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Ascensions nouvelles dans les Alpes Valaisannes

Hinweis: Questo articolo è disponibile in un'unica lingua. In passato, gli annuari non venivano tradotti.

Par Marcel Kurz.

Sous cette rubrique nous comprenons non seulement des voies nouvelles ouvertes récemment, mais aussi des voies inédites, parcourues anciennement, et dont la relation n' a jamais été publiée.

On trouvera également dans ces notes plusieurs rectifications dont nous recommandons la lecture aux chercheurs de nouvelles routes.

Le dernier article paru sous ce titre a été publié dans Les Alpes d' août 1930 et décrit les courses nouvelles réussies dans les Alpes Valaisannes en 1928 et 1929. Il est rédigé comme les précédents par le Dr Jenny. Celui-ci m' a chargé d' entreprendre la suite en septembre 1936, au moment où j' avais en chantier trois nouveaux tomes du Guide des Alpes Valaisannes. Le retard est donc excusable.

Comme dans la description des Alpes Valaisannes, nous procédons de l' ouest vers l' est.

Abréviations: AAJ. = American Alpine Journal; AJ. = Alpine Journal; Alpes = Les Alpes ( organe du C.A.S. ); Alpinisme ( organe du G. H. M. Groupe de Haute Montagne, Paris ); AV. I = Guides des Alpes Valaisannes, vol. I ( 1937 ); AV. II = idem, vol. II ( 1930 ); AV. III = idem, vol. III a et III b ( 1937 ); AV. IV = idem, vol. IV ( 1920 ); AS. = Atlas Siegfried au 50,000e; Bull. CAB. = Bulletin du Club Alpin Belge ( depuis 1935 RACAB. = Revue d' Alpinisme du C. A. B. ); CAAI. Ann. = Annuario del Club Alpino Accademico Italiano; CI. = Carte italienne au 25,000e; DAZ. = Deutsche Alpen-Zeitung; DÖAVM. = Mitteilungen des Deutschen und österr. Alpenvereins; DÖAVZ. = Zeitschrift des D. ö. A. V.; MJ. = Mountaineering Journal; ÖAZ. = österr. Alpenzeitung; RA. = Revue Alpine ( section lyonnaise du C.A.F. ); RM. = Rivista Mensile del Club Alpino Italiano.

Points cardinaux: N, S, E, W, selon convention du Congrès géographique international.

* Cote suisse inédite.

Mont Velan, 3765 m; 3734* m. Par le versant N.

Le versant N du Velan n' est pas très bien représenté dans AS. Le revêtement glaciaire sommital repose sur une base de gneiss qui comporte quatre piliers d' angle. Les deux piliers N forment des coupoles neigeuses marquant approximativement les angles NW et NE de la carapace glaciaire. Elles sont situées respectivement à la naissance des arêtes descendant vers l' Aiguille du Velan et vers le Col de la Gouille * ). La coupole NW cote 3670* m .; la coupole NE 3622* m. Entre elles court un mur de glace vertical, orienté en plein N et qui s' abîme sur les névés supérieurs du Glacier de Tseudet. Jusqu' en 1935, ce versant N était encore vierge.

En 1935 et 1936 on y a tracé deux voies nouvelles que nous résumons comme suit:

A. Par le Glacier de Tseudet et la coupole NW. Rodolphe Tissières et Georges de Rham, 21 juillet 1935 ( communication personnelle de R. T. ).

Des chalets d' Amont ( 2200 m .) suivre la voie habituelle du Velan jusqu' à 2900 m. sur le Glacier de Tseudet. Laisser à gauche la branche glaciaire issue du Col de la Gouille et remonter la branche principale provenant de la face N. On parvient sans difficulté au pied des séracs, à l' endroit où le Glacier de Tseudet est étranglé entre les rochers du Velan ( pilier NE ) et ceux de l' Aiguille du Velan.

Forcer son chemin parmi ces séracs et gagner la cuvette glaciaire ( 3400 m .) située au pied même du mur de glace reliant les coupoles NE et NW, mur qui semble infranchissable. Obliquer au SW, franchir la rimaye et escalader les rochers à gauche ( S ) du couloir neigeux aboutissant à la plus basse dépression ( 3607* m .) entre la coupole NW ( 3670* m .) et l' Aiguille du Velan. On rejoint alors l' arête NNW et l' itinéraire ( 307 ), par lequel on termine l' ascension. Des chalets d' Amont en 7 h. Cette voie est intéressante et peut être recommandée lorsque les conditions sont favorables. Elle est bien préférable à la variante suivante.

