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Au sujet de la Dent d'Hérens

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On est étonné du petit nombre d' alpinistes qui gravissent cette pointe, un des plus beaux point de vue des Alpes pennines. Cela provient sans doute de sa réputation, à notre avis fausse, d' être d' un accès difficile et surtout très long. Il est vrai que si l'on veut suivre le « chemin ordinaire », c'est-à-dire, faire l' ascension en couchant au refuge d' Aoste ( environ 2800 m .), dans le fond du Valpelline, cette réputation n' est point usurpée. Pour atteindre ce refuge, soit de Zermatt, par Schönbühl, le Stockje et le col de Valpelline ( 3562 m .), soit d' Arolla par le col de Bertol ( 3400 m. environ ), et le col des Bouquetins ( 3360 m .), l' étape est très longue et l'on préférera souvent la couper en deux en couchant ou ä la cabane de Schönbühl ou à Ia cabane de Bertol. Cela fera deux journées pour arriver à pied d' œuvre. Le même problême se posera pour le retour. Seuls des marcheurs très entraînés pourront songer à rentrer à Zermatt ou à Arolla le jour même de l' ascension. Le retour jusqu' à Schönbühl ou à Bertol constitue, à lui seul, une forte marche à cause de l' obligation de remonter du refuge d' Aoste soit au col de Valpelline, soit au col des Bouquetins ( dénivellation de 750 m. environ dans le premier cas et de 550 m. environ dans le second ).

Quand on examine la carte, on pourrait être tenté, pour éviter, au retour, de descendre jusqu' au refuge d' Aoste et d' en remonter, de traverser la Tête de Valpelline ( 3813 m .), qui se trouve sur l' arête reliant le col de Tiefenmatten ( 3593 m .) au col de Valpelline. Cela paraît être le chemin tout indiqué et le plus court ( abstraction faite du versant nord du col de Tiefenmatten, dont il sera parle plus bas ). Mais il est probable qu' on n' y gagnerait rien, bien au contraire. Dübi, Guide des Alpes valaisannes, t. II, p. 235, dit, d' après des renseignements fournis par M. Marcel Kurz, que l' ascension de la Tête de Valpelline par I' arête sud-est, soit du col de Tiefenmatten, est difficile et exige du temps. Je le crois volontiers après un examen attentif de cette arête.

Pour l' alpiniste partant de Zermatt, il y a deux moyens de supprimer les divers inconvénients qu' on vient d' exposer et de faire de la Dent d' Hérens une des plus courtes parmi les grandes ascensions de la région.

Le premier c' est d' atteindre le col de Tiefenmatten, par le nord, soit directement, soit en traversant sous la Tête de Valpelline, par la face nord-est de cette tête ( voir Dübi ). Du col, on adoptera un des itinéraires habituels qu' on suit en venant du refuge d' Aoste. Ce moyen n' est toutefois pas recommandable à cause des difficultés et surtout des dangers de chutes de pierres et d' avalanches que comporte l' accès du col de Tiefenmatten par le nord. La rimaie est, en outre, parfois infranchissable.

Le second moyen consiste à remonter la face ouest-nord-ouest de la Dent d' Hérens, directement vers le sommet, à partir du plateau neigeux situé à la base nord du col de Tiefenmatten. C' est l' itinéraire 2 du Guide Dübi, auquel on peut renvoyer pour les détails. Il est sensiblement plus court que l' itinéraire par le col de Tiefenmatten et ne comporte aucun danger, dans de bonnes conditions. La partie inférieure de cette face est un glacier assez raide, très accidenté et coupé de profondes crevasses, entre lesquelles il faudra zigzaguer. Il peut arriver qu' une de ces crevasses barre la route, mais cela doit être assez rare. Il faudra souvent tailler des marches et les crampons ne seront pas inutiles. La partie supérieure est formée par une pente de neige régulière et facile, limitée au sud par l' arête ouest et au nord par l' arête nord-ouest de la Dent d' Hérens. On la remontera jusqu' au point où ces deux arêtes se rencontrent ( à une centaine de mètres du sommet ), ou bien, ce qui allongera toutefois la route, on pourra rejoindre une de ces arêtes, à sa convenance et suivant l' état de la montagne.

A titre de renseignement, voici notre horaire, pour une vitesse moyenne, avec de bonnes conditions:

Schönbühldép.1 h.

