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Angoisse

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Par Granit.

Il faisait grand soleil quand nous prîmes la route, Et le ciel, sur la cime, était bleu, presque noir. Le beau temps, ce matin, ne faisait pas de doute, Et pourtant nous voici plongés dans le brouillard.

Toute l' après, dans la brume tenace, Nous avons cheminé, la boussole à la main, Faisant de longs détours pour franchir les crevasses Qui nous ont toujours plus écartés du chemin.

Un instant, traversant l' épaisseur des nuées, Une pâle lueur, reflet tremblant du soir, Indécise et blafarde, à nos yeux s' est montrée, Puis elle a disparu comme un dernier espoir.

Pas un rocher qui sorte en cette blancheur dense. Tout est vague et douteux, tout est trouble et confus. Nulle trace de pas coupant la plaine immense. Rien que la brume opaque où nous sommes perdus.

On n' entend aucun bruit dans ces blanches ténèbres. Le vent même s' est tu, le jour déjà s' enfuit. Nul son n' interrompt plus le silence funèbre, Et sur l' épais brouillard descend la sombre nuit.

Il neige, et notre trace, aussitôt recouverte, S' efface pour toujours du monde des humains. Partout a disparu la glace grise ou verte. Qui peut dire ce soir où nous serons demain?

Aucun de nous ne sait où nos pas nous emmènent. Nous marchons devant nous, dans la neige et le noir, Ivres de lassitude, avançant à grand' peine, Espérant malgré tout et contre tout espoir.

Mars 1937.

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