B. — Variante par la face N et la coupole NE. Joseph Cheseaux et Etienne Max ( gardien de la cabane de Valsorey ), 27 août 1936 ( communication personnelle de E. M. ).

Parvenu dans la cuvette glaciaire ( 3400 m .), tourner à gauche ( SE ), franchir la rimaye et s' élever par une pente de neige aboutissant sous le mur de glace de la coupole NE ( 3622* m. ). Longer le pied de ce mur vers la gauche jusqu' au point où le mur s' infléchit et peut être surmonté aisément. On parvient ainsi sur la coupole 3622* et de là en 20 minutes au sommet. Entre la rimaye et le mur de glace, la pente est constamment exposée aux chutes de séracs et cette variante ne peut pas être recommandée. En temps normal, lorsque la montagne est sèche, cette pente présente des dalles qui ne doivent pas être faciles. L' ascension en fut grandement facilitée par le fort enneigement et les conditions exceptionnelles. Elle exigea néanmoins près de 5 heures, malgré les crampons.

C. Variante à la voie habituelle par le versant W.

De la Cantine de Proz, suivre la voie habituelle jusqu' au Glacier de Proz. Gagner le pied du grand couloir neigeux issu de la dépression ( 3607* m .) ouverte entre la coupole 3670* et l' Aiguille du Velan. Ce couloir est limité à gauche ( NW ) par une côte rocheuse presque aussi prononcée que celle descendant de l' Aiguille du Velan au SW. Franchir la rimaye et s' élever par le couloir jusqu' au point où il bifurque à droite. Attaquer la côte rocheuse intermédiaire et la remonter. On rencontre successivement trois cheminées. La deuxième, très étroite, se termine presque verticalement. On parvient ainsi à un replat puis à une grande dalle de 40 m. environ, fortement inclinée. On pourrait l' escalader directement, mais il est plus facile de la tourner, soit à gauche par une cheminée, soit à droite par un couloir. On débouche finalement sur l' arête faîtière NNW à l' extrémité N de la coupole neigeuse 3670*. De la rimaye en 2 h. ½.

Cette voie a été suivie plusieurs fois ces dernières années par les religieux de l' hospice du Grand Saint-Bernard ( communication personnelle du prieur Besson ). Elle est plus intéressante que la route habituelle, mais plus exposée aux chutes de pierres dans sa partie inférieure, et plus difficile aussi.

Grand Combin, 4317 m.

A. Rectification. Dans la première édition ( 1923 ) de AV. I, page 119, sous lettre /, nous décrivons un itinéraire ( 437 ) « par le glacier du Croissant et l' arête SE ». Or, cette voie n' a jamais été suivie! La note originale ( RA. 1905, 285 ) ne donnant aucun détail, le guide Louis Fellay fut consulté et la voie décrite d' après ses renseignements. Après sa mort ( 1935 ), son oncle Maurice Fellay, qui guidait la caravane de 1905, voulut bien rectifier cette erreur par l' intermédiaire de son petit-fils Léon-J. Fellay, auquel nous devons le tracé exact de cette route. Notre ancien itinéraire ( 437 ) est donc une pure invention et doit être supprimé — tant qu' il n' aura pas été « fait ». Avis aux amateurs de voies nouvelles que nous mettons toutefois en garde contre les dangers certains de cet itinéraire, tout spécialement entre la rimaye et l' arête SE.

L' Italien Giovanni Bruschi est probablement le seul être humain qui se soit jamais aventuré sur le Glacier du Croissant — cela le 22 septembre 1929, en montant seul au Combin de Chessette ( Zessetta, AS ) par le versant S ( RM. 1930, 396-398 ) v ).

La caravane H. Ledebar ( les Fellay écrivent Ledebaer ), guidée par Maurice et Louis Fellay, partit de Fionnay le 8 août 1905 et installa son bivouac sur la rive gauche ( N ) du Glacier du Mont Durand. Le lendemain elle franchit le Col de Sonadon et s' éleva directement au sommet par la paroi de Sonadon ( S ).

