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Alpinisme sous-marin

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Par D. Rebikoff

Avec 3 illustrations ( 133—135Lausanne ) Notre terre est devenue bien petite en ce vingtième siècle. Dans les régions les plus reculées de l' Afrique ou de l' Australie, il devient impossible d' éviter les avions, les appareils de radio et les voitures américaines; même le centre du Brésil et le Grœnland ne contiennent bientôt plus de secrets.

Tous ceux qui, deux ou trois siècles plus tôt, seraient partis conquérir des eldorados et des colonies sont aujourd'hui désespérés. Ce monde est devenu bien ennuyeux... partout des barrières, partout des interdictions et des boîtes de sardines jusque sur les sommets naguère « inviolables »...

Au temps jadis, la durée d' un voyage se comptait en années. Aujourd'hui il suffit de quelques heures. Seulement, il faut des années pour obtenir des permis et des visas. C' est ce qu' on appelle le progrès...

Et pourtant trois quarts de la surface de notre terre sont encore inexplorés; ils appartiennent à celui qui est riche de la volonté et du courage de les conquérir.

La mer ne nous était connue jusqu' ici que par sa surface, vue de la côte ou du pont d' un paquebot; grâce à l' alpinisme sous-marin, on peut maintenant en explorer le fond.

Il s' agit du perfectionnement d' une des activités les plus anciennes qu' ait connues l' humanité: la chasse sous-marine au harpon. Celle-ci fut importée en France lors de l' exposition de 1937 par les Japonais qui, eux-mêmes, l' avaient apprise des indigènes de Polynésie.

Equipement:

Les palmes de caoutchouc inventées par le commandant de Corlieu en 1926; associées aux lunettes de plongée japonaises elles permettent au plongeur de manœuvrer avec l' aisance et la rapidité d' un gros poisson et ainsi de lui faire la chasse au moyen du harpon dont les origines remontent à la plus haute antiquité. ( Citons ici le classique trident de Neptune, perfectionnement du harpon préhistorique en silex taillé. ) Le fusil sous-marin. Pendant la guerre la chasse sous-marine devint, à la barbe de l' occupant, un sport national; c' était un excellent moyen de se procurer de la viande fraîche à bon compte. Le harpon fut vite remplacé par des fusils sous-marins dont le type le plus perfectionné est le fusil à poudre du commandant Le Prieur, interdit ( à juste titre, à cause de sa puissance destructive ) sur les côtes françaises. Aujourd'hui, seuls les fusils à ressorts ou sandows sont permis.

Le masque. Les « lunettes japonaises », par trop primitives, furent remplacées par le masque ovale protégeant les yeux et le nez, ce qui permet d' équi la pression de l' eau à l' intérieur du masque en y soufflant par le nez.

Le tuba. Cet équipement est complété par le « tuba » ou tube respirateur qui permet au chasseur de garder la tête sous l' eau tout en respirant aisément et par conséquent de ne pas perdre de vue la proie qu' il poursuit.

Le scaphandre autonome. Le commandant Le Prieur créa en 1936 le premier scaphandre autonome moderne composé essentiellement d' une bouteille d' air comprimé à haute pression ( identique à celui utilisé sur les appareils de soudure autogène ) reliée au masque.

Ce fut au moyen de cet équipement que Jean Painlevé put tourner quel-ques-uns des premiers films documentaires sous-marins.

Pendant cette période apparaissaient également les appareils respiratoires à « circuit fermé » comportant une cartouche de soude caustique destinée à absorber l' acide carbonique et une petite bouteille d' oxygène pur ( principe utilisé à bord des sous-marins ). Cet appareil construit par Dneger en Allemagne, Davies en Angleterre, Pirelli en Italie, servait comme appareil de sauvetage à bord des sous-marins anglais et allemands; il permet d' atteindre, avec une sécurité raisonnable, une profondeur maximum de 12 mètres. Ces appareils furent utilisés pendant la guerre par les nageurs de combat ( ou « hommes-grenouilles » ) des marines alliées et italienne; ceux-ci s' illustrèrent par de nombreuses et extraordinaires actions d' éclat.

Mais l' appareil à circuit fermé est dangereux; lorsque la cartouche de soude caustique a été exposée à l' humidité, elle peut devenir inefficace, ce qui provoque l' asphyxie du plongeur par le gaz carbonique. Il est responsable de nombreux morts, non seulement en temps de guerre, mais récemment: 13 disparus au Club sous-marin italien.