Pied de la facearr.4 h. 15 Pied de la facedép.4 h. 30 Sommetarr.7 h. 45 Sommetdép.8 h. 15 Pied de la facearr.9 h. 24 Schönbühlarr.11 h. 45 Il fallut tailler presque toute la face et, par endroit, il y avait de la glace vive; malgré cela, l' ascension ne dura que 3 h. 15. La descente, faite très prudemment à cause de quelques murs de glace, demande 1 h. 10. On pourrait facilement la faire en 1 heure et même moins. Ces données montrent quels avantages énormes cet itinéraire présente. Si nous croyons intéressant d' y attirer l' attention des lecteurs des « Alpes », c' est que, chose vraiment étrange et incompréhensible, il n' est presque jamais utilisé. Les guides de la région qui le connaissent peuvent se compter sur les doigts de la main. Et pourtant, c' est une ascension alléchante pour eux, puisque le tarif en est de 150 francs, ce qui est ridiculement exagéré. J' entends bien que cette somme est le prix de l' ascension par le « chemin ordinaire », c'est-à-dire par le refuge d' Aoste, ce qui nécessite le plus souvent trois et même quatre jours. Seulement, comme il n' y a pas d' autre mention dans le tarif, les guides demandent pour l' ascension par la face en question le même salaire que pour le chemin ordinaire.

A ce sujet qu' en est-il de la révision des tarifs valaisans qu' on laissait entrevoir et dont on ne paraît plus guère parler? Cette révision s' impose dans l' intérêt des guides comme des touristes. Si, par exemple, le Weisshorn est tarifé 120 francs, ce qui peut sembler équitable eu égard à la longueur de la course, comment se fait-il que la Dent d' Hérens soit estimée à 150 francs et le Cervin, par l' arête suisse, à 130 francs? La Dent d' Hérens par notre pente à 80 ou 90 francs et le Cervin à 100 francs, voilà qui serait raisonnable. Et, à propos du Cervin, je ne puis m' empêcher de poser le dilemme suivant: Ou bien c' est une ascension facile et sans danger et le tarif est excessif; ou bien le tarif est en rapport avec les difficultés et les dangers, et, alors, les guides sont impardonnables d' y aller avec les touristes inexpérimentés qu' ils y conduisent trop souvent.

Concernant la Dent d' Hérens, M. E.R. Blanchet me communique obligeamment les renseignements suivants; ils complètent le guide du Dr Dübi et précisent deux points, relatifs, il est vrai, à d' autres itinéraires que celui qui est l' objet principal de cette note:

« Au cours de notre ascension du 16 septembre 1925, à la Dent d' Hérens ( Caspar Mooser, de Taœsch, Gabriel Lochmatter, de St-Nicolas et E.R. Blanchet ), nous avons gravi le col de Tiefenmatten par le versant nord. Le „ Führer durch die Walliser Alpen ", II,p.251,dit que la rimaie est rarement facile et, que de la rimaie au col il faut compter 1 h. et demie. Nous avons franchi la rimaie sans la moindre difficulté et avons atteint le col en 40 minutes. Au retour, la descente s' effectua aussi rapidement. Notre itinéraire, qui n' est pas nouveau, ne touche jamais aux rochers de droite ( paroi de la Tête de Valpelline ) et serait figuré, sur le croquis de la page 256, par une verticale abaissée de la croix supérieur du tracéTiefenmattenjoch. La pente de glace, où adhérait une couche de bonne neige, est extrêment raide, mais pas très haute. L' inclinaison nous a paru supérieure à celle de la fin du Couloir Whymper à l' Aiguille Verte qui, selon M. Ch. Vallot, atteint 55 degrés.

Nous terminâmes l' ascension de la Dent d' Hérens par le parcours intégral de l' arête sud. Selon l' Alpina du 15 mai 1923, p. 138, le premier parcours intégral date du 5 août 1921. Le « grand gendarme en surplomb » nous arrêta une demi-heure. On suit fréquemment l' arête sud, en contournant ses difficultés. » Lausanne, septembre 1925.Jean Chauberl.

P.S. Je tiens à exprimer mes très vifs remerciements à notre collègue, Monsieur Philipp Grode, de Leipzig, qui a bien voulu nous autoriser à reproduire dans « Les Alpes » la splendide photographie qu' on a pu admirer d' autre part. Cette photographie donne une vue excellente de la face parcourue par l' itinéraire que je viens de décrire. Il va sans dire que cet itinéraire varie d' année en année, et même dans le cours d' une même année, suivant l' état de la neige et la situation des crevasses.J. Ch.

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