Dans AV. I ( nouvelle édition, 1937 ) nous décrivons cette voie sous le numéro ( 437 ) comme suit: De la plus basse dépression du Col de Sonadon ( 3504* m .), s' élever au NNE par une baie glaciaire ( versant Valsorey; AS. faux !) et gagner le pied du premier éperon rocheux, immédiatement à gauche de la grande proue rocheuse aboutissant au Col de Sonadon et formant le partage des eaux entre Bagnes et Entremont. Escalader cet éperon abrupt et difficile, puis s' élever par des pentes fastidieuses de roches friables ( schistes lustrés ) et des névés jusqu' à un premier banc transversal de marbre grisâtre ( 4000* m. ). Franchir ce premier banc facile, puis un second plus difficile. S' élever ensuite par une pente concave de neige ( glace ) et gagner le pied de la paroi rocheuse sommitale légèrement à droite de l' aplomb du sommet. Suivre une large vire ascendante vers la gauche ( NW ), puis escalader une côte rocheuse mal définie et sa prolongation neigeuse qui conduit directement sous la corniche. Celle-ci fut percée à 50 m. environ à gauche du sommet. Du bivouac en 10 h. dont 5 h. à partir du premier banc rocheux ( les dalles étant recouvertes de glace, il fallut tailler presque constamment ). Cet itinéraire est exposé aux chutes de pierres et de corniches. Il n' est pas recommandable. Bien préférable est l' arête SE ( itin. 436 ).

NB. Cette voie ayant été suivie en 1905, l' itinéraire Baratono-Binel-Crétier-Deffeyes ( 1931 ) décrit dans RM. 1931, 607-610 ( avec photo et tracé ) est une simple variante combinant cette voie avec celle de l' arête SE qui lui est bien préférable.

B. Par le versant NW du Combin de Valsorey. E. R. Blanchet avec Kaspar Mooser, 20 juillet 1933 ( A J. XLV, 381; Alpinisme, 1934, 428 ).

Du Combin de Valsorey ( 4188 m .) descend au NW une coulée glaciaire semblable à une « échine aux vertèbres en saillie », les vertèbres étant des séracs superposés qui jalonnent l' itinéraire. Immédiatement au N de cette coulée, au-delà d' un pilier rocheux triangulaire, commence la courtine de glace qui cerne à l' W et au N tout le plateau glaciaire sommital du Grand Combin.

De la cabane de Panossière suivre la voie habituelle du Grand Combin jusqu' au point où elle tourne à l' E pour monter au plateau du Déjeuner ( 2 h. ½ ). Laisser la trace à main gauche et poursuivre au S. Traverser les déjections des avalanches de séracs tombant de la courtine et gagner le pied de la coulée glaciaire ( 1 h. ). Franchir plusieurs rimayes et s' élever le plus directement possible. Passer immédiatement à droite ( S ) du pilier rocheux pour déboucher sur le plateau sommital 200 m. environ au N du sommet du Combin de Valsorey ( 2-3 h. ). De là on rejoint facilement l' une ou l' autre des deux voies habituelles ( 430 ou 432 ) et l'on gagne en 1 h. le sommet du Grand Combin. Cet itinéraire, exposé aux chutes de séracs, ne peut pas être recommandé.

Un itinéraire presque identique, mais légèrement plus au N et moins exposé, avait été suivi le 29 juillet 1907 par E. Fontaine avec E. Masson et E. Michellod ( Echo 1909, 89 ). Arrivée sur le plateau glaciaire sommital ( à 4000* m .), la caravane n' avait pas poussé plus loin et était redescendue dans ses propres traces, après avoir résolu le problème qu' elle s' était posé.

Combin de Chessette, 4141* m.

Nous rappelons que l' arête SE ( dite de Boussine ), caractérisée par son grand ressaut rocheux bien visible de Chanrion, n' a été suivie jusqu' à présent que par un professionnel ( Joseph Georges, seul, le 17 juillet 1925 ); que le versant S a été parcouru par Giovanni Bruschi, également seul, le 22 septembre 1929 ( RM. 1930, 396-398 ) et que l' arête N ( origine des Mulets de Chessette ) est encore vierge. Au sujet de ces trois itinéraires, voir AV. I ( 1937 ), routes b, c et d du Combin de Chessette.

