaronnaises. Et cette idée avait été accueillie avec faveur. Aussi avait-il été de l' avant avec toute l' énergie de la jeunesse. Le 20 octobre 1862 il écrivit une lettre circulaire à neuf « alpinistes et amis des Alpes suisses » à Bàie, Coire, Genève, Glaris, Lucerne, Neuchâtel, Lausanne, St-Gall et Zurich. A la lettre était joint un plan d' organisation. Il ne rencontra pas beaucoup d' écho au début; mais le Suisse est, on le sait, circonspect, il lui faut du temps pour se former une idée exacte d' un sujet. Cependant, une fois l' idée formée, il s' y attache et ne la laisse pas tomber. Simler reçut quelques lettres, les unes exprimant avec joie leur accord, les autres faisant montre de prudence, voire de scepticisme. La question des frais donnait aussi à penser. Et cela aussi est bien suisse. L' accueil le plus chaleureux fut celui du Neuchâtelois Ed. Desor, le vainqueur du Grand Lauteraarhorn. Gottlieb Studer ne resta pas en arrière, lui non plus, qui depuis 1859 était membre d' honneur de l' Alpine Club et que l'on voulut désigner comme premier président central du C.A.S. Au cours de l' hiver 1862/63, plus de cent adhésions arrivèrent à Berne et, sur la proposition de l' avocat Hauser, de Glaris — qui a donne son nom au Hauserstock —, une assemblée constituante fut convoquée à Olten, choisi pour sa situation centrale, pour le dimanche 19 avril 1863.

Le procès-verbal de cette réunion donne les noms des 35 fondateurs du C.A.S. Le Dr Simler présidait. Il fut choisi comme président central. Le projet de statut qu' il avait présente fut accepté en bloc pour la première année d' existence de la nouvelle association qui reçut le nom de « Club Alpin Suisse ». On ne mit pas en doute que le nouveau-né allait se développer rapidement et prendre des forces; tout le faisait prévoir.

Les fondateurs ne s' étaient pas trompés.

Que voulaient les fondateurs du C.A.S.?

Le premier paragraphe fondamental des statuts le disait clairement:

« La Société a pour but d' explorer nos Alpes et spécialement la haute montagne en tous sens et, avec l' aide de l' Atlas topographique fédéral, d' apprendre à les connaître, particulièrement au point de vue de la géographie, de l' histoire naturelle et de la reproduction de leurs beautés naturelles. Comme résultat pratique de ses efforts, elle entend rassembler une collection de descriptions exactes, vivantes et captivantes des paysages alpestres et des panoramas de nos régions alpines. Cette collection qui, au A PROPOS DE LA FONDATION DU CLUB ALPIN SUISSE.

cours des ans, embrassera tout le territoire des Alpes suisses, deviendra en quelque sorte le commentaire de notre Atlas topographique. » Les articles 2 à 5 fixaient une assemblée générale annuelle, l' explo méthodique d' un champ d' excursions ( avec subvention ) officiellement déterminé, l' érection de refuges dans la haute montagne, la surveillance des guides, la publication d' un annuaire avec annexes de vues, de panoramas et de cartes.

Les fondateurs du Club Alpin Suisse se fixaient ainsi d' autres buts que l' Alpine Club qui se donnait comme tâche: « Chercher des aventures dans les montagnes et faire des observations scientifiques. » Dans cette esquisse nous n' entrerons pas dans le détail des autres articles des statuts, ni ne parlerons des modifications qui y furent apportées par la suite.

Ce qui est clair, c' est que le C.A.S. voulut dès le début ne pas être un but par lui-même, pas plus qu' il ne voulut être une association aristocratique; il voulait beaucoup plus être utile au pays, au peuple, à l' Etat, comme aussi aux hôtes étrangers. Et tout cela par ses propres forces, sans avoir en vue des profits. C' est là, précisément, ce qui fit sa noblesse, sa force, et tel il est resté jusqu' à ce jour. Dès le début, il n' alla pas chercher ses membres parmi les académiciens, ni parmi les favorisés du sort ou de la fortune. « Tout habitant de la Suisse » pouvait devenir membre du C.A.S., s' il s' intéressait au but exposé dans les statuts; on n' exigeait même aucun exploit dans les Alpes, on ne demandait que d' aimer la montagne et notre belle patrie.

Sur une telle base, le Club Alpin Suisse devait prospérer, même si dans le cours des temps se présentaient de nouvelles tâches et d' autres mentalités, purement sportives.

Il ne doit en aucun cas s' écarter de la volonté et des intentions des fondateurs; autrement il renonce à sa valeur et ce qui fait sa force vitale. S' il vent inculquer et développer le sentiment de la nature dans notre peuple, il doit lui-même marcher en tête comme une élite et ne doit pas se plaindre de ce que le temps des pionniers soit passé.

Chaque membre du Club Alpin peut revivre pour lui-même le monde des Alpes, car elle est toujours vraie, la vieille sentence qui dit: « L' amour pour les montagnes est le meilleur amour. »

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