En 1946 fut enfin créé, par les inventeurs français Cousteau et Gagnan, le scaphandre autonome qui s' est révélé depuis quelques années une solution définitive et pratiquement parfaite de la plongée sous-marine.

Le scaphandre autonome Cousteau-Gagnan se compose essentiellement de:

1° Une, deux ou trois bouteilles d' air comprimé à haute pression ( 225 kilogrammes par cm2 ) faites de duralumin. Elles sont en équilibre hydrostatique, c'est-à-dire qu' elles ne pèsent plus rien une fois immergées. Ces bouteilles sont remplies d' air ordinaire filtré et non d' oxygène. Cette différence est essentielle, car aux grandes profondeurs, l' oxygène concentré par la pression devient un poison dangereux.

Chaque bouteille contient 1000 litres d' air permettant vingt-cinq minutes de plongée à petite profondeur. Le « bibouteille » permet donc cinquante minutes de plongée. Un « tribouteille » permet une heure quinze de séjour, durée qui se révèle dans la pratique trop longue de sorte qu' aujourd on ne s' en sert qu' exceptionnellement.

Pour des travaux prolongés, ces bouteilles peuvent être remplacées par un mince tube de caoutchouc armé de vingt mètres de long ou plus, relié à une grande bouteille d' air comprimé du type employé dans les garages placée à bord d' un bateau, ou posée sur la rive. Une telle bouteille permet plusieurs heures de plongée. Nous appelons cet engin le « Narguilé ».

2. Un régulateur de pression, ou mano-détendeur entièrement automatique; il règle la pression de l' air de telle façon que l' air ne vient que quand le plongeur l' aspire. C' est la raison pour laquelle nous appelons les scaphandres autonomes des « biberons ».

3° Une confortable embouchure de caoutchouc reliée au mano-détendeur par deux tuyaux de caoutchouc très souples; ceux-ci ne gênent pas les mouvements de la tête du plongeur: un tube sert à l' arrivée d' air, l' autre d' échappe. L' échappement d' air qui se fait sous forme de chapelets de grosses bulles se trouve ainsi reporté dans le dos du plongeur; ainsi ces bulles ne gênent pas sa vision.

D' autre part ( ceci est une des caractéristiques essentielles du scaphandre autonome Cousteau-Gagnan ), l' arrivée et l' échappement d' air sont groupés dans le boîtier du mano-détendeur lui-même situé entre les omoplates du plongeur, c'est-à-dire au niveau de ses poumons.

Cette disposition permet au plongeur de prendre n' importe quelle position par rapport à la verticale sans être gêné dans sa respiration par des différences de hauteur d' eau qui jusqu' ici interdisaient au scaphandre classique de se tenir dans une position autre que debout, sous peine d' accident grave.

4° Les palmes de natation ( citées plus haut ) en caoutchouc qui sont celles du chasseur sous-marin. Elles permettent au plongeur de nager comme un poisson rapidement et sans fatigue. Dans certains cas, s' il est nécessaire de travailler debout, elles seront remplacées par les classiques chaussures à semelles de plomb des scaphandriers.

5° Le masque protégeant les yeux et le nez qui est également un modèle normal de chasse sous-marine du type « squale ».

6° Une ceinture de plomb dont le poids sera réglé de façon tout à fait individuelle: comme j' appartiens à la catégorie poids lourds ( 97 kilos ), je peux plonger sans aucune ceinture.

Par contre, je connais une mince jeune fille pesant 57 kilos qui est obligée de prendre deux ceintures, c'est-à-dire plus de 8 kilos de plomb pour pouvoir se séparer de la surface.

7° L' équipement de sécurité: a ) Un « tuba » de chasseur sous-marin qui permet au plongeur de respirer avec aisance lorsqu' il a épuisé l' air contenu dans son « biberon ». Il doit alors évidemment se tenir à proximité de la surface, b ) Un poignard de scaphandrier à la lame inoxydable et effilée comme un rasoir. Celui-ci sert dans la pratique, non à se défendre contre les pieuvres inoffensives, mais à trancher les lignes de pêche, filins ou filets dans lesquelles le plongeur se prend assez souvent comme un vulgaire poisson...

8° Un slip ( ou bikini ).

9° En hiver, ou aux grandes profondeurs, où la température est assez basse et pratiquement constante toute l' année, un vêtement de plongée étanche.

Il en existe deux modèles: le « Tarzan » fait de caoutchouc mousse, très suffisant dans la plupart des cas.