Combin de Corbassière, A 3718,6 m. Par l' arête NE. Jules Guigoz, Jean et Charles Sordat et Eugène Duret, 22 août 1936 ( communication de J. G. ) Cette arête se détache de l' extrémité N de la croupe sommitale et s' abaisse presque rectiligne jusqu' au pied ( 2840* m .) de son éperon inférieur. Elle est neigeuse dans sa partie supérieure et rocheuse dans sa partie inférieure. Le point de transition entre la neige et le rocher cote 3470* m. Bien visible de la cabane de Panossière, elle aurait dû être « faite » depuis longtemps.

De la cabane de Panossière ( 2675 m .) traverser le glacier en face de la cabane et, par des éboulis et des névés, gagner le pied de l' arête ( 2840* m. ). S' élever le plus directement possible au faite et le suivre jusqu' au sommet ( 4-5 h. ). Les rochers sont délités dans la partie inférieure, plus solides dans le haut. La croupe neigeuse peut présenter une corniche à gauche ( SE ). On l' évite facilement par le versant NW.

NB. Les premières ascensions au Combin de Corbassière ont été faites précisément par ce versant qui fait face à la cabane de Panossière, sans qu' il soit possible de dire quelles voies suivirent Studer en 1851 et les Mathews en 1856. Il est certain qu' actuellement toutes les côtes rocheuses de ce versant NE ont été escaladées par les chasseurs de chamois, puis par les touristes. La côte la plus à gauche ( vue de la cabane; trop accusée dans AS .) fut suivie par le Rev. Wale ( ou Whale ?) avec Maurice Fellay, en 1895. La côte suivante à droite fut gravie par Gaston Falcy ( Lausanne ) avec Léon-J. Fellay, le 7 juillet 1934 ( communication personnelle de L.J. F. ).

Petit Combin, A 3671 m. Par l' arête NNW. Jules Guigoz et Ernest Stettler, 5 août 1936 ( communication de J. G. ).

Cette arête forme pour ainsi dire la bissectrice de l' angle compris entre l' arête des Avagères ( WNW ) et l' arête des Follats ( NE ). Elle est moins prononcée que ces deux arêtes. C' est une sorte de côte ou nervure, presque rectiligne, en grande partie neigeuse, se terminant par un éperon rocheux qui s' en fonce dans le Glacier de Séry ( anonyme dans AS .) et dont le pied cote 2760* m. La caravane partit directement de Fionnay et franchit le Col des Avouillons. Il est préférable de coucher à Séry ou à la cabane de Panossière.

Du Col des Avouillons, par une courte descente et une marche de flanc ascendante dans les pierriers et sur les névés, on gagne le Glacier de Séry et le pied de l' arête ( 2760* m. ). On peut aborder l' éperon inférieur n' importe où. Le mieux est d' en suivre le faîte ( éboulis et rochers désagrégés ). A partir de 2940* m ., l' arête se rétrécit. Entre 3200 et 3500 m. elle forme une large croupe en grande partie neigeuse. Ensuite elle se redresse fortement et se perd plus ou moins dans la face généralement couronnée d' une corniche. Du pied de l' arête au sommet en 3 h. avec crampons et par excellente neige, sans tailler une seule marche.

La Cengle ( 3714 m. ). Première et deuxième traversée intégrale.

La traversée intégrale de la Cengle a longtemps été l' ambition des conquérants, tout spécialement d' Alex Jenkins et de ses guides. Elle ne fut réussie qu' en 1926 par Maurice Gilbert, de Genève, qui n' a rien publié à ce sujet, mais auquel nous devons néanmoins les détails suivants. Une première tentative fut faite par lui avec Antoine Georges ( fils de Jean ) et Antoine Fauchère, le 18 septembre 1924. Partant du refuge Jenkins, ils rallièrent l' arête frontière au Col d' Oren et la suivirent en traversant tous les gendarmes jusqu' au sommet central où ils ne parvinrent qu' à 17 h. par suite des mauvaises conditions ( il leur fallut environ 8 h. de l' épaule au sommet central !). Des environs immédiats du sommet central, la descente s' opéra par le versant E sur le glacier N d' Oren ( descente entièrement nouvelle ).

Cette expérience prouva que la traversée était préférable en sens inverse. Deux ans plus tard, le 15 août 1926, la caravane guidée par le même Antoine Georges et Jean Follonier ( morts tous deux depuis ) quitta le refuge Jenkins à 1 h., parvint au Col E de Blanchen à 4 h. et au Grand Blanchen une demi-heure plus tard. A 5 h. ½ déjà ils étaient au sommet S après avoir escaladé tous les gendarmes. A 8 h. Va ils arrivaient au pied d' un ressaut vertical haut de 30 m. environ qui précède immédiatement le sommet central et au haut duquel la tentative de 1924 s' était arrêtée. Ce ressaut oppose une paroi striée par une étroite fissure serpentine qui en permet l' escalade, du reste assez délicate. C' est la principale difficulté de la traversée. Continuant par le faîte, la caravane parvint à 10 h. Va au sommet N et descendit par l' arête frontière NE sur le Col d' Oren ( 13 h. ), d' où elle regagna le refuge Jenkins à 15 h. 3/4 et Arolla le même soir: marche en général très rapide et conditions favorables.

Jenkins avait fait au moins quatre tentatives dont la dernière la veille même de la traversée Gilbert. En août 1927, avec sa ténacité habituelle, il réussit la deuxième traversée intégrale en suivant exactement le même itinéraire. C' est certainement la façon la plus élégante de traverser la Cengle. Depuis la construction du refuge « Principessa di Piemonte », sur le versant italien du Col Collon, cette traversée est simplifiée et serait peut-être préférable en sens inverse. On s' épargne en tous cas la longue marche d' approche.

Mitre de l' Evoque.

La Mitre de l' Evêque était la montagne de prédilection du fameux alpiniste Alex.Stuart Jenkins. Il l' avait gravie de tous les côtés; malheureusement il n' a jamais rien publié sur ses ascensions. Voici néanmoins quelques notes relevées dans les livrets de ses guides t Jean Bournissen et Jean Gaudin:

Le 29juin 1910, partant d' un bivouac aux « Echos de Collon », rallié l' arête faîtière N ( en réalité NNW ) par un couloir du versant E et suivi cette arête jusqu' au sommet. Celui-ci fut traversé. La descente s' opéra par l' arête S et le versant W.

En août 1922: « Mitre de l' Evêque par la face S et l' arête E ( depuis le Col Collon ). La première partie de cette course est probablement une nouvelle route. Nous avons atteint l' avant gendarme de l' arête principale. » En août 1924, traversée du sommet S. Cette traversée se fit du N au S à ce que nous écrit Gau din.

Le 20 août 1925: « Mitre de l' Evêque, traversée par la face W, l' arête SE et la face SSE sur le Col Collon. » Il est curieux que Jenkins ne mentionne jamais la nervure NE ( du sommet N ) qui partage le versant NE en deux facettes. Elle semble offrir la voie la plus naturelle depuis le Glacier de la Mitre. Cette nervure fut parcourue par Marco Pallis, A. Foster et D. O. W. Hall, le 6 juillet 1929 ( communication personnelle de M. P. ). On sait que la Mitre de l' Evêque comporte deux sommets alignés du S au N à 100 m. de distance. Elle est mal représentée dans AS. Le sommet N ou point culminant ( 3654* m .) se dresse à peu près à l' endroit où AS. indique « Le Chancelier ». Celui-ci se trouve en réalité 700 m. plus au N et fait partie du Mont Collon.

La nervure NE est large et rocheuse dans sa partie moyenne, mais elle enfonce un mince éperon à 3195* m. dans le Glacier de la Mitre ( nous appelons ainsi le glacier situé au SE du Mont Collon ) à peu près à mi-distance entre le Col de la Mitre et les « Echos de Collon » ( 3294* m. ). Dans le haut, elle s' amincit en crête neigeuse et se perd dans la face juste avant de rejoindre l' arête faîtière NNW.