Il donne au plongeur un aspect étrange de chevalier moyenâgeux; le « Cousteau » rempli d' air sous lequel on peut porter des vêtements de laine comme font les scaphandriers à casque et qui permet le travail sous l' eau pendant de longues périodes.

10° Haut-parleur sous-marin complété de son amplificateur en boîte étanche porté par le plongeur. Celui-ci parlant dans une embouchure munie d' un microphone peut ainsi être en relation avec ses camarades et avec le

Le chausseur sous-marin

133 - photo Rebikoff L' ancêtre de l' alpiniste sous-marin est le chasseur sous-marin dont l' espèce existe depuis une lointaine époque préhistorique, car la chasse sous-marine se pratique depuis bien des millénaires dans les Iles du Pacifique. D' ailleurs Neptune lui-même était un chasseur sous-marin enragé, comme le prouve le trident qu' il ne quitte jamais... Diaphragme F: 4 - l/25e de seconde. Film Kodak Plus X.

Die Alpen - 1951 - Les Alpes bateau lui-même muni d' un microphone, sans être obligé de traîner un fil incommode et dangereux.

Le plongeur autonome entend très bien sous l' eau, car ses oreilles sont en communication directe avec l' eau et celle-ci transmet les sons beaucoup mieux que l' air ( vitesse du son dans l' eau 1500 mètres-secondes au lieu de 300 ).

Les plongeurs peuvent ainsi se parler à une très grande distance, même s' ils ne se voient pas.

Il sera ainsi possible, non seulement de s' entendre, de transmettre et de recevoir des ordres lors d' exploration en groupe, mais aussi de diriger des opérations telles que récupération d' épaves.

En attendant, des plongeurs ingénieux ont trouvé le moyen suivant de ne pas se perdre de vue lors d' exploration en eau trouble: ils s' accrochent des clochettes au cou exactement comme les vaches et les chèvres. Elles s' entendent de très loin et les plongeurs ne peuvent pas se perdre, même s' ils ne se voient pas entre eux.

11° Les lanternes étanches sont indispensables dans la nuit des grandes profondeurs, ou encore à l' intérieur des épaves et des cavernes.

Aujourd'hui les lanternes sous-marines sont également autonomes. Elles sont composées d' un accumulateur étanche et d' un phare d' auto étanche de type américain. * 12° Cameras, appareils de photos et lampes-éclair sous-marins qui supportent des profondeurs de 100 mètres et sont nécessaires pour enregistrer de façon fidèle les scènes fantastiques qui s' offrent au plongeur.

Cinq années de pratique ont prouvé l' absolue sécurité que procure l' équipe Cousteau-Gagnan.

Les membres du Club alpin sous-marin ont pu exécuter plus de 5000 plongées dont certaines très profondes sans aucun accident.

L' unique victime à ce jour est l' officier d' équipage Maurice Fargues qui perdit connaissance en établissant le record mondial de plongée libre à 129 mètres.

Les profondeurs de plongée normales sont les suivantes:

1° Première plongée, ou « baptême », à 6 mètres. C' est cette première plongée qui décide de la vocation de l' aspirant explorateur sous-marin. ( On compte qu' une personne sur cinq est dans l' impossibilité physique de plonger par suite d' une malformation de l' oreille interne. ) 2° A la deuxième plongée, le jour suivant, nous atteignons déjà sans encombre une profondeur de 25 mètres. Après un certain entraînement, nous pouvons alors plonger jusqu' à 60 mètres pendant de courtes périodes. Dans des explorations normales, nous limitons les plongées à 40 mètres, ce qui est largement suffisant dans la pratique.

La limite extrême de plongée avec l' air pur se situe à 90 mètres.

Le scaphandre autonome Cousteau-Gagnan élimine d' un coup tous les dangers et tous les inconvénients que présentait l' utilisation du scaphandre à casque ( ainsi que du scaphandre autonome à circuit fermé ).

En effet, le scaphandrier classique est relié à la surface par un tuyau. Par conséquent il n' est pas libre de ses mouvements. De plus son scaphandre, composé d' un vêtement étanche et du casque, doit rester rempli d' air Die Alpen - 1951 - Les Alpes25 dans le haut, ce qui entraîne toute une série d' inconvénients et de dangers graves:

le scaphandrier est obligé de se tenir debout sous peine de manquer d' air ou de perdre l' équilibre. La perte de l' équilibre dans l' eau est un accident très grave: en effet, l' importante quantité d' air contenu dans le scaphandre est compensée par de lourdes masses de plomb portées sur la poitrine et aux semelles; si la pression d' air baisse, par suite d' une panne de la pompe par exemple, le volume d' air contenu dans le vêtement diminue et le scaphandrier tombe, le casque agissant alors comme une énorme ventouse qui aspire la tête et écrase les épaules. C' est le « coup de ventouse ». Si par contre, par exemple, en se baissant il laisse arriver trop d' air dans son vêtement, il peut se mettre à monter brusquement vers la surface, c' est la « remontée en ballon ».