La caravane Pallis, partant à 2 h. du Kurhaus d' Arolla, parvint à 6 h. au pied ( 3195* m .) de la nervure. Celle-ci offre de bons rochers jusqu' au moment où elle devient neigeuse, étroite et raide. A l' endroit où elle se perd dans la face, on traverse à droite en taillant une courte pente de glace pour rallier l' arête faîtière NNW à 20 minutes du sommet. Compter 7-8 h. d' Arolla au sommet.

Cette voie avait été suggérée par l' alpiniste français Marcel Cordier à M. P. qui propose de l' appeler arête Cordier.

La Luette, 3371 m. Par le versant N ( Lendarrey ). Mile Marthe Gerber avec Camille et Basile Bournissen, 27 juillet 1932. Voir Alpes 1934, 252 sq. ( relation détaillée ).

Ce versant n' est pas neigeux comme l' indique AS ., mais rocheux ( schistes lustrés ). Il est strié par un couloir principal qui aboutit juste entre les deux têtes rocheuses du sommet et jalonne l' itinéraire. Nous écrivons intentionnellement Lendarrey avec deux r pour l' en darrey ( ce qui est derrière ).

Bee des Rosses, 3226 m. Par l' arête WNW.

Cette arête est bien visible de la cabane du Mont Fort, se profilant sur le ciel à droite du sommet. Il est possible qu' elle ait été parcourue anciennement déjà par des chasseurs de chamois ou même par des touristes. N' ayant aucun renseignement à ce sujet, une enquête nous apprit qu' elle avait été suivie le 9 août 1925 par Daniel Dutoit et Benjamin Cornuz. Ces messieurs ne pré- tendent pas être les premiers et nous serions curieux de savoir à qui revient la priorité.

De la cabane du Mont Fort, gagner le Glacier de la Chaux et remonter les moraines de sa rive gauche ( SW ) jusqu' à 2700* m. environ. S' élever ensuite au S par un promontoire, gazonné dans sa partie inférieure. Rallier l' arête WNW à 3000* m. environ, à l' endroit où elle forme un coude bien indiqué dans AS. ( 1 h. 20 ). De là par le faite au sommet en escaladant tous les gendarmes ( 2 h. ¾ ). Les rochers ne sont pas difficiles, mais délités.

Pierreavoi ( Pierre à Voir, Z\ 2476,3 m. AS. ). Par la face NW.

Cette paroi, haute de 170 m. environ, présente une inclinaison d' environ 70°. Comme toute la Pierre, elle est composée de calcaire dolomitique, relativement solide. La première et unique escalade fut réussie, le 2 octobre 1932, par Paul Perrochon et Alexandre Müller ( disparu au Muveran en novembre 1935 ). Elle se fit ( en espadrilles ) au moyen de pitons et de mousquetons, en 4 h. ½ du pied de la paroi ( communication personnelle de P. P. ).

Grand Cornier, 3969 m. Par le versant NE. Lucien Devies et Jacques Lagarde, 8 août 1932 ( Alpinisme 1933, 239. Photo avec tracé de route page 237 ).

Ce versant presque entièrement neigeux est occupé en grande partie par un glacier tributaire qui s' abîme en séracs et va rejoindre le Glacier de Zinal. Il est représenté d' une façon rudimentaire dans AS. C' est la face la plus belle et la plus classique du Grand Cornier. Outre un glacier anonyme et vierge à explorer, nos alpinistes suisses auraient trouvé là autre chose qu' une variante anodine. Cette voie élégante est toute à l' honneur des deux fameux grimpeurs français.

De la cabane du Mountet ( 2892 m .) descendre par le sentier de Zinal sur le Glacier de Zinal et le traverser à l' WNW, de façon à gagner la rive gauche ( N ) du glacier anonyme mentionné ci-dessus. Remonter cette rive, puis le glacier lui-même, très crevassé, et gagner le pied de la face proprement dite ( 5-6 h. ). Franchir la rimaye vers 3425 m ., à gauche de l' aplomb du sommet, un peu à droite de la verticale abaissée de l' extrême bord W des barres de séracs situées sous l' arête E. S' élever alors le plus directement possible au sommet par une pente de neige et glace très raide. La caravane s' éleva en crampons jusqu' à dépasser le niveau des séracs supérieurs puis, les conditions n' étant pas favorables, elle obliqua à droite en taillant dans la glace vive. Cette glace était recouverte par une mince couche de neige fraîche instable qui filait en avalanches. La cordée rejoignit un petit couloir de rochers entremêlés de neige, très raide, qui l' amena sur l' arête NW à une quarantaine de mètres du sommet. Celui-ci fut atteint à 10 h. 45.

Pointe de Bricolla, 3663 m. Par l' arête SW. Dans AV. II, page 99, nous disions que cette arête avait été parcourue par le guide Jean Rumpf en 1919, sans qu' il soit possible de savoir si c' était le premier parcours.

Or, en feuilletant le livret de guide d' Antoine Georges ( fils de Jean ), mort aux Haudères en 1936, nous trouvons la mention de la première ascension par cette arête, le ter septembre 1911, par F. W. Drake, membre de l' Alpine Club. Une année plus tard, presque jour pour jour, cette ascension fut répétée par un autre Anglais: R. H. Tanner, et Georges semble l' avoir refaite plusieurs fois encore dans la suite. C' est certainement la voie la plus intéressante à ce sommet1 ).

Dent d' Hérens, 4180 m. Par la face N.

Cette voie, ouverte par la caravane Allwein-Welzenbach en 1925, décrite sous le numéro 614 dans AV. II, est maintenant devenue classique, tout en restant difficile et très dangereuse.

En 1930, elle fut réussie trois fois. La deuxième caravane ( Karl von Kraus, Herbert Kunigk, Hans Pircher, 12 août 1930 ) réussit à franchir directement la barre de séracs en se maintenant dans l' axe de l' éperon inférieur. Ces séracs changent naturellement d' une année à l' autre, même au cours d' un seul été, et peuvent opposer des difficultés très variables, mais toujours très sérieuses. Les horaires d' ascension varient en proportion. Cette voie est bien faite pour tenter les adeptes de la technique moderne des pitons. Il est amusant de constater que les sept premières caravanes furent exclusivement composées de grimpeurs austro-allemands. La seule caravane suisse qui ait réussi l' ascen ( la 8e ) est celle de Hans Frei et Hans Graf ( Zurich ), le 27 juillet 1933 en 17 h. de Schönbühl au sommet. C' est la dernière, à notre connaissance.

La statistique des huit premières ascensions a été dressée par Lucien Devies dans Alpinisme 1935, 114/115.

Outre les références citées dans AV. II, voir encore: Bergsteiger IX, 44*, 58, 292, 361/362; X, 66; 1934, 322-324; 1935, 328 ( 7e ascension; simple mention ); DAZ. 1932, 11-14 ( Erti, 5e ascension ); Alpes 1935, 258-261 ( Graf, 8e ascension ).

Versant SE. Pour une nouvelle variante par le versant SE voir RM. 1930, 389-395 ( StrumiaAJ. XLI, 413-415 = Bull. CAB. 1931, 31-37 = AAJ. 1930, 230—232.

Tête du Lion, 3723 m ., du Col du Lion. Grato Maquignaz et Ettore Carniccio, 13 août 1931 ( RM. 1933, 206 avec petite photo et tracé ).

La virginité probable de cette voie est signalée dans AV. II, sous numéro 626. Elle avait été étudiée par Guido Rey et ses guides. Il ne s' agit pas d' une véritable arête, mais d' une sorte de proue massive, se terminant au-dessus du Col du Lion par une paroi surplombante de gneiss grisâtre. La différence de niveau entre le Col et la Tête n' est que de 137 m.

Du Col du Lion, longer horizontalement vers la gauche ( SSW ) le pied de la paroi sur une quinzaine de mètres. S' élever alors directement ( en appuyant très légèrement à gauche ) par un couloir évasé et peu caractéristique qui porte au sommet de la zone des roches grisâtres. Ces rochers sont solides mais rares en prises. Cette grimpée ( moins de 100 m .) exigea 3 h. ¼. De là une vire horizontale ramène au faite formé de roches roussâtres que l'on escalade directement sans difficultés spéciales. Du haut du couloir en moins d' une heure on parvient au sommet.

NB. La suite de cet article paraîtra en allemand dans le n° de juillet « Les Alpes ».

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