Avec son vêtement de caoutchouc raide, ses semelles de plomb, sa pompe manœuvrée par au moins deux hommes, son bateau, le scaphandrier est un professionnel qui ne plonge qu' en cas de nécessité absolue, par exemple pour des travaux de port, des renflouements d' épaves, etc. Il se fait payer très cher ses services, car il risque constamment sa vie et sa santé.

Quant au scaphandre autonome à circuit fermé, il est particulièrement dangereux par suite du fait que le plongeur respire toujours le même air, avec une addition intermittente d' oxygène, le gaz carbonique étant absorbé par une cartouche de soude caustique.

Il suffit que la soude caustique s' imprègne d' humidité pour qu' elle devienne inefficace à l' insu du plongeur. L' asphyxie mortelle par le gaz carbonique est alors rapide.

D' autre part, l' oxygène pur devient sous pression un poison déjà à partir de 7-8 mètres de profondeur. Pendant la guerre, il n' était pas permis aux « frogmen » anglais de plonger au-dessous de 13 mètres.

Avec le scaphandre autonome à circuit ouvert Cousteau-Gagnan, seuls deux dangers subsistent que l'on élimine complètement grâce à une discipline de plongée strictement observée par les membres du CASM1 et du GERS2. 1° « L' ivresse des profondeurs » qui peut se produire à partir de 40 mètres. C' est un sentiment d' euphorie et de griserie provoqué probablement par l' azote sous pression, dans lequel le plongeur peut complètement oublier où il se trouve. Ce danger s' élimine complètement en ne plongeant jamais seul, particulièrement à des profondeurs supérieures à 25 mètres. Un groupe de plongée correspond alors exactement à une « cordée » en haute montagne dont les membres se surveillent et s' assurent mutuellement.

2° « L' embolie gazeuse » ou « mal des caissons », provoquée par la dissolution de l' azote dans le sang. Ceci n' a aucune conséquence lors de la plongée elle-même, mais au moment d' une remontée trop rapide, l' azote brusquement décomprimé se dégage sous forme de bulles, exactement de la même façon que lorsque l'on débouche une bouteille de limonade. Ces bulles se logeant dans les os ou dans les centres nerveux peuvent provoquer toutes sortes 1 Club alpin sous-marin, fondé en 1946; compte près de 200 membres.

2 Groupe d' études et de recherches sous-marines.

ALPINISME SOUS-MARIN d' accidents, depuis la simple démangeaison jusqu' à une paralysie partielle ou totale, ou encore un arrêt du cœur.

On élimine ce danger par l' observation des tables de plongée, qui indiquent de façon précise le temps maximum que l'on peut rester à une profondeur donnée en toute sécurité. Si l'on a dépassé ce temps maximum, on doit remonter par paliers, c'est-à-dire en s' arrêtant un certain nombre de minutes déterminé par la table à des profondeurs échelonnées données également par celle-ci. Voici un exemple de table de plongée simplifiée:

Table de plongée simplifiée jusqu' à 12 mètres = séjour illimité » 15 » =1 heure 17 minutes Sans paliers de remontée » 20 » = 50 minutes » 30 » = 25 » » 40 » = 13 » » 50 » =5 » » 60 » =0 minute » 70 » = pour 10 minutes de séjour 35 minutes d' arrêt à 3 mètres » 80 » = pour 10 minutes de séjour paliers d' arrêt: Avec paliers8 minutes à 6 mètres, 35 minutes à de remontée3 mètres » 90 » = pour 10 minutes de séjour paliers d' arrêt: 20 minutes à 6 mètres, 35 minutes à 3 mètres.

Ces tables de plongée sont absolument imperatives et sont valables tout aussi bien pour le scaphandrier classique que pour l' alpiniste sous-marin qui doit se soumettre à une discipline rigoureuse d' observation de toutes les règles de sécurité, sous peine de catastrophe.

Pour l' observation exacte de la table de plongée lorsque nous exécutons des explorations ou des travaux à grande profondeur, ou sur de longues périodes, nous portons une montre-bracelet étanche, ainsi qu' un manomètre correspondant à l' altimètre des alpinistes.a suivre )

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